Un conte de Noël
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Description

Noël approche, le ciel est en effervescence ... Chacun veut faire le plus beau cadeau au Bon Dieu pour son anniversaire...
Conte écrit par Sabine Carion, illustré par Giannina Antola, éditions de LA SABOTIÉRE
Le plus petit des anges est terriblement malheureux, il n’a aucune idée de ce qu’il peut offrir. Il demande à Saint Pierre l’autorisation de se rendre sur Terre.
Débordé, Saint Pierre l’y autorise… et Satan se met alors à ricaner…

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Publié le 07 février 2012
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Langue Français

Extrait

UN CONTE DE NOËL
A lire aux enfants, avant d’aller dormir…
Noël approche, le ciel est en effervescence ... Chacun veut faire le plus beau cadeau au Bon Dieu pour son anniversaire...
Le plus petit des anges est terriblement malheureux, il n’a aucune idée de ce qu’il peut offrir. Il demande à Saint Pierre l’autorisation de se rendre sur Terre.
Débordé, Saint Pierre l’y
autorise… et Satan se alors à ricaner…
met
écrit par Sabine Carion, illustré par Giannina Antola, éditions de LA SABOTIÉRE
Noël approchait et le ciel entier entrait en effervescence.
Chaque année, les anges rivalisaient pour chercher l’idée la plus originale, le cadeau le plus merveilleux, à offrir au Bon Dieu. Il fallait bien souhaiter dignement son
anniversaire.
Lagitation était extrême. Saint Pierre ne savait où donner de la tête. Par dessus tout, il redoutait cet esprit de compétition qui risquait de dénaturer l’esprit de Noël, de transformer les anges en espions, de faire triompher la jalousie et l’envie, de faire entrer en rivalité tous les saints du Paradis chargés de conseiller leurs protégés.
Saint Pierre avait beau menacer des pires foudres ; il tentait bien d’expliquer que tout cela importait peu à Dieu, rien n’y faisait. Ce qui le désespérait le plus, c’était d’entendre le rire de Satan retentir des plus noires profondeurs, énorme, et monter jusqu’à lui. -« Ah, Ah », ricanait le démon dans l’oreille de Saint Pierre, « Tu crains de perdre ton âme pour une clé trop dorée ?... Laisse-toi donc tenter… et laisse les donc aimer ce qui brille, vieille mule !».
Personne ne se souciait du combat sans fin de ces deux là ! Le plaisir de se dépasser animait chacun. Et chacun, après avoir écouté patiemment la leçon que le saint ne manquait pas de lui faire, repartait en courant, suivant son inspiration.
Un seul ange était triste. Il était le plus jeune de tous les anges, et c’était son premier Noël. On le voyait parcourir le ciel de long en large, demandant des conseils. Mais plus il constatait l’enthousiasme des autres, plus
son malheur grandissait, plus il paraissait pitoyable avec son petit visage inquiet.
Chacun trouvait quelque chose, mais le petit ange n’avait aucune idée. Il admirait ses frères mais ne trouvait rien, rien, rien à offrir au Bon Dieu.
Lange jardinier préparait sa plus belle fleur depuis bientôt une année. Le nombre de ses pétales était innombrable, d’un dégradé de blanc très pur et de blanc rose jusqu’au rouge le plus vif. Son parfum vous envahissait d’une douceur immense persistant même lorsqu’elle se refermait chaque soir avant de renaître au matin. Et Sainte Thérèse tentait de séparer Saint Benoit et Saint Médard qui l’abreuvaient de conseils, le ton allait montant.... Saint Pierre grommelait : « Je l’avais bien dit, je l’avais bien dit. Tous les ans, c’est pareil…».
L’ange peintre avait mis au point un arc-en-ciel magnifique, né d’un mélange de milliers de couleurs et qui courait d’un bout à l’autre de l’univers pour finir en feu d’artifice. Sainte Barbe avait promis de l’aider. Les nuages en tremblaient déjà !
L’ange pâtissier avait réalisé un gâteau composé de toutes les sucreries du monde. Saint Honoré, ravi, goûtait tout ce qui lui tombait sous la main en répétant : « Bien, mon petit, très bien… un peu plus de ceci peut être, un peu plus de cela». Et il gonflait, gonflait…
Les animaux de la création eux-mêmes avaient imaginé un spectacle en dégradé de tons et de tailles, du plus coloré au plus transparent, les plus petits des oiseaux accompagnant les plus gros des éléphants. Les anges musiciens n’arrêtaient pas d’accorder leurs instruments … Sainte Cécile s’arrachait les cheveux.
Et notre petit ange prenait son visage entre ses mains. Les yeux ronds devant tant d’activité, le regard perplexe. Il s’asseyait dans un coin sur son minuscule tabouret. Son air devenait de plus en plus triste. Tout lui semblait futile, trop facile, sans rapport avec un tel anniversaire. Une pensée lui revenait sans cesse. Et cette pensée le rendait très malheureux.
Qu’offrir à Dieu qu’il n’aurait pas lui-même créé ? Cette évidence le rendait fou de chagrin. Dieu, avec son bon sourire, dirait merci. Il aurait un mot gentil pour tout le monde. Mais en réalité, on ne ferait que rendre au créateur ce qu’il avait déjà lui même offert !
Trois jours avant Noël, le petit ange tout tremblant alla voir Saint Pierre et lui demanda la permission de se rendre sur Terre pour une urgence. Saint Pierre parut assez étonné mais ne lui refusa pas ce voyage. Trop débordé, il n’avait que faire d’une lubie pareille, en un tel moment. Après tout, un de moins, se dit-il. -« Alors, un de moins ? » lui renvoya Satan en écho, hilare, qui ne le lâchait pas une
minute. « Bravo, voilà bien le fier gardien des âmes que tu es ! Envoie les moi plutôt directement, tu gagneras du temps !! ».
Furieux, Saint Pierre faillit se raviser mais notre ange était déjà loin. Noël allait le rendre fou…
Le petit ange descendit donc sur cette planète si jolie vue d’en haut, avec ses tâches bleues et vertes, et jaunes et grises. Il voulait voir de plus près cette création de Dieu. Que cherchait-il donc ?
Ce qu’il cherchait, il ne le savait pas trop. Il souhaitait simplement quitter ce ciel en ébullition où il se sentait inutile. S’éloigner l’aiderait peut être à réfléchir.
La première chose qu’il vit en arrivant sur l’étoile, ce fut une très vieille femme, si vieille, si fatiguée, si courbée qu’il en fut ému. Il se mit à la suivre jusqu’à une petite maison de bois nichée dans la montagne. La vue était grandiose.
Lange resta ébloui que sur Terre, il y eut des choses si belles. Les montagnes se découpaient sur un ciel très bleu, limpide. Les rochers faisaient de grosses tâches noires, grises et violettes sur la neige ; des oiseaux planaient doucement, en rythme avec le vent. Le petit ange eut honte de son désespoir face à l’harmonie de cette immensité, miroir de l’éternité.
La vieille femme allait pousser la porte du
chalet quand elle aperçut le petit ange qu’elle prit pour un enfant égaré.
-« Que fais-tu là ? » lui demanda t-elle. « Es-tu perdu ? » Comme il ne savait que répondre, il dit simplement «Oui ». Alors, elle lui proposa de s’asseoir près du foyer afin qu’il profite de la chaleur.
Après le vent et les frimas du dehors, l’énorme cheminée et son bon feu le revigorèrent. Il ne connaissait pas non plus cette sensation là. Il fut à nouveau enchanté par cette trouvaille extraordinaire, cette réponse divine au froid. Une nouvelle fois, il reconnut la main de Dieu. Son bonheur était immense. Il crut apercevoir le bon regard du vieillard immortel au milieu des flammes, si lumineux, si brillant.
La vieille s’émut en voyant le petit ange sourire. Elle lui proposa du lait, de la crème, du fromage. Il dévora le tout.
Pour la rassurer, il affirma avec un aplomb tout neuf être en vacances près de là. Sa famille avait l’habitude et ne s’inquiétait pas de ses longues promenades solitaires.
Mise en confiance et enchantée que le produit de sa chèvre provoque un tel appétit, la vieille se mit à lui parler.
Elle vivait là depuis toujours. Elle avait
grandi sur ces pentes, gardant les vaches, pêchant dans les torrents et les ruisseaux l’été, tressant des paniers ou travaillant les peaux et les fourrures l’hiver. Et sa vie était passée. Elle n’en aurait pas voulu d’autre. Mais elle lui raconta aussi combien maintenant elle avait de mal à traire ses animaux, nourrir ses poules, retourner sa petite terre et cultiver son jardin, sa raison de vivre et sa seule façon de vivre.
Alors l’ange décida de revenir chaque jour pour l’aider.
Il portait l’eau, allait chercher du bois dans la montagne, distribuait le foin, s’habituait aux animaux et la vieille femme rêveuse imaginait cet enfant qu’elle n’avait jamais eu.
En échange de ce bonheur, elle lui racontait les histoires qu’apporte le vent dans la montagne. Elle lui apprenait à reconnaître les traces délicates dans la neige. Lièvre, hermine, renard, blaireau, tétras, chamois. Autant de beauté que de merveilles que de dangers que de règles que d’intelligence que d’équilibre à respecter. Mille questions, encore plus de réponses…
Elle parlait des premières fleurs du printemps qui allait arriver. L’herbe qui viendrait remplacer la neige. La neige qui se transformerait en eau grossissant les torrents ; la musique des cascades. Tout un spectacle qu’elle voulait tant voir une fois encore avant de mourir.
Elle lui décrivit le retour des hirondelles, leur vol et leurs zigzags. Les chaleurs et les orages, tout ce qu’il n’avait jamais connu. Et encore et encore.
Le petit ange s’émerveillait de la création et surtout de cette merveilleuse alliance entre l’homme et la nature. La vieille respirait à pleins poumons dans le vent. Son sourire le réchauffait comme le feu nourri par le bois qu’il ramassait.
Sur le rebord de la fenêtre, la petite jacinthe rose se tendait vers le soleil. Elle embaumait un peu plus chaque fois qu’il l’arrosait de quelques gouttes d’eau.
Mais vint le jour où tout en trayant la vache avec encore bien des difficultés, il entendit les cloches du village, là-bas dans la plaine. Les cloches de Noël, toutes ensembles, gaies et si vivantes. Et il se souvint. Il se souvint de l’anniversaire de Dieu. Il eut honte d’avoir oublié le but de son voyage, mais bien plus honte encore d’avoir à abandonner sa vieille amie. Et il arriva au ciel alors que la procession de cadeaux était déjà en marche.
Ils étaient si nombreux ! La file était si longue ! Le petit ange put prendre place parmi les retardataires sans se faire remarquer. Mais lorsque les derniers rangs parvinrent près des marches de l’autel où siégeait Dieu, le petit ange se souvint avec horreur qu’il n’avait aucun cadeau, rien
dans les mains, rien à offrir. Et les autres étaient si bien pourvus ! Chacun avait travaillé dur pour apporter quelque chose. Celui là offrait un coussin tissé du coton le plus doux ; cet autre avait écrit un si joli poème. Et il était tellement applaudi ! Le petit ange se sentait égoïste, malheureux et abandonné, si pauvre.
Seul face à l’autel, les mains cachées derrière le dos, sentant tous les regards sur lui et écrasé par l’étonnement silencieux de la foule, il ferma les yeux très fort pour se cacher dans l’obscurité la plus profonde de son âme. Et il entendit pour la première fois le ricanement du diable ! Il se sentait glisser… il avait envie de se laisser glisser, d’abandonner, de disparaître …
Soudain, la voix de Dieu résonna sous la grande voûte du Ciel, à l’infini.
M? Dieu leais qu’entendait-il soudain félicitait. Et puis même, oui, il le remerciait. Dieu disait que le plus beau des cadeaux, parmi ces cadeaux si beaux, c’était lui le petit ange aux mains vides qui le lui avait donné.
Pendant trois jours, il avait réellement travaillé pour lui, avec tout son cœur. Il avait appris à aimer la terre et ceux qui l’habitent. Il avait appris la joie de donner, donner de lui même. Dieu le remerciait pour avoir participé à son œuvre.
Le petit ange n’en revenait pas. Il sentit une main douce posée sur sa tête. Il osa ouvrir les yeux. Le froid rire de Satan se brisa et disparut.
Et lorsque Dieu lui demanda s’il acceptait de retourner sur terre afin d’achever son ouvrage, afin d’aider cette vieille femme jusqu’à ce dernier printemps qu’elle voulait tant voir, le petit ange sentit un bien être infini, une force immense, l’envahir.
* Sainte Thérèse, patronne des horticulteurs ; Saint Benoit et Saint Médard, patrons des agriculteurs ; Sainte Barbe, patronne des artificiers ; Sainte Cécile, patronne des musiciens ; Saint
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