L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique
102 pages
Français

L’évolution, la révolution et l’idéal anarchique

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Description

Élisée Reclus, de son nom complet Jacques Élisée Reclus, est un géographe, militant et penseur de l’anarchisme français. Il fut un écrivain prolifique, aussi bien dans son domaine professionnel de la géographie terrestre, que sur les thèmes de la vie humaine et de l'anarchisme. Le bannissement politique d’Élisée Reclus pour ses idées anarchistes a certainement été à l’origine de l’oubli relatif dans lequel il est aujourd’hui. Extrait : Il est cependant des esprits timorés qui croient honnêtement à l'évolution des idées, qui espèrent vaguement dans une transformation correspondante des choses, et qui néanmoins, par un sentiment de peur instinctive presque physique, veulent, au moins de leur vivant, éviter toute révolution. Ils l'évoquent et la conjurent en même temps : ils critiquent la société présente et rêvent de la société future comme si elle devait apparaître soudain, par une sorte de miracle, sans que le moindre craquement de rupture se produise entre le monde passé et le monde futur. Êtres incomplets, ils n'ont que le désir, sans avoir la pensée 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 47
EAN13 9782824711379
Langue Français

Extrait

ÉLISÉE RECLUS
L’ÉV OLU T ION, LA
RÉV OLU T ION ET
L’I DÉAL ANARCH IQU E
BI BEBO O KÉLISÉE RECLUS
L’ÉV OLU T ION, LA
RÉV OLU T ION ET
L’I DÉAL ANARCH IQU E
1914
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1137-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A V ERT ISSEMEN T
Ce livre est le développement d’un discours prononcé, il y a plus de vingt
ans, dans une réunion publique de Genève et publié depuis en brochures de
diverses langues.
. R. Bruxelles, 15 juillet 1902.
E
n
1CHAP I T RE I
’    mouv ement infini de tout ce qui e xiste , la
transfor mation incessante de l’Univ er s et de toutes ses p artiesL depuis les origines éter nelles et p endant l’infini des âg es. Les
v oies lacté es qui font leur app arition dans les esp aces sans b or nes, qui
se condensent et se dissolv ent p endant les millions et les milliards de
siè cles, les étoiles, les astr es qui naissent, qui s’agrèg ent et qui meur ent,
notr e tourbillon solair e av e c son astr e central, ses planètes et ses lunes, et,
dans les limites étr oites de notr e p etit glob e ter raqué , les montagnes qui
sur gissent et qui s’ effacent de nouv e au, les o cé ans qui se for ment p our
tarir ensuite , les fleuv es qu’ on v oit p erler dans les vallé es, puis se
dessécher comme la r osé e du matin, les g énérations des plantes, des animaux
et des hommes qui se succèdent, et nos millions de vies imp er ceptibles,
de l’homme au moucher on, tout cela n’ est que phénomène de la grande
é v olution, entraînant toutes choses dans son tourbillon sans fin.
En comp araison de ce fait primordial de l’é v olution et de la vie univ
er2L’é v olution, la ré v olution et l’idé al anar chique Chapitr e I
selle , que sont tous ces p etits é vénements app elés ré v olutions, astr
onomiques, g é ologiques ou p olitiques  ? D es vibrations pr esque insensibles,
des app ar ences, p our rait-on dir e . C’ est p ar my riades et p ar my riades que
les ré v olutions se succèdent dans l’é v olution univ er selle  ; mais, si
minimes qu’ elles soient, elles font p artie de ce mouv ement infini.
Ainsi la science ne v oit aucune opp osition entr e ces deux mots, — é v
olution et ré v olution, — qui se r essemblent fort, mais qui, dans le lang ag e
commun, sont emplo yés dans un sens complètement distinct de leur
signification pr emièr e . Loin d’y v oir des faits du même ordr e ne différant
que p ar l’ampleur du mouv ement, les hommes timorés que tout chang
ement emplit d’ effr oi affe ctent de donner aux deux ter mes un sens
absolument opp osé . L’ Évolution, sy nony me de dé v elopp ement graduel, continu,
dans les idé es et dans les mœur s, est présenté e comme si elle était le
contrair e de cee chose effrayante , la Révolution, qui implique des chang
ements plus ou moins br usques dans les faits. C’ est av e c un enthousiasme
app ar ent, ou même sincèr e , qu’ils discour ent de l’é v olution, des pr ogrès
lents qui s’accomplissent dans les cellules cérébrales, dans le se cr et des
intellig ences et des cœur s  ; mais qu’ on ne leur p arle p as de l’ab ominable
ré v olution, qui s’é chapp e soudain des esprits p our é clater dans les r ues,
accomp agné e p arfois des hurlements de la foule et du fracas des ar mes.
Constatons tout d’ab ord que l’ on fait pr euv e d’ignorance en
imaginant entr e l’é v olution et la ré v olution un contraste de p aix et de guer r e ,
de douceur et de violence . D es ré v olutions p euv ent s’accomplir p
acifiquement, p ar suite d’un chang ement soudain du milieu, entraînant une
v olte-face dans les intérêts  ; de même des é v olutions p euv ent êtr e fort
lab orieuses, entr emêlé es de guer r es et de p er sé cutions. Si le mot d’é v
olution est accepté v olontier s p ar ceux-là même qui v oient les ré v
olutionnair es av e c hor r eur , c’ est qu’ils ne se r endent p oint compte de sa valeur ,
car de la chose elle-même ils ne v eulent à aucun prix. Ils p arlent bien du
pr ogrès en ter mes g énéraux, mais ils r ep oussent le pr ogrès en p articulier .
Ils tr ouv ent que la so ciété actuelle , toute mauvaise qu’ elle est et qu’ils la
v oient eux-mêmes, est b onne à conser v er  ; il leur suffit qu’ elle ré alise leur
idé al  : richesse , p ouv oir , considération, bien-êtr e . Puisqu’il y a des riches
et des p auv r es, des puissants et des sujets, des maîtr es et des ser viteur s,
des César s qui ordonnent le combat et des gladiateur s qui v ont mourir ,
3L’é v olution, la ré v olution et l’idé al anar chique Chapitr e I
les g ens avisés n’ ont qu’à se mer e du côté des riches et des maîtr es, à se
fair e les courtisans des César s. Cee so ciété donne du p ain, de l’ar g ent,
des places, des honneur s, eh bien  ! que les hommes d’ esprit s’ar rang ent
de manièr e à pr endr e leur p art, et la plus lar g e p ossible , de tous les
présents du destin  ! Si quelque b onne étoile , présidant à leur naissance , les
a disp ensés de toute lue en leur donnant p our héritag e le né cessair e et
le sup erflu, de quoi se plaindraient-ils  ? Ils cher chent à se p er suader que
tout le inonde est aussi satisfait qu’ils le sont eux-mêmes  : p our l’homme
r epu, tout le monde a bien diné . ant à l’ég oïste que la so ciété n’a p as
richement loti dès son b er ce au et qui, p our lui-même , est mé content de
l’état des choses, du moins p eut-il esp ér er de conquérir sa place p ar
l’intrigue ou p ar la flaerie , p ar un heur eux coup du sort ou même p ar un
travail achar né mis au ser vice des puissants. Comment s’agirait-il p our
lui d’é v olution so ciale  ? Év oluer v er s la fortune est sa seule ambition  !
Loin de r e cher cher la justice p our tous, il lui suffit de viser au privilèg e
p our sa pr opr e p er sonne .
Il est cep endant des esprits timorés qui cr oient honnêtement à l’é v
olution des idé es, qui espèr ent vaguement dans une transfor mation
corr esp ondante des choses, et qui né anmoins, p ar un sentiment de p eur
instinctiv e pr esque phy sique , v eulent, au moins de leur vivant, é viter toute
ré v olution. Ils l’é v o quent et la conjur ent en même temps  : ils critiquent la
so ciété présente et rê v ent de la so ciété futur e comme si elle de vait app
araîtr e soudain, p ar une sorte de miracle , sans que le moindr e craquement
de r uptur e se pr o duise entr e le monde p assé et le monde futur . Êtr es
incomplets, ils n’ ont que le désir , sans av oir la p ensé e  ; ils imaginent, mais
ils ne sav ent p oint v ouloir . App artenant aux deux mondes à la fois, ils
sont fatalement condamnés à les trahir l’un et l’autr e  : dans la so ciété
des conser vateur s, ils sont un élément de dissolution p ar leur s idé es et
leur lang ag e  ; dans celle des ré v olutionnair es, ils de viennent ré acteur s à
outrance , abjurant leur s instincts de jeunesse et, comme le chien dont
p arle l’Évangile « r etour nant à ce qu’ils avaient v omi. » C’ est ainsi que ,
p endant la Ré v olution, les défenseur s les plus ardents de l’ancien régime
fur ent ceux qui jadis l’avaient p our suivi de leur s risé

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