Le Goût amer de la bière de bananes
258 pages
Français

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Le Goût amer de la bière de bananes , livre ebook

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Description

Lorsque je lui ouvris, elle n'avait ni cahier, ni crayon, ni gomme, juste un guide touristique du Rwanda qu'elle me tendit: “C'est pour toi, tu verras comme il est beau mon pays!” Elle le déposa sur la table et s'installa à sa place habituelle. Nous étions face à face. Je la regardais fixement et attendais qu'elle soit prête. Elle restait silencieuse, manipulant le petit guide qu'elle avait repris, me souriant avec embarras. Soudain elle expira un grand coup, reposa le guide sur la table et tout sortit d'un seul trait: “Tu sais, Jordan ne connaît rien du Rwanda, je n'ai jamais osé lui en parler. Je trouvais qu'il était trop petit. Je vais te demander quelque chose. Je voudrais que tu écrives mon histoire pour lui, comme ça, plus tard, il comprendra d'où il vient. Il aura la version de sa mère, pas la version de ceux qui parlent de notre pays sans savoir ce qui s'est vraiment passé. Pour moi, c'est important, je veux te raconter.”

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782342014877
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0172€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Goût amer de la bière de bananes
France Audé Le Goût amer de la bière de bananes
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0118919.000.R.P.2013.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013
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J’avais enfin eu le courage de quitter Fred et venais de m’installer dans un petit appartement situé dans une cité populaire de la banlieue marseillaise. J’avais choisi ce quartier car j’y avais enseigné pendant de nombreuses années. Ça me rassurait d’être en terrain connu.Le déménagement avait été physiquement et émotion-nellement éprouvant. En plein mois de juillet, les amis qui auraient pu me donner un coup de main étaient partis en vacances. J’étais donc seule et je passais mes journées à vider des placards, à trier les livres, les 33 tours, les CD, tout ce que par nostalgie j’avais gardé depuis des années et dont il fallait me défaire. La plupart de mes meubles parti-rent dans un camion d’Emmaüs et, après plusieurs allers-retours à la déchetterie, il ne resta dans l’appartement qu’une dizaine de cartons à transporter dans mon nouveau logement. Dès mon arrivée, je proposai à un artisan de blanchir les murs orange fluo de la cuisine et de détapisser la pièce destinée à devenir ma chambre car elle était entièrement décorée de motifs égyptiens. Revisitée dans des teintes bois de rose et vert anis, elle fut tout à fait à mon goût. La reproduction grand format du tableauLe Baiser de Klimt dans son cadre couleur or trouva une place de choix sur le mur face à mon lit. La dernière pièce qui, à l’origine, de-vait être une salle à manger fut séparée par une cloison de bois en deux espaces distincts. Côté balcon, ce serait le salon, de l’autre, mon bureau.
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De larges baies vitrées ouvraient tout l’appartement à la lumière mais en ce mois de juillet, elles renvoyaient une chaleur étouffante. Après le déballage des cartons, le désordre régna pen-dant plusieurs semaines. J’avais acheté des meubles en kit que je n’arrivais pas à monter et sur le sol s’étalaient les notices incompréhensibles autour desquelles s’alignaient des dizaines de vis et d’écrous. Je ne pouvais pas cuisiner car le gaz de ville n’était pas installé et je ne savais pas comment changer brûleurs et gicleurs pour mettre en fonc-tion ma gazinière. Je ne mangeais presque rien, je dormais mal, je restais enfermée dans cet appartement si petit qu’il me faisait penser à un aquarium. Dehors, c’était la cani-cule et je n’avais même pas de ventilateur. Jusqu’à tard dans la soirée, des morceaux de rap et de musiques orien-tales s’échappaient des portières grandes ouvertes des véhicules stationnés au pied des immeubles. À la tombée de la nuit, le trafic des dealers attirait des groupes de jeu-nes qui s’apostrophaient bruyamment sous mes fenêtres. Deux ou trois fois, je fus spectatrice désolée et révoltée d’embrasements de voitures sur le parking. Un matin, je descendis dans le hall d’entrée pour coller mon nom sur ma boîte aux lettres. Un enfant était en train de relever le courrier dans la boîte d’à côté. Lorsqu’il se retourna, je reconnus Jordan, un élève que j’avais eu en classe deux ans plus tôt. Sur-pris, il me dévisagea avant de demander : « Tu vas habiter là maîtresse ? — Oui lui répondis-je, heureuse qu’il se souvienne de moi. — À quel étage ? — Au deuxième — Ça veut dire que c’est en face de chez moi ! Monte. Viens, je vais te montrer ! » Le visage illuminé de Jordan m’avait ragaillardie. Je le suivis dans les escaliers jusqu’au deuxième étage. « Tu
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