L’archipel de la Manche
71 pages
Français

L’archipel de la Manche

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Description

D'un seul regard, le promeneur embrasse la beauté paisible de la campagne et le spectacle grandiose de l océan... À la manière d un cinéaste, Victor Hugo qui vécut là un long exil, entraîne le lecteur à la découverte des îles anglo-normandes telles qu elles furent, avec leurs légendes et leurs traditions, leurs petits métiers et leurs activités. Ce texte vit le jour pour la première fois en 1883. C était la dernière œuvre que Victor Hugo publiait. Extrait : Mais le gros temps n’est pas le plus grand risque de cette navigation de l’archipel 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 39
EAN13 9782824710716
Langue Français

Extrait

V ICT OR H UGO
L’ARCH I P EL DE LA
MANCH E
BI BEBO O KV ICT OR H UGO
L’ARCH I P EL DE LA
MANCH E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1071-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
LES ANCI ENS CA T A CLYSMES
’ A    côtes. La pr ession du courant du pôle
défor me notr e falaise ouest. La muraille que nous av ons surL la mer est miné e de Saint- V aler y-sur-Somme à Ing ouville , de
vastes blo cs s’é cr oulent, l’ e au r oule des nuag es de g alets, nos p orts s’
ensablent ou s’ empier r ent, l’ emb ouchur e de nos fleuv es se bar r e . Chaque
jour un p an de la ter r e nor mande se détache et disp araît sous le flot.
Ce pr o digieux travail, aujourd’hui ralenti, a été ter rible . Il a fallu p our
le contenir cet ép er on immense , le Finistèr e . ’ on jug e de la for ce du
flux p olair e et de la violence de cet affouillement p ar le cr eux qu’il a fait
entr e Cherb our g et Br est.
Cee for mation du g olfe de la Manche aux dép ens du sol français
est antérieur e aux temps historiques. La der nièr e v oie de fait dé cisiv e
de l’ o cé an sur notr e côte a p ourtant date certaine . En 709, soix ante ans
avant l’avénement de Charlemagne , un coup de mer a détaché Jer se y de
la France . D’autr es sommets des ter r es antérieur ement submer g é es sont,
1L’ar chip el de la Manche Chapitr e I
comme Jer se y , visibles. Ces p ointes qui sortent de l’ e au, sont des îles. C’ est
ce qu’ on nomme l’ar chip el nor mand.
Il y a là une lab orieuse four milièr e humaine .
A l’industrie de la mer qui avait fait une r uine , a succé dé l’industrie
de l’homme qui a fait un p euple .
n
2CHAP I T RE I I
GU ERN ESEY
Granit au sud, sable au nord  ; ici des escar p ements, là des dunes  ; un
plan incliné de prairies av e c des ondulations de collines et des r eliefs de
r o c hes  ; p our frang e à ce tapis v ert fr oncé de plis, l’é cume de l’ o cé an  ;
le long de la côte , des baeries rasantes, des tour s à meurtrièr es, de
distance en distance  ; sur toute la plag e basse , un p arap et massif, coup é de
créne aux et d’ escalier s, que le sable envahit, et qu’aaque le flot, unique
assiég e ant à craindr e  ; des moulins démâtés p ar les tempêtes  ;
quelquesuns, au V alle , à la Ville-au-Roi, à Saint-Pier r e-Port, à T orte val, tour nant
encor e  ; dans la falaise , des ancrag es  ; dans les dunes, des tr oup e aux  ; le
chien du b er g er et le chien du toucheur de b œufs en quête et en travail  ;
les p etites char r ees des mar chands de la ville g alop ant dans les chemins
cr eux  ; souv ent des maisons noir es, g oudr onné es à l’ ouest à cause des
pluies  ; co qs, p oules, fumier s  ; p artout des mur s cy clop é ens  ; ceux de
l’ancien hav r e , malheur eusement détr uits, étaient admirables av e c leur s blo cs
infor mes, leur s p ote aux puissants et leur s lourdes chaînes  ; des fer mes à
3L’ar chip el de la Manche Chapitr e I I
encadr ements de futaies  ; les champs murés à hauteur d’appui av e c des
cordons de pier r e sè che dessinant sur les plaines un bizar r e é chiquier  ;
çà et là , un r emp art autour d’un chardon, des chaumièr es en granit, des
hues casemates, des cabanes à défier le b oulet  ; p arfois, dans le lieu
le plus sauvag e , un p etit bâtiment neuf, sur monté d’une clo che , qui est
une é cole  ; deux ou tr ois r uisse aux dans des fonds de prés  ; or mes et
chênes  ; un ly s fait e xprès, qui n’ est que là , Guernsey lily  ; dans la
saison des « grands lab our s », des char r ues à huit che vaux  ; de vant les
maisons, de lar g es meules de foin p orté es sur un cer cle de b or nes de pier r e  ;
des tas d’ajoncs épineux  ; p arfois des jardins de l’ancien style français,
à ifs taillés, à buis façonnés, à vases r o cailles, mêlés aux v erg er s et aux
p otag er s  ; des fleur s d’amateur s dans des enclos de p ay sans  ; des rho
dodendr ons p ar mi les p ommes de ter r e  ; p artout sur l’herb e des étalag es
de var e ch, couleur or eille-d’ our s  ; dans les cimetièr es, p as de cr oix, des
lar mes de pier r e imitant au clair de lune des D ames blanches deb out  ;
dix clo cher s g othiques sur l’horizon  ; vieilles églises, dogmes neufs  ; le
rite pr otestant log é dans l’ar chite ctur e catholique  ; dans les sables et sur
les caps, la sombr e énigme celtique ép ar se sous ses for mes div er ses,
menhir s, p eulv ens, longues pier r es, pier r es des fé es, pier r es branlantes, pier r es
sonnantes, g aleries, cr omle chs, dolmens, p ouquelaies  ; toutes sortes de
traces  ; après les dr uides, les abbés  ; après les abbés, les r e cteur s  ; des
souv enir s de chutes du ciel  ; à une p ointe Lucifer , au châte au de
MichelAr chang e  ; à l’autr e p ointe Icar e , au cap Dicart  ; pr esque autant de fleur s
l’hiv er que l’été  ; — v oilà Guer nese y .
n
4CHAP I T RE I I I
GU ERN ESEY . SU I T E
 , , forte . Nul pâturag e meilleur . Le fr oment
est célèbr e , les vaches sont illustr es. Les g énisses des herbag esT de Saint-Pier r e-du-Bois sont les ég ales des moutons lauré ats du
plate au de Confolens. Les comices agricoles de France et d’ Angleter r e
cour onnent les chefs-d’ œuv r e que font les sillons et les prairies de
Guernese y . L’agricultur e est ser vie p ar une v oirie fort bien entendue , et un e
xcellent rése au de cir culation vivifie toute l’île . Les r outes sont très b onnes.
A l’ embranchement de deux r outes on v oit à ter r e une pier r e plate av e c
une cr oix. Le plus ancien bailli de Guer nese y , celui de 1284, le pr emier
de la liste , Gaultier de la Salte , a été p endu p our fait d’iniquité judiciair e .
Cee cr oix, dite la Cr oix au baillif, mar que le lieu de son der nier ag
enouillement et de sa der nièr e prièr e .
La mer dans les anses et les baies est ég ayé e p ar les cor ps-morts,
gr osses toues bariolé es en p ain de sucr e , quadrillé es de r oug e et de blanc,
mi-p arties de noir et de jaune , chiné es de v ert, de bleu et d’ orang e ,
losan5L’ar chip el de la Manche Chapitr e I I I
g é es, jasp é es, marbré es, floant à fleur d’ e au  ; on entend p ar endr oits le
chant monotone des é quip es halant quelque navir e , et tirant le to w r op e .
Non moins que « les p oissonnier s », les lab our eur s ont l’air content  ;
les jardinier s de même . Le sol, saturé de p oussièr e de r o che , est puissant  ;
l’ engrais, qui est de tangue et de g o émon, ajoute le sel au granit  ; d’ où
une vitalité e xtraordinair e  ; la sé v e fait mer v eilles  ; magnolias, my rtes,
daphnés, laurier s-r oses, hortensias bleus  ; les fuchsias sont e x cessifs  ; il y
a des ar cades de v erbènes triphylles  ; il y a des murailles de g éraniums  ;
l’ orang e et le citr on viennent en pleine ter r e  ; de raisin p oint, il ne mûrit
qu’ en ser r e  ; là , il est e x cellent  ; les camélias sont arbr es  ; on v oit dans les
jardins la fleur de l’aloès plus haute qu’une maison. Rien de plus opulent
et de plus pr o digue que cee vég étation masquant et or nant les façades
co quees des villas et des coag es.
Guer nese y , gracieuse d’un côté , est de l’autr e ter rible . L’ ouest,
dévasté , est sous le souffle du lar g e . Là , les brisants, les rafales, les criques
d’é chouag e , les bar ques rapié cé es, les jachèr es, les landes, les masur es,
p arfois un hame au bas et frissonnant, les tr oup e aux maigr es, l’herb e
courte et salé e , et le grand asp e ct de la p auv r eté sé vèr e .
Li-Hou est une p etite île tout à côté , déserte , accessible à mer basse .
Elle est pleine de br oussailles et de ter rier s. Les lapins de Li-Hou sav ent les
heur es. Ils ne sortent de leur tr ou qu’à maré e haute . Ils nar guent l’homme .
Leur ami l’ o cé an les isole . Ces grandes frater nités, c’ est toute la natur e .
Si l’ on cr euse les alluvions de la baie V ason, on y tr ouv e des arbr es. Il
y a là , sous une my st

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