Les Nuits chaudes du Cap français
148 pages
Français

Les Nuits chaudes du Cap français

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Description

Hugues Rebell est un écrivain méconnu, souvent considéré rapidement comme un auteur érotique, voire pornographique, dont on ne retient généralement qu'un seul titre, Les nuits chaudes du Cap Français (1902), qui lui a valu le prix Nocturne en 1966. Extrait : Parmi ses domestiques il ramenait une jeune fille noire, trop belle pour n'être qu'une servante. Elle semblait réunir en sa personne comme la séduction de deux races. Elle avait les traits fins, les cheveux souples et soyeux, les formes élancées, je ne sais quelle grâce légère, tout européenne 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 94
EAN13 9782824711355
Langue Français

Extrait

H UGU ES REBELL
LES N U I TS CHA U DES
DU CAP F RANÇAIS
BI BEBO O KH UGU ES REBELL
LES N U I TS CHA U DES
DU CAP F RANÇAIS
1918
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1135-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A MAURICE SAILLAND
1LI V RE P REMI ER
2LA V ENGEANCE D’U N
I NCON N U
    Borde aux, p ar un matin d’été , et, que je suivais,
av e c un ami, une r uelle sombr e conduisant à la Porte du Palais,C mon r eg ard s’aacha sur une maison du X V I I I ᵉ siè cle , aux
balcons de fer r enflés, soutenus de cariatides, aux hautes fenêtr es sur monté es
de mascar ons grimaçants. Encadré e de jardins, de hauts feuillag es pleins
de ténèbr es, elle semblait pr endr e ses aises av e c les baraques étriqué es,
tordues, sans doute p auv r ement habité es, de son entourag e , où l’ on v o yait
du ling e et des mouchoir s r oug es à sé cher . En dépit de la lumièr e jaune et
avar e qui ne l’é clairait qu’à demi, des figur es sculpté es assez r udement,
des amour s aux jamb es cagneuses et aux pie ds ser p entins cabriolant sous
les balustr es massifs du pr emier étag e , cee demeur e avait grand air  ; j’y
lisais comme une e xpr ession de richesse fastueuse et insolente  ; des
souv enir s de ce nég o ce hardi qui s’ en allait à trav er s le monde , à la r uine ou
à la fortune et qui, s’il avait réussi, étalait au r etour son triomphe et criait
ses plaisir s.
V o yant que les vieux mur s m’avaient r endu song eur , mon comp
agnon, qui était de la ville , me dit  : «  Cee maison a une histoir e
singu3Les Nuits chaudes du Cap français Chapitr e
lièr e . » Je la lui demandai. Et v oici à p eu près ce qu’il me conta, tandis
que nous nous faisions un chemin av e c p eine au milieu des mar chandes
de fr uits v oiturant leur s é v entair es et des ser vantes allant aux pr o visions,
les che v eux enr oulés sous un foulard é carlate .
††
Pour é craser l’émeute qu’avaient soule vé e à Borde aux l’ar r estation
des députés gir ondins, l’ar rêt des affair es et enfin la famine , la Conv ention
v enait d’ env o y er av e c pleins p ouv oir s le r eprésentant T allien. C’était un
homme mé dio cr e , p aisible , mais fat et ambitieux qui, p ar intérêt, b esoin de
se distinguer , de conquérir un rang éle vé dans la République , de vint tout
d’un coup sanguinair e . T r ouvant que l’insur r e ction s’était calmé e tr op
pr omptement p our sa gloir e , il affe cta de dé couv rir p artout des complots
et des conspirateur s, et la guillotine ne chôma plus.
Cep endant, au milieu de ces b oucheries, T allien eut un moment
d’humanité et il se laissa aendrir . Une jeune femme , érésia de Cabar r us,
ép ouse div or cé e de M. de Fontenay , se tr ouvant en prison comme
susp e cte , s’autorisa d’une courte entr e v ue qu’ elle avait eue naguèr e av e c le
r eprésentant p our lui demander justice  ; elle p ar vint à le v oir , le toucha de
sa viv e et ag açante b e auté d’Esp agnole . T allien lui r endit la lib erté , et n’ eut
p as de p eine ensuite à en fair e sa maîtr esse  ; sans êtr e b e au ni agré able ,
c’était alor s une puissance , que érésia, p eu far ouche , et surtout intér
essé e , de vait se plair e à conquérir . On les vit p asser sur le Cour s de T our ny ,
enlacés comme d’humbles et obscur s amour eux  ; dès lor s, Borde aux les
confondit dans la même répr obation.
érésia, p ourtant, loin de r essembler à T allien, meait son honneur
féminin à êtr e b onne et s’appliquait à la miséricorde comme à une
élég ance . Ar racher de T allien des p assep orts, p arfois des le vé es d’é cr ou  ;
empê cher des visites domiciliair es, pré v enir des condamnations, c’était
son jeu. Seulement, comme la b onté est une v ertu qui mérite ré comp ense
et qu’ on ne p eut guèr e aendr e celles de l’autr e monde , érésia tr
ouvait juste de fair e p ay er ses grâces à ses oblig és. T antôt c’était un collier
de douze ou quinze mille liv r es, tantôt c’était pr esque une fortune , vite
g aspillé e d’ailleur s, en jo yaux, en toilee et en fêtes.
Le ménag e vivait ainsi, fort doucement, des menaces du maîtr e et des
rémissions de la maîtr esse . Il y avait bien, de temps à autr e , de légèr es
4Les Nuits chaudes du Cap français Chapitr e
quer elles, soit que T allien jug eât p érilleuse la v ente d’une nouv elle grâce ,
soit que érésia se fût montré e tr op aimable p our les camarades du r
eprésentant. A v e c des façons d’ ours mal appriv oisé , il criait à son amie  :
« Si tu continues, je vais te fair e guillotiner . » Mais la jeune femme lui
répliquait en riant  : «  C’ est bien  ! je ne t’ embrasse plus. » Et sans for ce
ar mé e , sans b our r e au, sans p ouv oir s der rièr e elle , c’était encor e la plus
puissante .
Elle se faisait un div ertissement, ou même une ar me , de ces colèr es
qu’ elle savait fugitiv es, dont elle humiliait ensuite T allien, et qui le lui r
endaient plus soumis, plus aaché . Alor s, semblable aux femmes qui n’ ont
p oint à compter av e c l’amour , elle sacrifiait ses adorateur s à sa fortune .
Un matin qu’ elle était encor e couché e , g oûtant ces v oluptés de p ar esse
qui sont si chèr es aux cré oles et aux méridionales, on lui app orta une ler e
qui longtemps la se coua de rir es et la r emplit d’une g aieté enfantine . Bien
que érésia eût le style emphatique et contour né dès qu’ elle se mêlait
d’é crir e , les manièr es prétentieuses de son cor r esp ondant ne l’ en
amusèr ent p as moins à l’ e x cès. La tête r env er sé e sur l’ or eiller , ayant p eine à
contenir son rir e  :
―  Tiens, r eg arde-moi cela, dit-elle à T allien qui travaillait près de son
lit, et elle lui tendit l’épîtr e d’un g este nonchalant, au b out de son bras nu.
« Jamais l’inno cence , é crivait-on, entr e autr es compliments, n’a
décoré un fr ont plus pur que le vôtr e  ; il r endrait l’ Amour muet, et glacerait
jusqu’au D ésir , si v otr e b ouche mutine , for mé e p ar les Grâces, en
inspirant l’admiration, ne laissait cr oir e aussi que les p ar oles sensibles et
pito yables lui conviennent mieux que les cr uelles. . . »
― Hein  ! s’é cria érésia, tu ne m’ en as jamais é crit de p ar eilles  !
― L’insolent, mur murait T allien.
― Bah  ! fit-elle , c’ est du b el esprit de pr o vince . Ça ne tir e p as à
conséquence .
― Bel esprit, b el esprit  ! cela te plaît à dir e , mais ce jar g on ridicule
cache p eut-êtr e des intentions fort malhonnêtes. Je v oudrais bien sav oir
quel est le malotr u qui s’ est p er mis de t’adr esser ces indé cences. Je lui
ferais p asser le g oût de t’ en é crir e de nouv elles.
― Laisse-donc  ! Laisse-donc  ! disait érésia. Je suis de for ce à me
défendr e d’un g alantin.
5Les Nuits chaudes du Cap français Chapitr e
―  T u les encourag es p ar tes co queeries, s’é criait T allien furie

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