Le Silence des chiens
88 pages
Français

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Le Silence des chiens , livre ebook

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88 pages
Français

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Description

Dès les premiers mots et jusqu'au dénouement de la pièce, chaque parole échangée annonce une issue heureuse : le président Obiata reconnaît ses torts et s'engage à tirer son pays du marasme dans lequel il est plongé. Le caractère énigmatique du titre pousse le lecteur à s'interroger : Pourquoi ces chiens se taisent-ils ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 63
EAN13 9782296464230
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Silence des chiens
Dominique Niossobantou


Le Sileoce des chiens

Théâtre


Préface de Mukala Kadima-Nzuji
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54809-1
EAN : 9782296548091

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface
De Dominique Niossobantou, je connaissais la thèse de doctorat et les articles sur le théâtre congolais. Ces travaux, révélateurs de sa passion pour un genre qui a obtenu en Afrique, depuis fort longtemps, la reconnaissance du public, permettaient d’aborder le théâtre de la République du Congo dans son cheminement historique, ses mises en scène et en espace, ses tendances esthétiques et ses orientations idéologiques. À force de lire, d’analyser et d’enseigner le théâtre, Dominique Niossobantou découvre les ressorts de l’art dramatique et tente l’expérience de la création, sans pour autant renoncer à son activité de lecteur, de metteur en scène et de critique. Le texte qu’il nous donne à lire, à savoir Le Silence des chiens, est la première œuvre dramatique qu’il rédige et publie.
Cette pièce est subdivisée en trois actes. Le premier met en scène Bertrand Salas, fils d’Etantsala et de Malikou, de retour au pays, le Ngobila, accompagné de sa femme européenne Mathilde. Il présente un tableau peu reluisant de Ngobila, sujet au délabrement total et à la déliquescence généralisée. Alors que Bertrand, en dépit de la situation catastrophique et désespérée de son pays, rêve de le servir et de venir en aide à ses concitoyens, Mathilde dépitée par la corruption, la concussion, les injustices et les disparités sociales, la malgouvernance qui règnent autour d’elle, ne songe qu’à regagner l’Europe.
Le deuxième acte démontre les mécanismes de la corruption qui gangrène de toute part Ngobila et montre, à travers la figure du fou et de bien d’autres protagonistes, comment du fait de la dictature et de la mauvaise gestion de la chose publique, Ngobila pourtant un pays riche, amorce sa descente aux enfers.
Le troisième acte se construit autour de l’audience que le président Obiata accorde à Bertrand Salas. Il n’est pas surprenant que la fin de cette pièce soit heureuse. Dès les premiers mots et jusqu’au dénouement de la pièce, chaque parole échangée annonce une issue heureuse : le président Obiata reconnaît ses torts et s’engage à tirer son pays du marasme dans lequel il est plongé.
J’ai lu et relu Le Silence des chiens avec un plaisir sans cesse renouvelé. Le « plaisir du texte » comme aurait dit Roland Barthes. Il résulte du travail qu’opère Dominique Niossobantou sur la langue. Il transparaît dès le seuil : le caractère énigmatique du titre pousse le lecteur à s’interroger sur lui : de quels chiens s’agit-il ? Pourquoi ces chiens se taisent-ils ?
A la première question, la réponse est donnée : les chiens, ce sont ceux qui évoluent à l’ombre du président Obiata et vivent de grasses prébendes. Ce sont, comme le déclare un personnage, ces conseillers, ces techniciens ou technocrates, « tous ces cadres qui ont étudié en Europe » et qui ne font rien pour ne pas compromettre leur confort. C’est aussi le peuple représenté par Etantsala, qui pense que « tout cela est vrai, mais il faut se taire ». Obiata lui-même est conscient de la condition précaire et pitoyable de ses concitoyens, mais il ne peut rien dire parce que la politique qu’il mène lui est dictée de l’extérieur. L’auteur nous plonge dans un monde où personne n’est responsable de rien. Seule l’irresponsabilité y a droit de cité. Mais une irresponsabilité corrosive parce qu’elle désole et tue.
La réponse à la seconde question se résumerait en trois phases : la hantise de la chute personnelle qui sonnerait le glas d’une carrière politique prometteuse (Obiata) ; la peur de voir s’envoler les privilèges (les cadres et collaborateurs du président) ; la crainte d’être broyé sans merci par la machine d’oppression et de répression, en l’occurrence la police et les services de sécurité, représentée par le personnage du commissaire Bolankiendu (le peuple).
Face à ces personnages veules et méprisables, face donc à ces « chiens » qui ne sont plus capables d’aboyer, se dressent d’un côté le fou et de l’autre Bertrand Salas. Le premier a regagné Ngobila après avoir vécu plus de vingt ans à l’étranger. C’est le mal du pays qui l’a décidé à effectuer ce retour parmi les siens. Nommé directeur de banque, il se voit du jour au lendemain relevé de ses fonctions et condamné à la misère et à l’errance parce qu’il avait osé dire ce qui n’allait pas. Pour donner l’illusion au pouvoir qu’il n’était plus rien et, par conséquent, se protéger de lui, il simule la folie en empruntant les oripeaux et le langage des fous tissé d’imprécations et de prophéties. « J’ai choisi d’être fou », confie-t-il à Bertrand Salas, dont il devient non seulement l’ami, le compagnon de lutte, mais aussi la conscience. C’est lui qui l’aidera à comprendre la situation politique de Ngobila et à voir un peu plus clair en lui.
Bertrand Salas incarne le courage, la détermination et la volonté de sauver Ngobila. « Je comprends, dit-il. C’est pour cela que je ne baisserai pas les bras. Je me battrai jusqu’au dernier souffle. Je me battrai pour que les choses changent ». Mais il ne peut sauver ce pays seul. C’est en communion avec le peuple (la foule) qu’il s’engage à mener des actions qui fassent fléchir le pouvoir.
Au-delà des problématiques qu’aborde Le Silence des chiens , notamment celles de la démocratie en Afrique avec ce qu’elle implique d’ethnisation des institutions, du partage inéquitable des richesses nationales, de la dépendance des économies des pays du Sud vis-à-vis des politiques des pays du Nord, du rôle des diasporas dans la résolution des problèmes de développement sur le continent, le travail sur la langue se poursuit avec bonheur. Il s’appuie sur le recours systémique aux nombreux registres du comique.
Le registre le plus matériel est sans aucun doute celui lié au corps. Il se révèle à travers le travestissement, les gestes, les grimaces du fou. Le comique lié à des situations parcourt toute la pièce : les monologues du fou, les quiproquos entre ce dernier et Bertrand Salas à propos de la situation politique à Ngobila. Le comique proprement spirituel transparaît dans les propos du président Obiata, lorsqu’il interroge Bertrand Salas non sans ironie sur les origines et son nom et accuse d’aliénation culturelle les Africains qui s’obligent à franciser leurs patronymes et, par conséquent, les vident de leur charge symbolique et de leur signification anthropologique. Etantsala devenu Salas gomme tout repère généalogique et installe celui qui porte ce nom dans la « non-identité ». Que l’altération du nom soit le fait de l’officier de l’état civil ou de celui qui le porte et par conséquent l’assume, le résultat est le même : il y a négation de soi et volonté d’effacer toute trace des origines.
Il y aurait beaucoup à dire sur le travail d’écriture dans Le Silence des chiens . Le découpage de l’espace textuel en actes et en scènes, le discours didascalique, l’enchaînement des dialogues, le recours aux proverbes comme mode de penser et d’argumenter, le collage, le jeu intertextuel sans qu’il ne s’englue dans le livresque, sont quelques-unes des qualités qui rendent vivante la pièce de Dominique Niossobantou.
Mon vœu est que la mise en scène du Silence des chiens parvienne à restituer et à respecter les intonations, les accents, les manières de dire et de penser, le tempo et la respiration propres à nos traditions et que l’auteur a réussi à introduire dans son texte.
Le Silence des chiens enrichit assurément le répertoire théâtral congolais. Il hisse son auteur au rang d’écrivains qui ont mis leur talent au service de l’Afrique et servent au continent de caisse de résonance. Puisse-t-il traverser fleuves, mers et contrées pour le plus grand bonheur de la République des lettres !
Mukala KADIMA-NZUJI
Personnages
Bertrand Salas : fils d’Etantsala et de Malikou
Mathil

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