De lettres en lettres année 1925
292 pages
Français

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De lettres en lettres année 1925 , livre ebook

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Description

Ma bien chère Louise, à présent que le monde semble tourner à nouveau à peu près rond, te voilà donc repartie à Paris où une nouvelle existence t'attend. Comme j'en suis heureuse pour vous trois, quel soulagement pour ta vieille Mamet, vous allez pouvoir reprendre le cours interrompu, si tragiquement, de vos jeunes vies. Nous avons passé ensemble au mas toutes ces dernières années, nous aidant mutuellement, nous soutenant grâce à notre affection, pour traverser toutes ces épreuves. Quelle aide précieuse de pouvoir ainsi compter l'une sur l'autre, ma chère enfant, au milieu du chaos de la guerre! C'est grâce à cela que nous sommes arrivées à tenir malgré tout, durant toutes ces horribles années et à survivre vaille que vaille, puis comme tout le reste de la population française, nous nous sommes remises à espérer, afin que la vie reparte enfin. Mamet et sa petite-fille Louise ont repris en 1925 leur correspondance au milieu de ces étonnantes années folles, et de tout ce renouveau mêlé d'optimisme de la France d'après-guerre. Les lettres qu'elles s'échangent décrivent les événements de leurs vies, à travers ceux de l'actualité, tant française que mondiale, telle une belle fresque de l'histoire de France... Marie-Hélène et Isabelle Morot-Sir, avant tout mère et fille, ont délaissé leurs autres travaux littéraires, le temps de cette correspondance d'une autre époque pour endosser, à nouveau avec délices, ces deux personnages attachants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 septembre 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782342042146
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0086€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait













De lettres en lettres
année 1925






Isabelle et Marie-Hélène
Morot-Sir










De lettres en lettres
année 1925


















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IDDN.FR.010.0120542.000.R.P.2015.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2015


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www.plumedecigale.fr/
www.le-coin-des-livres-d-isabelle.fr/


A nos grands-parents/ou arrière-grands-parents qui ont vécu
ces années effroyables de la Grande Guerre, mais aussi ces
tourbillonnantes années folles qui l’ont suivie.

Janvier 2015
Des collines du Pan Perdu (Vaucluse)
à Čer ňosice (République Tchèque)





5 janvier 1925

Ma très chère enfant,

Les fêtes de Noël se sont passées si agréablement, cela a été
si doux d’être ensemble, nous avons cru un moment être
revenus à celles si lointaines de l’année 1912. Ces fêtes avaient alors
réuni au mas toute notre famille, elles avaient été si joyeuses, si
légères que nous ne pouvions pas nous douter que nous n’en
connaîtrions plus jamais d’aussi insouciantes, d’aussi
merveilleuses avec tous ceux que nous aimons…
Elles nous semblent, en ces premiers jours de ce mois de
janvier 1925, survenir d’un autre siècle après tous les
évènements terribles qui se sont succédé dans notre pays. Pourtant
nous relevons la tête, la vie repart pour tout un chacun et si nous
n’oublions rien, si notre chagrin est lourd, après avoir tout au
long de cette interminable guerre, conjugué toutes les deux tous
nos courages, depuis maintenant bientôt six ans, depuis la fin de
ces épouvantables combats, il est nécessaire de relever tous les
défis d’aujourd’hui. Nous le devons à tous ceux qui ont tant
soufferts, à tous ceux qui sont partis à jamais pour nous rendre
notre liberté, sur le sol de notre patrie, nous nous le devons à
nous-même, mais nous le devons aussi aux toutes jeunes
générations, celle de notre petite Melba, que nous ne pouvons pas
attrister avec ce lourd passé, et pour qui nous devons préparer la
route.
Ma bien chère Louise, à présent que le monde semble
tourner à nouveau à peu près rond te voilà donc repartie à Paris où
une nouvelle existence t’attend.
Comme j’en suis heureuse pour vous trois, quel soulagement
pour ta vieille Mamet, vous allez pouvoir reprendre le cours
interrompu, si tragiquement, de vos jeunes vies.
11 Nous avons passé ensemble au mas, toutes ces dernières
années, nous aidant mutuellement, nous soutenant grâce à notre
affection, pour traverser toutes ces épreuves. Quelle aide
précieuse de pouvoir ainsi compter l’une sur l’autre, ma chère
enfant, au milieu du chaos de la guerre !
C’est grâce à cela que nous sommes arrivées à tenir malgré
tout, durant toutes ces horribles années et à survivre vaille que
vaille, puis comme tout le reste de la population française, nous
nous sommes remises à espérer, afin que la vie reparte enfin.
Nous voilà au début d’une nouvelle année, cette année 1925,
le pays, les gens, tout semble empli d’un optimisme exubérant,
ce qui paraît un vrai miracle après toutes ces épreuves passées,
et l’existence peut enfin paraître, semble-t-il, à nouveau un peu
plus légère.
Est-ce que nous pouvions nous douter de tout ce que nous
allions devoir vivre, lorsque tout le monde s’est aperçu en 1915
que cette guerre allait s’éterniser, alors que partis « la fleur au
fusil » tous nos vaillants défenseurs pensaient revenir
rapidement, en quelques semaines à peine ?
Certes il a bien fallu trouver de la main d’œuvre, au moment
où les hommes en âge de se battre étaient tous au front.
Pourtant, il restait bien les adolescents ainsi que quelques ouvriers
étrangers, ou quelques coloniaux, qui ont c’est certain, apporté
plus que vaillamment leurs bras, mais ce sont surtout nous les
femmes, qui avons remplacé partout et dans tous les domaines,
ceux qui étaient sur le champ de bataille.
Jusqu’au fond des campagnes nous avons dû totalement
assurer toutes les fonctions, que ce soit cordonnier,
maréchalferrant, boulanger, garde-champêtre, et que sais-je encore…
Les villages et les bourgs de l’arrière, semblaient peuplés
d’une société étrange, dépourvue d’hommes jeunes, en dehors
de quelques rares et épisodiques permissionnaires ou alors,
hélas, de ces pauvres « gueules cassées » revenues au pays, mais
dans quel état !
Le Président Wilson a d’ailleurs salué notre courage à nous
toutes, les femmes Françaises :
« Sans les Françaises, la guerre n’aurait pas pu être gagnée »
Celles qui poussant la charrue par tous les temps, comme
nous l’avons fait toutes les deux ici, aidées de notre seule et
chère Félicie, ont pris en main les destinées des exploitations
12 agricoles, labourant, semant, hersant, fauchant à la main,
sulfatant et taillant la vigne.
C’est exactement ce qui s’est passé, si l’on se penche un
instant sur cet extraordinaire travail entrepris, sans vouloir être
présomptueuses ou remplies d’orgueil, nous les femmes
françaises, n’ayons pas peur de le dire, nous sommes en effet
devenues réellement héroïques, oui, je crois bien que c’est le
mot, un peu malhabiles certes, au début, mais vers 1918 toutes
nous avions acquis tant de savoir, tant de savoir-faire dans notre
partie, que nous avons pu, non seulement nous nourrir, mais
aussi nourrir notre pays en guerre.
On a observé que celles des villes s’étaient s’engagées en
grand nombre dans les usines d’armement, mais les journées de
douze heures, sans repos hebdomadaire, eurent vite raison de
l’enthousiasme de ces « munitionnettes » pourtant elles n’ont
jamais renoncé, malgré la difficulté, elles se sont plus que
jamais accrochées, contre vents et marées pour notre pays !
Voilà du véritable courage !
L’engagement en masse des femmes dans le monde du
travail a finalement transformé les habitudes des ateliers et des
bureaux, où toutes elles ont fait la preuve qu’elles pouvaient
remplacer les hommes…
Pourtant après la guerre, nous avons assisté à une attitude
bien arbitraire et injuste de la part du gouvernement et des
syndicats, en effet ils les ont très vite, trop vite même, invitées à
rentrer dans leurs foyers !
Drôle de reconnaissance !
Peut-être, peut-on comprendre toutefois, qu’il fallait que les
combattants revenus enfin dans leurs foyers, retrouvent toutes
leurs places dans leur ancien travail. Cependant désormais, on
ne pourra plus jamais changer le regard de la société sur
l’évolution des femmes, elles auront non seulement démontré
tout à fait nettement, qu’elles étaient aussi capables que les
hommes, mais en plus elles se le seront aussi démontré à
ellesmêmes.
Les femmes ont alors réellement pris conscience de leur

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