Paysages urbains et mélancolie chez Orhan Pamuk
232 pages
Français

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Paysages urbains et mélancolie chez Orhan Pamuk , livre ebook

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Description

Istanbul est pour Pamuk ce que Paris est pour Baudelaire : une source inépuisable d'inspiration et de spleen. Mais en suivant la vie des écrivains étrangers de passage à Istanbul, Pamuk s'aperçoit que cette apparente mélancolie n'est qu'une strate parmi d'autres dans une ville palimpseste qui cache dans ses entrailles toutes les altérités. A travers les lunettes de la déconstruction, l'auteure démontre qu'à partir de la figure du double qui obsède Pamuk, le romancier propose un autre espace-temps quelque part entre la réalité et la fiction, entre l'Est et l'Ouest, entre la tradition et la modernité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2016
Nombre de lectures 8
EAN13 9782140017728
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Approches littéraires Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Thierry Jacques LAURENT, André Maurois, Moraliste, 2016.
Rachid BAZZI, Permanence et variabilité dans le récit persan et arabe classique , 2016.
Taïeb BERRADA, La figure de l’intrus, Représentations postcoloniales maghrébines , 2016
Magda IBRAHIM, Le personnage de Charlotte dans Le Testament français (1995) d’Andreï Makine , 2015.
Claire CARLUT, Entre Poésie et Philosophie : l’œuvre de Christian Bobin , 2015.
Jean-Philippe PETTINOTTO, À Marguerite Duras : L’écriture comme un fleuve asiatique, Représentation narrative de la vie familiale dans les œuvres de l’auteur , 2015.
Petra KUBINYIOVA, À la recherche de l’identité dans l’œuvre de Frédérick Tristan , 2015.
Ramona MIELUSEL, Langue, espace et (re) composition identitaire dans les œuvres de Mehdi Charef, Tony Gatlif et Farid Boudjellal , 2015.
Rafik DARRAGI, Hédi Bouraoui. La parole autre. L’homme et l’œuvre , 2015.
Youssef ABOUALI, Yasmina Khadra ou la recherche de la vérite, 2013.
Zohir EL MOSTAFA, Hommages à Driss Chraibi, 2013.
Mokhtar ATALLAH, Études littéraires algériennes , 2012.
Sous la direction de Mokhtar ATALLAH , Le Culte du Moi dans la littérature francophone, 2012.
CALISTO, Lou Andreas-Salomé ou le paradoxe de l’écriture de soi, 2012.
Florence CHARRIER, Le Procès de l’excès chez Queneau et Bataille , 2012.
Mansour DRAME, Poésie de la négritude , 2012.
Titre

Maya OMBASIC






Paysages urbains et mélancolie chez Orhan Pamuk


Essai littéraire
Copyright

















© L’HARMATTAN, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN : 978-2-336-77008-6
AVANT-PROPOS
Istanbul est pour Pamuk ce que Paris est pour Baudelaire : une source inépuisable d’inspiration et de spleen. Or, si le poète est davantage conscient de ses états d’âme, le romancier turc le plus lu des deux côtés du Bosphore ne sait pas toujours que tout discours sur le monde extérieur est un discours sur lui-même. Dans un premier temps, il se complait dans l’ hüzün, ce sentiment collectif et généralisé de mélancolie, apparemment intrinsèque à la ville et ses ruines, traces tangibles de la décadence d’un grand empire dont les héritiers peinent à se relever. Il n’en est pourtant rien, car, au fur à mesure que Pamuk suit les traces des écrivains et artistes étrangers de passage à Istanbul, il s’aperçoit que l’apparente mélancolie des ruines n’est qu’une strate parmi d’autres, c’est-à-dire glissante, malléable et fluide, tout dépend de l’emplacement et du point de vue de l’observateur, dans une ville palimpseste qui cache dans ses entrailles toutes les altérités. En suivant les traces de l’altérité, Pamuk découvre la nature hétérogène de sa ville et de lui-même et s’aperçoit que la mélancolie collective est fabriquée de toutes pièces par un certain récit socio-politique et une certaine classe sociale. En effet, c’est en traquant les reflets de son double que le romancier prend soudainement conscience du caractère fuyant de sa propre subjectivité, mais aussi de celui du monde et des autres. Si tel est le cas, l’espace urbain qui préoccupe et obsède Pamuk n’est qu’un reflet de son esprit et l’accès à la présence pleine s’avère une illusion. Comme si, l’inquiétante étrangeté de son inconscient, en lui dévoilant le côté insaisissable du monde et du soi, l’encourageait à remettre en cause un certain nombre d’opinions acquises, non seulement à l’intérieur de sa propre culture, mais aussi dans la culture de son double européen. Car si tout est fluide et malléable, il n’y a pas raison de ne pas tout questionner, incluant la tradition et la politique, cette dernière faisant de lui, « une personne bien plus politique, sérieuse et responsable que je ne le suis et ne souhaitais l’être ». Ainsi, Istanbul, souvenir d’une ville questionne le rapport entre la subjectivité et les strates hétérogènes d’Istanbul, pour aboutir à un constat déconstructiviste : tout n’est que bricolage et substitut du sens là où il brille par son absence. S’il brille par son absence, il en est de même loin d’Istanbul, dans une maison périphérique appelée La Maison du Silence à l’intérieur de laquelle les personnages soliloques et par moments muets, se questionnent sur le rapport entre la tradition et la modernité, le centre et la périphérie, l’Occident et l’Orient, sans oublier le caractère destructeur et éphémère du temps, mais aussi de l’espace. Et enfin, Le Musée de l’Innoncence, cette œuvre magistrale où l’amour joue (en apparence seulement) le rôle principal, n’est en fait que l’étrange aboutissement de la quête obsessessive et narcissique du personnage principal vers un autre espace-temps, quelque part entre la réalité et la fiction, entre l’Est et l’Ouest, entre la tradition et la modernité, cet entre-deux qui campe indéniablement Pamuk parmi les meilleurs romanciers postmodernes de notre époque. Or, pour y parvenir, il faut au préalable un bouc-émissaire qui, dans le cas de Pamuk, représente presque toujours la figure du féminin.
INTRODUCTION Orhan Pamuk, le fils de son temps
« L’espace est un corps imaginaire comme le temps un mouvement fictif. »
Paul Valéry
Dans son livre Tales of Crossed Destinies : The Modern Turkish Novel in a Comparative Context, la théoricienne turque Azade Seyhan offre aux lecteurs un guide indispensable du territoire peu exploré, du moins en Occident, de la littérature turque moderne. Cette étude fondamentale dessine une relation sans équivoque entre les influences littéraires des écrivains turcs et les zigzags identitaires de l’État turc depuis la chute de l’Empire ottoman. En effet, il va presque sans dire que l’un ne va pas sans l’autre, dans la mesure où la décadence de l’Empire des Sultans a laissé une profonde marque dans l’inconscient collectif turc, que ce soit en opposition farouche ou en admiration inconditionnelle pour la grandeur ottomane. Si Azade Seyhan place Orhan Pamuk à la fin de son étude, ce n’est pas seulement parce que le romancier turc le plus lu en Occident est un auteur contemporain, c’est surtout parce que le sentier emprunté par ses prédécesseurs a défriché la terre pour lui. Pamuk le sait, c’est pourquoi, dans ses œuvres, il n’hésite pas à rendre hommage aux grands géants de la littérature turque qu’il admire : Kemal, Koçu, Hisar et surtout, Tanpinar. Quelle est alors la spécificité, ou encore l’engouement pour Orhan Pamuk à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières turques ? En quoi est-il différent de ses prédécesseurs, attentifs eux aussi aux déboires des bâtisseurs de la nouvelle Turquie et à la mélancolie des ruines provoquée par la chute d’un grand empire ?
Si, comme le prétend Hegel, chacun est le fils de son temps, Pamuk l’est par excellence : né dans une famille de la classe moyenne aisée dans les quartiers « privilégiés » d’Istanbul du début du siècle, le jeune Orhan a grandi à l’ombre de l’obsession d’Atatürk d’occidentaliser à tout prix sa nation afin de prouver à l’Europe que la Turquie est, avant d’être orientale, profondément moderne et occidentale. Parfois, se souvient Pamuk, le désir d’occidentaliser la Turquie frôlait le ridicule : interdiction de porter les vêtements turcs qui répugnent André Gide en visite à Istanbul, interdiction de bâiller dans la rue et de manger la bouche ouverte, interdiction de regarder avec haine une belle et élégante femme. L’originalité de Pamuk réside non seulement dans sa capacité de mettre au jour le caractère ridicule et parfois dangereux de sa propre culture dans la mesure où la volonté d’homogénéisation continue à bafouer les droits des minorités (dénonciation qui lui a valu presque un procès) mais aussi et surtout, son incroyable aptitude à démontrer, par des exemples concrets, que sa culture possède « deux âmes » : orientale et occidentale. Cet heureux dualisme, profondément inscrit à l’intérieur de la culture turque, conduit Pamuk à transposer le questionnem

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