Ma soeur Touria, première aviatrice du monde arabe
136 pages
Français

Ma soeur Touria, première aviatrice du monde arabe , livre ebook

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136 pages
Français

Description

Dans les années 50, le Maroc était encore sous protectorat français. Malgré les obstacles, Touria Chaoui, à tout juste 16 ans, décroche le 17 octobre 1951 son brevet de pilotage délivré par l'armée de l'air française. Dans un Maroc qui revendiquait son indépendance, la jeune fille devint un symbole de militantisme et d'émancipation de la femme marocaine. Elle fut assassinée le 1er mars 1956 ; ce crime est toujours non élucidé. Son jeune frère, qui a assisté à sa mort, a décidé de lui rendre hommage à travers ce livre.

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Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2017
Nombre de lectures 34
EAN13 9782140039409
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

haoui
Salah Eddine Chaoui
Ma sœur Touria,première aviatricedu monde arabe
Ma sœur Touria,
première aviatrice du monde arabe
Salah Eddine CHAOUIMa sœur Touria,
première aviatrice du monde arabe
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11793-5 EAN : 9782343117935
Préface:
A ma chère sœur Touria
Tu nous as quittés à l’aube de tes vingt ans, si subitement, si brutalement, si tragiquement, ce soir du jeudi Ier Mars 1956, veille de l’indépendance du Maroc, ce jour que tu attendais tant et pour lequel tu avais dédié toute ton existence, courte mais riche.
Le nom de Touria en arabe, signifie « étoile polaire ». Ta trajectoire fut stoppée net par la balle de l’assassin qui guettait ta joie dans la foule. Ceux qui ont effacé le symbole que tu étais ont choisi cette journée de liesse populaire afin que la détonation de la balle meurtrière soit mêlée aux bruits des feux d’artifice. Ces pétards, que tous les enfants de Casablanca, pistolet de jeu à la main, faisaient exploser pour manifester avec les adultes de leur soulagement de la fin du protectorat français au Maroc ont couvert un crime ignoble, injustifié et non élucidé à ce jour.
L’enfant que j’étais, alors âgé de onze ans, dans sa naïveté naturelle, ne pouvait s’imaginer qu’une scène insoutenable devait marquer à jamais sa mémoire.
Après avoir félicité les élèves de l’institution que tu avais créée, à l’occasion de ce moment tant attendu, tu me ramenais tranquillement à bord de ta Morris verte vers le domicile familial. Ce bout de chemin, que nous avions fait ensemble assez souvent, qui séparait l’institution de notre maison du 32 rue de Bergerac, s’avéra être notre dernier trajet. Nous avions échangé,
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comme à notre habitude, quelques plaisanteries ; tu m’avais questionné sur mon après-midi vacant, sur les dessins que j’avais réalisés car tu étais sensible à mon amour de l’art .Tu m’encourageais, toi qui espérais me voir devenir un jour un grand peintre. Combien tu as manqué plus tard, à mes vernissages !
Tu avais la joie de la citoyenne sincère, de la jeune Marocaine qui voyait enfin s’ouvrir le chemin de la liberté. La libération de la jeune fille opprimée, cloîtrée, manipulée fut ton éternel combat. L’aviation fut ta passion mais également le symbole de ce sentiment de liberté qui t’habitait. Tu m’as offert ce privilège, si honorable mais si tragique, d’assister à ton départ, de recueillir tes derniers rires. La complicité qui nous unissait était si forte que le destin a voulu, avant que nous nous séparions, que je garde ton dernier regard, avant que celui-ci ne devienne immobile et dont je ne comprenais pas la tragique expression, pensant que tu m’écoutais encore, avec ta tendresse fraternelle. La réalité fut si atroce que j’ai mis du temps à reconnaître l’évidence attiré par les cris de notre mère qui avait, à partir du balcon familial, assisté à ton exécution. Cette image fut si forte que j’en garde, malgré les soixante ans passés, les moindres détails, à la seconde près. Je venais de comprendre que la main armée qui s’était approchée de la portière, que j’avais prise pour celle d’un ami du quartier tenant un jouet, était celle du bourreau qui avait mis un terme à la vie de l’être exceptionnel que tu étais. Ton départ si inattendu, si prématuré, a laissé un manque et une plaie inguérissable dans notre foyer. Ce soir là, celui du meurtre, j’étais un être fragile
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qu’on protégeait, ne réalisant pas encore l’étendue de sa solitude. Le drame qui frappe un enfant met du temps avant de prendre toute son ampleur. Son innocence n’est pas préparée à l’évidence de la mort. On ramena ton corps à la maison. Du haut de l’escalier je voyais le brancard. A tes pieds étaient posés ton sac et tes chaussures. Une tache de sang s’étalait sur le drap blanc qui te recouvrait. Tout était si cruel que je n’avais pas encore la force de pleurer. J’étais comme sous hypnose. J’avais l’impression d’irréalité. J’ai senti la lame de la douleur me pénétrer dans la chambre que nous partagions à la vue de ton lit vide. Je me demandais « est-elle réellement partie ? »
Etant ton frère unique, toute ma vie durant je n’ai cessé de donner ton exemple à mes enfants. Je pense qu’il est temps et de mon devoir de te rendre un ultime hommage à travers ce livre.
Je t’aime et je me souviendrai toujours de toi.
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Ton petit frère
Salah Eddine
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