La Petite Chevêche

Denis Breton

Description

« Pour une petite chevêche, c'était une histoire à dormir couchée. C'est impensable, ce qui m'arrive. C'est une histoire de fou. Une chevêche ne peut pas succéder à un archevêque. Aucun croyant ne pourra accepter une telle succession. On est en plein délire. Cet archevêque est complètement fou. Il avalise sans le moindre esprit critique la décision d'un pape qui a perdu la tête. Tous les arguments sensés militent contre cette idiotie. Il y a la séparation des espèces. Et puis il y a la responsabilité de porter une charge qui dépasse les capacités physiques et intellectuelles d'une chevêche. Sans compter qu'on ne peut faire semblant, il faut croire et bien plus faire croire. — Non, c'est pas possible ! J'ai dû faire un mauvais rêve, murmura-t-elle. » Et ce n'est là que le début des tribulations et autres tracas de l'héroïne de D. Breton qui, avec « La Petite Chevêche », renoue avec la tradition du conte philosophique. Réalisme magique et réflexion s'allient ainsi tout au long d'un texte qui, avec un humour pince-sans-rire, questionne le religieux et le politique, le social et l'humain, la violence et le progrès... Dérangeante et stimulante, distrayante et balançant entre raison et folie douce, voici une œuvre romanesque ô combien étonnante et détonante.

Sujets

• Sciences humaines et sociales
• Lettre
• Réflexion
• Littérature

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 04 septembre 2014
• Nombre de lectures: 15
• EAN13: 9782342028201
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

La Petite Chevêche

Denis Breton La Petite Chevêche

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0119830.000.R.P.2014.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2014

Préface

Jamais l’homme ne perçoit mieux son humanité que dans les figures de ce qui semble son contraire : le monde animal. Mythes, contes et fables déclinent toutes les varié- tés possibles des actions et des sentiments humains par le truchement des espèces vivantes – mammifères ou oiseaux de préférence, mais aussi insectes, poissons et reptiles. Cela fait beaucoup de monde, mais peut-être n’en faut-il pas moins pour traduire la complexité apparemment sans limite de l’animal parlant. Tout se passe comme si nous reconnaissions d’emblée dans les formes animales des traits de caractère et des attitudes morales propres à notre humanité. Cette projection dans l’élément autre semble avoir d’emblée une valeur de révélation permettant de situer les lignes et les enjeux d’une action et du coup d’un récit. On sait immédiatement de quoi le renard, le buffle, l’aigle, le tigre, l’ours, le serpent, la grue, le cygne, la co- lombe ou le papillon (parmi tant d’autres…) seront capables et seront les emblèmes. Chaque espèce vaut comme un type qui nous dit une part de nous. Que cette parenté immémoriale soit restée entière, comme en témoi- gne aujourd’hui le cinéma d’animation peuplé d’animaux de toute sorte, ne devrait pas nous étonner.Homo sapiens a émergé voici près de 200 000 ans ; nous avons donc été chasseurs-cueilleurs durant 95 % de notre existence, évo- luant dans une étroite communion avec le monde environnant. Nous prêtions alors aux autres vivants les mêmes pensées et sentiments qu’à nous-mêmes (c’est ce qu’on a appelé l’animisme) et dans certains cas nous les prenions comme référence pour nous classer entre nous ou

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créer avec eux des lignées communes (et telle est l’opération du totémisme). Que cette mémoire millénaire reste vive, qu’elle soit capable d’être constamment réacti- vée dans notre perception des figures animales et dans notre interaction même limitée avec nos animaux domes- tiques, voilà qui est rassurant sur la profondeur de notre empathie envers les autres espèces et sur la capacité qui reste la nôtre de communiquer avec elles – du moins de le désirer. C’est sur fond de cet héritage toujours vif et de cette capacité intacte que Denis Breton a conçu l’étonnant récit d’une chouette, appartenant à la variété chevêche (petite, trapue, air sérieux) pour nous en narrer le destin hors du commun. On se doute qu’avec un texte sous-titréconte philosophique, le choix de l’oiseau n’est pas quelconque. Ce volatile est connu comme symbole de la sagesse, elle- même liée à la déesse Athéna (ou Minerve pour les La- tins). Cette chevêche sera donc par hypothèse la représentante de la raison raisonnable, capable de juger avec mesure, ouverte à la contradiction, sensible aussi et cependant imparfaite comme le sont toutes les créatures finies. Elle incarne la philosophie au mieux de sa mission. Celle qui incombe à l’héroïne de cette histoire est insolite. Car quoi de plus dérangeant, de plus inattendu pour cet emblème de la pensée émancipée de l’emprise des rites et des mythes, pour cette figure de la laïcité, que de se voir transmuée de chevêche en « archevêche » ! Voici la cham- pionne supposée de l’agnosticisme invitée – contrainte presque – à prendre en charge le destin de la religion à travers une de ses expressions les plus riches – ou encom- brées – de vieux rituels : l’église catholique. Cela se passe en France cependant où des compromis et ajustements nombreux ont depuis longtemps été conclus entre le clergé et la République. En outre cela se passe dans un âge sans âge ; dans ce qu’on pourrait appeler un futur-rétro (un peu comme dans le filmBrazilune technologie futuriste où

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