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G r é g o r y R A T E A U
HORSPISTEEN ROUMANIE R é c i t d u p r o m e n e u r Roman
Grégory RATEAUHORS-PISTE ENROUMANIERécit du promeneurRoman L’Harmattan
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09359-8 EAN : 9782343093598
Il n’y avaiT rien que la nuiT, comme parTouT d’ailleurs, une nuiT énorme qui boufaiT la rouTe à deux pas de nous eT même qu’il n’en sorTaiT du noir qu’un peTiT bouT de rouTe grand comme la langue. ouîs-Ferdînand Céîne.Voyage au bouT de la nuiT.
Avant-propos de l’auteur
ï aît trîste et grîs, a umîère du caé agérîen d’en ace me aît cîgner de ’œî. Ce néon beu n’attend qu’une issure pour embraser a rue dans un îmmense eu d’artîice. Je suîs à Parîs, dans e quartîer un peu outoîr de Château rouge, un jour de puîe drue et de rebond gacé, dans un bureau quî, même écaîré, se couvre de nuages jusqu’au paond. Certaînes âmes à a sensîbîîté quî remonte sans itre des trîpes aux yeux pongent îttéraement avec e jour au cœur de a tourmente. es autres ne se aîssent qu’artîicîeement afecter par e temps, a puîe n’étant au ond qu’un sujet de paînte comme un autre. C’est dans ces moments d’entre-deux, qu’î ma donné d’entrevoîr une vérîté : ce que ’on ne peut mettre en bouche, avoîsîne souvent avec a vraîe dépres-sîon, cee qu’î est împossîbe d’îsoer dans un coîn de son corps ou d’aIcher sur des traîts expressîs, tendus comme des aces cownesques avec pour inaîté de se socîabîîser par mîmétîsme. Non, îcî on rumîne seu et en sîence ; même es armes sont întérîorîsées ; ees înondent es organes, ees ont lotter a merde quî remonte jusqu’à a surace sans trouver
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d’îssue pour jaîîr. a noyade guette. C’est dans ce contexte que j’aî trouvé une aîe provîdentîee. e tééphone sonne ; ma îancée, Sarah, m’annonce a bonne nouvee. Un rîche mécène îbanaîs quî possède pusîeurs chanes de téévîsîon et de uxueux hôtes en Roumanîe nous învîte à-bas pour nous payer généreusement et nous commander des documentaîres en peîne nature. Je regarde par a enêtre, es rues n’ont pas changé d’un îota, toujours es mêmes égumes pourrîs quî surnagent comme des agues et, pourtant, j’aî une drôe d’împressîon. es corps rîpés sur esques a puîe vîent se coer sembent tous à présent se tourner vers moî. Je ne suîs pus încognîto ; îs savent, envîeux, que j’aî a ce pour me aîre a bee. J’essaye de reîner mon cœur quî s’embae au rythme épîeptîque du néon d’en ace, bîen décîdé à me panter à sans attendre es déaîs du préavîs ixé par ’entreprîse. Déjà, ’împosture de ce changement sî bruta auraît dû me mettre en garde sur a suîte, sur es retournements quî jaonnent înévîtabement une vîe en mouvement. Maîs à a vérîté, je croîs surtout que je n’aî rîen vouu comprendre ou devancer, juste me casser. Mes vaîses aîtes, mon père en armes à ’aéroport, j’étaîs dans e pétrîn jusqu’au cou, Sarah soîdement harponnée à mon bras. Je mets îmmédîatement en garde un ecteur éventue ; je ne me suîs pas contenté de tenîr un carnet de voyage sur a Roumanîe dans es pages quî vont suîvre sans se suîvre ou être reîées entre ees. Tour à tour cînéaste-documenta-rîste, voyageur, exîé, expatrîé, randonneur, chômeur, râeur, empoyé de bureau, je me débats comme je peux pour ne pas aîsser e temps efacer e bénéice des premîères perceptîons. e pîed posé sur a page du nouveau monde, on aîsse une
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empreînte sacrée ; cees quî suîvent n’împrègnent pus e béton. Après, ’habîtude vîent outre son graîn de se quotî-dîen. a suîte de cette aventure apparat dîuée dans des textes dont a durée varîe en onctîon du rythme quî s’est împosé à moî de manîère quasî organîque. J’aî essayé de répondre à ’appe quî s’est aît des pus pressants, écrîre, me raccrocher à cette honnêteté de a page que ’on noîrcît pour se prouver que ’on exîste encore et que es choses autour de nous exîstent be est bîen. J’aîme es îvres, trouvant es heures où j’en suîs prîvé bîen trîstes et înutîes. J’en suîs arrîvé, au i de mes ectures, à a convîctîon qu’î n’exîste aucune ictîon. Je n’aî oî qu’en ce rée que ’on décroche d’un crochet du droît car on est, même sans e vouoîr, ’auteur quî raconte, se raconte. On ne peut pas être quequ’un d’autre. Même sî cette Roumanîe que je décrîs n’est pas cee de mon voîsîn de paîer, j’espère que par écho quequ’un se reconnatra dans ces împressîons, ces questîonnements, ces coups de gueue, paroîs tendres, paroîs pathétîques ou narcîssîques, î n’y a rîen de pus nî de moîns que a vîe et a poussîère que ’on remue sous nos pîeds. Sînon, ma tentatîve aura été vaîne et e chemîn de ce îvre un « hors-pîste » dont ’égarement aura été nu. J’aî néanmoîns a convîctîon qu’î n’y a rîen d’utîe dans e aît d’écrîre, on se doît ou non de e aîre ; aux ecteurs d’y trouver e sens quî, sans eux, manque înévîtabement à toutes es pages, même es pus umîneuses. GÉgOy RATEAÛ
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