Wilhelm von Gloeden
149 pages
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Wilhelm von Gloeden , livre ebook

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Description


Wilhelm von Gloeden



de Roger Peyrefitte


À 22 ans, Wilhelm von Gloeden se rend en Sicile pour s’y refaire une santé. Fasciné par la beauté des jeunes garçons de Taormina, il se lance dans la photographie. Les clichés d’éphèbes du baron rencontrent immédiatement un vif succès. Ils sont exposés dans de célèbres galeries et reproduits par des magazines renommés. On apprécie ses compositions qui rappellent l’Antiquité.


Roger Peyrefitte, à qui l’on doit tant sur le plan de l’évolution des moeurs au XXe siècle, admire profondément l'oeuvre de Gloeden. Il devient le plus célèbre collectionneur de ses photographies. Avec cette biographie, écrite lors d’un séjour à Taormina, il lui rend le plus bel hommage que le baron ait jamais reçu.


La plupart des photographies contenues dans le cahier de cinquante pages proviennent du fonds Roger Peyrefitte.


Préface d'Alexandre de Villiers

Exécuteur testamentaire de Roger Peyrefitte


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 481
EAN13 9782914679671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cover

 

 

Wilhelm von Gloeden

Roger Peyrefitte

Roman

 

 

 

 

 

Éditions T. G.

31, rue Bayen

75017 Paris

Préface d’Alexandre de Villiers,

exécuteur testamentaire de Roger Peyrefitte

 

 

« L’Italien encule » écrit Stendhal dans ses carnets secrets et Roger Peyrefitte disait que « les Italiennes sont les femmes les plus épanouies de la Terre car elles sont fêtées des deux côtés ». Il a pu le vérifier au cours de ses escapades transalpines car il n’était pas insensible au charme féminin.

C’est cette ouverture des esprits – et des corps – cette nonchalance, cette insouciance délicieuse des Italiens qui font, qu’il y a plus d’un siècle, le jeune baron Wilhelm von Gloeden a pu, assez sereinement photographier chez maints garçons, dans l’innocence de leur corps, la partie la plus charnue de leur individu aussi bien que leur virilité et ce, en Sicile – du latin Trinacria, la Triangulaire.

C’est dans une librairie du Palais Royal, sous l’appartement de son amie Colette que Roger Peyrefitte a la révélation de ces photographies, pour paraphraser Milton, du Paradis retrouvé. La veille de la débâcle de 1940, cette libraire lui dit : « Monsieur Peyrefitte, un Américain qui s’en va de Paris, comme tous ses compatriotes en ont reçu l’ordre, m’a laissé une valise où vous trouverez peut-être des choses qui vous intéresseront ».

Elle le conduit dans l’arrière-boutique et lui ouvre une petite valise de fibre d’où il voit surgir « les plus beaux garçons de la Terre : c’étaient des épreuves anciennes, sur papier violacé, tirées des plaques photographiques où, pendant près de trente ans, Gloeden, le réinventeur de Taormina, avait fixé les images qui sont, grâce à moi, redevenues tellement à la mode – les images que le vieux Gide était venu contempler chez moi, à Paris. En les retournant, j’avais lu le cachet : ‘‘ W. V. Gloeden, Taormina, Sicile ’’. Et pendant que les chars allemands roulaient vers Paris d’où j’allais partir bientôt comme l’Américain, mais pour une autre direction, je jurais qu’aussitôt la guerre finie, j’irais à Taormina en Sicile. À cause de la raison que j’ai dite, ce ne fut qu’en 1947. »

À cette date, c’est bien à Taormina que Peyrefitte décide de se fixer, séduit par l’incomparable beauté du lieu. Il y rencontre le vieux pêcheur Pancrazio Bucini, dit le Moro, ancien valet de chambre de Gloeden qui lui avait laissé toutes ses lourdes plaques photographiques. Peyrefitte est saisi par le contraste entre ce couple de braves travailleurs et leur fils et ces jeunes garçons souvent couronnés de roses...

Sous le fascisme, après la mort de Gloeden, Bucini eut des ennuis avec la police qui détruisit plusieurs de ses négatifs. C’est pourquoi, le père Bucini avait caché les plaques dans une soupente au-dessus de son lit. On y accédait par une échelle. Peyrefitte se régala en découvrant ces plaques par transparence.

L’ancien valet – de cœur... – avait aussi quelques tirages sur papier violacé comme ceux que l’écrivain avait achetés sept ans auparavant à Paris.

En 1947, avec le concours d’un commerçant de Taormina, le sieur Raia, Peyrefitte put faire exécuter des clichés pour les plaques dont il n’avait pas de reproduction.

Lorsqu’il rentra à Paris, cette moisson émerveille ses amis et provoqua tant de voyages, au point que le Club Méditerranée en est sorti...

Il y a trois siècles, un voyageur français, Jean-Jacques Blanchard a pu vérifier la véracité de la phrase de Cocteau « Les Italiens sont des Français de bonne humeur » et, qui mieux est, qu’ils ne sont pas très farouches. En effet, il note dans son journal une phrase de la plus infinie délicatesse en relevant qu’à Capri « les garçons faisaient volontiers la courtoisie ». C’est dire aussi à quel point les Italiens sont philosophes : on demandait à un philosophe grec s’il était permis d’aimer de beaux garçons. Il eut cette réponse admirable : « Question d’aveugle. »

Grâce au baron balte, Karl Stempel, qui fut un ami de Gloeden, Peyrefitte put connaître les noms des célèbres visiteurs du baron-photographe qui illustrent cette biographie.

En 1959, Pietro Nicolosi a publié chez l’éditeur Flaccovio Baroni di Taormina. C’est l’histoire de tous les personnages connus, Gloeden le tout premier, qui ont séjourné dans cette ville enchanteresse. Nicolosi demande à Peyrefitte d’honorer son ouvrage d’une préface et l’y fait figurer comme le dernier véritable baron de Taormina. Il faut dire que l’écrivain s’y rendit aussi pour des raisons littéraires puisqu’il y écrira pendant dix-sept hivers, dix-sept de ses œuvres.

J’ai eu moi-même l’honneur de l’y accompagner par deux fois. En 1991, il fut le seul écrivain français invité par le gouvernement autonome de Sicile pour une conférence internationale. En dehors de cet événement, il est reçu à la fondation Whitaker par le Président du Parlement autonome de Sicile qui lui dit « Signor Peyrefitte, il ne me sera malheureusement pas possible d’écouter votre réponse au discours que je viens de prononcer en votre honneur car, pour être auprès de vous en ce moment, il m’a fallu suspendre la séance à la Chambre... »

Le 9 mars 1992, il est l’hôte du club Rotary qui donne une somptueuse réception en son honneur à l’hôtel Excelsior de Palerme.

Le lendemain, dans l’ancienne salle de l’Inquisition de l’imposant Palazzo Steri, on lui remet la toge de docteur honoris causa de l’université de Palerme. Le jeudi 12 mars, je l’accompagne à la mairie de Taormina où il reçoit des mains du maire, la citoyenneté d’honneur de cette ville, en somme, la clef du Paradis. Cet événement est fêté au San Domenico où nous logions. Hélas, au moment où nous arrivons aux portes du palace avec la délégation officielle au grand complet, nous apprenons que le représentant du gouvernement italien en Sicile venait tout juste d’être assassiné. Cette affaire Érignac à l’italienne jeta un froid sur le banquet.

Au cours de cette visite nous sommes invités par les nouveaux propriétaires du Café Saint-Georges, à Castelmola sur les hauteurs de Taormina. Cet établissement est célère depuis que Peyrefitte dans Du Vésuve à l’Etna a relaté une amusante anecdote entre le Signor Blandano et la richissime famille Vanderbilt.

Nous sommes donc en route pour fêter le centenaire de Blandano, dans le café qui fut sien. En chemin, je ne sais quelle mouche – du coche – m’a piqué. Comme nous étions en avance, j’ai eu l’heureuse inspiration de prier notre chauffeur de nous arrêter dans une rue pour y contempler le paysage avant la longue montée vers Castelmola.

Nous faisons quelques pas et je suis frappé de stupéfaction.

Savez-vous, Roger, où nous sommes?

Mais mon cher, nous sommes à Taormina, quelle curieuse question.

Certes, mais encore...

Et de la dextre, je lui désigne la plaque au nom de la rue sur laquelle il peut lire, non sans émotion : « Via Wilhelm von Gloeden ».

À notre arrivée à Castelmola – au son d’un Orphéon – le centenaire Signor Blandano fondit en larmes dans les bras de Peyrefitte. Ils n’avaient nul besoin de se parler pour que défilassent devant leurs yeux tant de souvenirs d’un temps béni des dieux.

À cette époque là, il y avait une équipe de télévision italienne (RAI) qui faisait un grand reportage sur le tourisme en Italie et singulièrement en Sicile. Comme on n’avait pas oublié la trattoria des frères Intelisano – successeurs de Blandano – les frères demandèrent à Peyrefitte si, le lendemain, au San Domenico, il accepterait de prendre la parole pour parler de leur maison et pour vanter leur fameux vin aux amandes. Peyrefitte prêta volontiers sa renommée pour promouvoir le vin sicilien.

Outre le vin, les Intelisano nous offrirent à chacun un album de photographies d’éphèbes édité par la maison Malabri à Taormina : L’Album Wilhelm von Gloeden qui désormais rivalisait avec l’autre album intitulé Souvenirs de Taormina on s’en doute, beaucoup plus conventionnel...

Ces albums nous furent offerts dans une pochette transparente sur lesquelles on voyait des hommes nus portant des verres et l’inscription Café Saint-Georges depuis 1907, l’année de naissance de Peyrefitte...

Quelle revanche pour Gloeden qui avait désormais sa rue à Taormina et pour Peyrefitte qui l’avait fait reparaître aux yeux du monde entier... À sa mort, en novembre 2000, à sa demande, je ferai graver sur sa tombe ce simple mot Taorminese.

Dans un ouvrage récent Portrait du siècle dernier, l’excellent journaliste et écrivain Giuseppe Quatriglio, grand spécialiste de l’histoire de la Sicile et de la littérature qu’elle a inspirée, suggère que, soit la ville de Palerme ou celle de Taormina – ou toutes deux – devraient dédier une rue importante à Roger Peyrefitte qui a tant fait pour faire mieux connaître et aimer le Sud de l’Italie et qui, en publiant Du Vésuve à l’Etna, voulait « rouvrir le chemin de l’Italie aux Français qui n’y allaient plus depuis la fin de la guerre. »

Je ne résiste pas au plaisir de conter ici, une anecdote cocasse qui touche un Taorminais devenu célèbre à Paris dès qu’il a été nommé directeur général de l’hôtel Plaza Athénée ce qui lui valu bientôt le titre de «meilleur directeur d’hôtel de l’année en cours».

Pour couronner le tout, le comité Best, présidé par Massimo Gargia et dont Peyrefitte était un des membres fondateurs, allait lui décerner un autre titre en l’élisant comme l’un des dix hommes les plus élégants du monde.

Or donc, pour en venir au fait, ce 19 avril 1990 nous sommes impatients de faire la connaissance de ce Toarminais, M. Franco C. qui a eu l’heureuse idée de donner une fête en l’honneur des « Parfums et des saveurs de Sicile » en invitant, pour préparer ces agapes, le chef du plus célèbre restaurant de Sicile La Scuderia à Palerme.

Ce dîner de gala était présidé par le comte Attolico, ambassadeur d’Italie à Paris, à la table duquel nous étions.

Je garais ma voiture devant ce palace, à la place qui nous avait été réservée. En sortant de mon véhicule, Peyrefitte eut la surprise de ne pas se voir mitrailler par des photographes, comme à l’accoutumée alors qu’il y en avait une trentaine de l’autre côté de la rue.

— C’est, lui dis-je, que l’Ange bleu – qui habitait en face du Plaza – est monté au ciel cet après-midi.

Le directeur nous attendait sur le pas de la porte en exhalant une joie et une émotion réelles en saluant l’écrivain qui représentait un pan de l’histoire de sa ville natale. Il lui fit force sourires en nous conduisant jusqu’à notre table. Devant cet assaut d’amabilités, à peine fut-il assis que Peyrefitte fit un décompte savant :

— Voyons, quel âge pouvait-il avoir lors de mon dernier séjour en Sicile, il y a vingt sept ans?

Puis il se pencha vers moi pour me glisser dans le creux de l’oreille:

— Tu comprends, je les ai tous fabriqués !...

J’étais si certain que l’affable et beau directeur n’avait pas été un « Taor-minet » de Peyrefitte que je n’ai pas hésité, longtemps après, à rapporter l’anecdote à M. Franco C. qui m’a autorisé à la répéter à son épouse. C’était bien la preuve que je ne me trompais pas. Madame Franco C. en Italienne fine et épanouie en ri aux éclats.

Grâce soit rendue à Roger Peyrefitte d’avoir relancé l’œuvre de Whilelm von Gloeden et ce faisant, en rendant les esprits moins obtus, d’avoir émoussé les angles de la Triangulaire.

...

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