Ourson et les Narecnizi
98 pages
Français

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Ourson et les Narecnizi , livre ebook

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Description

Comment un jeune orfèvre épousera-t-il la plus Belle du Monde ? Comment une frêle jeune fille sauvera-t-elle le royaume de son père ? Faut-il rencontrer la Chance ou la Raison pour réussir sa vie ? Les contes, étonnants, amusants, cruels, poétiques, de ce recueil, choisis dans la vaste collecte de Marco Cepenkov (1823 - 1920), répondront à toutes ces questions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296810884
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ourson et les Narecnizi
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55142-8
EAN : 9782296551428

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Anastasia Ortenzio


Ourson et les Narecnizi

Contes populaires de Macédoine


Collectés par Cepenkov



Mocassins Hopinzi


L’Harmattan
À la gardienne du royaume
ma merveilleuse tante, Vera Lahcanska
La Belle du Monde et l’orfèvre
L a Belle du Monde avait failli épouser le Soleil mais au dernier moment, celui-ci s’était récusé, refusant de partager le ciel avec une épouse.
Depuis, il ne fallait pas parler de mariage devant la Belle. Non seulement elle ne voulait pas en entendre parler mais elle ne voulait plus voir un seul homme. Elle supportait si peu les hommes qu’un jour, elle demanda au roi son père de lui faire bâtir un palais en plein milieu de la mer. Là, elle emménagerait uniquement avec des femmes et n’aurait ainsi pas la moindre occasion de rencontrer la race haïe. En entendant cette requête le roi fut atterré. Sa fille unique ne se marierait donc jamais ? Jamais il ne connaîtrait la joie de faire sauter ses petits-enfants sur ses genoux ? Leurs petites mains ne tireraient donc jamais ses cheveux ni ne feraient des nœuds dans sa barbe ? Il voulut refuser, mais la Belle du Monde insista tant qu’à la fin le roi accepta. Il finissait toujours par accepter ce que sa fille lui demandait, elle menait son père par le bout du nez, comme la plupart des filles…

Lorsque le palais fut construit, la Belle du Monde y emménagea avec des femmes de chambre, des dames de compagnie, des cuisinières, des agricultrices, des soldates, des chercheuses, des mathématiciennes, des écrivaines, des peintres, des musiciennes, des acrobates… uniquement des femmes. Celles qui étaient mariées avaient été contraintes de laisser leurs maris et leurs fils au royaume du père de la Belle, mais elles pouvaient retourner voir leurs familles régulièrement. La vie se déroulait très agréablement au milieu des chants, des promenades et des diverses discussions.
Mais au royaume de son père, les commentaires allaient bon train. Tous s’étonnaient du comportement de la Belle du Monde. Comment, elle préférait s’isoler plutôt que de se marier ? Quelle était cette lubie ?… Quand les jeunes gens se rencontraient, ils se mettaient à parler d’elle, à la fois agacés et vexés : une si belle fille, pensaient-ils, quel dommage, aucun d’eux ne l’épouserait jamais…
Eh bien moi je l’épouserai ! dit soudain l’un d’eux. Tous le regardèrent surpris et incrédules. C’était un jeune orfèvre qui était passé maître dans son art.
Je vous parie que j’aurai épousé la Belle du Monde avant la fin de l’année, insista-t-il.

Le soir même, le jeune orfèvre se rendit dans son atelier, prit ses outils et les mit dans un sac en cuir. Il y ajouta tout l’or et l’argent qui s’y trouvait, ferma le sac et sortit. Il arriva au bord de la mer où l’attendait une barque. Il y jeta le sac en cuir ainsi qu’une planche de bois et il s’embarqua en direction du palais de la Belle du Monde. Quand il estima être assez près, il jeta la planche dans l’eau, posa dessus le sac en cuir et, à son tour, se jeta à l’eau. Tout en s’agrippant à la planche, il repoussa la barque pour qu’elle regagne la rive. Il se mit à nager et lorsqu’il fut presque au pied des murailles, il se mit à crier :
Au secours, à l’aide, je me noie… ohé braves gens qui êtes dans le palais aidez-moi !
Les soldates sur les remparts auraient bien secouru le pauvre naufragé mais la Belle du Monde avait interdit l’accès de son territoire à tout homme, quel qu’il soit… Néanmoins, elles allèrent en informer la princesse. Celle-ci fut agacée par cette nouvelle mais elle n’était pas criminelle… Elle ordonna que l’on secoure cet homme mais qu’on le relègue dans la pièce la plus éloignée du château où il attendrait le passage du prochain bateau pour embarquer. Elle ne voulait ni le voir ni l’entendre !
Le jeune homme fut secouru et emmené dans la pièce la plus éloignée du palais où il put se sécher et se reposer tout à son aise.

Le lendemain il sortit ses outils et se mit à travailler. Le martelet {1} frappait le métal et toutes pouvaient entendre sa chanson : ta ta tatata ta tata ta, ta ta ta tata ta . Curieuses, les femmes de chambre coururent voir ce qu’il faisait et s’extasièrent devant son ouvrage. L’orfèvre fabriquait une paire de chaussures extraordinaires, en filigrane. Les souliers n’étaient faits que de dentelle en fil d’argent. Quand il les posait par terre, ils marchaient tout seuls. Ils étaient si ravissants que la Belle du Monde en fut avertie. Elle alla voir cette merveille à travers un trou creusé dans la pièce voisine de celle du jeune homme. Lorsqu’elle vit les chaussures, son cœur ne fit qu’un bond : « Il me les faut ! » se dit-elle et elle envoya des femmes s’enquérir du prix.
Je ne vends pas ces chaussures, répondit l’orfèvre, mais si la princesse vient en personne et qu’elle les chausse, c’est avec plaisir que je les lui offrirai pour la remercier de m’avoir sauvé des eaux.
Quel toupet ! s’offusqua la Belle du Monde, mais comme elle avait très envie des chaussures d’argent, elle se couvrit entièrement d’un long voile afin que le jeune homme ne la voie pas et elle s’en alla auprès de l’orfèvre.
À travers son voile elle remarqua que le jeune homme était bien fait de sa personne.
Il faudrait que tu essaies ces chaussures pour que je m’assure qu’il n’y a rien à reprendre, dit l’orfèvre.
La Belle du Monde se déchaussa et on put alors voir le plus joli pied qui soit. Elle chaussa les souliers d’argent qui lui allaient parfaitement et s’en alla.

Le lendemain, le chant du martelet résonna à nouveau : ta ta tatata ta tata ta, ta ta ta tata ta . Cette fois, c’est une magnifique quenouille d’or avec rien de moins que 12 fuseaux que l’orfèvre avait fabriqués. Cette quenouille travaillait toute seule. Six fuseaux s’enroulaient de fil d’or et six autres de fil d’argent. En la voyant, la Belle du Monde fut abasourdie : « Cette quenouille est digne d’une princesse, il me la faut ! » se dit-elle. Et elle envoya ses servantes pour la lui acheter à n’importe quel prix. Mais cette fois encore le jeune homme se révéla prêt à la lui offrir à condition qu’elle vienne la chercher elle-même.
Quelle insolence ! dit la Belle du Monde. Elle se couvrit entièrement et se présenta à nouveau devant l’orfèvre. À travers son voile elle remarqua que le regard du jeune homme était aussi doux que du velours. Il lui tendit la quenouille. Les plus jolies mains que l’on ait jamais vues surgirent du voile pour la saisir. Dès que la princesse l’eut en main, la quenouille et les fuseaux se mirent à tourner de plus belle. Enchantée, la Belle du Monde repartit en admirant leur manège.

Le surlendemain, le chant du martelet se fit encore entendre : ta ta tatata ta tata ta, ta ta ta tata ta tata tatata …
Lorsque les compagnes de la princesse virent ce que l’orfèvre fabriquait, elles restèrent bouche bée. Elles s’en furent chercher la princesse qui posant son œil sur le trou de la serrure de la pièce attenante à celle de l’orfèvre resta elle-même stupéfaite.
L’orfèvre avait confectionné une chemise d’or, brodée d’or et d’argent si fine qu’elle semblait diffuser la lumière. La Belle en fut éblouie.
Ah ! Quelle chemise est-ce là ! Même mon père n’en possède pas une semblable et personne au monde n’en aura jamais une pareille ! soupira-t-elle.
Elle envoya ses servantes mais à nouveau le jeune homme répéta qu’il ne voulait pas l’échanger contre de l’argent, mais qu’il était disposé à l’offrir et à en revêtir lui-même la princesse si elle venait la chercher en personne.
Quelle audace ! sourit la Belle, mais… cette chemise est si extraordinaire !
Elle se couvrit et se rendit chez l’orfèvre.
Il faudrait que tu essaies la chemise, pour que je voie s’il n’y a rien à reprendre, dit-il.
À travers son voile la Belle remarqua que le cœur du jeune homme battait aussi fort que le sien.
D’un geste len

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