Jorge Volpi
253 pages
Français

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Jorge Volpi , livre ebook

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Description

L'esthétique de l'ambigu dans les romans de Jorge Volpi se caractérise par la dialectique qui s'établit entre l'extreme organisation des ressources narratives et la multiplication des possibles de lecture, ainsi que par la tendance généralisée de la fiction à attirer dans sa sphère les éléments du réel.
A travers l'étude des voix narratives ainsi que des formes intertextuelles et interdiscursives dans les romans A pesar del oscuro silendo, El temperamento melancôlico, En busca de Klingsor et El fin de la locura il s'agit dans ce travail de voir comment cette utilisation de l'ambigu peut être lue comme forme de révolte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 84
EAN13 9782296699366
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jorge Volpi
ou l’esthétique
de l’ambiguïté
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11913-0
EAN : 9782296119130

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
Sara Calderón


Jorge Volpi
ou l’esthétique
de l’ambiguïté


Préface de Jorge Volpi


L’Harmattan
Classiques pour demain
dirigée par Daniel-Henri Pageaux


Cette collection rassemble des études sur des écrivains de notre temps, consacrés par le succès dans leur pays (francophones ou de langues ibériques en particulier), pour lesquels il n’existe pas encore d’approches critiques en français. Elle vise donc à diffuser auprès du public étudiant et de lecteurs soucieux de s’ouvrir aux littératures étrangères des parcours et des propositions de lectures, voire une base de documentation bibliographique.


Dernières parutions

Silvia AMORIM, José Saramago. Art, théorie et éthique pour demain, 2010.
Karin DAHL, La réception de l’œuvre de Stig Dagerman en France, 2010.
Bertrand CARDIN, Lectures d’un texte étoilé. Corée de John McGahern, 2009.
Juan Carlos BAEZA SOTO, Emilio Prados, L’absolu solitaire , 2008.
Philippe GODOY, Le Guépard ou la fresque de la fin d’un monde, 2008.
Jean-Igor GHIDINA, Carlo Sgorlon, romancier frioulan. Société, mythe, écriture , 2008.
Lucia DA SILVA, David Mourão-Ferreira , 2005.
Marcelo MARINHO, João Guimarães Rosa , 2003.
François PIERRE, Francisco Umbral ou l’esthétique de la provocation , 2003.
Françoise MORCILLO, Jaime Siles : un poète espagnol "classique contemporain", 2002.
Dorita NOUHAUD, Isaac Goldemberg ou l’homme du Livre , 2002.
Anouck LINCK, Andrés Caicedo, un météore des lettres colombiennes , 2001.
Dorita NOUHAUD, Luis Rafael Sánchez dramaturge, romancier porto-ricain, 2001.
Emmanuel LE VAGUERESSE, Juan Goytisolo, écriture et marginalité , 2000.
Madeleine BORGOMANO, Ahmadou Kourouma, le "guerrier" griot, 1998.
Jeanne-Marie CLERC, Assia Djebar. Ecrire, transgresser, résister, 1997.
André DJIFFACK, Sylvain Bemba. Récits entre folie et pouvoir, 1996.
Jean-Claude VILLAIN, Jean-Max Tixier : à l’arête des mots , 1995.
Michela LANDI, Mario Luzzi fidèle à la vie , 1995.
Marie CHEVALLIER, Marc Alyn, la voix, la voyance , 1994.
Françoise NAUDILLON, Jean Metellus , 1994.
Daniel-Henri PAGEAUX (éd.), Ernesto Sábato, 1993.
A mes parents, qui m’ont appris à lire, et à mes sœurs.

A Jacqueline et à Henri.

A Mónica et John, à Corinne et Juan, à Verónica, à Karim
et à tous ceux qui par leur force, leur cohérence et
leur générosité montrent le chemin.

A Jorge Volpi, pour ses textes inépuisables.
Ma thèse de doctorat est à l’origine de ce volume. Convié à assister à ma soutenance en tant que membre du jury surnuméraire, Jorge Volpi s’était exprimé à son propos, avec l’esprit et la verve qui le caractérisent, dans les termes ci-dessus rapportés que je traduis. Ces considérations comportent l’intérêt évident de laisser transparaître le regard que l’auteur porte sur ce travail, favorisant un échange de points de vue sur son œuvre.
Sara Calderón
Préface de Jorge Volpi
L’on connaît l’anecdote suivant laquelle, lorsque le directeur du département de littérature de l’Université de Cornell, aux Etats-Unis, proposa d’incorporer le romancier Vladimir Nabokov au corps enseignant, le célèbre professeur Roman Jakobson s’y opposa en ces termes : « Quand a-t-on vu un éléphant enseigner la zoologie ? » En assistant aujourd’hui à l ’ Université François Rabelais de Tours en tant que membre du jury à la soutenance de la thèse de Sara Calderón, dont le titre est De l’esthétique de l’ambiguïté dans la fiction de Jorge Volpi , je me sens dans une position similaire et peut-être devrait-ce être moi-même qui demande : « Quand a-t-on vu un éléphant examiner la thèse d’un zoologue ? » . Parce que, à la suite d’un hasard qui semble le produit de l’un de ces jeux métatextuels qui me fascinent tellement et que Sara Calderón examine avec tant de soin, il se trouve que je suis ce Jorge Volpi auquel se rapporte son étude, ou c’est du moins ce que je crois. Sans fausse modestie, je ne pourrais pas me sentir plus flatté : non seulement quelqu’un a pris le temps et a fait l’effort de lire mes romans, et d’écrire plus de quatre cents pages à leur propos, mais en plus sa directrice de recherche a eu la hardiesse de m ’ inviter à en juger le résultat. Qui suis-je pour juger un lecteur et, plus encore, un lecteur professionnel comme Sara Calderón ? En quelle mesure puis-je être objectif face à ses opinions ? Que puis-je apporter, moi, en tant qu’auteur de romans qui ont été minutieusement décortiqués par elle ? Ou, en de termes plus généraux, comment doit se comporter un écrivain face à ses critiques ?
Mon premier roman, A pesar del oscuro silencio {1} , dont la composition narrative est savamment analysée par Sara Calderón dans sa thèse, se penchait déjà sur certains de ces sujets. Le narrateur, qui se nomme Jorge, est obsédé par la vie du poète Jorge Cuesta au point de commencer à la revivre (ou c’est ce qu’il pense), en un jeu de miroirs qui finit par former une sorte de trinité de Jorges, ce qui rend déjà bien compte de ma démesure et de mon orgueil. En l’écrivant, je ne pouvais pas imaginer que tant d’années plus tard Sara Calderón et Mónica Zapata mèneraient cette récurrence de Jorges à ses dernières limites, m’obligeant à me dédoubler en deux autres personnes, non seulement différentes mais antagoniques – Jorge Volpi, romancier, et Jorge Volpi, professeur –, dont l’incompatibilité de caractère est manifeste. Tandis que Jorge-Volpi-professeur doit lire la thèse de Sara Calderón avec la même distance avec laquelle il affronterait un essai portant sur la vie d’un obscur écrivain ruthène du XVIII, Jorge-Volpi-romancier se voit obligé à garder le silence, à taire ses objections, à camoufler sa vanité et à s’effacer au milieu des commentaires prétendument neutres de son alter ego ou, disons-le une fois pour toutes, de son rival. Parce que, malgré leur complicité déclarée, le professeur et le romancier ne peuvent que se détester, s’affrontant à mort dans une querelle pour la prééminence de leurs voix. Dans un déploiement de cruauté, Sara Calderón et Mónica Zapata mettent en scène aujourd’hui, ici, sous vos yeux, une lutte qui bien que souterraine et ambiguë, pour utiliser le terme préféré de Sara, n’en est pas moins cruelle : le Docteur Jekyll et Mister Hyde réunis dans cette salle, obligés à s’entendre et à se céder respectueusement la parole, alors qu’en réalité ils ne voudraient que se détruire mutuellement.
Après cet avertissement, je procède au commentaire de la thèse de Sara Calderón, en espérant que vous saurez reconnaître lequel des deux Jorges s’exprime à chaque instant. La première observation que le professeur Volpi s’aventure à faire est que, après une lecture passionnante de la thèse de Sara Calderón, il se sent de plus en plus disposé à lire les livres du romancier mexicain et il promet que, dès qu’il aura un peu de temps – pour l’instant il se concentre sur les œuvres complètes d’un obscur romancier ruthène –, il explorera pour la première fois les pages de El temperamento melancólico et En busca de Klingsor {2} . Le romancier Jorge Volpi adhère à l’opinion de son collègue ; d’ailleurs, il trouve que l’analyse réalisée par Sara Calderón est bien plus intéressante que les romans qu’elle analyse. Et il ne se permet de faire qu’une objection : en dépit de l’effort évident de la candidate pour donner une image positive de sa personne, le romancier ne se reconnaît pas tout à fait dans les « Eléments biographiques » qui figurent au début de son travail. Et surtout, il se sent mal à l’aise en constatant que, dans ses étendues considérations à propos du groupe Crack, Sara Calderón s’éloigne de la plupart des critiques lorsqu’elle entrevoit son sens ultime : « On pourrait également se demander si la « broma literaria » n’est pas en réalité une « broma » perverse destinée à détraquer les mécanismes d’une critique opérant avec des catégories jugées trop rigides par les auteurs, une « broma » qui entrerait naturellement dans le cadre des relations d’amour-haine que le groupe a toujours entretenues avec sa critique » . Après cette affirmation Sara Calderón ose conclure : « la question reste en suspens » .
Le premier élément que le professeur Volpi souhaiterait mettre en avant dans le travail de Sara Calderón est son angle d’approche : « l’esthétique de l’ambiguïté » . Une approche qui, comme le travail le démontre en variant les points de vue et les arguments, semble convenir parfaitement à une œuvre qui se veut ouverte, rebelle, capable de remettre sans cesse en question les vérités établies. (Le romancier Volpi ne se trouve pas si ambigu, mais pour cette fois il préfère garder le silence et acquiescer). Suivant le modèle méthodologique français, Sara Calderón structure son travail en trois parties, respectivement consacrées à analyser les formes et les problèmes de la narration dans A pesar del oscuro silencio, En busca de Klingsor et El fin de la locura {3} ; l’intertextualité et l’interdiscursivité dans El temperamento melancólico et, enfin, la parodie dans En busca de Klingsor et El fin de la locura. Le romancier trouve cette division à première vue arbitraire mais, une fois constatées la rigueur et l’imagination de l’approche, remarquablement efficace. Le romancier Volpi n’a qu’une autre objection à faire : il considère que Sara Calderón prête beaucoup trop d’attention à l’essai d’Eloy Urroz, La silenciosa herejía. Forma y contrautopía en las novelas de Jorge Volpi, car il a l’impression qu’elle oublie que Monsieur Urroz est aussi un romancier et, donc, un menteur dont toutes les affirmations ne doivent pas être prises pour de l’argent comptant (et plus encore si l’on tient compte de la profonde amitié qui le lie à l’auteur)

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