Fabie moulin autrefois
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François Fabié MOULINS D’AUTREFOIS (1914) Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières PREMIÈRE PARTIE.................................................................4 I .....................................................................................................5 II.................................................................................................. 13 III ............................................................................................... 20 IV.................................................................................................29 V36 DEUXIÈME PARTIE ..............................................................44 I ...................................................................................................45 II.................................................................................................. 61 III ................................................................................................68 IV.................................................................................................74 V81 VI87 VII ............................................................................................. 101 TROISIÈME PARTIE............................................................ 107 I .................................................................................................108 II113 III ...............................................................................................121 IV130 V ................................................................................................138 QUATRIÈME PARTIE..........................................................144 I ................................................................................................. 145 II 156 III .............................................................................................. 159 IV............................................................................................... 167 VI 181 VII .............................................................................................188 VIII ............................................................................................ 197 IX199 X 208 CINQUIÈME PARTIE .......................................................... 212 I .................................................................................................213 II................................................................................................225 III ..............................................................................................232 IV...............................................................................................241 À propos de cette édition électronique................................. 251 – 3 – PREMIÈRE PARTIE – 4 – I Jean Garric, dit « Jeantou », et Aline Terral, appelée fami- lièrement « Line, Linette », ou « Linou du Moulin », naquirent le même jour, le jour de la Saint-Jean, mais à deux années de distance, sur la paroisse de La Capelle-des-Bois, une grande mais pauvre paroisse du haut Ségala, de cette agreste et fraîche partie du Rouergue qui s’étend à l’est et au sud-est de Rodez, et, par plateaux successifs où alternent landes, bois, prairies et cultures, court, entre deux sommets culminants, le Lévezou et le Lagast, puis descend en terrasses plus étroites et profondément sillonnées par le Rance, le Giffou, la Durenque, le Céor et une foule d’autres ruisseaux, vers les gorges encaissées du Tarn et la plaine fertile de l’Albigeois. Les parents de Jeantou étaient de très chétifs terriens, cultivant un maigre champ, élevant quelques brebis sur un petit pré et une pauvre pâture plantée de cinq ou six gros châtai- gniers, mangeant du pain de seigle dans les bonnes années, du pain d’avoine, des pommes de terre et des châtaignes, dans les mauvaises. Le père Garric, vaguement menuisier, fabriquait quelques meubles pour les maisons les plus pauvres de La Capelle, et plus souvent des clôtures pour les champs et les prés des paysans aisés de la région. Il élaguait aussi les arbres et tressait des cor- beilles et des paniers. Aline était la plus jeune fille du meunier de La Capelle, un meunier relativement cossu, ayant toujours en activité deux couples de meules, une scierie renommée dans tout le pays, plus un bon bout de bien bordant le ruisseau et encadrant l’étang dont l’eau faisait gaiement tourner ses roues. – 5 – Le pré de Garric et sa pâture dévalaient en pente rapide au- dessous de sa maisonnette du Vignal jusqu’aux prés et à la châ- taigneraie du meunier. Et c’est pourquoi quand Jeantou, sur ses sept ans, ayant troqué ses jupes contre un pantalon de serge et une veste taillée dans une vieille cotte de sa mère, commença à garder les ouailles du père Garric, il aperçut souvent Linon Ter- ral qui, toute frêle et toute mignonne, vive comme une abeille, douce à voir avec ses yeux noisette sous ses fins cheveux blonds, accompagnait souvent sa sœur aînée ou ses deux frères à la garde des bœufs et des vaches du meunier. Une forte haie de noisetiers, d’églantiers et d’aubépines, ja- lonnée de chênes, séparait la pâture de Garric des prés de Ter- ral ; et longtemps le petit pâtre se contenta d’épier à travers les branches les jeux, les luttes ou les dînettes des enfants du voi- sin. Il n’osait ni pénétrer chez eux, ni leur parler, ni même ré- pondre à leurs chants par d’autres chants, comme font souvent chez nous les bergers, d’une colline à l’autre. Jeantou était né timide et doux, un peu pataud ; et à sa timidité naturelle s’ajoutait le sentiment de la pauvreté des siens, comparée à l’aisance et au train de la famille Terral. Mais les jours coulèrent avec le ruisseau qui faisait grincer la scie et jacasser les trémies du meunier. Jean et Aline atteigni- rent, lui, treize ans, elle, onze. La sœur aînée de Linou cessa de mener paître les bœufs, et resta à la maison pour aider sa mère, la meunière Rose, de santé délicate, souvent souffrante. Des deux garçons, l’un partit pour le chef-lieu où le père Terral, va- niteux de nature et conseillé par l’instituteur de La Capelle, le fit entrer au collège ; l’autre, Frédéric, Fric, ou plus communément « Cadet », commença son apprentissage du métier paternel, surveillant la scierie ou le moulin, limant les lames dentelées, « piquant » les meules, levant même déjà la hache sur les troncs à équarrir. – 6 – Et Aline alla seule au pré de l’étang, et Jeantou sentit gran- dir son admiration pour l’avenante voisine, sans parvenir, ce- pendant, à vaincre la sotte timidité qui le tenait à l’écart. La fillette, elle non plus, ne détestait pas ce bon gros garçon aux joues rouges comme les pommes qu’elle gaulait et croquait dans son pré, aux yeux noirs comme les prunelles de la haie qui les séparait. Elle l’eût bien appelé à elle, mais dame ! elle sentait vaguement que ce n’est pas aux filles à faire le premier pas ; et la futée se contentait d’observer son voisin du coin de l’œil – non sans un sourire malicieux parfois, non sans un couplet de chan- son ou de cantique, qui pouvait passer pour une invite, mais auquel le petit pâtre ne répondait jamais. Puis, Linette fut malade des jours, des semaines, plus d’un mois. Et Jeantou, fut triste, triste ; il pleura, le visage dans la glèbe du pré, ou derrière les noisetiers, Linou malade, là-bas, dans cette maison dont il apercevait seulement la toiture par- dessus la chaussée de l’étang !… Si elle n’allait plus venir ja- mais ! Si elle allait mourir, ainsi, tout à coup ! S’il allait entendre les cloches de La Capelle-des-Bois sonner soudain pour sa « fi- nie » et sa mort !… À cette idée, le cœur du pauvre petit se gon- flait à éclater ; une désolation sans bornes le promenait, errant et désemparé ; il contait sa peine aux vieux châtaigniers, au ruisseau qui semblait sangloter comme lui, aux nuages qu’avril chassait sous son souffle de renouveau. Ah ! s’il avait osé demander à sa mère d’aller prendre des nouvelles ; s’il avait osé, quand son père revenait du moulin portant sur l’épaule leur petite provision de farine, – de quoi pétrir trois ou quatre grosses miches, noires et rugueuses comme l’écorce des chênes, – lui dire : – Papa, avez-vous vu Linou ? Linou n’est pas morte, au moins ? – 7 – Mais le pauvre Jean n’osait pas ; et il continuait à pleurer en cachette et à ajouter à sa prière un Pater pour hâter la guéri- son de son amie. Or, les Pater de Jean Garric, et aussi, sans doute, les onze ans de la fillette et la remontée de la sève au printemps, guéri- rent enfin Linou… Et elle revint au pré, un peu plus pâle d’abord, un peu moins vive, mais encore plus jolie. Quel jour de fête pour le petit berger ! Comme il eût voulu crier son bonheur, ainsi qu’il avait gémi sa peine ! Mais non, car Linette l’eût en- tendu, et il serait mort de honte. Cependant, vers les premiers jours de mai, il prit une grande détermination. Le printemps avait tout refleuri et reverdi : les saules, les peupliers qui bordaient l’étang, là-bas, les poiriers et les pom- miers épars sur les coteaux, les aulnes luisants dont la ligne si- nueuse dessinait la fuite du ruisseau. Les chênes et les châtai- gniers eux-mêmes, quoique plus paresseux, se décidaient, ceux- ci à laisser éclater leurs gros bourgeons vernissés, ceux-là à re- vêtir leur parure de feuilles menues encore, transparentes, d’un vert tendre et doré. Et que de chants d’oiseaux : appels lointains et moelleux du coucou dans le bois de Roupeyrac qui barrait l’horizon, – délicieuses cacophonies montant des jardins en fleurs chéris des chardonnerets et des pinsons, des haies, où rossignols et fauvettes s’égosillaient, des gros arbres moussus où sacraient et miaulaient les geais, où riait le pivert, où la mé- sange serrurier limait sans relâche, – tandis que, par-dessus tout cela, l
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