La Mer a la couleur de ses yeux
102 pages
Français

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La Mer a la couleur de ses yeux , livre ebook

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Description

Arlette se bat contre le cancer. S’entrechoquent sa personnalité, les relations avec les médecins, l’évolution de la maladie, les traitements, les épreuves, les espoirs déçus, les doutes, les souvenirs, les difficultés du quotidien… Trois ans de lutte et de souffrances, deux condamnés, un à mort, l’autre à perpétuité… Le drame poignant d’un couple dans la toile d’araignée du cancer. Avec "La Mer a la couleur de ses yeux", Alain Cortot témoigne du courage de sa femme et d’une guerre sans nom. Il signe un récit qui veut prolonger la vie au service d’un amour plus fort que la maladie.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
EAN13 9782748350562
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Mer a la couleur de ses yeux
Alain Cortot La Mer a la couleur de ses yeux
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0114101.000.R.P.2009.030.40000 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2009
Dimanche 27 avril 2008. 20 heures. J’attends dans le couloir en face de la chambre où Arlette a été hospitalisée un quart d’heure plus tôt. L’interne qui l’examine devrait me confirmer mon analyse : deux ou trois jours au centre pour traiter son problème pulmonaire et puis je la ramène à la maison. Quelle inconscience ou refus de la réalité ! La porte s’ouvre : — C’est grave, très grave, me dit-il. — Grave comment ? — Un jour, deux jours, trois jours, le cancer a envahi ses poumons, votre épouse est en situation de détresse asphyxique ». Je sais Arlette condamnée mais pas maintenant, pas toute suite. Je suis perdu, arrivé inquiet mais confiant dans la capa-cité des équipes du centre de prolonger encore la vie de celle qui partage la mienne depuis plus de quarante ans. J’écoute le jeune médecin me demander : « Vos enfants veulent-ils voir leur maman une dernière fois ? » Cette fois, je réalise. Je pleure et cherche à entendre les paroles du médecin. Il propose l’administration d’un mé-dicament pour diminuer sa vigilance, réduire sa sensation de détresse, assurer le confort des dernières heures, des derniers jours avec la contrepartie d’une fin plus rapide encore. C’est à moi de décider et aux enfants… Mais décider quoi, choisir quoi, la mort naturelle par asphyxie dans trois jours ou une mort plus rapide et douce ? Je ne m’attendais pas à ce dilemme, je n’y étais pas préparé. Et lui, le médecin, il ferait quoi ?
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Il m’autorise à téléphoner dans ce couloir inhabituelle-ment vide, silencieux, sans allées et venues comme pour respecter ma réflexion et mon désarroi. Gérer ma peine tout seul, oui ; mais devoir l’exporter aux enfants, comment faire ? Je pense connaître leur avis mais je dois les informer, les écouter. Mécaniquement, j’explique à Géraldine le contexte et les propos du médecin mais ma décision est prise : le confort d’Arlette avant tout, j’ai bien compris le sens de la proposition du médecin, ce sera mieux pour elle, physi-quement, mentalement et jamais on ne la laissera seule avec la maladie. Prête à sauter dans la voiture, les kilomè-tres ne lui font pas peur, elle se range finalement à ma décision de ne pas venir en urgence, venir vite, trop vite, elle va s’organiser et viendra sans doute demain. Je suis soulagé, Géraldine a bien supporté mon appel. Après… ? J’appelle Lény, je lui explique le dilemme, il ne dit rien, ne sait pas, ne sait plus, une mère agonisante n’est pas une bonne image de maman, je décide pour lui, je le contacterai demain matin pour lui donner des nouvelles. Je téléphone à Chantal, la sœur d’Arlette, lui pose la question de revoir sa sœur, j’attends toujours la réponse, elle me dit dans une angoisse et une excitation perceptibles : « On vient demain matin de très bonne heure ». Je retrouve le médecin, seul dans ce bureau qui sert de quartier général au staff médical et lui donne mon accord pour administrer le médicament. Sans rien nous dire de plus, par son regard je comprends que c’est la bonne déci-sion : une forme d’euthanasie douce en parfaite cohérence avec la position d’Arlette sur ce sujet. Le nom de ce médi-cament, Hypnovel, je ne l’ai entendu qu’une fois dans la bouche de l’interne. Je l’avais oublié et puis sans associa-tion d’idées particulière, plusieurs mois plus tard, brutalement, il est venu s’imprimer de manière indélébile et encombrante dans ma mémoire.
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