L enterrement de Matoune
85 pages
Français

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L'enterrement de Matoune , livre ebook

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Français

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Description

Les proches ainsi que les amis de Matoune sont réunis dans l’Église afin de prier au repos de son âme. Lors de la cérémonie religieuse, des événements vont survenir laissant l’assemblée stupéfaite. Sans trop bien comprendre, Matoune va réussir à s’introduire dans les pensées des uns et des autres. Puis, avec plus de malice, elle va semer la discorde au cœur même de ce lieu saint.


Le diable est-il responsable de tout ça ?


Est-elle réellement morte ?


A-t-elle rêvé, et si oui, pourquoi ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9791034802630
Langue Français

Extrait

Josette Brondeau L’enterrement de Matoune Illustration:Néro Dessin de couverture :Jade Stoops Publié dans laCollection Electrons Libres, Dirigéepar Amélia Varin
©Evidence Editions2017
Note de l’Auteur Cette histoire n’est que pure fiction et les personnages qui la font vivre ne viennent que de ma propre imagination. Ce sont, pour la plupart, les caricatures de personnes croisées au cours de ma vie, de mes lectures ou de mes fantasmes ! À vous de juger et surtout amusez-vous.
Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis, Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. Arthur Rimbaud/Ophélie
À Carole
Matoune Cee doit dans ces circonstances, le soleiln’était pas un jour comme les autres et, comme il s n’était pas au rendez-vous. Il avait joué à saute-m outon avec les nuages une bonne partie de la matinée pour disparaître complètement, tandis que les cloches de la petite église sonnaient hésitant entre la frénésie d’une volée d’un jour de liesse et le glas. En fait, depuis toujours, leurs tintements avaient été identiques. Aucune différence ne permettait aux pèlerins d’identifier la nature de l’office. Ça sonnait, un point c’est tout. À l’intérieur, une fois le porche passé, un petit réduit situé à gauche du narthex a pour vocation d’accueillir le sonneur. L’innocent Jeannot, assigné à cette tâche, s’agrippait avec fermeté à la corde qui les actionnait donnant tantôt une note grave, tantôt une note aigüe. Puis, guidé par on ne sait quelle excitation, il se laissait emporter par ce va-et-vient qui le faisait rebondir sur la dalle pavée pour remonter à mi-chemin dans les airs. Sans doute apercevait-il un bout de son paradis. Sa cadence accélérait le rythme avec une impression d’allégresse. Sous les regards prostrés des fidèles, le simple, dont les j ambes désarticulées mimaient celles d’un pantin, avait les yeux hagards, la langue pendante laissant entrevoir des chicots dans sa bouche, et le sourire grimaçant. Pourtant, au bout d’un moment, une main bienveillante vint l’interrompre dans son exaltation. Il dut, contre son gré, s’arrêter, et tout en claquant du talon sur les dalles de la nef, il prit sa place dans le chœur où il servait la messe. En p assant dans l’allée centrale, son regard alla de gauche à droite cherchant un geste de sympathie ou de reconnaissance. Il se rajusta, remonta son pantalon de velours côtelé dans lequel il enfouit machinalement le pan de sa chemise, tira sur sa veste de tweed, qui au passage embaumait la naphtaline, et se passa un mouchoir sur le front afin d’évacuer la sueur qui y perlait. Le regard compatissant du bon gros curé à son intention le calma, et il put à l’instant même continuer à être la vedette du moment. Il faut dire que ce n’était pas souvent qu’on le sollicitait à l’église. Dans ce petit village dépeuplé, on pouvait compter sur les doigts d’une main les jours où il avait l’honneur d’y servir l’office. v C’était essentiellement pour la fête patronale. À m idi, la messe étant dite, les fidèles et leurs familles présentes ce jour-là s’empressaient de rejoindre la petite place, cinquante mètres plus bas, où trônaient déjà quelques tables correctement alignées. On avait pris soin de les recouvrir de nappes en papier blanc sur lesquelles une main bienveillante avait déposé des fleurs de lilas violet, histoire de mettre une note de couleur et de gaieté. Tandis que les plus âgés se réunissaient sur les bancs, les autres se serraient la pogne et se bisaient, heureu x de se retrouver et de distiller les dernières nouvelles. Les verres en plastique remplis d’un bon kir, soigneusement préparés par un employé délégué au bar - toujours le même, car on aime les habitudes à la campagne - étaient engloutis. Et, après avoir vidé le tonneau, les bavardages devenai ent festifs. L’accordéon donnait lela,les et
couples se formaient virevoltant sur un air de valse ou de java. Le musette restait une tradition en hommage aux ancêtres qui n’avaient que cette seule distraction et devaient attendre une autre année afin de se délecter de leurs souvenirs musicaux. Bien souvent, le corps débordant de rhumatismes, ils restaient sur le banc, fermaient leurs yeux mouillés en mémoire du bon vieux temps. La jeunesse n’était pas fâchée puisque le soir venu l’accordéoniste troquerait son accordéon contre une guitare électrique, et, accompagné d’un claviste, tout ce petit monde se divertirait jusqu’au petit matin. Après s’être empiffrés d’un bon gueuleton, les habitants, les joues rosies par la couperose mais aussi par l’enivrement, s’excitaient ; et les rires excessifs, ainsi que les verbes hauts, clôturaient généralement cette journée par des règlements de compte. On épiait la moindre phrase susceptible d’apporter de l’eau au moulin à son voisin de table, et ainsi ent retenir des débats qui n’en finissaient pas. Cela n’avait pas d’importance et serait oublié dès le lendemain. Les mariages aussi étaient rares. Avec un peu de chance on pouvait en compter un tous les cinq ans. Parfois, des jeunes ayant déserté la vie rural e pour celle de la ville se faisaient une joie de partager, avec leurs familles et leurs amis, cette union bucolique. C’était aussi l’occasion pour la petite salle des fêtes de se faire toiletter et aérer. Pour la circonstance, les plus courageux s’armaient de balais et de chiffons afin d’effacer les toiles d’araignées et les traces du temps. De leur pas de porte, les curieux s’empressaient de lorgner afin de contempler la robe à frou-frou, en soie ou en satin, selon les goûts ou les moyens de la mariée, ainsi que le voile et la traîne qui faisaient rêver les jeunes filles. Quant aux mégères, elles observaient discrètement le ventre de la jeune épouse. L’élégance du mari, sa mine réjouie, et sa fière allure passaient inaperçues dans ce défilé de mode. O n surveillait la famille qui, ce jour-là, s’était endimanchée. Le compte en banque en avait pris un sérieux coup. Les portes de l’Église se refermaient un peu avec dépit, mais la semaine qui suivrait serait alimentée par des potins qui n’en finiraient pas avec des reproches sur le tapage nocturne qui en découlait. Quant aux baptêmes, le sujet sera écourté, puisque cette même jeunesse ne baptise plus ou presque plus. Mais, quand cela arrive, notre Jeannot s’en donne à cœur joie, et, toujours pendu à la corde, il fait carillonner les cloches d’airain à toute volée, dispersant la poussière à tout-va, tandis que, dehors, le baptisé est inauguré à coups de dragées comme le veut la tradition. Sur le parvis, le curé, heureux de poser pour les photographes, se rassure en pensant que sa religion peut encore éveiller la foi. v Aujourd’hui, la petite pluie fine qui s’immisçait à la cérémonie était comme une invitée d’honneur. Il était rare qu’il fasse beau un jour comme celui-ci. Le temps faisait lui aussi partie des us. Il surveillait, tempêtait, portait l’œillade à travers les volets des habitations ; il soufflait dans les cheminées, chauffait la terre, enneigeait les routes ; il saupoudrait la nature de feuilles et pleuvai t comme on pleure. Ce matin, pourtant, quelques rayon s ensoleillés laissèrent présager une belle journée. Et voilà, il a fallu que quelques nuages abordent le dessus de la colline et viennent noircir le village juste au moment où les cloches avertissaient les fidèles de rejoindre le lieu du culte. Cette belle petite église de style moyenâgeux avait subi un bombardement lors de la dernière guerre et, pour ne pas dénaturer son patrimoine arc hitectural, elle avait été reconstruite avec les vieilles pierres de la région. Afin d’éviter tout pillage et acte de vandalisme par l’ennemi, les œuvres religieuses qu’elle contenait furent protégées par les habitants du village. Ils eurent pour mission de
les camoufler bien à l’abri de l’ennemi, quel qu’il soit. Lorsque l’heure de faire les comptes sonna, le butin s’était amaigri, certains s’étaient servis. O n s’enrichit comme on peut en temps de conflit ! Cet édifice qui reste l’âme du village se trouve sur la place, et le parking, pour l’occasion, était plein. Les voitures qui n’y avaient pas trouvé refuge étaient garées dans les ruelles étroites ou aux abords des prairies. À voir l’étendue de la file sur les bas-côtés, cela laissait deviner une affluence à l’intérieur. Et sans doute des fidèles entassés sur les bancs en bois aux dossiers droits pas toujours confortables. Quelques retardataires claquèrent malencontreusement les portes et se précipitèrent à l’intérieur où le silence avait été bousculé, abusé. Ils se fra yèrent un chemin dans la foule recueillie et attendirent le début de l’office, tandis que la cho rale attaquait son deuxième cantique. Le curé fit signe à Jeannot qui, affublé de son rictus, actionna la clochette. La chorale se tut. Tous se levèrent dans un bruit de chaises déplacées et certains tentèrent un regard vers le fond, histoire de vérifier si l’église était au complet, ou si untel était venu. — In nomine Patries. L’assemblée se signa et s’assit sur un geste du curé. Le silence s’installa. Un dernier grincement de porte fit retourner la fou le présente pour voir un homme tout habillé en dimanche traverser l’allée centrale le pas traînant, et déposer une gerbe de fleurs. La blancheur des roses et des lys qui la composait détonait avec les autres où une multitude de couleurs sautait aux yeux. Il s’agenouilla quelques instants pour se recueillir, puis il se releva péniblement, affecté, les paupières gonflées et rougies. Il resta un petit moment devant l’autel sans se soucier du curé et de son larbin qui attendaient. Il tendit sa main sur le cercueil et médita. — Hum ! Le curé esquissa une grimace d’impatience à l’intention de l’homme voûté par la douleur qui réalisa la gêne intimiste du moment. Il tourna les talons pour se réfugier sur un bout de banc obligeant les personnes assises à se serrer davantage. Enfin, l’office pouvait commencer. La chorale entonna son chant funèbre, et l’émotion se lut sur tous les visages. Les mouchoirs enfouis aux fonds des poches se déplièrent discrètement soulageant les glandes lacrymales et nasales. La peine était venue frapper ce petit village encor e surpris par le décès de sa paroissienne bien connue. v Quand la nouvelle tomba, elle fit le tour des maiso nnées, et l’on y alla de sa stupéfaction avec des questions sans réponses. Mais les réponses viendraient après un verre de vin, histoire d’en savoir plus. Les plus intimes, les amis, les vrais devaient connaître l’origine de la mort. Il fallait les faire parler au plus vite afin de nourrir les ragots. Tout y passa : — Elle était pourtant encore jeune ! Pensez-vous… À peine à la retraite. — Vous m’en direz tant, elle avait l’âge de ma Perrine ! Elles ont été à l’école ensemble… On est vite mort tout de même ! — Il y en a qui disent que c’était un cancer. Moi, je ne crois pas, elle n’avait pas l’air malade… — Oh ! Vous savez, ces maladies si on les appelle malignes ce n’est pas pour rien. Ça se cache bien au chaud soit dans le vagin, soit dans les seins. Pour d’autres, c’est les poumons, la gorge. Il y a aussi ceux qui boivent, eux, c’est le foie, les intestins, le pancréas. C’est une vraie cochonnerie. E t puis, il paraît qu’on l’a tous… Vous rendez-vous co mpte ?… Mon Dieu !
Les cancans n’en finissaient pas. Chacun y allait de sa vérité. — Mais non, vous n’y êtes pas du tout, il paraît qu e c’est son cœur. Je connais la pharmacienne, et elle m’a dit — surtout, ça reste entre nous — elle m’a dit qu’elle prenait des bêtabloquants pour soulager une cardiomyopathie. — Maintenant que vous me le dites, c’est vrai qu’el le était souvent essoufflée. Elle s’arrêtait toujours en milieu de côte pour reprendre sa respir ation. Je pensais que c’était son poids qui la handicapait… Quel malheur, tout de même, si jeune ! Les plus intimes avaient dévoilé quelques secrets concernant sa vie. — Elle voyait quelqu’un… un amant ! — Tout de même à son âge ! Elle était veuve depuis longtemps, mais ce n’est pas une raison ! Elle était grand-mère ! Ils étaient au courant, ses enfants ? — Oui ! Bien sûr, c’est moins grave… Mais, tout de même ! — Ça ne se fait pas, je suis d’accord avec vous, mais bon, elle n’est plus là aujourd’hui… Elle a peut-être eu raison d’en profiter ! La conversation se terminait avec une tape sur l’épaule et un clin d’œil. v Alors qu’à l’intérieur les litanies allaient bon train, dehors la pluie avait repris son élan et tapait violemment sur les vitraux à peine restaurés. Le ma ire frémit en pensant à la note s’il fallait à nouveau les réparer. La commune n’était pas riche, et les comptes étaient dans le rouge. Il aurait dû écouter davantage ses conseillers et mieux planifier les travaux. Avec les nouvelles élections, il sentait son prochain départ. Et surtout, un nouveau venu dans la commune, avec des dents de requin, proclamait partout ses idées novatrices. Après tout, pourquoi devrait-il s’en faire, et s’il veut la place, qu’il la prenne, ça lui fera des vacances. Matoune ne faisait pas son quintal, mais s’en appro chait. Les pompes funèbres avaient sorti, pour l’occasion, son personnel spécialisé dans le lourd, et prévu de larges et solides tréteaux. Les cierges posés sur les candélabres, disposés de chaque côté du cercueil, étaient arrivés au tiers de leur hauteur. La cire en dégoulinant formait des stalactites qui finissaient leurs descentes goutte après goutte en se figeant sur le dallage froid. Les odeurs d’encens prenaient le nez, la gorge signifiant déjà la tristesse pour la famille. Après le cimetière, et après avoir serré des mains chaleureuses et embrassés des joues peintes par l’émotion, tout en écoutant des paroles de regrets, ils iront boire un petit coup à la salle des fêtes ouverte pour l’occasion. La brioche trempée dans le café pour les mamies, et le coup de rouge pour les hommes, sera le moment choisi pour délier les langues, et tous diront : — On l’aimait bien, Matoune. Une brave femme ! Et courageuse ! Elle a eu cinq enfants… C’est eux, là-bas… Quel malheur quand même ! L’espace d’un instant, la petite église fut éclairée. Le soleil était réapparu faisant cligner les yeu x de l’assemblée restée trop longtemps dans l’obscurité. La famille, installée au premier rang, ne s’en aperçut pas et continuait de fixer le cercueil contenant la dépouille de la mère, la grand-mère, la sœur, la tante bien-aimée. On continuait de renifler, d’e ssuyer l’humidité contenue dans les yeux. Un portrait de Madeleine trônait sur le devant afin de ne pas oublier ce cher visage tant chéri. Matoune, pour les intimes, avait été une véritable mère pour les chats, d’où son surnom. Derrière sa maison, elle avait installé un petit refuge, et lorsqu’une chatte revenait le ventre gonflé de minous, elle
l’accueillait, la consolait et l’aidait à élever ses rejetons. Ces petits se sentaient si bien qu’elle fut vite envahie de nouveaux locataires. Ça ne gênait personne puisqu’elle les nourrissait copieusement, ne leur donnant pas l’envie de traîner dans les jardins attenants à la recherche d’une pitance. Parfois, un voisin sonnait à sa porte pour lui demander de gard er le sien, le temps des vacances. Elle s’en réjouissait. Matoune, mère des chats, mère de cinq enfants, gran d-mère de huit petits-enfants n’avait pratiquement jamais quitté sa demeure qui se délabrait au fur et à mesure des années. Et surtout depuis que Félix l’avait laissée pour un petit bout de terre recouvert d’une modeste sépulture, situé cinq cents mètres plus haut. C’est lui qui, de son vivant, réparait, entretenait, colmatait, jointoyait, clouait afin de satisfaire sa belle qui se contentait de nourrir sa marmaille, enfants et chats compris. Restée seule, lassée par la vie, elle avait décidé, du jour au lendemain, qu’elle ne verrait plus la ville. Elle avait comblé, comme elle le pouvait, sa vie avec des riens. Les voisins lui ramenaient ce dont elle avait besoin, et elle se contentait des produits de la terre. Son obésité ne la gênait pas dans les travaux de jardinage, et l’été sa petite parcelle de terre était recouverte de bons légumes. Elle avait pour habitude le matin, et lorsque le temps le permettait, de s’asseoir sur le pas de sa porte. Elle lisait son journal, entourée de ses chats qui miaulaient dans l’attente d’une caresse ou d’un frichti. Son beau visage souriant, rond et sans rides, s’illumin ait au passage d’une voisine. Elle aimait la compagnie : les chats, les animaux, les oiseaux, le soleil, la pluie, la neige, la tempête. Tout en somme, même ses ennemis ! Elle avait été une bonne nature. On allait la regretter. Qu’allait-il advenir de ses petits pensionnaires ? La question s’était déjà posée, et avec ses enfants qui habitaient la ville, seule Francine pourrait s’en encombrer d’un. Les villageois s’entendaient sur le fait que l’on devrait les placer à la SPA, mais ses vrais amis décidèrent qu’ils pourraient, tour à tour, s’occuper d’eux puisque les enfants de Matoune n’étaient pas encore décidés pour une vente de la maison. Le problème se poserait plus tard. Qu’allait devenir la vie de ce petit village sans Matoune ? Certes, on y penserait encore quelque temps, et puis… On oublierait. Surtout les jeunes. La clochette retentit et chacun se leva pour écouter une prière. — Amen. Tous se rassirent. Le curé fit signe à un proche. Celui-ci se leva péniblement encore sur le coup de l’émotion, et tous le suivirent des yeux. La tête baissée et l’air miséricordieux il déplia une feuille de papier et la posa sur le pupitre. L’heure de l’homm age avait sonné. Un essai dans le micro et il commença timidement. Il se savait écouté, et aux pr emiers mots sa voix trembla. Ensuite, plus à l’aise, il continua, fier de ce qu’il avait à dire à la défunte et à l’assemblée : — … Tu nous laisses seuls, aujourd’hui ! Nous sommes orphelins et nous te pleurons… Un coup de tonnerre l’accompagna. Le micro grésilla et, désarmé, il tapota dessus afin de terminer son laïus. Les lumières s’éteignirent laissant l’obscurité prendre de l’ampleur et semer le frisson dans l’assemblée. Seuls les cierges des candélabres éclairaient d’une lueur vacillante le pourtour des silhouettes leur donnant l’illusion de spectres. L’orage la réveilla, du moins Matoune le crut. Puis, elle ouvrit les yeux. Elle ne vit rien. Elle tâtonna autour d’elle cherchant son réveil, et il l ui sembla que sa main traversait un obstacle. Pourtant, cela ne lui fit aucune sensation, juste u ne impression bizarre de flottement. Elle était comme dans du coton. Elle pensa avoir bien dormi, e t c’était tant mieux, car ces dernières nuits avaient été remplies de cauchemars qui la réveillaient, la laissant trempée. Elle fut réjouie de ne plus
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