Je l aime, un peu, beaucoup, passionnément...
168 pages
Français

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Description

Dans la mémoire de Yaya, il y a des souvenirs d’escapades frémissantes dans des églises à secret, des peintures de l’occupation et de la résistance passive, des histoires de pommes chapardées, tous ces gestes effectués par des professions aujourd’hui évanouies, des amoureuses éplorées qui font le choix des ordres, des éclats de soleil et de joie… mais encore quelques réminiscences douloureuses et dramatiques… Une mémoire-coffre au trésor que ne cesse de fouiller cette grand-mère, qui en exhume quelques pans de sa jeunesse pour les communiquer à ses petits-enfants captivés par ce qu’a pu être la vie en Normandie, à Rabodanges, aux heures sombres de l’histoire et après… À l’instar des enfants qui suivent, étonnés et intrigués, les contes "personnels" de leur aïeule, l’on se met, fascinés, à l’écoute de la voix, mi-nostalgique mi-amusée, de Yaya qui, à travers cette collection de récits, se fait passeuse de mémoire. Et si nombre de ces histoires ont évidemment une valeur familiale intense, il n’en demeure pas moins qu’elles s’inscrivent aussi dans une histoire beaucoup plus vaste: celle des mœurs et usages dans les campagnes françaises frappées par la guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2012
Nombre de lectures 46
EAN13 9782748382396
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Je l’aime, un peu,
beaucoup, passionnément…
Antonia San Vicente del Valle










Je l’aime, un peu,
beaucoup, passionnément…



















Publibook
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Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les
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IDDN.FR.010.0117105.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012



Préface



« Car c’est ainsi que nous allons,
Barques luttant contre un courant,
Qui nous ramène,
Sans cesse vers le passé. »
Gatsby Le Magnifique
Francis Scott Fitzgerald
9


Et Dieu dit :
« Ce talent,
Ce peu d’infini,
Que j’ai versé
Le premier jour
En ton esprit,
Qu’en as-tu fait ? »

Le talent ?
Il était si petit !
Je n’en ai rien fait,
Rien, ni peint,
Ni écris, ni édifié,
Ni pensé, ni…
Rien, je n’ai rien fait !
Ou peut-être si.

Un enfant, deux enfants,
J’ai nourri leur corps,
Façonné leur esprit,
Des petits-enfants aussi,
Qui aiment la vie,
Et auxquels
Je dédie
Ce récit.
10


Dans notre si belle Normandie,
Rabodanges
Village de mon enfance
Mon cœur fleurit
Tel un coquelicot
Dans tes vertes prairies
Les eaux claires
De l’Orne
Chantent
Dans ma mémoire
Où s’enchevêtrent
Jonquilles, lilas,
Coucous et libellules
Matins lumineux
Nuages et pluies
Pommes, vaches
Ruminantes et somnolentes
Chemins creux
Forêts tapissées
De fougères
Odeur d’humus
Odeur d’encens
Te souviens-tu de moi ?
Qui t’aimais tant.
11


Chapitre 1



Chanson enfantine
Le palais royal est un beau palais,
Où les jeunes filles sont à marier.
Mademoiselle « une telle » est la préférée,
De Monsieur « un tel » qui veut l’épouser
Dis-moi oui, dis-moi non, oi si tu l’aimes,
Dis-moi oui, dis-moi non, oi oui ou non,
Si c’est oui c’est de l’espérance,
Si c’est non, c’est de la souffrance,
Dis-moi oui, dis-moi non, oi si tu l’aimes,
Dis-moi oui ou non,
Oui… non…

« Deux fillettes faisaient tourner la corde à sauter, une
troisième entrait dans le jeu au milieu de la corde qu’elle
devait sauter chaque fois qu’elle touchait terre. Les
“oui”…“non” ponctuaient chaque saut, le jeu s’arrêtait
lorsque la corde se croisait sous les pieds. Si elle s’arrêtait
sur un “oui”, la joueuse était contente, sur un “non”, elle
secouait tristement la tête. Une autre entrait dans le jeu, les
filles qui actionnaient la corde se faisaient remplacer et
sautaient à leur tour, toutes étaient pressées et excitées à la
pensée de savoir le devenir des sentiments de l’élu.

13 — Mais Yaya, tu nous as dit que ces jeux se passaient
sur la route ?
— Mais, oui ! Devant les maisons à côté de l’Église.
— Et les voitures ?
— Il n’y avait pas de voitures à cette époque dans les
campagnes, peut-être en ville… Un jour, Monsieur Le
Maire est arrivé dans une voiture : une Traction avant,
noire, avec un marchepied et des protège-roues pareils à
d’énormes oreilles. C’était la seule voiture qui aurait pu
traverser le Village et arrêter nos jeux.

Un jeudi que nous avions décidé d’aller goûter (en
Normandie, nous disions « collationner ») au Pont de
Sainte-Croix, distant d’environ trois kilomètres, Monsieur
le Maire nous a dépassés dans sa magnifique Traction
avant. Il s’est arrêté et nous a demandé où nous allions.

— À l’auberge du Pont de Sainte-Croix, Monsieur le
Maire.
— Montez, c’est sur ma route, je vous emmène.

Nous nous sommes regardés, ravis, nous nous sommes
entassés sur les sièges arrière, bien serrés, nous étions
quatre ou cinq.

Tout en conduisant, Monsieur le Maire chantonnait, il
nous avait complètement oubliés, sur le siège avant, à son
côté, s’empilaient des journaux. De temps à autre, il en
prenait un qu’il secouait de la main droite, lui jetait un
coup d’œil distrait et l’envoyait derrière, nous le recevions
sur nos têtes, nous avions beaucoup de mal à ne pas éclater
de rire. Nous pouffions, nos mains collées à notre bouche.

Arrivés à l’allée bordée d’arbres, qui conduisait au
château, sa demeure, Monsieur le Maire s’apprêtait à
14 s’engager dans cette voie. Prenant notre courage à deux
mains, nous nous sommes écriés :

— « Monsieur le Maire, il faudrait nous laisser ici.
Nous sommes tout près du Pont de Sainte-Croix ! »
— Oh oui, les enfants ! Pardonnez mon étourderie. »

La Traction avant s’arrête, nous descendons avec le sac
contenant notre goûter.

— « Merci Monsieur.
— Au revoir les enfants, à une prochaine fois ! »

Nous étions heureux à la pensée de raconter cette
aventure à nos camarades qui seraient « verts » de jalousie.

Le Pont de Sainte-Croix construit en forme de «
dosd’âne » enjambait l’Orne, il était très ancien et étroit, fait
pour les piétons, peut-être aussi pour une carriole étroite
attelée d’un âne. À côté du pont se trouvait une auberge,
« l’Auberge du Pont de Sainte-Croix » fréquentée presque
uniquement par les pêcheurs, et le dimanche, par beau
temps, les familles qui venaient passer la journée au bord
de la rivière en profitaient pour manger à l’auberge.
L’aubergiste, une personne d’un certain âge, assez forte,
avait une réputation d’excellente cuisinière. Elle mettait
sur la table de savoureuses terrines et des poulets énormes,
dorés à point, ses tartes à la rhubarbe étaient célèbres.

Mais la merveille de l’endroit était un énorme chêne
centenaire penché sur l’eau. Dans la fourche de ses
branches, était construite une plate-forme. On y accédait par un
escalier en bois aux marches branlantes. Sur la
plateforme, une table en bois et des tabourets cloués sur le
plancher. C’est là, dans la ramée que nous déballions notre
« quatre heure ». Auparavant, nous avions acheté une
bou15 teille de limonade à l’aubergiste. Chacun étalait la
préparation de sa mère, tartines de rillettes, sandwiches de pain
beurré agrémenté en son milieu de chocolat râpé, barres de
chocolat, pâte de coing, morceau de gâteau fait maison, un
régal… Nous étions heureux, nous restions là à jouer au
jeu des sept familles, à courir dans l’herbe du pré jusqu’à
la tombée de la nuit. Il nous arrivait aussi de nous asseoir
auprès d’un pêcheur à regarder le bouchon rouge flotter
mollement, danser sur l’eau, s’enfoncer de temps à autre,
ce qui faisait battre nos cœurs… puis remonter et

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