Les Extases

Sophie Cadalen

Description

Une femme est prise de frénésie sexuelle lors d'un spectacles de music-hall.

Sujets

• Sexualité
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Informations

• Publié par: 12-21 Editions
• Date de parution: 28 juin 2012
• Nombre de lectures: 59
• EAN13: 9782823803020
• Langue: Français

Extrait

Sophie Cadalen

Les Extases

Précédemment paru dans Désirs de femmes

Editions Blanche

Floriane a fait le ménage dans sa vie, dans sa tête, dans son âme. Elle a défriché ses souvenirs, vendu quelques terres, choisi son terrain et coulé des fondations inaltérables.

Rien ne peut nuire à son efficacité, aucun aléa ne doit ralentir sa productivité. Elle s’est débarrassée de son mariage, a éjecté l’amant et ses perversités aux allures d’habitudes, a rayé de ses carnets les « ex » d’un passé qu’elle a remisé.

Elle a fait le tour de sa situation. Elle adore son métier  – elle est attachée de presse  –, et il le lui rend bien. Sa vie professionnelle lui procure défis, courses contre le temps, contrats enlevés de haute lutte, succès et récompenses, le tout enrobé d’une fatigue euphorique qui s’abattrait en dépression si Floriane s’arrêtait.

Elle aime. Elle aime ça. Le « à part ça » n’est que déceptions, mensonges, appels sans échos, trahisons… et quelques orgasmes dérisoires au vu des tourments endurés.

Elle sait sa séduction, et le maniement de cet outil fabuleux. Elle adore dévorer l’autre de l’offensive sensualité qui est la sienne. L’assurance de son regard empoigne les couilles de l’homme, lui ôte toute velléité de résistance ou d’opposition au projet qu’elle défend. Elle ouvre grandes les portes d’un lit onirique où triompherait l’irrésistible charme de la proie croyant chasser… et s’arrête au stade ultime du contrôle de la situation. Quand un battement de paupière suffit à coucher l’homme, Floriane tourne les talons sur sa victoire. Que peut promettre ou révéler la suite de si excitant ? Un amant sur ses ergots parce qu’il vous a baisée ? Un mari pour la vie et des enfants à torcher ? Non, pas pour Floriane. Séduction ne rime qu’avec manipulation, elle ne s’égarera plus à la décliner en émotion et affection. Cela finit toujours en désillusions.

Elle ne comprend pas qu’une femme se languisse d’un homme et de sa bite. Floriane s’en passe très bien. Sa main sait plus sûrement que ses amants, dont l’habileté s’acquiert en même temps que l’ennui s’installe, les préférences de son clitoris. Il y a trois ans elle avait même acheté un godemiché, ne voulant pas payer sa nouvelle vie du prix de sa frustration. Elle l’a essayé une fois. À surtout beaucoup ri de se voir dans le miroir, à la découverte laborieuse de l’ustensile, élève appliquée faisant ses devoirs. Elle n’a pas besoin de ce truc-là entre les jambes. Elle l’a jeté au fond d’un placard et est revenue à la performante gymnastique de ses doigts sur son bouton.

Voilà les perspectives de sa vie, les plans d’une carrière au centre de ses préoccupations. Plus question qu’une jolie queue prometteuse la détourne des sensations fortes qui l’exaltent au quotidien. Tout va bien. Et tout ira pour le mieux. Merci pour elle.

 

Une amie – au sens où ce métier comporte beaucoup d’amis quémandeurs de services et renvoyeurs d’ascenseurs –, une amie, donc, a convié Floriane à une soirée augurant le prochain événement parisien. À condition qu’un attaché de presse s’y intéresse.

Cette amie ne lui en a pas dit beaucoup, sauf que c’est un numéro dansé et chanté à deux partenaires, du music-hall « nouvelle tendance ». À Floriane de se faire une opinion.

Elle est invitée trois cents fois durant l’année pour assister à des presque révolutions du monde du spectacle. Son obsession des marchés et des budgets la prévient de s’embourber dans la chaleureuse sollicitude de ces artistes aux abois. Elle verra donc s’il y a un filon ou non à exploiter, envisagera d’y investir ses compétences si les retombées promettent d’être juteuses.