La Comté enchantée
178 pages
Français

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La Comté enchantée , livre ebook

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Description

Dans le panthéon merveilleux de la Franche-Comté, il existe toutes sortes de créatures, bonnes ou mauvaises, belles ou affreuses. Il en est de très célèbres, comme la Vouivre, les Dames vertes, les Foultots ou tante Arie. Mais on y rencontre aussi des êtres plus obscurs, des personnages au caractère malicieux, mystérieux, dont le souvenir a aujourd’hui presque totalement disparu. Heureusement pour nous, Hervé Thiry-Duval est là pour nous entretenir de merveilles que la plupart des gens d’aujourd’hui ont oubliées. Il nous rappelle, à travers ses contes et récits « désordinaires », que la vie est aussi faite de magie et de mystère, que l’existence ne se résume pas uniquement à l’économie, à la crise et au prix du gasoil !

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782813816665
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’elfE gris
Comme, depuis belle lurette, je passe une bonne partie de mon temps à raconter des histoires de fées ou de lutins, j’ai fini par devenir un féericologue. Un type capable de vous bassiner pendant des heures sur les multiples quali tés de la tante Arie ou longuement vous farcir les oreilles de moult anecdotes à propos des différentes variétés de Vouivres et de Dames vertes.  Je ne vais pas vous mentir : féericologue est un métier de fieffé bavard. C’est aussi une profession qui intrigue. Oui, l’étude des fées, des elfes et des petits bonshommes à chapeau rouge passe pour parfaitement incongrue aux yeux de beaucoup de mes contemporains. Souvent, ici ou là, après m’avoir entendu conter de vieilles légendes
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faramineuses, on me pose la sempiternelle question. La question qui tue ! On me demande si je crois vraiment à l’existence du peuple féerique, si j’ai déjà vu, aperçu quelquesuns de ses membres. Oh ! je ne suis pas dupe, ceux qui m’interrogent sur ce sujet sont, neuf fois sur dix, des rieurs. Des incrédules qui ont juste envie de jauger mon degré de folie douce.  Un type qui croit aux fées ou un autre qui construit une tour Eiffel en allumettes, pour eux, c’est du pareil au même. Ils ont envie de l’inviter à dîner, juste pour amuser leurs copains notaires ou banquiers. Je n’en fais pas une affaire car, voyezvous, il m’arrive moimême de convier, sous mon toit, des publicitaires ou des politiciens pour voir de près à quoi ressemblent des gens sans scrupules.  Aussi, quand on me pose la fameuse question sur l’exis tence des fées, je n’y vais pas par quatre chemins. Je ne cherche pas à noyer le poisson, à tourner sept fois ma langue autour du pot ou à m’en sortir par une amusante pirouette. Même si je passe pour un parfait hurluberlu ou un aimable fada, le « Bernard Soubirous » de la Franche Comté, je leur lâche la vérité toute crue. Je dis« oui ».En toute conscience, je me dois de répondre par l’affirma tive :« Oui, j’ai déjà vu un être féerique. »Vu de mes yeux, vu. À vous révéler le fin mot, je n’en tire aucun mérite. Je ne l’ai même pas vraiment cherché. Je n’ai mené aucune quête du Graal. Pour cela, je ne suis pas parti vagabonder sur les vertes collines d’Irlande, je n’ai pas été me perdre dans les brouillards d’Écosse. Non, je n’ai consulté aucun vieux grimoire, prononcé aucune formule magique. C’est venu à moi, tout seul, presque naturellement. J’ai presque un peu honte à le révéler mais cette aventure féerique ne présente rien de très spectaculaire. Je suis tombé dessus un matin où je partais faire une balade en forêt. Ce jourlà, j’ai rencontré un elfe !
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Je sais bien que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Que, parfois, il vaut mieux tenir sa langue, après lui avoir fait au moins sept nœuds dans la bouche. Je sais tout cela. Je devine même que la chose vous semblera à coup sûr des plus saugrenues. Mais tant pis ! Je persiste et je signe : entre juin 1998 et décembre 1999, j’ai régulière ment aperçu un être mystérieux. Un elfe, un monsieur fée. Il se tenait toujours au même endroit, à quelques enjam bées de ma maison. À la longue, c’est devenu comme une sorte de voisin.
La première fois, j’ai tout de même été un peu dérouté. Déboussolé. Tourneboulé. Je me suis arrêté net, au beau milieu du chemin. Figé d’incroyable. Et je suis resté là, à le contempler sans rien comprendre. Ensuite, à chaque fois, ce fut toujours le même moment extraordinaire et follement déconcertant.  Le plus étrange, c’était qu’il m’apparaissait très dis tinctement, à peine nimbé d’un halo lumineux. Un elfe vêtu de gris, encapuchonné dans une longue cape. Assis au bord du chemin, il semblait se reposer ou attendre quelqu’un. Un jour, j’ai même osé prendre une photo. Oui, j’ai la photographie d’un elfe ! C’est une mauvaise photo en noir et blanc. Prise à une vingtaine de mètres. Alors bien sûr, on ne distingue que sa silhouette mais c’est bien lui. L’elfe gris. Oui, comme je ne connais pas son véritable nom, c’est comme ça que je l’appelle. L’elfe gris.  Je dois aussi vous préciser une chose importante. Il exis tait une lisière, un point très précis sur le chemin à partir duquel l’enchantement disparaissait. Dès que je franchis sais cette frontière magique, l’elfe se métamorphosait en une souche terreuse et déracinée.  Un jour enfin, j’ai pris le chemin sylvestre comme d’habitude mais c’en était fini. Le charme n’opérait plus.
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L’elfe avait pris la poudre d’escampette. Peutêtre l’avais je déçu avec mon obsession de vouloir toujours l’appro cher davantage ? Peutêtre ou peutêtre pas. Il ne m’en a rien dit. Ce n’était pas un elfe du genre causant.  Aujourd’hui, j’espère, sans impatience, qu’un de ces jours, il reviendra faire un petit séjour dans le coin. Cette fois, je le promets, je ne tenterai pas de m’approcher trop près. Et même, je ne dirai à personne que je l’ai vu. Juré, craché et doigts croisés. Parole de féericologue !
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