On ne badine pas avec la mort
56 pages
Français

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On ne badine pas avec la mort , livre ebook

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Description

Au milieu du XXIe siècle, les seniors sont condamnés à mourir le jour de leurs soixante-quinze ans. Cette loi, nul ne la conteste. Après avoir séjourné dans un centre d'accueil et de tri, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas, se trouvent réunis pour partager leurs dernières heures. Le quatuor choisit de vivre pleinement le temps qui lui reste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296809826
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ON NE BADINE PAS AVEC LA MORT
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55054-4
EAN : 9782296550544

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Fabienne WEILL


ON NE BADINE PAS AVEC LA MORT
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari
et Robert Poudérou

Dernières parutions

252 – Yacoub ABDELLATIF, C’est pour mieux placer mes rides, fiston , 2011.
251 – Antoine WELLENS, L’Antegone d ’ou Que dit le cochon quand le fermier l’égorge ?, 2011.
250 – Michèle BEAUMONT, Moi je veux du rêve ! , 2011.
249 – Alain HADJADJ, Fait comme un rat , 2011.
248 – Thiane KHAMVONGSA, Au revoir Pays, 2011.
247 – Jean-Loup PHILIPPE, De l’autre côté, 2011.
246 – José Jorge Letria, Croquemitaine et le rêve, 2010.
245 – Laura FORTI, Thérapie anti-douleur, 2010.
244 – Gabriel ENTCHA EBIA, Djiha, 2010.
243 – Brigitte RÉMER, Bouvard et Pécuchet. Le livre de l’inquiétude, 2010.
242 – Landry-Pascal GOMA, Au cœur du vent, 2010.
241 – Jimmy LOVE, Le dictateur, la princesse et l’opposant, 2010.
240 – Jacques MONDOLONI, Palestine Check Point suivi de L’appel des abeilles, 2010.
239 – Yves JAVAULT, Le jeu des 7 familles du théâtre, 2010.
238 – Lulla Alain ILUNGA, Docteur Tanza, 2010.
237 – François LE BOITEUX, Condamné à vie, 2010.
237 – François LE BOITEUX, Le Contrat de Faust, 2010.
236 – François Le BOITEUX, Le Choix de Jehanne, 2010.
235 – François LE BOITEUX, Monségur, 2010.
234 – Jean-Pierre GUÉROT, Les pleins pouvoirs, 2010.
233 – Philippe PILATO, Mers, 2010.
232 – Kazem SHAHRYARI, L’Automne précoce, 2010.
231 – Pierre GROU, Le goinfre, 2009.
230 – Robert POUDÉROU, La trappe , 2009.
229 – Ahmed HAFDI, Cette belle poussière jaune d’Uruk, 2009.
A tous ceux qui doivent mourir.
Le lieu : un salon « moderne », confortable et impersonnel. Deux canapés dont un rouge, une table basse en bois, une table de salle à manger ronde et quatre chaises en bois avec assise en tissu rouge. Un mur est couvert de tiroirs en bois jusqu’à hauteur d’homme.

Les personnages : ils ont soixante-quinze ans à l’exception de la surveillante.

Monsieur Holowitch : bel homme, chemise bleu pâle au col ouvert, veste, pantalon de velours, élégance tranquille et décontractée.

Monsieur Dutilleul : col roulé noir, veste de velours noir et jean.

Madame Rodrigo : un peu endimanchée, jupe sous les genoux, chemisier blanc, veste en lainage un rien trop longue, petits talons, chaussures à brides.

Madame Lebuisson : élégance discrète, tailleur-pantalon, pull fin légèrement décolleté.

La surveillante : jolie femme de quarante-cinq ans, un peu pulpeuse ; robe chemisier bleu pâle très ajustée pouvant évoquer une blouse d’infirmière. Cheveux relevés en chignon (ou queue de cheval) d’où s’échappe une mèche involontaire.

On entend Billie Holiday chanter As time goes by.

***

LA SURVEILLANTE – Il vous reste bien peu de temps ; il faudrait vous décider et faire vos choix. Je vous laisse jusqu’à ce soir et après j’appliquerai une sorte de programme minimum. Noël, c’est après-demain. (Elle sort, revient sur ses pas.) Il n’y a ni jour de fête ni jour férié, ici.

Monsieur HOLOWITCH, songeur – C’est bientôt Noël… (Se reprenant.) Il faudrait en finir avec les formalités, nous débarrasser de ces contraintes.

Monsieur DUTILLEUL, caustique – Oui, ça nous laisserait plus de temps pour préparer Noël…

(Les autres font comme s’ils n’avaient pas entendu.)

Madame RODRIGO – C’est pas si facile… Tenez, la musique par exemple : même Charles Trenet m’énerve ; qu’est-ce que j’ai pu l’aimer, pourtant c’était l’époque de ma grand-mère. (Elle chante.) « Le soleil a rendez-vous avec la lune mais la lune n’est pas là et le soleil l’attend »…

(Ils enchaînent tous les quatre en retrouvant une certaine jeunesse.)

Madame RODRIGO – Il n’y a encore que la télé finalement… Présence pour les esseulés, elle occupe la tête et l’espace. C’est idiot mais je me sens plus à l’aise en regardant les trois premières chaînes ; je les trouve plus familières.

Monsieur DUTILLEUL – Drôle de famille, mais vous rejoignez en cela la plupart de vos compatriotes.

Madame LEBUISSON – Qui sont aussi les vôtres, cher Monsieur.

Monsieur DUTILLEUL – Je me le demande bien et ce, depuis longtemps. Tout dépend du sens que vous donnez au mot compatriote. « Com » du latin « cum » avec…

Monsieur HOLOWITCH, l’interrompant en toussant – Excusez-moi…

Monsieur DUTILLEUL – Je vois que vous êtes allergique à l’étymologie.

Madame LEBUISSON – Pour la musique, moi, je sais. Quand j’étais petite, j’aimais bien entendre ma mère jouer au piano Les Quatre Saisons de Vivaldi.

Monsieur DUTILLEUL – Quatre saisons, c’est peut-être un peu long. Si c’était pour moi, je choisirais l’hiver mais, chère Madame, pour vous qui semblez en être au printemps. Hi, hi, hi ! Les féministes qui ont prôné l’égalité sont satisfaites aujourd’hui : tous au même âge ; d’ailleurs, c’est vous qui perdez le plus dans l’affaire, Mesdames. Une si belle espérance de vie et hop ! L’égalité que vous n’avez pas eue, on vous la donne enfin ! C’est « l’égalitude » finale. (Il rit.)

Madame LEBUISSON – Ne jouez pas les prétentieux ; même quand vous dites cela, vous le dites comme, comme…

Madame RODRIGO – Comme si on n’était pas à égalité…

Monsieur DUTILLEUL – Mais évidemment, l’égalité n’existe pas ; j’ai été enseignant et vous croyez que mes élèves étaient à égalité ; il n’y en avait pas deux qui entendaient et comprenaient la même chose, d’ailleurs la moitié ne comprenait rien de rien !

Monsieur HOLOWITCH – Perspectives différentes, richesse assurée.

Madame RODRIGO – On dirait un proverbe comme « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».

Monsieur DUTILLEUL – Mais Madame Rodrigo, partir pour arriver où ?

Madame LEBUISSON – Si vous parliez comme ça à vos élèves, je comprends qu’ils n’aient pas eu envie de vous suivre ni de vous comprendre. A quoi bon apprendre les codes d’une société si on ne pense pas y trouver une place ?

Madame RODRIGO – Moi, je pense que ma place n’est pas avec vous. Vous êtes des bourgeois, vous avez fait des études, il doit y avoir une erreur de…

Monsieur DUTILLEUL – Casting.

Madame LEBUISSON – Les études, ne vous en faites pas, moi j’ai eu des diplômes mais je ne m’en suis jamais servie.

Madame RODRIGO – Si, sans le savoir, dans votre façon de parler, de vous comporter et puis si vous avez eu des enfants, vous avez pu les aider à faire leurs devoirs, vous paraissiez compétente à leurs yeux. Quand on n’a pas fait d’études, il faut être riche ou célèbre. et puis c’est comme ça.

Monsieur HOLOWITCH – « Et puis c’est comme ça », une expression qu’employait ma concierge.

Madame RODRIGO – Comment vous savez que j’ai été concierge ?

(Silence un peu gêné des autres.)

Monsieur HOLOWITCH – Je ne le savais pas mais.

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