Le contrat de Faust

François Le Boiteux

Description

Cette pièce en trois actes s'inspire de la légende de Faust. L'auteur imagine une possibilité de rupture de l'engagement, conséquence du contrat signé entre Faust et Méphisto. L'apparition de Marguerite lui permettra de renouer avec son passé. Ainsi, il se reconstruira et modifiera le cours d'une évolution qui paraissait inexorable.

Sujets

• Pièce de théâtre
• Littérature
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2010
• Nombre de lectures: 422
• EAN13: 9782296702806
• Langue: Français

Extrait

LE CONTRAT DE FAUST

Pièce en trois actes
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-12323-6
EAN : 9782296123236

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
François Le Boiteux


LE CONTRAT DE FAUST

Pièce en trois actes
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari
et Robert Poudérou

Dernières parutions

234 – Jean-Pierre GUÉROT, Les pleins pouvoirs, 2010.
233 – Philippe PILATO, Mers, 2010.
232 – Kazem SHAHRYARI, L’Automne précoce, 2010.
231 – Pierre GROU, Le goinfre, 2009.
230 – Robert POUDÉROU, La trappe, 2009.
229 – Ahmed HAFDI, Cette belle poussière jaune d’Uruk, 2009.
228 – Jaime Salazar SAMPAIO, La Bataille Navale, 2009.
227 – Thierry MICHAËLIAN, La manipulation, 2009.
226 – Jacques MONDOLONI, L’étoffe des femmes, 2009.
225 – Pierre CASSARD, Raguse an 01, 2009.
224 – Hugues BERNARD, Nouvel arrivage, 2009.
223 – Benjamin OPPERT, Entre père et maire, 2009.
222 – Essindi MINDJA, Le Mvet : La Guerre du fer, 2009.
221 – Nazly SADEGHI, Spenta, 2009.
220 – Danielle DUMAS, Ce héros au sourire si doux, 2009.
219 – Mohamed BOUNOUARA, La Machine à aigrir, 2009.
218 – Thais COUSIGNE, Pêle-mêle de sentiments, 2008.
217 – Nicolas NERCAM (textes réunis par), Théâtre bengali moderne, Quatre pièces de Dinabandhu Mitra, Rabindranath Tagore, Badal Sircar et Utpal Dutta, 2008.
216 – Jean-Luc JEENER, La tragédie de Gilles de Rais. Pièce en 18 tableaux, 2008.
215 – Henri Michel BOCCARA, Trois pièces closes , 2008.
214 – Carlotta CLERICI, Le Grand Fleuve. Comédie de mœurs en quatre saisons, 2008.
213 – Clément DILI PALAI, Foyer de tensions, 2008.
212 – Solo NIARÉ, La Tirelire de maman , 2008.
211 – Pierre GROU, Les tribulations de Scapin, 2008.
210 – Solo NIARÉ, Le Temps d’un mensonge , 2008.
209 – Jean-Pierre TOUBLAN et Zémanel, Le Graal du cochon. Tragédie porcine , 2008.
Personnages

Faust

Méphisto

Jean ami de Faust

Marguerite/ Ginette

Un domestique


(La totalité de la pièce se passe dans le bureau de Faust)
Acte I
Scène I
Une pièce remplie de livres et d’objets scientifiques divers. Au centre se trouve un bureau couvert de dossiers. Des papiers sont épars sur le sol.
Au lever de rideau, Faust est assis à son bureau. C’est un homme d’une cinquantaine d’années paraissant fatigué. Il classe des papiers.

Faust (Montrant le papier qu’il tient en mains)
Jamais je ne pourrai y arriver. Jamais je ne pourrai tout faire ! Il ne me restera jamais assez de temps !
(Prenant un dossier)
Tiens, je me souviens, cette recherche je l’ai commencée il y a dix ans. Ce texte est celui du début de ce travail, mais je n’en ai écrit que les premières pages ! Il me faudrait encore autant d’années pour continuer.
(Prenant un autre dossier)
Pour celui là, que j’ai rédigé hier, tout est à refaire ! Je dois le reprendre. Il est obscur. Et je n’ai pas encore fait assez de recherches bibliographiques pour étayer toutes mes idées. C’est désespérant.
(Prenant un troisième dossier)
Quant à cet essai, il date de quelques mois seulement et il est déjà dépassé.
La science avance trop vite à mon gré ! Chaque jour, tout évolue et souvent cela annule mes certitudes présentes.

Découragé, il repose les dossiers en vrac sur son bureau et prend sa tête dans ses mains.
Entre Ginette.

Ginette
Qu’as-tu ce soir, Faust ? Il se fait tard ! Pourquoi ne viens-tu pas te coucher ?
Faust
Ah ! C’est toi Ginette. Tu sais, ma chérie, jamais je ne pourrai terminer ma tâche. Tout au moins, ce soir, j’en suis sûr. Je n’y arriverai jamais !
Ginette
Arriver à quoi ?
Faust
A finir tout ce que j’ai commencé, tout ce que j’ai voulu entreprendre !
(Montrant d’un geste large tous ses dossiers, tous ses papiers)
Regarde tout cela. Tout est commencé, mais rien n’est terminé ! Quand je relis, comme ce soir, tout ce que j’ai déjà écrit, les idées affluent tellement que je me sens obligé de tout rédiger de nouveau. Mais aussi, tout évolue et ce que je pensais hier n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir et non la réalité présente, et moins encore celle de demain C’est décourageant ! Le temps qui m’est donné est trop court. Tout évolue trop vite !
Ginette
Tu veux trop bien faire. Pourquoi ne finis-tu jamais ce que tu as commencé ?
Faust
Je me le demande parfois. Je le constate souvent. Ainsi ce soir où je voulais classer mes dossiers. Mais ils sont tous à corriger, à reprendre et parfois dès leur début. Pourquoi suis-je aussi insuffisant ?
Ginette
Parce que tu ne peux jamais accepter ce que tu as écrit. Tu es l’éternel insatisfait. Comme pour tout ce qui vit, il y a un moment où il faut savoir écrire le mot fin et surtout l’accepter.
Faust
Mais ma chérie, si je ne peux jamais décider, c’est parce que le temps passe et modifie à tout instant ce qui paraissait vrai dans la minute précédente. Il n’existe pas de fin pour la vie. La fin est simplement réservée à l’être vivant que le temps use et détruit peu à peu. Le monde continue toujours à évoluer et il ne connaîtra jamais le point final. Comment veux-tu donc que je puisse accepter et considérer comme terminé tout ce que j’ai fait depuis plus de quarante ans ? Tout mon travail a révélé un monde sans cesse en évolution et qui ne sera plus jamais le même. Le temps transforme de façon permanente et continuelle toutes les choses qui forment le monde et d’abord moi-même. Il faudrait, pour mener à bien nos activités, tout faire en une seconde… Ou plutôt pouvoir arrêter le temps.
Ginette
Laisse ce découragement et écoute-moi. Je peux t’aider si tu le veux. Cela fait plus de vingt ans que nous vivons ensemble et nous avons évolué tous les deux parallèlement, en partageant les mêmes expériences, les mêmes soucis, les mêmes bonheurs, les mêmes malheurs. Mais tout ce que tu sembles considérer comme inachevé, ne l’est pas pour moi. J’accepte pleinement et en totalité tout ce que tu as fait et écrit depuis toujours. Ce que tu pensais, ce que tu as dit ou écrit, tout cela fait maintenant partie de toi et ne peut être effacé par le temps. Ce passé, c’est toi-même, et cela m’est cher, autant que ce que tu accompliras demain.
Faust
Mais oui, mais toi tu m’aimes. Tu aimes tout ce qui est tombé de moi, tout ce que j’ai dit et même pensé. Mais où est la vérité ? Le monde évolue, nous évoluons nous-même. Dans la vie réelle, dans l’univers il y a la vérité qui ne nous est pas encore dévoilée et que nous ne pourrons jamais connaître en totalité, car nous sommes limités et mortels. Pour nous, le temps s’écoule toujours et nous ne pouvons ni le retenir ni savoir ce qu’il nous apportera demain. Le monde, même Dieu peut-être, n’a pas le regard de l’amour, mais celui de la connaissance. Mais pour nous, ce n’est pas la même chose ! Ce qui nous tue peu à peu, c’est bien le temps qui s’écoule et ces minutes qui s’égrènent et qui, souvent, dévoilent la fausseté de la croyance d’hier. Que me donnera la minute qui vient ? Apportera-t-elle plus de connaissance ou plus de déni ? En quoi sera-t-elle différente de la minute présente ?
Ginette
Pourquoi te torturer ainsi ? Vis dans le présent.
Faust
Je ne le peux pas ! Le présent est plein du passé mort et fixé à tout jamais, mais il est aussi plein de tout ce que je ne sais pas encore, et donc de ce que je n’aurai pas le temps de connaître.
Comment veux-tu que je vive dans l’instant quand je sais qu’il sera modifié par l’évolution de demain et donc parce qu’un jour je ne pourrai plus appréhender, n’étant plus moi-même de ce monde ?
Ginette
Au moins ce soir, pense à autre chose. Ce soir, l’as-tu oublié ? C’est notre anniversaire. Aujourd’hui, le présent, c’est nous.
Faust
Par