J ai un caillou dans ma chaussure...
42 pages
Français

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J'ai un caillou dans ma chaussure... , livre ebook

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Description

Les aventures rocambolesques et pleines de tendresse d’une famille pas comme les autres, qui part en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, avec un âne qui n’avance pas, ou seulement en bottes de caoutchouc, des ronfleurs dans les refuges et des cailloux dans les chaussures…


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2016
Nombre de lectures 19
EAN13 9782728923366
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1
Tu pousses ou je tire !


Où l’on commence par ne pas bien comprendre ce qui se passe, où l’on voit que mettre les pieds dans l’eau n’est pas du goût de tout le monde, où l’on ne comprend pas bien pourquoi les adultes ne comprennent pas toujours que les enfants comprennent avant eux.
– Pousse !
– Mais tire !
– Je veux bien pousser, mais si tu ne tires pas, ça ne sert à rien ! Alors, tire !
– Mais je tire, moi, mademoiselle je-sais-tout ! Je tire, mais toi, tu ne pousses pas !
– Ah, je ne pousse pas ?
– Non, tu ne pousses pas. T’as du jus de betterave dans les bras, les muscles d’un escargot, la force d’une mouche ! Pouuuusssssse !
– Ah parce que moooossieur serait plus fort que moi ? Moooossieur aurait une force surhumaine, peut-être. Moooossieur se prend pour Superman et Hulk réunis ! Mais si moooossieur avait aussi un cerveau, il saurait comment se servir de ses petits bras au lieu de parler… Moooossieur !
À chaque fois c’est la même chose avec Alex, ce n’est jamais de sa faute !
Mais là, il faut bien se rendre à l’évidence, si la situation est bloquée, c’est surtout à cause de Louïa qui ne veut pas avancer d’un pas.
Louïa est une adorable ânesse. Elle a cinq ans, de très grandes oreilles, comme il sied à ceux de son espèce, un beau poil gris et épais, un joli museau tout blanc et tout doux, et surtout, d’immenses yeux de velours noir dans lesquels on voudrait se perdre. Elle adore les câlins, les carottes, le pain grillé, marcher au soleil, regarder voler les papillons, poser sa grosse tête sur des épaules amies, et grignoter les pâquerettes qui poussent au bord des chemins. En fait, il n’y a qu’une seule chose que Louïa n’aime pas, une seule qu’elle déteste, qu’elle refuse obstinément, qu’elle n’a jamais faite et qu’elle ne fera jamais, plutôt mourir ! Louïa n’aime pas marcher dans les flaques d’eau. Et aujourd’hui, il a plu et il continue à pleuvoir, alors des flaques, il y en a partout.
Au début, c’étaient des petites flaques, du genre de celles dont on peut faire le tour, puis elles sont devenues plus grandes et il a fallu faire bien attention, mais maintenant, nous sommes devant une flaque qui fait toute la largeur de la route. Impossible de passer.
– Écoute, ma louloute, si tu es gentille, ce soir, je te donne mon dessert !
Si Alex est prêt à donner la chose au monde qui compte le plus pour lui, c’est que la situation est vraiment désespérée. Mais, impassible, Louïa fait mine de ne pas entendre. Tous les desserts du monde n’y feront rien : elle ne bougera pas. Elle nous regarde avec un air d’une infinie tristesse, les gouttes de pluie semblent devenir de grosses larmes sous ses yeux. Elle aimerait bien nous aider, oh oui, elle aimerait vraiment. Elle serait ravie de nous faire plaisir, mais là, c’est impossible.
– Je crois que j’ai une idée, fais comme moi !
Quand Alex dit : « J’ai une idée », il faut faire très attention, la situation peut vite tourner à la catastrophe. Mais là, pour une fois, il vient d’avoir une idée de génie. Je l’imite et, ô miracle, Louïa se remet en route, elle traverse une première mare, puis une autre, et puis, sans plus y penser, elle reprend son rythme d’âne qui marche.
– Ah, vous voilà ! On commençait à s’inquiéter ! Que faisiez-vous ?
Un peu plus loin sur la route, les parents nous attendent. Sous leurs ponchos pour s’abriter de la pluie, ils ressemblent à d’immenses sacs poubelles bleus.
– C’est Louïa, elle refusait d’avancer, mais maintenant, ça va mieux. Alex a trouvé une solution. C’est encore loin l’arrivée ?
– Encore loin, encore loin, non… Mais on n’est pas arrivés. On devrait pourtant, si mes calculs sont bons… on devrait être presque arrivés. Il doit rester environ… En gros… Bon, vous verrez bien ! dit papa qui, une carte à la main, semble totalement perdu. On a fait tout ce qu’il fallait : à la sortie du dernier village, on a bien pris à droite, puis à gauche au gros chêne, puis tout droit, et enfin la deuxième à gauche jusqu’au village où nous nous arrêterons pour la nuit.
– Mais on n’a pas pris à gauche après la ligne droite ? demande maman, qui semble s’inquiéter.
– Tu es sûre ? répond papa, qui se rend compte tout à coup qu’il tient sa carte à l’envers !
– Sûre de chez sûre ! Montre-moi ta main droite, exige maman.
Et là, mais remarquez, on commence à être habitués, il lève sa main gauche avec l’air ravi d’un gagnant au loto.
– Oh, c’est amusant, je vois ce que nous avons fait ! Et tu as raison chérie, comme toujours d’ailleurs, il suffit que nous repartions en arrière, juste un peu, pas grand-chose, deux fois rien, un petit kilomètre et hop, on retrouve le bon chemin. Allez, en route mauvaise troupe ! Et que le premier qui grogne soit changé en limace !
Et, la carte maintenant dans le bon sens, papa s’en va d’un bon pas, toujours à la tête de la troupe.
– Maman, j’ai vérifié sur ton téléphone, ce coup-ci c’est la bonne route !
Charlotte, sans rien demander à maman, vient d’activer le GPS.
– Parce que moi, je l’aime bien papa mais bon… Je ne sais pas si je vais finir transformée en limace, mais lui, c’est sûr, je vais en faire du steak haché !
C’est officiel, Charlotte n’aime pas marcher. Elle n’aime pas non plus la pluie, et elle déteste par-dessus tout marcher sous la pluie.
– Maman, pourquoi Alex et Brune sont en chaussettes et pas moi ? ajoute Charlotte. Moi aussi je peux retirer mes bottes ?
– Quoi ?
Alors maman nous regarde, Alex et moi. Plus exactement, elle regarde nos pieds. Elle voit quatre pieds, dans quatre chaussettes noires de boue et totalement trempées !
– Mais, où sont vos bottes ?
– Là !
D’un même geste, Alex et moi montrons Louïa qui, tranquillement, profite de la pause pour s’offrir quelques pâquerettes au bord de la route. Un petit bouquet de fraîcheur que personne n’a pensé à lui offrir.

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