L Épervier
129 pages
Français

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L'Épervier , livre ebook

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Description

« Il en arrive malheureusement souvent ainsi dans nos campagnes. Les fils des paysans désertent la terre maternelle. Poussés par l'appât du gain et le goût des plaisirs, ils émigrent vers la Ville dont ils ont entrevu le mirage dans leurs rêves. La Ville les enveloppe dans ses tentacules et aspire leur sang généreux. Alors, épuisés, la nostalgie du sol natal s'empare d'eux ; ils tendent leurs bras affaiblis vers le vieux clocher dont les carillons ont égayé leurs dimanches, et ils reviennent flétris, consumés, inutiles, trébucher sur les humbles seuils toujours hospitaliers aux enfants prodigues ! » L'Épervier, c'est l'histoire de Félix Charrier qui, au début du XXe siècle, quitte la ferme familiale pour tenter fortune à Paris. Deux bras en moins, deux mauvaises saisons, et le père Charrier fait faillite et doit vendre la ferme. Atteint de la tuberculose, Félix doit revenir auprès de la terre natale, aux confins du Berry, du Bourbonnais et du Nivernais. Il devra faire face à sa maladie et à la misère de sa famille. Écrivain de la terre, Hugues Lapaire nous livre dans L'Épervier la misère des simples dans nos campagnes au début du XXe siècle. Il soupçonne déjà aussi les mutations auxquelles seront confrontés les villages face au départ des fils vers la ville. L'auteur a écrit ce livre avec beaucoup de naturel, souhaitant d'abord mettre en avant un certain réalisme social ; le tableau de la paysannerie n'est pas idyllique. Une secrète fantaisie se mêle au drame et lui donne un accent curieux. Un tableau dressé par la plume du poète.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2013
Nombre de lectures 73
EAN13 9782365752206
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hugues Lapaire


L’Épervier







Au cher artiste
Frederic Lauth
son ami,

h. L.


Avant-propos

J’ai entendu parler pour la première fois d’Hugues LAPAIRE, j’avais 12 ans. Je m’en souviens car la télévision annonçait ce jour-là le décès d’un célèbre humoriste. J’étais allé passer l’après-midi, à Bourges chez mon arrière-grand-mère maternelle. Michel, son gendre, l’avait un jour de bombance familiale surnommée « Grousse » ; la traduction du berrichon en français parle d’elle-même : très belle femme en sa jeunesse, elle avait laissé au fil des ans s’installer les kilos. Le qualificatif empreint de gentille ironie lui colla à la peau jusqu’à la fin de sa vie. Sans doute en souffrait-elle un peu, mais le surnom, elle le savait, était surtout chargé d’affection, elle était notre « Grousse ». Fille d’un paysan tombé au front durant la Grande Guerre (elle avait alors dix-huit mois), mon arrière-grand-mère était une femme résolument moderne, une femme de la ville, mais elle savait et aimait à dire qu’elle venait du monde de la terre.
Alors que je regardais dans sa bibliothèque, je pris au hasard un livre qui traitait du Berry. Je crois que c’était ‘’Le Paysan berrichon’’. Sur la 2ème de couverture, une dédicace : « Pour ma Petite Louise, Hugues LAPAIRE ». A l’intérieur du livre, une série de lettres, toutes, écrites de la même main – une calligraphie d’autrefois, harmonieuse, régulière, aux angles adoucis -. Mon arrière-grand-mère s’est approchée de moi, elle s’est saisie du livre, a retiré les lettres et les a mises de côté. Puis elle m’a parlé du livre et de son auteur. Elle m’a même raconté « une vieille histoire de paysans » que Hugues LAPAIRE aimait à lui conter, quand elle était enfant. Ce qu’elle appelait « vieilles histoires de paysans », c’était des contes populaires qu’elle tenait de l’auteur des «Légendes berrichonnes », des histoires que j’essaie aujourd’hui de me remémorer, plus de 25 ans plus tard, regrettant de ne pas les avoir notées à l’époque.
Ce jour-là, ma bisaïeule a précisé « On exploitait des terres qui lui appartenaient à Sancoins. Il n’avait plus ses parents depuis tout petit et son grand-père avait mis des terres en fermage chez nous depuis très longtemps, peut-être même du temps de mes grands-parents. Tu sais, il a écrit de nombreux livres, même des romans. Il m’appelait « Ma Petite Louise » et s’adressait à ma mère en disant toujours «Ma bonne Marguerite ». Il venait souvent nous voir. Ma mère disait qu’on était cousins ».
- « Cousins germains ? » ai-je demandé.
- « Non, quand on est proche et qu’on a des liens de famille à la campagne, on dit qu’on est cousins. Moi je ne sais pas à quel grand-père ou grand-mère on se croise, c’est pas ça l’important », m’a-t-elle répondu.
Ma mère à moi, sa petite-fille, donc, pense qu’Hugues LAPAIRE a quelque part incarné l’image du père absent chez sa grand-mère. Elle n’a de cesse, depuis que j’ai repris une maison d’édition de m’inviter à « rééditer Hugues LAPAIRE ». Pas évident, lorsque l’auteur n’est pas libre de droits ! Mort en 1969 il n’entrera dans le domaine public qu’en 2039 ; ses descendants directs ont disparu sans laisser d’ayants droits, il faut remonter dans l’arbre généalogique. Même si cela nous renvoie à notre environnement, cela fait beaucoup de monde à consulter pour avoir l’autorisation. Ajouté à cela, qu’on ne sait plus si les droits appartiennent à l’éditeur ou à la famille et que la plupart des maisons d’édition avec lesquelles il a travaillé ont aujourd’hui disparu. Cela pose un réel problème, il est devenu tellement compliqué de le rééditer, qu’Hugues LAPAIRE est en passe d’être oublié. À Sancoins, une « association des amis d’Hugues LAPAIRE » a longtemps entretenu sa mémoire et réédité ses ouvrages, mais aujourd’hui, il ne reste plus grand monde pour nous parler de lui.
Hugues LAPAIRE est né à Sancoins en 1869, « au Berry des treilles, entre Bourbonnais et Nivernais » a-t-il évoqué dans « La Maison au perron ». Il a beaucoup écrit sur son pays, il était un ardent défenseur des traditions et des valeurs rurales. Du temps de « sa ferveur patoise » qui selon Vincent DETHARE essayiste et poète ne l’abandonna jamais, il a consacré quelques vingt ouvrages à l’histoire et aux coutumes du terroir. Ses premières poésies publiées datent de 1890, une dizaine de recueils leur ont fait suite. « Au pays de Berri » a vu le jour en 1896, « Les chansons bérriaudes » ont été publiées, elles en 1899. Travailleur acharné, esprit curieux il s’est intéressé au théâtre et a été fort prolixe aussi en ce domaine. Conférencier au titre de l’Alliance Française, il a consacré au moins cinq ouvrages à ses voyages à l’étranger. J’ai retrouvé plusieurs cartes postales postées par lui d’Angleterre, d’Écosse, de Tchécoslovaquie et d’Italie à l’adresse de Louise et de sa mère.
Son premier roman « Le Courandier » a paru en 1904, « L’Épervier » l’année suivante. Ses textes patoisants, pièces de théâtre et romans de terroir étaient encore recherchés il y a quelques années. Il a assisté à la formidable mutation des campagnes avec l’apparition du machinisme. Il s’est désolé de ces changements, et a regretté la disparition de la société paysanne.
Orphelin de père à deux ans, il a vu disparaître sa mère adorée lorsqu’il en avait cinq élevé par ses grands-parents maternels « patriarches aux visages froids et sévères » il a connu une enfance sans bonheur. Mis en pension à l’institution Demerson à Sancoins « presque dans la maison d’en face » aussitôt après le décès de sa mère, il a longtemps été en délicatesse avec l’école qui ne comprenait pas la sensibilité exacerbée de ce gamin écorché. Élève fantasque, doué pour les Lettres, il a commencé des études quelque peu tumultueuses au lycée Théodore de Banville à Moulins. Il y était entré dès 1878, (il avait 9 ans !). Ses études bourbonnaises lui ont fait rencontrer Alfred CRÉPIN-LEBLOND, directeur du journal bonapartiste « Le courrier de l’Allier » ; il a gardé avec lui de bonnes relations sa vie durant. « Cet homme cultivé et aimable » était son correspondant ; le jeune Hugues a passé chacun des premiers jeudis du mois auprès de la famille CRÉPIN-LEBLOND qui lui a donné véritablement le goût de la littérature. Scolarisé quelques temps au Lycée de Garçons de Bourges, il est resté un élève moyen, le démon de la poésie s’était déjà emparé de lui. Il avait fait la connaissance de Maurice ROLLINAT, l’excentrique poète des « Névroses » et fréquentait le sculpteur berrichon Jean BAFFIER depuis ses dix-sept ans. Ensemble, ils restaient des heures à parler poésie. Après un échec au baccalauréat, il est contraint de gagner la capitale pour s’inscrire dans une boîte à bachot, l’institution Lelarge. Diplôme en main, il a enfin pu rejoindre les rangs de La Sorbonne.
Installé à Paris, il a fréquenté les cafés littéraires où il s’est fait connaître comme poète patoisant. Vice-président de la Société des Gens de Lettres et candidat à l’Académie Française, honoré et décoré à maintes reprises, cet inconditionnel amoureux du Berry et des Lettres s’est éteint dans la solitude, en 1967, le 1er janvier, dans une maison de retraite de la Légion d’Honneur à Saint-Germain-en Laye. Son corps repose dans le caveau familial, juste retour des choses, pour celui qui avait tant chanté son Berry. Au terme d’une vie d’écrivain fort bien remplie, atteint d’une forme de paralysie de la main Hugues Lapaire ne pouvait hélas plus écrire. Il nous a laissé un tel testament écrit, qu’il serait dommageable de l’oublier.
C’est en lisant « l’Épervier » dont j’ai trouvé l’édition originale de 1905, dans une bibliothèque, qu

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