Le triomphe de la santé
98 pages
Français

Le triomphe de la santé , livre ebook

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98 pages
Français

Description

Après la formule de Jules Romains, "Tout bien portant est un malade qui s'ignore", dans "Knock ou le Triomphe de la médecine" (1923), le docteur Health inverse ici le message du docteur Knock en "Tout malade est un bien portant qui s'ignore". Knock voulait faire triompher la Médecine, et il avait raison, mais, dans une société où le corps est utilisé pour régler des conflits profonds, Health veut aller plus loin : il veut faire triompher la Santé.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2008
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296211674
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre Premier : Knock, Parpalaid, Health
Jules Romains a fait jouer le 14 Décembre 1923 sa pièce « Knock ou Le triomphe de la Médecine » à la Comédie des Champs Elysées. Après « Le malade imaginaire » de Molière, cette pièce a été la plus drôle mais aussi la plus féroce qu’un auteur ait pu écrire sur les malades et les médecins. Le Docteur Knock, nouveau médecin du bourg de Saint-Maurice dans le Dauphiné, âgé de quarante ans, reprenait la clientèle du Docteur Parpalaid. Il était le détenteur d’un message qu’il voulait faire passer dans l’esprit de la population, à savoir que les gens du bourg n’avaient pas assezconscience qu’il fallait qu’ils se soignent. Sa formule : « les gens bien-portants sont des malades qui s’ignorent » restera célèbre. Il s’opposait en cela à son confrère le Docteur Parpalaid qui séparait les malades des bien portants. Même si Jules Romains a fait du Docteur Knock une caricature, son message reste encore d’actualité, à savoir que tout sujet doit rester vigilant vis à vis de sa santé et s’en préoccuper. Le Docteur Knock ne croyait pas en la santé. Il a fait sa thèse sur « Les prétendus états de santé ». Il disait : « La vérité, c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi, n’osera aller jusqu’au bout et mettre une population au lit, pour voir, pour voir ! Mais soit ! Je vous accorderai qu’il faut des gens bien-portants, ne serait-ce que pour soigner les autres ou former, à l’arrière des malades en activité, une espèce de réserve. Ce que je n’aime pas, c’est que la santé prenne des airs de provocation, car alors vous avouerezque c’est excessif. Nous fermons lesyeuxsur un certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de gens leur masque de prospérité. Mais s’ils viennent ensuite se pavaner devant nous et nous faire la nique, je me fâche ».
Il disait que son rôle était d’amener les individus sains à l’existence médicale. Il les mettait au lit et il regardait ce qu’il allait pouvoir en sortir : un tuberculeux, un névropathe, un artérioscléreux. Rien ne l’agaçait plus que cet être ni chair ni poisson que le Docteur Parpalaid appelait un bien-portant. La santé pour le Docteur Knock n’était qu’un mot qu’on pouvait sans inconvénient rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, disait-il, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses, à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, poursuivait-il, si vous allezleur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. Mais vous les trompez. Votre seule excuse, c’est que vous avezdéjà trop de malades à soigner pour en prendre de nouveaux. Pour lui, croire en la Médecine, c’était croire en la maladie et non en la santé. En 1963, quarante ans après son installation, le Docteur Knock prit sa retraite à l’âge de quatre-vingts ans. Il commença à chercher un successeur et un jour se présenta un médecin d’origine anglaise comme lui, s’appelant le Docteur Health. Celui-ci avait des conceptions aussi révolutionnaires pour l’époque que celles de son éminent confrère. Il n’avait pas choisi son nom mais il était beaucoup plus préoccupé par la santé que par la maladie et son combat était de détecter les biens-portants qui s’ignoraient. Le Docteur Health avait trente ans. Il avait connu aussi le prédécesseur du docteur Knock, le Docteur Parpalaid. Le Docteur Knock malgré son âge conservait encore la jeunesse des militants quant au Docteur Parpalaid, il allait lui aussi sur ses quatre-vingts ans mais gardait toujours son bel esprit et ses convictions d’autrefois sur la Médecine. Le Docteur Health s’est donc installé en 1963. Comme il connaissait le Docteur Knock et le Docteur Parpalaid, il savait d’une part que les gens bien-portants sont des malades qui s’ignorent et d’autre part comme le pensait 8
le Docteur Parpalaid qu’il y a d’un côté des bien-portants et de l’autre des malades. Mais il a lu les derniers écrits d’un autre Docteur, le Docteur Sigmund Freud, le découvreur de la psychanalyse et pour lui il y a une autre manière de penser la médecine. Il disait souvent, non sans provocation, le contraire du Docteur Knock « les gens malades sont souvent des bien-portants qui s’ignorent ». Il voulait montrer par là qu’il ne fallait surtout pas se laisser enfermer dans le statut de malade car d’une part beaucoup de maladies guérissaient et heureusement et d’autre part un certain nombre de souffrances plus ou moins invalidantes étaient dues à un mal-être que l’on pouvait guérir si on le diagnostiquait et si on en connaissait la cause. Il était plus un militant de la santé que de la maladie. Il voulait que ses malades guérissent.
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