Un gravillon dans la chaussure

Jyhel

Description

Au premier regard, Michel en est convaincu: Juliette est la femme de sa vie. Très rapidement, les deux jeunes gens vont tomber fous amoureux et vivre une idylle digne des plus grands films hollywoodiens. Ainsi, le jour où Michel découvre la disparition de Juliette, il est envahi par le chagrin. Pourtant, il est bien loin de se douter que celle qu’il aime ne lui reviendra pas... Au-delà des clichés habituels des romans d’amour, Jyhel nous plonge au cœur d’une histoire où les épreuves prennent le pas sur les sentiments et où les personnages ne sont pas vraiment ce qu’ils prétendent être. Un récit riche en rebondissements.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782748359299
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Un gravillon
dans la chaussure Jyhel










Un gravillon
dans la chaussure



















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Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010


À tous ceux que j’aime


Avant-propos



Pour tout un chacun, la vie est un chemin semé
d’embûches. Donc chacun s’adonne à l’exercice de style
qu’est l’anticipation afin de maîtriser le destin. Les
précautions prises vont du cache-prise pour les bébés à fermer
le robinet d’eau avant de partir en vacances, en passant par
l’éducation des enfants jusqu’à la souscription de contrats
d’assurance pour se prémunir contre le pire. Voici en gros
la façon dont nos destins respectifs sont gérés. Pour la
majorité d’entre nous, tout ceci relève de la normalité. Et
puis, il y a les destins exceptionnels pour les individus,
comme qui dirait, tirés au sort. Ce qui nous vient à l’esprit
lorsqu’il s’agit de destins exceptionnels, ce sont les
femmes et les hommes illustres qui ont marqué l’histoire.
Pourtant le commun des mortels est également sur la liste
et peut tirer un numéro particulier. Vous allez
immédiatement penser au gagnant du loto. C’est vrai, en voici un.
Seulement en regardant autour de soi, nous trouvons son
contraire, tel le SDF vautré sur le trottoir dans des
guenilles à la couleur passée avec son écuelle contenant
quelques centimes d’euros et son chien au regard triste.
Certains diront qu’il ne fait rien pour s’en sortir ou
d’autres penseront qu’il a joué de malchance. En réalité,
ce n’est pas si simple. Pour avoir la volonté, la force
d’esprit, il ne faut pas que le sort s’acharne. Souvent une
succession de risques inconsidérés, pour se sortir de
situations périlleuses, ont plongé le quidam au fond du trou et
quand tu ne peux plus tomber plus bas, les gens ne se
précipitent pas pour te tendre la main. Et même si c’était le
cas, bien souvent, les laissés pour compte ont accepté leur
9 condition. Ils ont fini de se battre et ont trouvé une forme
de sérénité. C’est un peu la philosophie du pire. Comme
plus bas n’existe pas, outre la disparition physique, qui
peut quoi contre toi ?
10














De Charybde en Scylla



Un bonheur éphémère



Vous savez comment ça marche ? Tous les ans, au sein
des sociétés françaises, un budget est alloué à la
formation. Il doit être dépensé sinon l’entreprise le perd. Donc,
les salariés sont sollicités pour choisir un stage, en
principe dans le droit fil de leur activité.
En ce début des années quatre-vingt, l’informatique a le
vent en poupe. On forme tous azimuts. Cela n’a aucun
sens. Les gens sont envoyés en stage de programmation
alors qu’ils ne sont que des utilisateurs potentiels. C’est un
peu comme si pour conduire sa voiture il était nécessaire
de suivre un stage de conception mécanique.
Donc, ce lundi matin, dans une rue adjacente aux
Champs-Élysées, au troisième étage d’un immeuble cossu,
je me retrouve en compagnie de personnes venant de
différentes sociétés ayant fait le même choix et la même
erreur que la mienne en matière de formation. L’animateur
installe chacun d’entre nous devant un clavier et un écran
puis nous distribue un petit rectangle de carton sur lequel
nous sommes invités à inscrire nos noms et prénoms
respectifs. Quand le feutre qui circule, arrive à ma place, je
note le plus lisiblement possible mon nom : Michel
Cuvier. Ma voisine, Juliette Joly, en fait de même.
Pour compléter ce que nous pouvons observer sur les
bristols des stagiaires, l’animateur provoque un tour de
table en commençant par se présenter lui-même. Après dix
petites minutes, nous savons grosso modo qui fait quoi,
où, dans quelle boîte, à quel niveau, etc.
Enfin, ce pourquoi nous sommes là commence. Nous
voici partis dans l’assimilation de nos premiers rudiments
13 de programmation sous DOS. C’est gaguesque ! Il me
semble immédiatement évident que cela ne servira jamais
à personne de cette assemblée dans le cadre de l’activité
professionnelle. Imaginez une réunion de sportifs,
rugbymen, footballeurs, judokas, cyclistes, par exemple, à qui il
serait prévu d’apprendre la technique du tricot. Dès les
premières explications relatives au point mousse ou au
point Jersey, certains esprits cesseraient d’être concentrés.
C’est ici un peu le cas. Par politesse, chacun s’emploie à
copier les directives de l’animateur mais sans zèle ou
intérêt particulier. L’ambiance devient naturellement bon
enfant et l’on papote de-ci de-là.
Le plus pratique pour discuter étant de s’adresser à son
voisin, je me tourne naturellement vers Juliette. En effet,
mon voisin de gauche, Jean-Jacques, est un gros barbu
suiffeux dont l’odeur colle parfaitement à l’aspect bourru.
Je préfère le sourire, le parfum et le petit minois de
Juliette. D’ailleurs, le courant passe instantanément en
alternatif. En d’autres termes elle est très réceptive à ma
jovialité. Histoire d’en rajouter, l’animateur décide de
nous mettre en binôme pour faciliter l’avancement, plutôt
laborieux, de notre démarche programmatrice. Alors je
crains le pire, car lorsqu’il compte, il m’associe à l’ours
Jean-Jacques, à ma gauche. C’est grâce à un concours de
circonstances que dans un deuxième temps je me retrouve
avec Juliette. Un superbe fayot avait décidé de rester seul.
Dieu soit loué et les fayots aussi !
Donc, et pour le coup, j’ai vu le visage de Juliette
s’assombrir et s’épanouir de nouveau à la bonne nouvelle.
Nous voici binômes pour la journée au moins, pour la
semaine peut être et pour la vie si Dieu le veut.
Quelle pensée saugrenue ! Je la connais à peine et je
m’imagine prêt à tout lui donner ? Dans la vie, il y a des
choses plus fortes que soi. Il ne s’agit pas de réfléchir, de
faire des projets ou quoi que ce soit. Je sens juste que je
suis près d’elle pour peut-être une heure seulement et
14 pourtant, maintenant que nous avons rapproché nos
chaises de quelques centimètres, je n’ai plus envie que cela
cesse. Je peux même vous dire, toute prétention mise à
part, qu’il en va de même pour Juliette. Nous avons bougé
nos chaises précisément au même moment et ses yeux
brillants et illuminés de bonheur m’ont dit : « Que je vais
être bien avec toi ! »
Je lui ai probablement répondu la même chose avec
mon cœur car un merveilleux et timide sourire est venu
m’enivrer pour l’éternité.
En attendant, ces temps lointains, nous suivons plus ou
moins attentivement les instructions de notre professeur en
informatique et nous nous familiarisons avec ce langage
de spécialiste.
Quand vie