Christian Dotremont
274 pages
Français

Christian Dotremont , livre ebook

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274 pages
Français

Description

Poète belge de langue française, Christian Dotremont (1922-1979) a poursuivi, tant au sein des grandes avant-gardes artistiques du XXe siècle (le surréalisme, le surréalisme-révolutionnaire et Cobra) qu'individuellement, une recherche personnelle qui l'a placé non seulement au coeur des débats littéraires et philosophiques de son temps, mais aussi, comme nombre d'artistes de sa génération, au centre des débats éthiques et politiques. Cet ouvrage retrace l'intégralité de son parcours.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296481787
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Christian Dotremont La conquête du monde par l’image
Espaces Littéraires Collection dirigée par Maguy Albet Dernières parutions Claude FRIOUX,Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 3, Ecrits 1969-1980, 2011 Ricardo Romera Rozas,Jorge Luis Borges et la littérature française,2011. Deborah M. HESS, Palimpsestes dans la poésie. Roubaud, du Bouchet, etc., 2011. Alexandre Ivanovitch KOUPRINE (Traduit du russe, introduit et annoté par Françoise Wintersdorff-Faivre),Récits de vie dans la Russie tsariste,2011.Pascal GABELLONE,La blessure du réel, 2011. Jacques Pezeu-Massabuau,Jules verne et ses héros,2011.Samuel ROVINSKI,Cérémonie de caste(traduit de l’espagnol par Roland Faye), 2011. Mirta YANEZ,Blessure ouverte, 2011. Jean-Michel LOU,Le Japon d’Amélie Nothomb, 2011. Serge BOURJEA,Paul Valéry, la Grèce, l’Europe, 2011. Masha ITZHAKI,Aharon Appelfeld. Le réel et l’imaginaire, 2011. Frantz-Antoine LECONTE (sous la dir.),Jacques Roumain et Haïti, la mission du poète dans la cité, 2011. Juan Manuel MARCOS,L’hiver de Gunter,2011 Alexandre EYRIES,Passage du traduire, Henri Meschonnic et la Bible, 2011. Charles WEINSTEIN,Pouchkine. Choix de poésies, 2011. Manuel GARRIDO PALACIOS,Le Faiseur de pluie. Roman, 2011. Lucile DESBLACHE,La plume des bêtes.Les animaux dans le roman, 2011. Elizabeth LEGROS CHAPUIS,Le Mexique, un cas de fascination littéraire au pays des chiens morts, 2011. Claude FRIOUX,Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 2 : Écrits 1969-1980, 2011.
Nathalie Aubert Christian Dotremont La conquête du monde par l’imageL’HARMATTAN
© L'HARM ATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96316-0 EAN : 9782296963160
Pour Lou. In memoriam
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier les personnels des Archives et Musées de la littérature à Bruxelles pour m’avoir permis de consulter de riches archives, textes inédits, brouillons et lettres de Christian Dotremont et de nombreux artistes belges qui ont évolué dans la constellation surréaliste ou cobra. À l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine), toute ma gratitude va à Yves Chevrefils-Desbiolles, pour son enthousiasme et sa disponibilité ainsi que sa grande connaissance du fonds Christian Dotremont (dont il a la charge) constitué et déposé par le frère du poète, Guy Dotremont, en 2001. Le travail entrepris par Guy Dotremont est en lui-même remarquable d’érudition et d’orientation, je tiens donc aussi à le remercier pour cette tâche immense, entreprise dès 1979, à la mort du poète. Toujours courtois et d’une grande gentillesse dans ses échanges avec moi, Guy Dotremont s’est avéré être une source précieuse de renseignements. Ayant eu à solliciter l’avis de ceux qui avaient connu Christian Dotremont, il s’est toujours passé quelque chose d’unique : tous répondaient à l’appel dans les plus brefs délais. Qu’il s’agisse de Jean-Clarence Lambert, de Pierre Alechinsky ou du poète Yves Bonnefoy, tous ont répondu à mes questions avec beaucoup de grâce, heureux d’évoquer « Christian ». Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés. Enfin, je tiens à dire ma reconnaissance à tous les collègues et étudiant(e)s avec qui j’ai eu des échanges passionnants sur Dotremont, aussi bien en Belgique, en France qu’en Grande-Bretagne et aux États-Unis. La liste est longue, mais en Grande-Bretagne, je voudrais désigner Eric Robertson et Akane Kawakami, qui ont tous deux abordé l’œuvre de Christian Dotremont par des angles très différents, ce qui prouve l’étendue et la portée de son travail qui continue d’intéresser et d’intriguer, et ce n’est que justice. Enfin, parmi mes collègues, je dois particulièrement en distinguer deux qui, par leur patiente lecture des différentes incarnations de ce livre, leur soutien et leur attentive patience, sont allés bien au-delà de ce qu’on est en droit d’espérer de la part de simples collègues, de surcroît surchargés de travail. Deux noms : Alain Viala et Paul Aron, merci.
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INTRODUCTION
e Au sein des grandes avant-gardes artistiques du XX siècle, le surréalisme, le Surréalisme-révolutionnaire et Cobra, un homme a déployé une activité d’une rare intensité : Christian Dotremont. Son œuvre, déconcertante pour les uns, du fait de son aspect protéiforme, stimulante pour les autres qui s’intéressent à son rôle d’éclaireur du siècle, se présente cependant avant tout, de par sa richesse et son inventivité comme une œuvre qui s’est obstinément tenue entre les mots et les choses, sans jamais cesser de tenir compte de la poésie : « J’écris donc je crée » affirme-t-il en 1968 reprenant, pour la détourner du champ de la philosophie et de la pensée « pure », la formule de Descartes, « Je pense donc je suis ». Et de fait, si 1 l’écriture est ce qui « confère unité à sa vie et à son œuvre » , il faut entendre 2 par là que sa vie a été « affermie » de cette indistinction entre existence et écriture. Tout au long de sa vie en effet, Dotremont a poursuivi, tant au sein de groupes d’artistesque sur le plan individuel, une recherche personnelle qui l’a placé non seulement au cœur des débats littéraires et philosophiques de son temps, mais aussi, comme nombre d’artistes de sa génération, au centre de débats éthiques et politiques. Que son œuvre reste aujourd’hui 3 relativement peu connue s’explique en partie par la personnalité du poète 4 lui-même : aussi modeste qu’insouciant , il préférait les relations 5 personnelles, « répugnait à se montrer sur le devant de la scène » et en 6 outre, a très tôt tourné le dos à Paris et à « toute cette tapée de gloires » . À la capitale de la « culture » qu’il voyait comme une « masse de souvenirs, de vent, de papier, de musées, de ruines et de bouteilles de Ricard et de 1  Jean-Clarence Lambert,Grand Hôtel des valises Locataire DotremontGalilée,(Paris : 1981), p.43. 2  L’expression est d’Yves Bonnefoy dans sa Préface auxŒuvres Complètes de Christian Dotremont (Paris : Mercure de France, 1998), p.46 (OCci-après). 3  Et ceci, en dépit du travail entrepris et par son frère Guy, et par certains de ses amis, au premier rang desquels il faut placer Pierre Alechinsky, infatigables promoteurs de l’œuvre de Dotremont. 4  Nombre de ses amis en ont témoigné ; Dotremont n’avait que peu d’intérêt pour la notion d’« œuvre » au sens où on l’entend communément ; cela ne veut pas dire qu’il n’était pas soucieux, particulièrement en ce qui concerne le rôle qu’il avait joué dans Cobra, de rappeler qu’il n’avait pas été qu’un « animateur » (à ce sujet, voir sa correspondance avec Michel Butor, en particulier sa lettre du 9 septembre 1978 dansChristian Dotremont Michel Butor Cartes et Lettres Correspondance 1966-1979(Paris : Galilée, 1986), p.172). En même temps, il a conservé énormément de papiers, esquisses, carnets (recueillis à partir de 2001 à l’IMEC grâce au patient travail de rassemblement et de classement systématiques entrepris par Guy Dotremont, le frère du poète) particulièrement précieux pour voir un esprit extrêmement créatif au travail. 5 Grand Hôtel des valises Locataire Dotremont,op. cit., p.11. 6 La Pierre et l’Oreiller(Paris : Gallimard, 1955), p.64.
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7 cuisses », il a préféré une « pierre préhistorique où poser la tête » , au Danemark de préférence, ou même en Laponie. Le but du présent livre est de montrer la signification profonde de ces choix existentiels et de ce projet artistique dans une tentative de renouvellement de l’art au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Christian Dotremont entre en poésie par le surréalisme en 1940 dans le chaos de la guerre, grâce à l’accueil favorable fait à son poèmeAncienne éternitépar le groupe surréaliste de Bruxelles. Très vite, lui, jeune collégien en rupture avec l’institution scolaire et religieuse, issu d’un milieu catholique 8 de droite et passé « du collège au surréalisme, sans stations » , rejoint un mouvement qui, depuis les années vingt, considère la poésie comme un moyen de lutter contre un certain nombre de valeurs sur lesquelles, depuis le e XIX siècle au moins, reposait la société. L’invasion de la Belgique par les Allemands en mai 1940, paralyse l’activité du groupe surréaliste dans son pays, en particulier parce que l’occupant ferme les frontières culturelles entre la France et la Belgique et instaure la censure. Parti pour Paris en avril 1941, quelques semaines après le départ pour l’exil aux États-Unis d’André Breton, il participe à la création deLa Main à plume. Ce groupe constitué de jeunes surréalistes vise, sous l’Occupation, à maintenir une activité poétique exigeante (mais nécessairement clandestine) dans la capitale française. 9 Maintenir, au pris de leur vie , une activité de ce type pendant la Seconde Guerre Mondiale, c’était, pour les membres deLa Main à plume, encore croire aux pouvoirs d’une parole investie des valeurs du rêve et de la lutte contre la « nuit » du nazisme. C’était aussi pour Dotremont se reconnaître dans une histoire qui était le produit de l’entre deux-guerres où la surdétermination du politique avait joué à plein et qui, avec l’irruption du deuxième conflit mondial avait tout de suite réclamé de lui l’absence de  10 neutralité. « Mais la guerre vint » écrit Jean-François Chabrun, l’un des membresLa Main à plume,dans le texte d’ouverture du troisième numéro de la revue publiée par le groupe. Une porte, à peine entr’ouverte avec la publication de son poèmeAncienne éternité, se ferme alors ; une autre allait s’ouvrir, où il revenait à ceux qui, au lieu de s’exiler, avaient décidé de 11 « rester » , de réinventer une forme de poésie pour temps d’Occupation : il faut désormais construire contre la réalité, mais aussi grâce à elle une « sur-
7 Ibid. 8  Lettre de décembre 1941 à Marcel Mariën, citée par Françoise LalandeDotremont l’inventeur de Cobra(Paris : Stock, 1998), p.59. 9 Sur la vingtaine de membres permanents que compritLa Main à plumede 1941 à 1944, huit payèrent de leur vie leur engagement dans un mouvement qui chercha à maintenir une activité surréaliste pendant la Seconde Guerre Mondiale. 10 La Main à plume…Anthologie du surréalisme sous l’occupation(Paris : Syllepse, 2008), p.50-79. 11 Voir « État de présence » dans le premier numéro deLa Main à plumepublié en mai 1941.La Main à plume…Anthologie du surréalisme sous l’occupation, op. cit., p.28-29.
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