Youssouf et le pirate de Mayotte
82 pages
Français

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Youssouf et le pirate de Mayotte , livre ebook

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Description

La vie est difficile à Anjouan, une petite île de l'archipel des Comores. La misère gagne partout et les gens n'ont plus qu'une idée en tête, partir ! Or, à côté d'Anjouan, il y a une autre île qui s'appelle Mayotte. Là bas, paraît-il, il y a la télévision partout, tout le monde possède téléphone portable et voiture. Youssouf et son ami Ibrahim sont deux enfants d'Anjouan. Ils n'ont pas demandé à partir. Mais leurs parents, pensant bien faire, les confient à un homme riche de Mayotte...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 313
EAN13 9782336252223
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296040120
EAN : 9782296040120
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Jeunesse L’Harmattan - Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland , Joëlle et Mancelle Chassin Prologue. L’île d’Anjouan Youssouf Pêcheurs à Mayotte Une vie sans espoir Le Pirate Douce Le Phaéton Le drame Une pirogue dans la tempête Étrange sauvetage Libres ! Souvenirs heureux... Le Pirate nous quitte Epilogue
Youssouf et le pirate de Mayotte

Yoanne Tillier
Jeunesse L’Harmattan
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland , Joëlle et Mancelle Chassin
Marie-Pierre ROBINEAU, Surya part à Kandy, 2007.
Stéphanie ROCHEFORT et Valérie CROWLEY, Le fou rire du lion, 2007.
Nadia GHALEM, Mamadou et le fantôme de Drummondville, 2007.
Noël LE COUTOUR, Le trésor de Galam au Sénégal, 2007.
Jacqueline DÉBORDES, Rinzin, un petit Tibétain astucieux , 2007.
J-Michel LEMAIRE, Caïenne, l ’ Indien qui voulait unir les tribus, 2007.
Geneviève BRIOT, Najib l’enfant de la nuit, 2007.
Michel CRÉZÉ, Chapati et l’astronome en Inde, 2007.
Françoise KERISEL, Chevalier de Saint-George, musicien des Lumières/Chevalyé de Saint-George, mizisyen des Lumières, 2007
Ivona BŘEZINOVÁ, La classe ensorcelée, 2006.
Paul-Etienne CHIPS, Le silence d’Isidore, 2006.
Danièle FOSSETTE, Trois enfants et une haleine à Mayotte, 2006.
Nadine LE MOY, Matallah, esclave de Karakour, 2006.
Isabelle MONTPLAISIR, L’oiseau de cuivre incarnat, 2006.
Gérard GUILLET, Un toit pour toi, 2006.
Françoise KERISEL, Philosophes de la Grèce antique, 2006.
Fabrice BLAZQUEZ, Awa, petite détective du Sénégal, 2006.
Danièle FOSSETTE, Le gâteau de Madame Lapoule, 2006.
Régine MFOUMOU-ARTHUR, L’esclave Olaudah Equiano, 2006.
Daniel LEDUC, Grandole le géant, 2006.
Ali BADRI, Azad, l’oiseau migrateur, 2006.
Nadia GHALEM, Le trésor de Tipaza, 2006.
Jean-Jacques MICHELET, Le radis radin, 2006.
Geneviève CECCALDI, Sandy entre deux rives , 2006.
Renée CLÉMENCE-GOTIN, Le cheval à trois pattes / Chouval a twa pat, 2006.
Françoise UGOCHUKWU, Chizoba dans la ville, 2006.
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme.
Charles Baudelaire.
Prologue.
Youssouf, c’est mon ami, et je ne laisserai personne dire du mal de lui. S’il a changé depuis que nous avons rencontré le Pirate, ce n’est pas une mauvaise chose. Et ceux qui disent que ce mzungu 1 lui a volé son âme et ceux qui disent que Youssouf est devenu un kafir 2 se trompent. Leur langue est celle des méchants, des jaloux et des ignorants !
Oui, c’est vrai, Youssouf se promène avec le chien du pirate. Et puis après ? Que savent-ils de cet animal ceux qui disent que les chiens sont des créatures impures, des créatures du diable, maudites par le prophète ? Youssouf ne tue plus les chiens désormais, et moi non plus. Pourquoi nous en faire le reproche ?
Si vous voulez m’écouter, je vais vous raconter l’histoire de mon ami. C’est la mienne aussi. J’ai vécu assez longtemps avec lui, en compagnie du vieux Pirate, pour savoir de quoi il retourne et faire taire tous les menteurs. Vous comprendrez, si vous voulez comprendre. Et vous saurez pourquoi Youssouf aime ce chien comme un ami et pourquoi j’aime mon ami comme un frère, et mieux qu’un frère si cela est possible.
L’île d’Anjouan
Nous sommes nés tous les deux à Anjouan, une île qui fait partie de l’Archipel des Comores. Si on relie les quatre îles de cet archipel entre elles par un trait imaginaire, elles forment comme un croissant. C’est pourquoi en parlant des Comores on dit souvent « Les îles de la Lune ». Mais si le Pirate était encore vie, il me gronderait à cet instant, il me dirait : « Ibrahim, nom d’un chien, ce n’est pas comme ça qu’on situe un point sur l’océan ! » Alors il sortirait sa carte marine, il plisserait ses yeux, il pointerait son index sur l’île et il dirait, avec sa vieille voix toute rouillée : « Anjouan, 15°34’ de latitude sud et 34°25’ de longitude est ! Voilà, forban, comment on signale une terre ici-bas ! »
La vie est difficile à Anjouan. Les familles ont beaucoup d’enfants et n’arrivent pas toujours à les nourrir. A force de couper les arbres pour faire du charbon, la forêt diminue, la terre devient mauvaise, les récoltes sont insuffisantes, et même les cocotiers ont attrapé une maladie ! Alors la misère gagne partout et les gens n’ont plus qu’une seule idée en tête, partir !
Or, à côté d’Anjouan, il y a une autre île, qui s’appelle Mayotte. Là-bas, les mzungus ont apporté une sorte de richesse. Il paraît qu’il y a la télévision partout, que tout le monde possède des téléphones portables et des voitures. Il paraît que tu peux manger tous les jours et parfois même plusieurs fois par jour. Il y a aussi des écoles et des hôpitaux, et même un grand magasin où tu peux acheter des produits exotiques fabuleux, comme du chocolat ou du fromage.
On ne sait pas trop pourquoi l’électricité fait briller les lumières des villages, là-bas, alors que chez nous on est dans le noir presque tout le temps. C’est un mystère pour beaucoup toutes ces lumières là-bas et tout cette obscurité ici, un mystère qui attire, forcément : quand tu montes sur les plateaux du Nyumakélé, quand tu t’installes face à l’océan par un soir sans nuages, et que, peu à peu, tu aperçois tout au loin, posées sur l’eau comme une couronne de fée, les lumières de Mayotte qui se mettent à palpiter dans les ténèbres, comment faire pour ne pas rêver ? Depuis la nuit des temps, et partout sur terre, aucun être humain n’a jamais fonctionné autrement. Alors, tu m’excuseras, mais c’est quand même pas de ma faute si nous ne sommes que des hommes !

Bref, pour les pauvres qui habitent Anjouan, Mayotte, c’est l’Amérique. Chaque jour on tente sa chance. Ou plutôt je devrais dire chaque nuit, parce qu’il vaut mieux attendre la nuit, c’est un conseil que je te donne, si tu veux éviter de te faire pincer par les bateaux de la police.
Le peu d’argent qu’on a récolté, par-ci, par-là, on le donne à quelqu’un qui t’adresse à une autre personne, qui t’en fait rencontrer une autre encore. A la fin il y a un homme, un passeur, qui t’embarque sur son bateau.
Mais attention, n’imagine pas un gros bateau, non, le passeur te fait monter sur une barque, longue de quelques mètres et très étroite, qu’on appelle ici un kwassa-kwassa. Et puis la barque s’en va sur l’océan pour franchir la petite centaine de kilomètres qui sépare les deux îles.

Youssouf et moi c’est comme ça qu’on est arrivés à Mayotte. On avait à peu près dix ans. On est du même village. Bien sûr, nous, au départ, on n’avait rien demandé, et surtout pas à partir. On était d’abord des enfants, alors, comme tous les enfants du monde, on jouait ; on s’amusait à débusquer les gros landras 3 qui grattent le sol en grognonnant, on faisait la course à celui qui grimpe le plus vite possible au sommet des cocotiers, on réveillait les roussettes 4 à coups de pierre, on piquait en douce les clous de girofle du père Salim, on se régalait avec une mangue verte et des fraises sauvages ; dans la poussière ou sous la pluie on courait, on se poursuivait, on jouait au foot pieds nus et on rigolait bien.
Mais il paraît que ce n’était plus possible à la maison. Alors, un jour, un monsieur est venu de Mayotte. C’était un oncle de maman, je crois. Lui il habite Mayotte et il est très riche et très respecté. Tu penses, il a deux voitures, même un « 4X4 » avec des vitres noires que tu peux quand même voir à travers ! Son kofia 5 est brodé avec des fils d’or ! C’est un homme qui a la baraka 6 !
Il a parlé avec elle et en même temps il recevait des coups de téléphone sur son portable. Après, maman a ouvert la boîte en fer-blanc, toute cabossée, qui ferme avec un élastique. Elle a regardé à l’intérieur, c’est là qu’elle range le peu d’argent qu’elle gagne en vendant des oignons et des salades au marché. J’ai bien vu ses doigts qui hésitaient, ses doigts aux ongles cassés et tout crevassés à force de remuer la terre pour nous nourrir. Puis elle a sorti des billets, des billets sales, fripés, et les a tendus au monsieur riche, qui a d’abord fait une grimace. Ses mains à lui étaient bien soignées, parfumées, ses ongles arrondis comme des croissants de lune. Je regardais ses doigts qui semblaient faire les dégoûtés en touchant les billets crasseux, mais après avoir vérifié que les rectan

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