Figures de deuil et création
184 pages
Français

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Figures de deuil et création , livre ebook

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Description

Qu'est-ce qui est mobilisé du travail du deuil dans le processus psychique de création ? Qu'il s'agisse d'écriture ou de formation d'images ? Toute création est une recomposition des traces d'un passé fragmenté. Ce sont les montages de la mémoire que nous tentons de comprendre. Faire une oeuvre sollicite cette mémoire de temps où les traces ne cessent d'être remaniées, reconfigurant sans cesse le sol historique.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2014
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336362038
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
L’œuvre et la psyché
Collection dirigée par Alain Brun
L’œuvre et la psyché accueille la recherche d’un spécialiste (psychanalyste, philosophe, sémiologue…) qui jette sur l’art et l’œuvre un regard oblique. Il y révèle ainsi la place active de la Psyché.

J. GARNIER-DUPRÉ, Sándor Ferenczi, entre tendresse et passion , 2012.
F. BRUZZO, Chemins vers Georges Bataille , 2012.
J.-T. RICHARD, Marcel Duchamp, mis à nu par la psychanalyse, même , 2010.
Wilhelm WUNDT, De la physiologie à l’ethnopsychologie , 2009.
C. MASSON et C. DESPRATS-PEQUIGNOT, Le corps contemporain : créations et faits de culture , 2009.
D. BEAUNE, T. AYOUCH, Folies contemporaines , 2009.
X. POMMEREAU, M. BRUN, J.-P. MOUTTE, L’adolescence scarifiée , 2009.
Michel MAURILLE, Freud et le Moïse de Michel-Ange , 2008.
Jean-Pierre BRUNEAU, L’artiste et ses rencontres. Une lecture lacanienne , 2008.
Mariane PERRUCHE, J.-B. PONTALIS. Une œuvre, trois rencontres : Sartre, Lacan, Perec , 2008.
C. DESPRATS-PEQUIGNOT et C. MASSON (Sous la dir.), Métamorphoses contemporaines : enjeux psychiques de la création , 2008.
Philippe WILLEMART, Critique génétique : pratiques et théories , 2007.
Roseline HURION, Petites histoires de la pensée, 2006.
Michel DAVID, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane , 2006.
Jean LE GUENNEC, La grande affaire du Petit Chose , 2006.
Manuel DOS SANTOS JORGE, Fernando PESSOA, être pluriel. Les hétéronymes , 2005.
Luc-Christophe GUILLERM, Jules Verne et la Psyché , 2005
Michel DAVID, Le ravissement de Marguerite Duras , 2005.
Orlando CRUXÊN, Léonard de Vinci avec le Caravage. Hommage à la sublimation et à la création , 2005.
Titre
Sous la direction de
Catherine Desprats-Péquignot
et Céline Masson











FIGURES DE DEUIL ET CRÉATION
Autres publications
Métamorphoses contemporaines : les enjeux psychiques de la création , sous la direction de Catherine Desprats-Péquignot et Céline Masson, Editions L’Harmattan, Collection l’Œuvre et la Psyché, 2008.

Le corps contemporain : création et faits de culture , sous la direction de Céline Masson et Catherine Desprats-Péquignot, Editions L’Harmattan, Collection l’Œuvre et la Psyché, 2009.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71214-7
Sommaire Couverture 4e de couverture L’œuvre et la psyché Titre Autres publications Copyright Sommaire Ouverture Deuil d’images Les images dévorées Ou les mnémographies – Céline Masson A propos d’« Un secret » – Robert Samacher De l’art de ruser avec la mort : Romain Gary ou une subjectivité sans sujet – Laurie Laufer La fille endeuillée – Houria Abdelouahed In memoriam : « Ode à ma mère » de Louise Bourgeois – Catherine Desprats-Péquignot « J’ai survécu, je ne sais comment, à la Nuit » L’œuvre poétique d’Emily Dickinson : un nouveau modèle du deuil – Simone Korff Sausse Formes psychotiques du deuil dans l’œuvre d’Antonin Artaud (1896-1948) – Anne Brun Du fantôme au fantasme : Le travail du deuil dans l’écriture du récit fantastique chez Henry James – Suzanne Ferrières-Pestureau La mort à l’œuvre au sein de la dynamique invocante et scopique dans Le Château des Carpathes de Jules Verne – Jean-Michel Vives et Sandrine Willems Bibliographie Adresse
Ouverture
Qu’est-ce qui est mobilisé du travail du deuil dans le processus psychique de création ? Qu’il s’agisse d’écriture ou de formation d’images ?
Toute création est une recomposition des traces d’un passé fragmenté. Ce sont les montages de la mémoire que nous tentons de comprendre.
L’image voit le mort, elle prend ses empreintes sur le mort en lui rendant sa face et sa mémoire. En ouvrant les images au mort, le sujet endeuillé les ouvre aux rêves de la nuit.
A propos du deuil non fait, Nicolas Abraham dans L’écorce et le noyau 1 écrit : « Tous les mots qui n’auront pas été dits, toutes les scènes qui n’auront pu être remémorées, toutes les larmes qui n’auront pu être versées, seront avalées, en même temps que le traumatisme cause de la perte. Avalés et mis en conserve. Le deuil indicible installe à l’intérieur du sujet un caveau secret. »
Romain Gary écrit quant à lui que « La création littéraire devint pour moi ce qu’elle est toujours, à ses grands moments d’authenticité, une feinte pour tenter d’échapper à l’intolérable, une façon de rendre l’âme pour demeurer vivant. » 2 « Rendre l’âme pour demeurer vivant », un vivant dont l’âme s’est retirée, ne serait-ce pas une certaine façon de définir les contours d’un fantôme ?
Qu’engageons-nous lorsque nous portons notre regard sur l’image ?
De dessins ou de sculptures, de tapisserie, de bronze ou d’acier, petites ou monstrueuses, avec ses femmes et/ou mères araignées, dans quel filage d’images, de fantasmes et de mythes, quel tissage de mémoire et d’histoire infantile, quel corps de désirs, de sensations et de souvenirs Louise Bourgeois vient-elle nous saisir ? Avec l’araignée, ce symbole de la « mère phallique », de quelle perte, de quelle mort, de quel deuil, vient-elle nous parler ?

La poésie d’Emily Dickinson quant à elle, est entièrement traversée par le rapport entre l’écriture et la mort ou encore la mort dans l’écriture ou encore l’écriture au-delà de la mort.
Chaque poème d’Emily Dickinson témoigne du travail du deuil qui met une chose, un mot, une image, une note de musique, à la place de ce qui a disparu, afin d’en garder une trace et ne pas le perdre tout à fait, puisque, comme l’écrit Freud : "à vrai dire, nous ne pouvons renoncer à rien, nous ne faisons que remplacer une chose contre une autre ; ce qui paraît être renoncement est en réalité une formation substitutive ou un succédané." 3 Qu’était l’écriture pour cette femme non reconnue qui s’est pourtant vouée à la création littéraire, entrant en écriture comme on entre dans les ordres, et dont toute l’œuvre est marquée, dans son fond comme dans sa forme, par la rage et l’urgence ?

Les derniers textes d’Antonin Artaud (1945-1948, notamment Suppôts et Suppliciations ) relèvent d’une véritable « thanatographie », écriture de la mort qui met en scène le corps-cadavre de l’auteur : le charnier des morts qui le hantent, un corps « charnier » envahi de vampires et de succubes qui fait écho à la multiplicité des deuils dans la famille de l’auteur. L’écriture viserait dans cette perspective la perpétuation dans l’œuvre des fantômes d’un passé jamais trépassé.
Les fantômes d’histoire et de mémoire sont convoqués et le sujet est pris par un sentiment d’inquiétante étrangeté. Nous sommes regardés à l’endroit même où ça vacille.

Trouver les mots pour écrire, pour transmettre, pour adresser à l’autre l’expérience de l’indicible, c’est construire un lieu qui pourra l’accueillir, qui pourra transformer la douleur morale en expérience, qui pourra mettre le deuil à l’œuvre.
Faire une œuvre, et les créateurs présentés dans ce recueil nous le disent, sollicite cette mémoire de temps où les traces ne cessent d’être remaniées, reconfigurant sans cesse le sol historique. Faire une œuvre porte aussi le deuil qui chemin faisant permet de vivre et de rester créatif.
1 N. Abraham, M. Torok, 1978, L’écorce et le noyau , paris, Aubier Flammarion, p. 266.
2 R. Gary, 1974, La nuit sera calme , Paris, Gallimard, Collection Folio, 1999, p. 175.
3 S. Freud, (1908 e [1907]), Le créateur littéraire et la fantaisie, L’inquiétante étrangeté et autres essais , trad. fr. B. Féron, Paris, Gallimard, 1985 ; OCF. P , VIII, 2007 ; GW, VII..
Deuil d’images Les images dévorées Ou les mnémographies
Céline Masson 4
« (…) le vrai visage de l’histoire s’éloigne au galop. On ne retient le passé que comme une image qui, à l’instant où elle se laisse reconnaître, jette une lueur qui jamais ne se reverra

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