Yona fille de la préhistoire tome 4
46 pages
Français

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Yona fille de la préhistoire tome 4 , livre ebook

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46 pages
Français

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Description

Yona est la plus heureuse du monde. Elle a retrouvé son père, sa tribu et surtout son ami Dent de lion... Mais Mummi, la chamani, ne l'aime pas, et encore moins frère loup, pourtant accepté par l'ensemble de la tribu. Isolée, Mummi doit céder, et pour prouver sa bonne volonté, donner à manger à l'animal. Mais lors de la soirée de retrouvailles, le loup tombe gravement malade... Aurait-il été empoisonné ?





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Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2010
Nombre de lectures 197
EAN13 9782266208161
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

:
Florence Reynaud



Le retour de Yona




Résumé du livre précédent
Y
ona avait trouvé un ami, Dent de lion, mais il a disparu. Elle continue seule sa route vers les montagnes. Mais son frère loup l’abandonne lui aussi, pour rejoindre une meute qui chasse le renne.
De plus en plus triste, l’adolescente décide de suivre un glacier. Lorsque la nuit tombe, elle aperçoit au flanc d’une colline une grotte illuminée. Espérant trouver un refuge et un clan accueillant, elle escalade la pente. C’est alors qu’elle interrompt une cérémonie sacrée. Les trois chamans sont furieux.
Pourtant le plus jeune, Gorann, qui peint des animaux sur la paroi rocheuse, la protège. Et puis Yona rencontre Akilé, la jeune sœur de sa mère. Elle la soigne d’une grave blessure et Gorann, reconnaissant, lui propose de vivre avec eux.
Yona hésite. Alors qu’elle assiste à une autre cérémonie chamanique, en compagnie de femmes et d’enfants, son loup entre dans la grotte. Effrayés, les hommes jettent des pierres sur l’animal. Malgré les supplications de Gorann, Yona choisit de partir à nouveau, avec son frère loup.
1
Dans la nuit
É
puisée, Yona vient de s’asseoir sous une avancée de rocher, au flanc d’une petite falaise. La nuit est claire. Sous les yeux de la fillette, un paysage inconnu s’étend, d’une blancheur grisâtre.
— Je me suis perdue ! enrage-t-elle. Voilà ce que c’est de jouer les têtes folles ! Qu’en dis-tu, frère loup ?
Le grand fauve, couché près d’elle, lève la tête. Il laisse échapper un bref jappement, comme s’il comprenait ses paroles. Yona se penche un peu, appuie sa joue contre la puissante encolure du loup. C’est pour le suivre qu’elle a quitté le chaman Gorann et sa compagne Akilé. Sa surprise a été grande en découvrant que cette jeune femme bavarde et capricieuse était en vérité sa tante, la sœur de sa mère Madem. Mais l’apparition de l’animal dans la grotte sacrée, en pleine cérémonie, a semé la panique.
— Aucun clan ne veut de toi ! chuchote-t-elle. Mais tu es mon ami ! Personne ne te fera de mal !
Yona revoit Gorann, en qui elle avait confiance, ramasser le premier un galet et viser cette bête qu’ils redoutent tous. Les autres hommes allaient l’imiter. Elle s’est enfuie sur les traces du loup. À présent, la pointe de son menton posé sur ses genoux repliés, elle réfléchit à sa conduite. Les paupières mi-closes, elle ne peut s’empêcher de penser à Gorann, au bon sourire, qui a su faire alliance avec les vautours au bec crochu, et lui a appris le secret des bêtes peintes.
La fillette retient ses larmes. Sa bouche se crispe. Elle était accueillie dans un clan, on lui avait donné de beaux vêtements chauds, des colliers. Akilé, au nom de leur lien de parenté, tenait à la garder dans son foyer. Yona ne le souhaitait pas vraiment. Pourquoi ? Elle s’interroge, puis comprend qu’au fond de son cœur, elle avait envie de revoir son père et son amie Noume. Au plus profond de la nuit glacée, seule à nouveau avec son loup, Yona est submergée par le désir de retrouver les siens. Elle ne peut pas vivre loin d’eux.
— Quand le jour se lèvera, nous trouverons un passage dans ces montagnes… chuchote-t-elle. Et même si je cherche longtemps mon chemin, je rentrerai à la grande caverne, avec toi, frère loup.
Yona sait que la saison chaude approche. Les signes ne trompent pas. Il y a les averses de neige, le recul du gel au fond des vallons, et, parfois, entre deux cailloux, une pousse verte qui pointe, toute neuve.
— Je vais allumer un petit feu ! soupire-t-elle. Des hyènes peuvent rôder… Ou des lions…
Ces mots la font frissonner. Elle a laissé son épieu sous l’abri de Gorann. Contre les lions, un bout de bois, même durci au feu, ne peut rien.
— Je vais malgré tout tailler un bâton. Ce que j’aimerais avoir, moi, c’est une belle lance comme les chasseurs, avec une pointe de silex ! Tu entends, frère loup, je voudrais aussi posséder toutes les couleurs des chamans, pour peindre sur les parois. Si je montrais à mon clan les dessins que je peux faire, ils me prendraient pour chamani… Oui, j’aimerais devenir chamani !
Yona, qui se confiait à son frère loup, se tait soudain. Elle a perçu un bruit étrange, qui semble sortir des profondeurs du rocher, derrière son dos. Lentement, elle se retourne et écoute mieux. On dirait qu’un homme souffle dans un os creux. Le fauve se met à grogner. Le bruit retentit encore, se changeant bientôt en un cri aigu, parfois ponctué de sifflements rauques.
— Qu’est-ce que c’est ? chuchote-t-elle.
Les récits de Mummi, la chamani de son clan, lui reviennent aussitôt en mémoire. Aux enfants groupés près du feu, la vieille femme racontait comment l’Esprit de la Terre, lorsqu’il était en colère, surgissait des profondeurs des grottes avec des hurlements terribles et emportait les petits sans défense.
« Pour cette raison, jeunes fous, ne vous approchez pas des trous d’ombre qui s’ouvrent au fond des cavernes. Vous seriez entraînés dans le ventre du monde et dévorés ! »
Yona s’empresse de frotter sa pierre à étincelles, dispose une poignée de lichens bien secs dans un petit creux caillouteux. Une fumerolle s’élève, une clarté jaune dissipe la pénombre. Mais l’affreux hurlement résonne une nouvelle fois. Le loup bondit sur ses pattes, ses poils se hérissent. Il darde son regard doré vers le rocher. La fillette recule doucement, en tentant de se lever tout à fait.
— J’ai le temps de m’enfuir ! murmure-t-elle. Mon sac ! Vite !
Une peur étrange la fait frissonner. Pourtant, en observant mieux le pan de falaise, elle ne voit qu’un trou assez exigu. Aucun animal vraiment dangereux ne peut sortir de là. Mais, par prudence, elle continue à s’éloigner. Le fauve ne semble pas effrayé, lui. Il s’élance même vers le rocher, en grognant de rage.
— Non, reviens ! lui dit Yona, inquiète.
Tout à coup, une forme grise apparaît, les ailes déployées. C’est un grand hibou dont les yeux orange étincellent. Surpris, le loup se fige. L’oiseau de nuit pousse des sortes de glapissements furieux, en tentant de s’envoler. Fascinée, Yona n’ose plus bouger. À la lueur du maigre feu, elle voit s’avancer hors du trou un second hibou.
Le loup semble décidé à les attaquer. La fillette se dit, un peu affolée, qu’il doit être affamé et ne laissera pas échapper ces proies inespérées. Une sorte de danse étrange commence, entre l’animal et les rapaces. Les uns déploient grand leurs larges ailes, l’autre claque des dents, saute sur place pour éviter les coups de bec.
— Frère loup ! Laisse-les ! crie soudain Yona qui songe aux vautours de Gorann. Ils habitent ici, nous les avons dérangés… Viens, viens…
Il ne l’écoute pas. Acharné à saisir au moins un des hiboux par le cou, le loup tout hérissé tourne autour d’eux. Pourtant, peu à peu, les oiseaux le font reculer, à force de cris rauques, assourdissants. Yona ose à peine regarder. Elle est partagée entre deux sentiments.
« Frère loup a faim, il a raison de chasser ce qu’il trouve ! Mais les hiboux ont dû préparer leur nid dans ce trou de rocher. À la saison chaude, ils auront des petits… comme Akilé… Ainsi en a décidé l’Esprit du Ciel ! »
Yona a choisi. Elle doit protéger les plus faibles, comme le faisait sa mère Madem. Alors qu’elle s’apprête à se ruer sur le fauve pour le calmer, un des rapaces s’envole lourdement. Les serres à demi ouvertes, il prend vite de l’altitude, sans cesser de hululer. Intrigué, le fauve relâche son attention. L’autre hibou en profite et, d’une démarche malhabile, s’empresse de rentrer dans son nid. Sur le sol caillouteux, gisent quelques plumes. La fillette les ramasse, toute contente, en pensant que ce sera un beau cadeau pour son amie Noume.
— Je suis désolée, frère loup ! murmure-t-elle. Tu mangeras mieux demain.
Dépité, l’animal s’est assis. Il continue à fixer le pan de rocher, en penchant la tête de droite à gauche. Yona s’agenouille et le prend dans ses bras.
— Quand tu fais ça, tu ressembles à Tik, un petit garçon de mon clan.
Ce seul nom de Tik la plonge dans une profonde tristesse. Une crainte terrible l’envahit. Elle peut errer des lunes sur ce territoire, sans jamais revoir son clan. Avec un soupir, elle range les plumes dans son sac de guérisseuse. Puis, récupérant aussi sa pierre à feu et son silex, elle se lève.
— Tant pis ! déclare-t-elle. Nous nous reposerons plus tard. Ailleurs. Nous devons laisser les hiboux tranquilles. Ils sont chez eux, ici.
Elle hausse les épaules, sachant bien que le loup ne la comprend pas.
— Je suis bien stupide de bavarder sans cesse, comme si tu allais me répondre. Dent de lion me le disait souvent… que je ne me taisais jamais, même quand nous allions à la chasse !
Yona se sent près de pleurer. Après avoir évoqué la jolie Noume, voici que l’image du jeune garçon aux yeux verts la hante. Ils ont vécu quelques jours ensemble, dans ce vallon étroit où rôdaient d’énormes lions. Ils étaient comme frère et sœur, elle était heureuse près de lui, mais il l’a abandonnée.
La fillette touche la parure de plumes blanches que Dent de lion lui a laissée. Puis elle jette un dernier regard sur le feu qui s’éteint déjà. À cet instant précis, une idée lui vient. Il a suffi d’une branchette à demi consumée, à l’extrémité noircie.
— Le bois brûlé laisse du noir sur les doigts, quand on le ramasse. Peut-être que…
Yona retrouve son entrain. Elle prend le tison tiède, s’approche de la falaise.
— Je vais dessiner les hiboux ! Je n’en ai jamais vu de si grands ! Et de si près !
Elle retient son souffle, trace un premier trait. La forme des oiseaux de nuit lui paraît assez simple à reproduire. Très vite, elle a représenté la tête et les aigrettes, le bec pointu ainsi que les yeux ronds.
— Voilà ! Cette fois, nous pouvons partir, frère loup.
Yona contemple le dessin, dont les lignes noires se distinguent parfaitement sur la pierre claire. Puis elle se met à dévaler la pente. Le loup la devance, la queue en panache. Ils marchent un bon moment, suivant les traces qu’ils ont laissées à l’aller. La nuit est claire, les vastes étendues de neige semblent dégager une luminosité grise.
Quand un long hululement résonne juste au-dessus d’elle, Yona lève le nez et voit un des hiboux, les ailes largement déployées, qui plane en faisant des cercles.
— Il nous surveille, frère loup ! s’écrie-t-elle. Il veut être sûr que nous n’irons plus dormir devant chez lui !
Yona rit sans joie. Soudain, elle s’arrête, alarmée. Sur la colline toute proche, semée de buissons de genévriers, elle voit trois points jaunes, étincelants, qui voltigent dans les airs. Ils se déplacent très vite et viennent droit vers elle.
— Oh non ! Qu’est-ce que c’est encore ? Des esprits mauvais ?
Le loup s’aplatit à ses pieds. La peur les terrasse tous les deux.
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