La quête identitaire chez les écriviains de la moyenne vallée du fleuve Sénégal
257 pages
Français

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La quête identitaire chez les écriviains de la moyenne vallée du fleuve Sénégal , livre ebook

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Description

Le livre de Coudy Kane, sur un sujet inédit, apparaît comme une oeuvre incontournable de référence sur la littérature africaine et ses enjeux. C'est, en effet, la première fois qu'un critique africain se penche sur les romans d'un terroir précis : le Fouta-Toro. Cette étude met à jour la dynamique interne des oeuvres de Cheikh Hamidou Kane, Abdoulaye Elimane Kane, Aboubacry Moussa lam et Tene Youssouf Guèye, et Coudy Kane nous dévoile toutes leurs richesses littéraires et leurs saveurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 106
EAN13 9782296686427
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La quête identitaire chez les écrivains
de la moyenne vallée du fleuve Sénégal
Dernières parutions
chez L’Harmattan-Sénégal

KANE Abdourahmane, Destin cruel, roman, janvier 2010.
BA Daha Chérif, Crimes et délits dans la vallée du fleuve Sénégal de 1810 à 1970, collection études africaines, janvier 2010.
SARR Pape Ousmane, Les déboires de Habib Fall, suivi de Blessures de mon pays, nouvelles, décembre 2009.
MIKILAN Jean, Le conseil des Esprits, décembre 2009.
CHENET Gérard, El Hadj Omar. La grande épopée des Toucouleurs, théâtre, novembre 2009.
BARRO Aboubacar Abdoulaye, École et pouvoir au Sénégal. La gestion du personnel enseignant dans le primaire, novembre 2009.
GAYE FALL Ndèye Anna, L’Afrique à Cuba. La regla de osha : culte ou religion ?, octobre 2009.
CHENET Gérard, Transes vaudou d’Haïti pour Amélie chérie, roman, septembre 2009.
NDAO Mor, Le ravitaillement à Dakar de 1914 à 1945, août 2009.
Coudy KANE


La quête identitaire chez les écrivains
de la moyenne vallée du fleuve Sénégal


L’H ARMATTAN - SÉNÉGAL
© L’H ARMATTAN - SENEGAL , 2010
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
senharmattan@gmail.com

ISBN : 978-2-296-10265-1
EAN : 9782296102651

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
PRÉFACE
Le livre de Coudy Kane qui porte sur un sujet inédit apparaît comme un modèle d’originalité. C’est la première fois qu’un critique africain se penche sur les romans d’un terroir précis. Travail de pionnier donc que cet essai portant sur un ensemble d’œuvres qui ont comme caractéristiques communes d’être produites par des hommes d’un même terroir qui s’appelle le Fouta-Toro.
Le mérite de l’auteur est d’avoir réussi à choisir des romanciers contemporains d’inspirations diverses mais doués de la même sensibilité. À travers leurs œuvres respectives, Les Gardiens du Temple, Markere, La fièvre de la terre, Rêlla ou les Voies de l’Honneur, la quête que mènent Cheikh Hamidou Kane, Abdoulaye est revisitée par Coudy Kane qui nous guide Elimane Kane, Aboubaciy Moussa Lam et Tene Youssouf Guèye à travers les rites et les mythes de la moyenne vallée du fleuve Sénégal.
Cette étude met à jour la dynamique interne des œuvres analysées et dévoile, en même temps que leurs richesses littéraires, les saveurs, les odeurs et les valeurs poular. Elle fait apparaître leurs relations intertextuelles tout autant que le réalisme spatial et temporel qui en informe le sens et l’essence.
Le livre bien documenté et bien agencé est l’œuvre d’un critique très versé dans les techniques nouvelles de l’analyse littéraire mais qui ne tombe jamais dans le jargon obscur de la critique contemporaine. Les différents niveaux de signification des œuvres, la thématique et les enjeux de l’écriture font l’objet d’une minutieuse exploitation.
Coudy Kane multiplie les clefs pour ouvrir les multiples portes de ces univers romanesques complexes. En faisant revivre les êtres et les choses, les récits et les légendes, les fêtes et les drames du Fouta, elle restitue aux lecteurs de ces œuvres une fresque monumentale de ce terroir qui est également le sien.
L’expression est claire, concise et élégante avec un souci admirable de la nuance et de la précision qui confère à l’ouvrage une grande valeur scientifique et pédagogique.
Pour tous ceux qui s’intéressent au passé, au présent et au devenir de ce terroir, pour tous ceux qui veulent comprendre les enjeux de la littérature africaine ujourd’hui, cet ouvrage s’impose comme une œuvre incontournable de référence.

Pr Oumar Sankharé (UCAD)
Pr Abdoulaye Elimane Kane (UCAD)
INTRODUCTION
Au regard de la thématique autour de laquelle se déploient les romans des écrivains foutanké d’expression française, leur projet global reste dominé par une réflexion nourrie sur l’homme foutanké {1} et la terre, les coutumes et les traditions pulaar, l’islam et la colonisation, le fleuve…, une envergure qui explique et justifie la présente étude qui s’en tiendra strictement à ce choix bien précis : la quête identitaire dans le roman des écrivains originaires de la moyenne vallée du fleuve Sénégal : Les Gardiens du Temple {2} de Cheikh Hamidou Kane, Rellâ ou les Voies de l’Honneur {3} de Tene Youssouf Gueye, La fièvre de la terre {4} d’Aboubaciy Moussa Lam et Markere {5} d’Abdoulaye Elimane Kane.
Cette quête identitaire se focalisera essentiellement sur le sujet quêteur. Au Fouta, comme partout ailleurs au Sénégal et en Afrique, des mutations n’arrêtent de s’opérer dans tous les domaines de la société, mettant à mal certaines structures et certaines valeurs. Cette crise débouche sur une réaction immédiate des gens de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, pour faire face à une telle situation. Dès lors que l’homme de la vallée décide de prendre son destin en main, sa quête se dessine et se pose en termes de défis ou de transgressions.
Ainsi, à travers leurs fictions romanesques, les auteurs du corpus, en mettant en évidence cette quête, font apparaître les reflets des réalités parfois dures de la société pulaar. Celle-ci est accomplie par leurs héros en vue de combler le manque dû, en partie, au malaise socio-économique qui secoue leur terroir. De telles considérations permettront sûrement de saisir l’importance de la quête identitaire chez les romanciers foutanké. C’est grâce à son itinéraire que le lecteur pourra cerner tous les aspects de la civilisation pulaar. Sa quête trouvera, effectivement, son aboutissement dans un plus solide ancrage dans le terroir.
L’intérêt de cette notion de quête a déjà été souligné par de nombreux écrivains noirs. Ayant vécu la colonisation, le Noir est en perpétuelle quête d’identité et d’indépendance ; c’est pourquoi ce thème reste très présent dans la littérature africaine, et les romanciers de la vallée n’échappent pas à la règle. En effet, ils traitent la quête sous des formes souvent très variables : voyage, poursuite, méditation, en vue d’objets très divers : identité, honneur, mieux-être, savoir. C’est dire que la quête constitue un thème récurrent dans la littérature des Africains en général, des écrivains foutanké en particulier. Cette recherche se focalisera sur le thème du point de vue littéraire et s’appuiera sur un certain nombre d’œuvres appartenant à l’espace francophone et écrites par des romanciers originaires du Fouta-Toro. À partir de ce moment, les critères de validation de ces choix se dessinent :
la société traditionnelle africaine qui est montrée sous différents éclairages ;
les questions cruciales liées à la rencontre entre l’Afrique et l’Occident et à la survie de la paysannerie se trouvent au centre des débats qui, sans doute, continueront longtemps encore à préoccuper écrivains et autres intellectuels.
Cheikh Hamidou Kane, le premier romancier de la moyenne vallée du fleuve Sénégal et le plus connu, publie un nouveau roman, Les Gardiens du Temple {6} , qui paraît plus de trente ans après l’aventure ambiguë {7} , son premier roman dont l’itinéraire du héros renvoie à la problématique d’une société africaine tiraillée entre le désir de rester fidèle à ses valeurs traditionnelles et la fascination pour la science et la civilisation occidentale.
Les Gardiens du Temple retrace une histoire qui se situe entre la tradition et la modernité, entre le sous-développement et l’industrialisation, entre la tyrannie et la démocratie. Cet ouvrage est frappant par son caractère binaire. Dès les premières pages du roman, le narrateur montre que « Deux lumières éclairent le pays des Diallobé : la haute lumière qui tombe du ciel et son reflet tendre dans l’âme des hommes {8} ». Sous une forme où le conflictuel au départ est résolu à la fin, cette dualité traverse d’un bout à l’autre le texte. Ainsi, en est-il de la tradition et de la modernité, des civils et des militaires qui apparaissent davantage comme les garants de l’ordre dans la cité. À cet égard, le lecteur ne peut s’empêcher d’avoir de la sympathie pour le chef de l’État-major de l’armée nationale, le Général Moriko, qui réussit simultanément à éviter la fusillade du peuple en confinant l’armée dans les casernes et à improviser « une thérapie de la palabre ». En procédant de la sorte, l’auteur réhabilite l’art de la palabre, moyen par lequel la société africaine traditionnelle résolvait jadis ses conflits.
Les questions soulevées par C. H. Kane dans son roman semblent préoccuper les différents romanciers du corpus. Déjà, avant la parution de ce deuxième ouvrage, Tene Youssouf Gueye publiait son premier roman, Rellâ ou les Voies de l’Honneur {9} . C’est surtout en observateur attentif et soucieux du détail vrai et frappant que Gueye a tenu à peindre la société pulaar de la période coloniale, à travers notamment la manifestation de ses coutumes.
Il rend compte de la tradition poular à travers la cérémonie rituelle du mariage. Ce roman montre comment la société traditionnelle exerce un contrôle indirect mais vigilant sur la sexualité de ses membres et comment la mbômri {10} était ainsi amenée à franchir progressivement différentes étapes initiatiques la conduisant sans heurts à son rôle d’épouse et de future mère. L’image de la femme foutanké déborde de partout ; elle occupe presque complètement l’espace et le temps romanesques ; et pourtant, on a affaire à une société patriarcale. Jeune épouse fière, digne et généreuse dans toutes les circonstances, Rellâ n’échappera cependant pas à la condition qui est faite, la plupart du temps, aux femmes de la vallée, elles qui ont appris très tôt à attendre un mari éternel voyageur. Hamma, son époux sera obligé de quitter le sol natal dans des conditions dramatiques, il sera retenu par la conscription. Dans son livre, Tene Youssouf Gueye traduit toute sa piété envers la tradition poular que les temps sont sur le point d’effacer.
« Si la tradition s’en va les chroniques veillent ». Alors, Aboubacry Moussa Lam {11} décide de se consacrer à

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