En mâle d amours (roman gay)
213 pages
Français

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En mâle d'amours (roman gay) , livre ebook

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Description

En mâle d'amours

de Benjamin Schneid

Romain est superbe, Romain plaît. Romain vient de faire une belle rencontre. Il est de nature fidèle. Alors que fait-il dans une aventure qu'il n'a pas vraiment souhaité ?

Anthony aime son amie, mais il déborde de curiosité. Ses doutes, partagés par certains de ses amis, lui ouvrent de nouvelles perspectives. Et si on tentait l'expérience ? Juste pour voir, bien sûr.

Thomas en a vu d'autres. Il assouvit ses fantasmes sans retenue. Ceux qui rencontrent le garçon avec lequel il vit sont étonnés de la tolérance de ce dernier. Thomas pratique le sexe pur, mais il a aussi des sentiments.

Trois hommes, trois vies, trois quotidiens, une sexualité qui évolue au cours de tentations et de rencontres croisées étonnantes.

Dans son second Roman, Benjamin Schneid allie avec maîtrise écriture et érotisme. À partir de personnages et de situations réalistes, il nous emmène dans un monde de désirs et de séductions amoureuses.

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Nota : ce texte est déjà paru chez certains libraires numériques sous une autre couverture.






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2013
Nombre de lectures 145
EAN13 9782363076526
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur : La Tentation Rapports de Force
En mâle d’amours
Benjamin Schneid
Roman
Éditions Textes Gais 31 rue Bayen 75017 Paris
Chapitre 1 Le bruit de la clé dans la serrure rompit le silence de l’appartement. Romain referma la porte derrière lui et se dirigea directement vers la cuisine. Tout était rangé et propre. En posant son attaché-case sur la table, il leva les yeux vers l’horloge. Elle indiquait déjà vingt heures. Il devrait renoncer au dîner s’il voulait arriver à l’heure. Son estomac était noué, il n’avait pas vraiment faim. Tout en desserrant sa cravate, il passa dans le salon. La pièce parfaitement en ordre trahissait indéniablement ses longues absences. Il défit sa veste et la posa soigneusement sur le dossier du canapé. Malgré les longues heures de travail, il ne sentait pas la fatigue l’assaillir subrepticement. Il jeta rapidement un coup d’œil au courrier qu’il venait de relever, mais il décida de n’ouvrir aucune lettre. Sans perdre de temps, il se déshabilla avant de rejoindre la salle de bains. Le ruissellement de l’eau chaude sur ses épaules lui fit sentir alors à quel point elles étaient contractées. Il essaya de se détendre et il se mit à sourire de sa puérilité. Les battements de son cœur résonnaient dans son thorax. Dans le miroir, il observa ses traits un peu tirés. Les poils drus de sa barbe commençaient à pointer sur la peau. D’un geste aguerri, il modela rapidement sa chevelure brune et farouche. Sous ses épais sourcils, son regard sombre brillait intensément. Les pommettes étaient peut-être légèrement enflées. Il ne dormait pas assez, mais il savait que sa jeunesse lui pardonnerait ses écarts. L’éclairage tamisé de la chambre à coucher flattait les courbes acérées de son corps. Cela lui donna confiance. Cette fois-ci, il prit soin de choisir un slip bien sexy. Il essaya d’abord le Levi’s ; mais il trouva que le jean affinait trop ses jambes ; alors il opta pour le Diesel. Les marques chères lui donnaient de l’assurance. Il enfila rapidement un tee-shirt et ses sneakers. Il se jaugea une dernière fois dans le miroir. Le résultat était passable. Il s’était appliqué à harmoniser ses vêtements à ceux de Philippe, en se remémorant ce qu’il avait porté le jour de leur première rencontre. Romain n’aimait pas attendre. Il n’en avait pas l’habitude non plus. Mais, de peur de manquer son métro, il était arrivé une dizaine de minutes avant l’heure convenue. Une légère brise soufflait dans la rue. Il n’avait pas froid. Au contraire, ses mains étaient moites. Son attention se porta sur les nombreux passants qui déambulaient le long de ce croisement. Parmi tous les visages anonymes, il ne reconnut pas celui de Philippe. Plus le temps passait, plus il redoutait de ne pas le reconnaître. Après tout, ils n’avaient partagé ensemble qu’une seule soirée. Tout en restant discret, il s’approchait de ceux dont la stature correspondait à celle de Philippe et qui semblaient également attendre quelqu’un. En vain. Lorsque l’horloge de son portable indiqua que Philippe avait dix minutes de retard, il se mit à craindre que ce dernier lui posât un lapin. Il s’était tellement emballé depuis qu’il avait fait sa connaissance qu’il n’avait pas considéré un instant que Philippe pût ne pas venir. Sa gorge était sèche ; mille idées lui parcouraient la tête. Puis, finalement, il vit la silhouette de Philippe se détacher parmi celles des autres promeneurs. Il le reconnut sur-le-champ. Le jeune homme marchait nonchalamment vers lui. Ses cheveux blonds étaient désordonnés et les traits de son visage détachés. Tous ses doutes se dissipèrent en cet instant. Lorsqu’ils se retrouvèrent face à face, ils ne surent d’abord comment se saluer et Philippe finit par lui tendre la main. Romain la serra maladroitement. Après les baisers qu’ils avaient échangés une semaine plus tôt, il trouva leur salut absurde, mais il n’aurait pas eu l’audace de l’embrasser en pleine rue. Romain ne connaissait pas bien le quartier, si bien qu’il n’eut rien à objecter à la proposition de Philippe et il le suivit dans le café qu’il avait choisi. L’établissement était assez plein et la musique résonnait avec force contre les murs en brique. Il fallait forcer la voix pour se faire entendre. Quand il repéra le style bobo de la plupart des clients, il ne se sentit pas dans son élément. Philippe, lui, évoluait avec aisance dans la foule, tandis que Romain le
talonnait silencieusement. Lorsque le serveur l’appela par son nom, il comprit définitivement que sa nouvelle connaissance était dans son lieu de prédilection. La popularité dont le jeune homme semblait jouir ne le mit pas particulièrement à l’aise, mais il s’efforça de n’en rien laisser paraître. Les deux hommes s’assirent l’un face à l’autre, à une table proche du comptoir. Les bières arrivèrent et ils purent au moins occuper leurs mains. Romain dévisagea alors son compagnon de soirée et ressentit de nouveau la fascination que lui avaient déjà inspirée les traits réguliers de ce visage angélique. Sa barbe de trois jours resplendissait de toute sa blondeur, tandis que l’anneau en argent, accroché à son arcade sourcilière, étincelait sous les lumières du bar. Ses grands yeux bleus aux reflets gris semblaient le scruter avec la même minutie. Ils brillaient d’intelligence. Les deux garçons échangèrent alors un sourire gêné avant de porter leurs verres à la bouche. Sans pouvoir l’expliquer, Romain éprouvait de nouveau cette étrange sensation, ce pressentiment, cette intuition qui lui disaient que la beauté de Philippe n’était pas éphémère. Il était différent de ceux qu’il avait connus avant lui. Son individualité se manifestait jusque dans les vêtements inaccoutumés qu’il portait. Tout en Philippe lui plaisait. S’efforçant tous deux de paraître cool, ils s’adressèrent d’abord quelques banalités, comme deux potes se retrouvant après une longue absence. Si Philippe n’avait aucune difficulté à discuter, Romain, au contraire, surveillait le moindre de ses mots, de peur de lâcher une stupidité. Cela alourdissait un peu la conversation ; mais ses regards brûlants de désir compensaient sa maladresse. Philippe n’y était pas insensible. Lorsque Philippe l’interrogea sur ce qu’il faisait dans la vie, Romain commença à décrire soigneusement son poste de conseiller dans la grosse société américaine qui l’employait ; mais, sentant la défiance de son interlocuteur, il s’arrangea rapidement pour changer de sujet et il évoqua la fameuse pièce de théâtre à laquelle ils avaient tous les deux assisté. Philippe s’enflamma aussitôt dans une critique des plus acerbes et le timbre grave de sa voix ne tarda pas à faire vibrer le cœur de son auditeur. Romain buvait ses paroles tout en regardant ses mains se mouvoir nerveusement à mesure qu’il s’emportait. Il aimait le voir gesticuler, tout feu tout flamme, pour défendre ce qu’il pensait, comme s’il en allait de sa vie. L’ardeur qui l’habitait transpirait de tous ses pores et il était impossible de lui résister. Le serveur déposa une seconde tournée de bières et Philippe évoqua bientôt l’aplomb avec lequel Romain l’avait abordé après la représentation. Il était loin de se douter que Romain s’était montré si familier parce qu’il l’avait confondu avec quelqu’un d’autre. Bien qu’il se fût aussitôt aperçu de son erreur, l’intérêt que Philippe lui avait prodigué l’avait encouragé à poursuivre la conversation. Lorsque le public avait commencé à déserter le foyer, il lui avait proposé de boire un verre dans le troquet voisin et les deux hommes s’étaient laissé entraîner par l’ivresse de leur flirt. Pendant que Philippe relatait les premières impressions de leur rencontre, Romain, lui, pensait aux baisers fougueux échangés. Romain avait attendu toute la semaine pour le contacter. Il n’avait cherché ni à téléphoner ni à envoyer de textos. Philippe lui en tenait un peu rigueur, mais il s’était tout de même décidé à venir et se montrait maintenant plus loquace que jamais. Il s’exhibait à lui dans toute sa beauté. Enivré par la bière, Romain n’hésita bientôt plus à lui avouer combien il avait regretté de ne pas l’avoir invité à le suivre chez lui dès le premier soir. Philippe lui rendit un sourire espiègle et confirma qu’il n’aurait pas refusé. Alors que la conversation prenait un ton grivois, ils furent interrompus par un ami de Philippe qui s’assit un instant à leur table. Romain attendit poliment pendant que les deux hommes bavardaient. Il aurait souhaité que l’intrus disparût rapidement pour reprendre la conversation là où ils l’avaient laissée, mais Philippe semblait soudainement ne plus lui offrir son attention. Un peu ivre, le garçon se leva et exprima le souhait de prendre l’air. Alors qu’il avait senti son désir si intensément quelques minutes auparavant, Romain avait maintenant l’impression que Philippe lui échappait. La perspective de perdre son affection le chiffonnait. Sans rien dire, il le suivit à l’extérieur où se trouvaient encore quelques tables en terrasse.
Philippe resta d’abord silencieux, puis se tourna vers lui. Romain était incapable de déchiffrer son regard tant sa simple présence le perturbait. Pourtant, celui-ci était explicite. Il attrapa finalement sa main, l’attira vers lui et l’enveloppa de ses bras. Romain fut pénétré par la même magie qu’il avait ressentie la première fois qu’ils s’étaient embrassés. Leurs lèvres se rapprochèrent doucement, se touchèrent presque solennellement, puis s’accolèrent dans une étreinte infiniment passionnée. Jamais Romain n’avait goûté de telles lèvres. Leur goût était céleste.
Chapitre2 Des jets lumineux passèrent à travers les lames des volets et illuminèrent quelques secondes les fissures du plafond. Le vrombissement étouffé des voitures comblait le silence de la chambre. Une odeur de sexe et de sueur embaumait l’air. Son torse se gonflait promptement, bien qu’on ne l’entendît pas respirer. Sa gorge était sèche. Le sperme s’écoulait lentement le long de sa hampe. Il avait éjaculé sans éprouver la moindre jouissance. Avait-elle ressenti un orgasme ? Après qu’il eut brièvement gémi, elle s’était discrètement dégagée de ses bras. Emmitouflée dans les couvertures, elle lui tournait maintenant le dos. Anthony aurait aimé la prendre dans ses bras, mais dans ces moments-là, elle ne supportait pas le contact de son corps humide. Seule sa longue chevelure ondulée dépassait des draps. Commençait-elle déjà à s’endormir ? Anthony n’éprouvait aucune fatigue. Ses yeux étaient grands ouverts et fixaient le plafond. L’avait-il trop brusquée ? Lui en voulait-elle ? Ses pensées étaient confuses. Il se redressa en essayant de ne pas faire trembler le sommier et quitta silencieusement le lit. Ses pieds nus firent grincer le plancher. Il ferma précautionneusement la porte derrière lui. Le salon était plongé dans l’obscurité. Il s’assit sur le divan et alluma une cigarette. Son sexe était encore si tendu qu’il se plaquait contre son abdomen. Tout en tirant longuement sur sa clope, il empoigna sa queue baveuse. Elle lui paraissait plus volumineuse que d’habitude. Un sentiment de culpabilité le rongeait de l’intérieur. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à la combler. Il avait beau se refréner, il avait beau lui épargner ses constantes envies, il avait beau se montrer délicat, jamais il ne la sentait jouir quand il était en elle. Il épiait les moindres sons que sa bouche émettait, il surveillait ses moindres hochements de tête, il guettait les moindres mouvements de son corps frêle, mais jamais il ne sentait avec certitude le plaisir s’emparer d’elle. Au début, il avait osé lui en parler ; mais elle s’était montrée si étonnée qu’il avait aussitôt regretté de lui avoir posé la question. Elle lui avait alors assuré que leur vie sexuelle la satisfaisait entièrement et qu’elle l’aimait plus que tout au monde. Il souhaitait tant la croire que souvent il se laissait lui-même bercer d’illusions. Il écrasa le mégot dans le cendrier et alla à la fenêtre. La rue était déserte. Il étira les bras au-dessus de sa tête. Ses muscles se bandèrent délicieusement tandis qu’une secousse jouissive happait son sexe. Il avait toujours une trique impressionnante. Mais ce n’était pas que son pénis. Son corps tout entier se consumait de désirs. Chacun de ses muscles brûlait d’envie. Il s’était très tôt douté qu’il était différent des autres garçons de son âge. Sa soif avait toujours été inextinguible ; il avait toujours eu à lutter contre elle, à la dissimuler, à la masquer. Anthony était un tricheur, il avait ses tactiques. Il ferma les yeux et essaya de prendre une profonde inspiration, afin de relâcher toutes les tensions qui l’assaillaient. Lorsqu’il rejoignit Cécile au lit, elle dormait déjà. Son visage aux traits si fins rayonnait innocemment. Recroquevillée sur elle-même, elle semblait toute fragile. Anthony se glissa discrètement sous la couette et se rapprocha d’elle jusqu’à ce que le parfum enivrant de ses cheveux l’apaisât. Il n’osa pas la toucher de peur de la réveiller. Son odeur sucrée suffisait à le combler. — Lève-toi, gros fainéant ! Une odeur de shampooing chatouilla ses narines. Anthony essaya péniblement d’ouvrir les yeux, mais il fut rapidement ébloui par les rayons du soleil que Cécile faisait entrer dans la chambre en ouvrant les volets. — Lève-toi, sinon tu vas encore glander toute la matinée ! Elle avait pris un ton grondeur, mais Anthony n’était pas dupe. Il reconnut au son de sa voix qu’elle était d’humeur rieuse. — Quelle heure il est ? articula-t-il difficilement.
— Il est l’heure de se lever, rétorqua-t-elle en enfilant son manteau. — Tu t’en vas déjà ? — J’suis à la bourre, mais on se voit à midi. Je t’ai préparé ton café. — Merci, murmura-t-il tout en essayant de se redresser sur les oreillers. — Quand je rentre, je veux que tu aies envoyé au moins trois candidatures et que tu aies fait la vaisselle, continua-t-elle d’une voix malicieuse mais ferme. Anthony voulut protester, mais il était encore trop ensommeillé. Elle s’assit au bord du lit et passa la main dans ses cheveux ébouriffés. — Je plaisante pas, faut que tu bouges un peu ton cul. Elle lui sourit et se pencha pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Cécile se releva avant qu’il ne pût la retenir. Elle saisit son volumineux cartable et disparut dans le couloir. Il l’entendit encore lui dire au revoir, puis la porte d’entrée se referma lourdement, immergeant l’appartement dans le silence. Anthony aurait préféré rester au lit une heure ou deux de plus ; mais le soleil qui baignait la chambre de lumière l’aurait empêché de se rendormir. Machinalement, il saisit un caleçon qui traînait au sol et tenta d’y insérer tant bien que mal son imposante érection matinale. Il alla se chercher une tasse de café dans la cuisine, puis alluma son ordinateur dans le bureau. Il clignait encore des yeux pendant que la page de démarrage de Windows s’affichait à l’écran. Il consulta d’abord ses mails. Deux d’entre eux contenaient les offres d’emploi que des sites de recherche en ligne lui envoyaient automatiquement. Il les ouvrit sans grande conviction, mais son attention fut soudain attirée par un poste en intérim à la Guadeloupe. Après avoir superficiellement survolé la description du poste d’enseignant, il entreprit aussitôt de googler tout ce qu’il pouvait trouver sur la Guadeloupe. Géographie, histoire, économie, population. Les images de plages blanches, bordées de palmiers face à la mer turquoise, enflammaient son imagination. Trois tasses de café plus tard, il surfait déjà sur le site d’Air France. Il s’était même informé sur les possibilités de mutation. Comment allait-il la convaincre ? Si d’un côté elle partageait ses envies d’aventure, elle avait de l’autre un esprit terre à terre. Elle lui reprocherait sans doute son manque de réalisme. Puis elle finirait par trouver une dizaine d’arguments auxquels il n’avait pas songé. Cela le frustra. Il retourna dans sa boîte e-mail et parcourut rapidement les autres offres d’emploi sans vraiment leur laisser de chance. Puis il décida d’interrompre ses recherches un instant et de prendre une douche afin d’éclaircir ses idées. Fraîchement lavé, il enroula une serviette de bain autour de sa taille et alla chercher son paquet de cigarettes dans le salon avant de se rasseoir devant l’ordinateur. La main posée sur la souris, il hésita un instant à ouvrir le site de Pôle Emploi. Sans doute était-il plus productif de se rendre à l’agence de son quartier ; ils ne mettaient pas toutes les annonces en ligne. Entre-temps, il cliqua nonchalamment l’icône de son MSN. Une nouvelle fenêtre s’ouvrit, indiquant que la plupart de ses contacts n’étaient pas en ligne. Il réalisa que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas chatté avec Bertrand, un vieux pote qu’il connaissait depuis le service militaire. Il se demanda si son adresse e-mail était toujours valide. Cela lui rappelait soudainement le film porno que son compagnon de caserne lui avait refilé une fois sous le manteau. Anthony l’avait longtemps gardé avant de l’égarer dans un carton lors d’un déménagement. Il essaya de se remémorer le titre. Il avait certainement visionné la cassette une vingtaine de fois. Il était maintenant incapable de s’en rappeler. Il ouvrit son programme E-mule et entra le mot « porno » dans le champ de recherche. En l’espace de quelques secondes, une liste interminable s’afficha à l’écran. Il regarda les premiers résultats, ce qui ne l’aida pas à rafraîchir sa mémoire. Face à l’embarras du choix, il élimina d’abord les titres trop prometteurs, composés d’interminables mots clés. Il en choisit seulement deux. Sous sa serviette, il sentait déjà sa bite frémir. Malgré sa bonne connexion Internet, le temps de téléchargement s’étendait entre cinq et six heures.
Il regarda l’horloge. Il était pratiquement midi. Dans un moment de panique, il réalisa qu’il n’était pas encore habillé, que la cuisine était toujours un foutoir innommable et que Cécile ne tarderait pas à rentrer. Il enfila un jean en quatrième vitesse et rassembla toute la vaisselle dans l’évier. Si elle le surprenait en train de ranger, cela adoucirait certainement un peu sa colère. Lorsqu’il entendit la porte d’entrée s’ouvrir, il avait déjà fait au moins la moitié de la vaisselle. Cécile entra dans la cuisine sans rien dire. Il s’attendait à ce qu’elle râlât un peu, mais elle resta silencieuse. — T’as passé une bonne matinée ? — Moyen, répondit-elle d’une voix éteinte. Cela signifiait qu’elle avait passé une matinée catastrophique. Elle se glissa dans son dos et se serra contre lui, le menton calé entre ses omoplates. Elle était trop petite pour atteindre son épaule. Il s’essuya les mains dans son jean et se retourna. — Ça va pas ? — Moyen, répéta-t-elle sur le même ton. — À cause des mioches ou de tes collègues ? — À cause de mon con de directeur... Il la prit dans ses bras, baissa la tête pour lui embrasser le front et l’amena dans le salon. Il sentait son chagrin sans qu’elle eût besoin de lui en expliquer les raisons en détail. Alors, il la consola, la caressa, la câlina, sans rien lui demander. Elle demeurait silencieuse ; elle n’éprouvait pas le besoin de parler. Elle voulait simplement sentir ses bras la serrer, la protéger, la réconforter. Du coup, elle ne lui posa pas une seule question sur sa matinée, ne lui demanda pas combien de candidatures il avait envoyées, ne fit aucune remarque sur l’état de la cuisine. Elle lui dit juste merci, peu avant de repartir. Il aurait voulu l’accompagner, mais elle refusa. Il la regarda partir par la fenêtre, impuissant. Sa petite silhouette fine disparut au coin de la rue et il ne put réprimer un soupir d’inquiétude.
Chapitre3 Thomas avançait d’un pas lourd et chancelant vers la salle de bains. Une pressante envie de pisser l’avait réveillé. À mesure qu’il émergeait de son sommeil, il sentait les courbatures gagner sournoisement son dos. Debout face à la cuvette des toilettes, il étira ses muscles en se cambrant. Entre ses doigts, son épais braquemart ne tarda pas à expulser un puissant jet jaune clair. Sa vessie était si pleine que le bruyant ruissellement paraissait ne jamais vouloir tarir. Thomas passa la main dans sa barbe. Elle piquait. Le reflet que lui renvoyait le miroir montrait un homme fatigué. Son visage aux traits rudes apparaissait légèrement boursouflé. Il monta sur la balance dont l’aiguille se stabilisa peu avant les quatre-vingts kilos. Lorsqu’il étira ses bras au-dessus de sa tête, ses biceps se bombèrent généreusement. Ils étaient fermes et opulents. Il caressa la peau duvetée de ses abdominaux. Il pouvait sentir sous ses doigts rugueux et écorchés les saillies musculeuses de son ventre. Il se glissa sous la douche en se cognant une fois de plus contre la porte coulissante. Elle était trop étroite. L’eau s’écoula longuement sur son corps avant de s’infiltrer sous ses poils bruns. Petit à petit, il sentit son organisme se revigorer. Ses mains glissèrent prestement sur ses courbes abruptes, faisant mousser le gel-douche. Il savonna méticuleusement la raie de ses fesses avant de décalotter son gland. Son pouce caressa habilement le prépuce afin d’y éliminer toute impureté. Il avait pour habitude d’examiner sa verge chaque matin pour s’assurer que tout était en ordre. Lorsqu’il sortit de la cabine de douche, Nicolas l’avait rejoint. Ses cheveux en pétard et sa mine défraîchie indiquaient qu’il venait tout juste de se lever. Sans dire un mot, il passa une serviette de bain à Thomas avant de relever le siège des toilettes. Il pissa à son tour pendant que Thomas se séchait. La salle de bains était particulièrement exiguë, mais les deux hommes avaient l’habitude de l’occuper ensemble sans trop se donner de coups de coude. Se partageant le peu d’espace face au lavabo, ils brossèrent leurs dents à l’unisson. Nicolas utilisait la brosse à dents électrique tandis que Thomas effectuait manuellement de vifs mouvements de haut en bas. Les brefs regards qu’ils échangeaient dans le miroir leur suffisaient à sonder l’humeur de l’autre. Il était rare qu’ils s’adressent si tôt la parole. Quand Thomas apparut dans la cuisine après s’être habillé, le café était déjà prêt. Nicolas, toujours en caleçon, buvait sa première tasse tout en lisant L’Équipe. Il y était abonné. Contrairement à lui, Thomas accompagnait son premier café d’un solide petit déjeuner. Il s’attendait à ce que ce dernier se plaignît de l’odeur de jambon, mais Nicolas n’en fit rien. Il était de bonne humeur. — Tu pourras m’aider samedi à transporter le vieux carrelage à la déchetterie ? — Si tu veux, répondit Nicolas. Il n’entendait plus son petit accent. Il le connaissait depuis si longtemps qu’il s’y était habitué. La plupart des gens ne le remarquaient pas non plus. Il était très discret. Du reste, il maîtrisait parfaitement la langue. En tout cas, mieux que le Français moyen. Tôt le matin ou tard le soir, quand il était bourré, on reconnaissait parfois la tonalité germanique de sa voix. Lui-même ne l’aimait pas. Il affirmait toujours qu’un accent allemand en français faisait moche. Nicolas n’était pas de son avis. À ses yeux, ce léger timbre faisait partie de lui. Comme son crâne dégarni ou ses larges mains rugueuses. Il ne pouvait pas s’imaginer Thomas autrement. Sa stature était assez imposante et les traits de son visage avaient du caractère. Mais on ne pouvait pas affirmer qu’il correspondait au cliché de l’Allemand. Il n’avait pas la peau claire ; ses poils n’étaient pas blonds non plus. Seule sa rigueur et peut-être aussi sa force physique le différenciaient des autres hommes qu’il connaissait. — J’ai le dos tout courbaturé, grommela Nicolas. — Moi aussi. Mais, tu verras, poser le plancher, c’est moins chiant que d’enlever du
carrelage. C’est moins physique. — À propos, David et Julie ont appelé hier soir. Ils déménagent dans quinze jours et veulent savoir si on peut les aider. — T’as répondu quoi ? — Que j’en parlerai avec toi. — Moi, ça ne me dérange pas. — Ils veulent louer un gros camion pour que ça aille plus vite, mais David n’ose pas le conduire. — Je le ferai alors. — Je les appellerai plus tard pour leur confirmer qu’on viendra, conclut Nicolas en replongeant la tête dans son journal. Thomas fut obligé de rester au travail plus longtemps qu’à l’accoutumée. Il voulait tout mettre en ordre pour son absence. La direction avait insisté pour qu’il prît enfin les jours de congé qui s’étaient accumulés depuis les deux dernières années. À cela s’ajoutaient les innombrables heures supplémentaires qu’il avait effectuées depuis l’implémentation de la nouvelle stratégie marketing. Au total, ça représentait quatre semaines de vacances et plusieurs week-ends prolongés. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’il briefait consciencieusement ses employés afin qu’ils fussent en mesure de gérer les dossiers courants en son absence. Si Thomas prenait autant de soin à préparer son départ, c’est qu’il comptait bien ne se faire aucun souci, une fois parti. Lorsqu’il arriva en début de soirée à la salle de gym, il avait déjà la tête libre. Tout ici était conçu pour qu’on laissât ses préoccupations dehors. Dès que les portes se refermaient, on ne percevait plus aucun bruit de circulation. Il y régnait toujours la même température, que ce fût en hiver ou en été. La moquette rase au sol feutrait le bruit des pas et offrait une ambiance chaleureuse. Répartis un peu partout, de discrets vaporisateurs répandaient des senteurs boisées et masculines, tandis que des haut-parleurs diffusaient les dernières nouveautés radiophoniques. Dans la partie abritant les joggers, vélos et rameurs, de larges écrans plats divertissaient les sportifs. La salle où se trouvaient les appareils de musculation ainsi que les haltères était tapissée de grands miroirs. On accédait au solarium et au sauna par un couloir adjacent aux vestiaires. En ce qui concernait sa condition, Thomas faisait preuve d’une discipline exemplaire. Il se rendait à la gym plusieurs fois par semaine et suivait rigoureusement son plan d’entraînement. Au fil des années, il avait même acquis de profondes connaissances en musculation, en anatomie et en nutrition. Parmi les adhérents qui venaient régulièrement ici, il faisait définitivement partie des poids lourds. Ses biceps tout comme les charges qu’il soulevait inspiraient le respect. Bien qu’il en eût le potentiel, il n’avait jamais cherché à se sculpter un corps de bodybuilder. Il y avait longtemps déjà qu’il ne cherchait plus à augmenter sa masse musculaire. Sa musculature était en parfaite harmonie avec sa taille et sa carrure. Il suffisait de regarder l’épaisseur de ses poignets ou celle de ses chevilles pour constater que le calibre de ses muscles s’accordait impeccablement à sa structure osseuse. Contrairement à ses collègues qui surentraînaient leurs bras et leur torse, il ne jugeait jamais la beauté d’un corps en fonction de la taille du biceps. Ce qui comptait à ses yeux était bien plus l’harmonie des proportions. Alors que les garçons plus minces récoltaient souvent des regards condescendants, Thomas, lui, les trouvait infiniment plus séduisants que la plupart des malabars. Lorsqu’il s’amusait à flirter avec eux, ces derniers se montraient terriblement flattés qu’un mec aussi costaud les abordât. Thomas en abusait et ne se privait pas d’étaler ses atouts. Il ne se rendait pas à la salle de sport pour y faire des connaissances, mais quand l’occasion se présentait, il savait sauter dessus. Parfois il le regrettait. Ainsi lui arrivait-il régulièrement de tomber nez à nez avec un ancien amant. Un mec qu’il avait sauté sur la banquette arrière de sa voiture un soir d’égarement. Si l’escapade ne lui avait pas laissé de
souvenir particulièrement marquant, il ne pouvait plus le croiser sans que ce dernier lui fît des œillades. Thomas l’ignorait et poursuivait son chemin. Dès qu’il s’attaquait à la première machine, plus rien d’autre autour de lui n’avait d’existence. Il ne remarquait ni les commérages qu’on ébruitait à ses côtés, ni les regards qu’on lui lançait. Il se concentrait sur chaque fibre de ses muscles et accordait sa respiration à ses mouvements. Après quelques répétitions seulement, il était en mesure d’évaluer sa condition et adaptait mentalement son entraînement. Il s’appliquait alors pendant plus d’une heure et demie à retrouver son équilibre intérieur. Il n’appartenait plus qu’à lui seul. Ce soir-là, l’entraînement lui coûta plus d’efforts qu’habituellement. La journée avait été longue et les travaux effectués dans son appartement le week-end dernier avaient laissé des séquelles. Après avoir exécuté le dernier exercice, il se sentit délicieusement vanné. La salle était déjà complètement vide. Il jeta un coup d’œil sur l’horloge, elle indiquait pratiquement vingt-trois heures. Il n’y avait qu’un seul autre mec dans les vestiaires. Son visage ne lui était pas familier. Thomas distinguait immédiatement les nouveaux membres. Le garçon, svelte et discret, devait avoir dans les vingt-cinq ans. Thomas reconnut aux chaussures qu’il portait qu’il ne devait pas s’entraîner depuis longtemps. Le tissu des runnings était sali ; il n’avait pas encore investi dans des chaussures de salle. Son casier se tenant près du sien, il n’eut même pas à trouver de prétexte pour se retrouver proche de lui. À mesure que le jeune sportif se déshabillait, Thomas contemplait son corps. Les jambes et le fessier étaient bien développés. Sans doute faisait-il du foot ou du handball à côté. Le torse était plus affiné. Quant au visage, il dénotait une candeur touchante. Bien que feignant le contraire, le garçon avait parfaitement remarqué l’intérêt que Thomas lui portait. Alors qu’après avoir retiré son caleçon il avait aussitôt enfilé une serviette autour de sa taille, Thomas, lui, se plut à exposer sa nudité. Les deux hommes se rendirent sous les douches en même temps. Elles étaient uniquement séparées par des cloisons de verre opaque. Thomas se plaça volontairement sous le pommeau jouxtant celui du jeune sportif. Après s’être rincé, il recula un peu afin de pouvoir se savonner sans avoir à fermer le robinet. À son étonnement, le jeune homme sortit aussi de son box et fit de même. Thomas tourna volontairement la tête de côté pour offrir à son voisin l’opportunité de le mater à sa guise. Lorsqu’il se retourna quelques secondes plus tard vers lui, il remarqua qu’il ne s’était pas privé. Il le surprit le regard posé sur son sexe. Thomas savait que son pénis, même au repos, était d’un calibre généreux. En échange de bons procédés, il n’eut aucun remords à le contempler amplement. La verge qui émergeait sous les poils pubiens se révélait particulièrement appétissante. Mais il apprécia plus encore le galbe musclé des fesses. Contrairement au jeune homme, Thomas ne chercha pas un seul instant à dissimuler sa curiosité. Le garçon osa alors se montrer plus téméraire et contempla ouvertement le vaillant gaillard. Du moins, son corps. Puis il se retourna et massa longuement sa croupe. Ses gestes n’étaient pas vraiment lascifs, mais ils n’étaient pas innocents non plus. Enfin, il disparut derrière la cloison pour se rincer. Thomas l’imita. Lorsque le garçon sortit de la cabine, sa queue semblait plus volumineuse. Les deux hommes s’essuyèrent en se faisant face avant de retourner dans les vestiaires. La serviette couvrait trop souvent l’entrejambe pour que Thomas pût discerner un début d’érection. Il le suivit vers les casiers. Cette fois-ci, le jeune footballeur ne chercha pas aussitôt à cacher son sexe. Au contraire, il resta longuement à poil. Il sécha ses cheveux, passa le déodorant sous ses aisselles, rangea son sac de sport sans prendre la peine d’enfiler un slip. Thomas retarda lui aussi habilement le moment de se rhabiller. Ce garçon le fascinait. Son instinct lui insufflait que le jeune sportif n’était pas pédé. Cela se voyait, il ne cherchait pas à se faire draguer. Il venait simplement de découvrir qu’il plaisait et il se complaisait dans ce plaisir narcissique. Probablement n’avait-il jamais touché le corps d’un homme. Thomas supposait que l’idée ne lui avait même jamais traversé l’esprit. Et pourtant sa queue trahissait un tout autre émoi. Thomas brûlait de tester les limites du garçon.
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