Le faure brigadier floridor
318 pages
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Extrait

Georges Le Faure LE BRIGADIER FLORIDOR Première publication Le Matin, 2 février au 2 mars 1901 Texte établi d’après l’édition Tallandier 1934 « Romans de cape et d’épée » n°65 Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières CHAPITRE PREMIER LA VOYAGEUSE ................................4 CHAPITRE II LA FACTION ! ................................................ 15 CHAPITRE III DANS LES RUES .......................................... 31 CHAPITRE IV UN GAMIN DE PARIS ..................................53 CHAPITRE V LE 10 AOÛT ....................................................66 CHAPITRE VI LES VOLONTAIRES .................................... 89 CHAPITRE VII LES VOLONTAIRES (suite) ......................109 CHAPITRE VIII SUR LA GRAND’ROUTE ......................... 127 CHAPITRE IX LA VIVANDIÈRE ........................................ 143 CHAPITRE X COUPS DE FEU DANS LA NUIT ................. 157 CHAPITRE XI LE CHEVALIER HORACE DE SANTA- FOCE .....................................................................................188 CHAPITRE XII VINGT CONTRE UN .................................218 CHAPITRE XIII CAPPARDI CONTRE ROMERO ..............249 CHAPITRE XIV LA DÉNONCIATION................................270 CHAPITRE XV À L’ASSAUT............................................... 288 À propos de cette édition électronique.................................318 – 3 – CHAPITRE PREMIER LA VOYAGEUSE – Postillon ! n’y a-t-il pas moyen d’avancer plus vite ? – Eh ! citoyenne !… c’est très joli à dire… avancer… Mais faut s’estimer heureux de pas reculer. C’est à peine s’il y a place pour les pieds des chevaux. Et le postillon indiquait, du bout de son fouet, une foule grouillante de gens qui ne s’écartaient pour livrer passage à la voiture que lorsque les roues les frôlaient de trop près. La diligence contenait deux voyageuses : celle qui, par la portière, venait de parler au postillon, et une autre assise sur la banquette. Celle-ci demanda avec quelque énervement : – Que t’a dit cet homme, Pascaline ? – Il m’a dit, mademoiselle Gilberte, qu’il était fort heureux qu’au lieu d’avancer on ne reculât pas. – L’insolent !… – Il faut prendre patience, mademoiselle. Nous ne sommes plus ici à la Jacotière, dans le château de votre oncle, le marquis de Vignerolles. « Ce peuple de Paris est effrayant à voir. – 4 – L’autre haussa les épaules avec dédain, faisant de ses lèvres pâles et fines une moue dédaigneuse. – Vous auriez dû prévenir votre cousin de notre arrivée, ajouta Pascaline : il serait venu nous attendre à notre descente de la diligence. Mais, avec hardiesse, sa compagne riposta : – Raymond a autre chose à faire que de jouer les écuyers cavalcadours… Le service du roi doit l’occuper tout entier. Puis, mécontentée par une nouvelle halte de la voiture, elle gronda avec emportement : – Il va être huit heures… le château sera fermé et il me fau- dra aller coucher à l’hôtel !… Mais qu’est-ce qu’ils ont donc, ces Parisiens ? Ce n’est pourtant pas dimanche, aujourd’hui. Non ! ce n’était pas dimanche !… C’était le mercredi 9 août 1792, jour des plus ouvriers. Ce qui n’empêchait pas que les ateliers fussent, depuis le matin, désertés, les magasins fermés et que, artisans, bouti- quiers, y compris petits bourgeois, se fussent promenés avec leurs familles, durant toute la journée. Et, le but uniforme de toutes ces promenades, ç’avait été le château des Tuileries. Depuis plusieurs semaines, le bruit courait, mis en circula- tion par les gazettes et les clubs, que le roi se préparait à massa- crer le peuple ; et le peuple, bon enfant, était allé contempler ces – 5 – murailles derrière lesquelles se tramaient d’aussi horribles complots contre ses droits et sa personne. Les visages qui se pressaient dans les rues n’avaient, d’ailleurs, rien de tragique : la journée avait été superbe, et les ouvriers, les boutiquiers, les petits bourgeois, ayant au bras leurs épouses et tirant, de la main restée libre, une théorie de marmots, regagnaient paisiblement le logis familial, car c’était l’heure du souper. De temps à autre, cette quiétude se troublait du passage d’une troupe de citoyens armés, hurlant à pleins poumons des refrains patriotiques. Les hommes faisaient chorus ; mais les femmes et les en- fants avaient un recul instinctif de terreur. Ces Marseillais… ces Bretons… ces Lyonnais, et bien d’autres débarqués de leur province, où ils n’avaient rien à per- dre, – à Paris où ils espéraient tout gagner, ne rassuraient que médiocrement les familles. Si on les eût interrogées, peut-être eussent-elles avoué que ces bandes de patriotes emballés leur faisaient plus peur que le roi, embusqué derrière les murs des Tuileries. Et leur peur eût été plus grande si des piquets de cavalerie stationnés sur les places et dans les carrefours ne les eussent en partie rassurées… La rue Saint-Antoine, qui était une des plus encombrées, comme étant une des plus populaires, était aussi celle dont les manifestations des clubs et autres interrompaient le plus fré- quemment la circulation. – 6 – Aussi, devine-t-on aisément quel effet ces mots, jetés à plein gosier par le postillon par-dessus le tumulte, produi- saient : – Place ! Allons ! place ! Des coups de fouet stridents scandaient cette injonction impérieuse, que des bruits de grelots accompagnaient. Or, malgré ses cris, ses claquements de fouet, les grelots de ses chevaux, le postillon qui menait la diligence de Bretagne allait au pas, depuis qu’il avait franchi la porte de Charenton. – Pascaline, je t’en prie, dit Gilberte pour la dixième fois peut-être, supplie cet homme de se hâter… Mais, au moment où Pascaline penchait son buste par la portière pour répondre à cette prière, la diligence s’arrêta net. Une troupe, débouchant d’une rue voisine, chantait la Marseillaise. – Vivent les Bretons ! clama une voix. Cette voix était celle d’un garçon d’une douzaine d’années, soudainement juché sur le moyeu d’une des roues. – Les Bretons ! balbutia Pascaline, subitement pâle. – Oui ! les fédérés bretons ! répéta le jeune garçon. Vous connaissez pas ça, citoyenne ?… La tête de colonne venait d’apparaître, précédée d’une pi- que surmontée d’un bonnet phrygien, frôlant presque le poitrail des chevaux. – 7 – Pascaline se rejeta en arrière, clamant : – Noël ! C’est Noël ! Mais sa voix, étranglée par l’émotion, fut couverte par les clameurs de la foule, qui applaudissait avec enthousiasme. Gilberte, stupéfaite, demanda : – Tu l’as vu ?… tu as vu ton mari ?… Au lieu de répondre, sa compagne, renversée sur les cous- sins, paraissait se pâmer. – Ben quoi ! clama le gamin, elle tourne de l’ œil… Mais soudain la voyageuse, se redressant, se précipita vers la portière, l’ouvrit et se jeta dehors, où elle disparut au milieu des curieux. – Pascaline ! Pascaline ! appela la jeune voyageuse. Mais le gamin se mit à rire, disant : – Va-t’en voir s’ils viennent, Jean. La citoyenne Pascaline a aperçu son amoureux, peut-être bien… et va te promener. La voyageuse, à genoux sur les coussins, fouillait de re- gards anxieux les vagues humaines qui déferlaient autour de la voiture… mais vainement. Alors, prise de peur, elle cria au postillon : – Fouette les chevaux ! Nous ne pouvons nous éterniser ici ! – 8 – – Parbleu ! riposta une femme dans la foule, v’là une ci- toyenne qui est bien pressée ! – Faudrait-il pas écraser le peuple pour permettre à c’tt’ aristocrate d’aller plus vite rejoindre son galant ! – À pied, la citoyenne ! à pied, la marquise ! Des hommes avaient empoigné la voiture par les ressorts et la faisaient osciller violemment. – À moi ! au secours ! clama la voyageuse. Mais la foule s’amusait de cet effarement, et les ressorts, rudement secoués, pronostiquaient une catastrophe. – Oh ! les lâches ! les lâches !… cria la voyageuse, il n’y aura pas un homme parmi eux pour prendre la défense d’une femme seule ? On éclata de rire. – Ta défense ?… pourquoi ?… contre qui ?… On ne te fait pas de mal, citoyenne… Tu voulais nous écraser… nous arrêtons ta voiture… voilà tout ! – Si le balancement te donne mal au c œur, descends. Et la diligence continuait à osciller de droite et de gauche, craquant dans sa membrure. Le gamin, dès la première alerte, avait sauté à bas de la roue ; mais, par contre, il avait grimpé sur le marchepied et prenait grand plaisir à ce nouveau jeu d’escarpolette. – 9 – – Ayez donc pas peur, citoyenne, dit-il, c’est des bons en- fants… y vous feront pas de mal. Seulement, si j’étais de vous, je descendrais. – Qu’est-ce que je ferais ? Je ne connais pas Paris. – C’est-y loin que vous allez ? Je vous conduirai. – Je vais au château des Tuileries. Le gamin arrondit les yeux. – Aux Tuileries ! répéta-t-il. Mais il fut interrompu par un balancement tel qu’il crut prudent de sauter à terre. Ouvrant la portière, il tendit les mains à la voyageuse : – Descendez… citoyenne… supplia-t-il, citoyenne… La jeune femme avait à peine quitté la diligence que celle-ci se renversa, dans un effroyable fracas de vitres brisées, de pan- neaux défoncés. Le gamin avait saisi la main de la voyageuse, et trouant crânement la foule, l’avait entraînée sur ses talons avec une vi- tesse telle qu’en moins de cinq minutes ils se trouvèrent sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Là, sentant trembler les doigts fluets de sa compagne, il s’arrêta. – Faut pas avoir peur comme ça, dit-il, y a pas d’danger. – 10 –
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