Mort suspecte au Piwi Hôtel
158 pages
Français

Mort suspecte au Piwi Hôtel , livre ebook

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158 pages
Français

Description

Hier, j'ai reçu une lettre. Elle m'a rempli de joie. On ne reçoit plus de lettres. Celle-là arrivait du Kenya... Je l'ai lue et respirée longtemps. Puis, j'ai repensé à tout ce que j'avais vécu là-bas. Souvent je regarde le ciel et je me souviens... mais je n'en parle pas. Ou pas beaucoup. Et là, tout d'un coup, j'ai eu envie de raconter.

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Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296472983
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mort suspecte au Piwi Hôtel
KENYA
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56494-7 EAN : 9782296564947
Patrice Baluc-Rittener
Mort suspecte au Piwi Hôtel KENYA
L’Harmattan
Du même auteur
Le monde de Julien, Editions Atlantica-Séguier, 2006 J'ai beaucoup pêché... Editions du Pécari, 2006 Le monde de Julien2. Editions Atlantica-Séguier 2007 La bicyclette d'Eisntein, L'Harmattan 2007 Nuits de perles amères, L'Harmatan 2007 30 jours en mai, L'Harmattan 2008 Sur la vague virtuelle du Vendée, Atlantica 2009 Lune noire, Atlantica 2010
Hier, j’ai reçu une lettre. Elle m’a rempli de joie. On ne reçoit plus de lettres. Celle-là arrivait du Kenya… Je l’ai lue et respirée longtemps. Puis, j’ai repensé à tout ce que j’avais vécu là-bas. Souvent je regarde le ciel et je me souviens… mais je n’en parle pas. Ou pas beaucoup. Et là, tout d’un coup, j’ai eu envie de raconter. Sans doute me fallait-il un peu de temps. Deux ans de plus, ça compte. Et puis il y a la lettre… Le voyage Jusque-là, j’aimais bien l’avion. Je trouvais même ça planant… Se prendre pour un oiseau, survoler les nuages, flotter au-dessus des océans. Grisant… Mais le doute s’est subitement installé ! Un œil inquiet sur ma mère, l’autre, interrogateur, sur mon père, je me fais tout petit sur le siège gris-bleu de la classe économique où j’ai pris place pour m’envoler vers des vacances de Pâques que j’avais imaginées fabuleuses. Et là, je n’imagine plus rien… Ça secoue un peu… Je m’étire le cou pour essayer de capter le regard de l’hôtesse, une blonde au chignon trop volumineux dont le sourire figé n’indique rien. On finit par descendre, trop vite à mon goût, mais c’est subjectif. Puis on se pose en douceur et on reprend un avion pour Nairobi. Pendant tout le vol, je me suis réfugié dans le Guide du Routard. Ne pas penser, ne surtout pas imaginer, ne plus 7
regarder l’hôtesse. Rester calme… Apprendre le Kenya par cœur pour épater mes parents qui n’ont pas arrêté de m’expliquer des trucs depuis des semaines. « Note, ça te servira pour ta culture générale », assénait mon père. « L’Afrique est le berceau de l’humanité ! Il faut absolument connaître ce continent », assurait ma mère. Il faut dire que j’ai des parents sympas. Ils causent beaucoup, mais sympas… Dad, – je l’appelle comme ça à cause de ses origines anglo-saxonnes – est un monsieur très cultivé, qui lit des revues artistiques, littéraires, scientifiques, fait des quizz et des mots croisés pour se détendre, joue au bridge et aux échecs. À part ça, il bosse comme traducteur-interprète dans une boîte spécialisée dans les conférences internationales. Parfois même il traduit des bouquins, mais le plus souvent ce sont des rapports ou les textes des conférenciers. Physiquement, c’est un bel homme aux cheveux châtains un peu longs, à la dégaine décontractée et à l’humour parfois décapant. Il a souvent l’œil malicieux et je peux comprendre maman d’être tombée amoureuse de lui à vingt ans quand ils étaient étudiants dans la même université. Elle…? Ben, c’est… maman, quoi. Douce, présente, blonde au teint mat, allure sportive, intéressée par tout ou presque… Pour son plaisir, elle travaille à mi-temps dans une association d’aide aux familles. Dad l’appelle Elfy – son elfe, bien sûr – en réalité elle s’appelle Hélène. Mais personne ne l’appelle jamais Hélène, sauf pour lui dire qu’elle est belle, ou encore qu’elle est une bonne poire ! En général elle rit, d’un rire généreux et communicatif. J’adore ma mère…
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Le Routard donc : Nairobi… Nairobi… page 183 : « Une des (plus grandes) capitales les plus jeunes du monde. »Jeune ? Tiens, je voyais ça vieux. Une ville moderne, paraît-il, avec des parcs et de la verdure, parce que les colons anglais du début du siècle dernier aimaient ça. Bon… Un coin marécageux au départ, au bord de la rivière… Nairobi, bien sûr ! L’endroit où les tribus Masaïs et Kikuyus faisaient boire leurs bêtes tout en se regardant en chiens de faïence ! C’était il y a longtemps… Enfin, longtemps… Mon père dit que ça n’a pas trop changé finalement, et que les rapports entre les nombreuses ethnies restent compliqués, et puis aussi qu’à côté des parcs verdoyants il y a beaucoup de bidonvilles ! On s’est posés un peu avant 6h du matin, juste au moment où un étrange soleil aux contours indéfinis jetait ses premières lueurs sur la ville, au loin. Bien sûr, on n’est pas sortis de l’aéroport, alors comment aurais-je pu le voir ? Je l’ai seulement imaginé en apercevant quelques gratte-ciel se découper dans un orange frangé de jaune naissant. Embarrassés par nos fringues d’hiver, on a descendu la passerelle dans la chaleur douce de cette fin du mois de mars. Partout, de jeunes garçons en chemisette blanche aux plis impeccables s’agitent pour porter nos bagages à main… Je me sens déjà ailleurs. Il n’y a pas un souffle de vent, mais les odeurs sont étranges, sans doute brouillées par les relents de kérosène qui nappent l’atmosphère tiède régnant sur le tarmac. On a patienté dans une pièce aux murs jaunes, garnie de bancs écaillés. Dad traduit en m’expliquant les multiples panneaux qui s’affichent en anglais, Elfy s’inquiète de ma fatigue… On parle aussi de la situation
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politique du pays. Pas très stable. Nos amis et certains tour-opérateurs nous ont même déconseillé de venir... Au mois de décembre dernier, plus de 300 personnes ont été tuées dans la vague de violences qui a accompagné la réélection contestée du président Mwai Kibaki. Je dois dire qu’on a hésité pendant quelques jours avant que Dad ne prenne la décision. Un soir, il nous a annoncé : « C’est bon, on y va ! Les gens ont peur, mais j’ai appelé l’ambassade du Kenya où l’on m’a affirmé qu’il n’y a plus aucun risque… Voilà. L’avantage c’est qu’il y aura aussi moins de monde, que les prix sont vraiment bas et que j’ai eu droit à une promo super intéressante. » On est donc partis. Il y a bien encore quelques zones un peu troubles dans le pays, mais ça s’est quand même beaucoup calmé. C’est un peu long ! Je me désintéresse des panneaux, J’ai eu quinze ans il y a quelques jours et ce voyage est mon cadeau d’anniversaire. Je suis en classe de seconde dans un lycée parisien où je me débrouille pas trop mal ! Plutôt grand pour mon âge il paraît que je ressemble à ma mère… J’ai donc les traits fins et je suis blond. J’aime la musique rock-électro, les bouquins defantasyles et policiers, je joue au foot, je fais aussi du judo et ma copine s’appelle Estelle. J’aime bien les jeux vidéo, mais pas trop, et aussi la nature et les animaux… En fait, je suis plutôt heureux d’être là… Excité même. C’est mon premier grand voyage et la perspective de croiser un éléphant au détour d’une piste poussiéreuse ou de me retrouver nez à nez avec un lion me titille l’imagination depuis plusieurs semaines. Le mot safari – j’ai appris qu’il signifie justementvoyageen langue swahili – me semble contenir toutes les découvertes possibles et
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