L Évolution religieuse
249 pages
Français

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L'Évolution religieuse , livre ebook

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Description

Extrait : "De tous les grands sujets sociologiques successivement abordés dans la série de ces Évolutions, et étudiés à la lumière de la méthode comparative, il n'en est aucun qui soit plus justiciable de cette méthode que la religion, en comprenant sous ce vocable la somme des illusions dont le genre humain tout entier s'est leurré et se leurre encore à propos du surnaturel..."

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Nombre de lectures 20
EAN13 9782335031102
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335031102

 
©Ligaran 2015

Préface
De tous les grands sujets sociologiques successivement abordés dans la série de ces « Évolutions », et étudiés à la lumière de la méthode comparative, il n’en est aucun qui soit plus justiciable de cette méthode que la religion, en comprenant sous ce vocable la somme des illusions dont le genre humain tout entier s’est leurré et se leurre encore à propos du surnaturel. – Dans nos vieilles sociétés se targuant d’être très civilisées, l’idée religieuse rayonne encore d’un prestige tout particulier. Les théologiens l’ont compliquée à plaisir ; les métaphysiciens ont fait de violents efforts pour la réconcilier avec la raison et l’expérience, sans s’apercevoir qu’autant valait chercher la quadrature du cercle. Surtout et pendant des siècles, le bras séculier s’est mis très docilement au service de la religion ; il a dompté ou supprimé les adultes trop rebelles à la grâce, tandis qu’une éducation, pieuse jusqu’à l’onction, circonvenait la débile intelligence des enfants et s’efforçait d’y stériliser tout germe d’impiété future. Nous descendons de toute une série de générations ainsi domptées ou séduites. Il est donc bien naturel que la plupart d’entre nous, même parmi les meilleurs et les plus intelligents, aient hérité de tendances religieuses, devenues instinctives. Pour eux, le mot « religion » représente tout un idéal à la fois mystérieux et vénérable, qui plane au-dessus de l’examen, quelque chose comme un sanctuaire fermé et inviolable. Ces antiques préjugés, si funestes à la liberté de penser, sont encore entretenus par nombre de savants mythologues qui, se cantonnant dans l’examen spécial de telle ou telle grande religion, ne l’étudient qu’à l’apogée de son développement, avec la parure d’idées et de sentiments plus ou moins élevés dont l’ont ornée les siècles ; aussi, en y mettant parfois un peu de complaisance, n’ont-ils aucune peine à trouver sublimes les textes qu’ils examinent à la loupe et ils s’efforcent de nous faire partager leur opinion.
La méthode comparative, seule, peut nous mettre à l’abri de ces erreurs de jugement. Guidés par elle, nous voyons, à n’en pas douter, que les grandes religions sont simplement l’épanouissement des petites, de ces grossiers fétichismes dont nos doctes exégètes ne daignent pas même s’occuper. Les unes et les autres ont germé dans le sol commun de ce que Tylor a si justement appelé « l’animisme », c’est-à-dire de cette illusion primaire qui porte l’homme peu développé à prêter à tels objets ou êtres du monde ambiant sa volonté, ses sentiments, ses idées. Ce fait général est absolument hors de doute, et l’on s’en convainc aisément en interrogeant, au sujet de leurs croyances, toutes les races humaines, des plus inférieures aux plus développées, en étudiant aussi les origines et l’évolution des grandes religions, de celles que pratiquent et vénèrent encore, en réalité ou en apparence, des centaines de millions d’hommes.
Cette instructive enquête, on a tenté de la faire dans ce volume, en réunissant et classant quantité de faits observés dans tous les temps et dans tous les lieux par une armée de témoins impartiaux. Il en est résulté un trésor de documents, qui donnera, nous l’espérons, quelque valeur à notre revue comparative et nous fera pardonner d’avoir fait peu d’emprunts aux travaux de fine et subtile exégèse aujourd’hui trop à la mode. D’ailleurs notre ouvrage n’a pas la prétention de faire une histoire complète de toutes les religions ; comme l’indique son titre, on s’y efforce seulement de mettre en relief les points principaux de la commune évolution religieuse.
Le présent volume continue et termine, au moins en ce qu’elle a de plus important, la série des cinq ouvrages antérieurement publiés à la librairie Lecrosnier et Babé. Dans leur ensemble ces six monographies forment un traité de sociologie ethnographique, suffisamment complet dans les grandes lignes et que l’on pourrait intituler : l’Évolution des sociétés . Seulement ces six volumes, dans le cas où on les voudrait réunir sous un titre commun, ne devraient pas être rangés exactement dans l’ordre de leur publication. La disposition logique serait la suivante : 1° l’Évolution du mariage et de la famille  ; – 2° l’Évolution de la propriété  ; – 3° l’Évolution politique ; – 4° l’Évolution juridique  ; – 5° l’Évolution religieuse  ; – 6° l’Évolution de la morale . – Sans doute ces six études sont bien loin de comprendre tous les modes si variés de l’activité sociale ; pourtant elles en embrassent les principaux, ceux qui constituent vraiment ce qu’on peut appeler le squelette de la sociologie.
Pour écrire, avec une suffisante compétence, un traité complet de sociologie, il faudrait posséder une masse encyclopédique de connaissances, « tout le savoir humain », comme dit Molière. L’auteur de ces études ne se fait donc aucune illusion sur les nombreuses lacunes et imperfections de son travail. C’est surtout par le plan général, par la masse des faits recueillis, classés et coordonnés, enfin par la méthode adoptée, qu’il espère avoir fait œuvre utile.

CH. LETOURNEAU.
Chapitre I Nature et origines du sentiment religieux

I. Du sentiment religieux . – Définition du mot « Religion ». – Les définitions de Tylor, de Darwin, de Pétrone. – De la Religiosité et du Règne humain. – L’instinct religieux chez les animaux. – Les rêves chez les animaux. – II. La prétendue universalité des croyances religieuses . – Le monothéisme réel n’existe pas. – La mort et l’homme primitif. – La soi-disant universalité du monothéisme. – Les religions athées. – L’athéisme primitif. – III. De l’animisme . – L’intelligence des primitifs. – L’animisme primitif. – L’animisme spiritique. – L’animisme des Algonquins. – L’origine des idées de survivance posthume. – L’ombre. – L’esprit. – Les Mânes. – La case des esprits. – L’evhémérisme de H. Spencer. – IV. L’animisme littéraire . – Ses degrés. – L’animisme des anciens poèmes. – L’animisme dans la poésie française. – Ronsard, Hégésippe Moreau, Lamartine, Victor Hugo, Corneille, Th. Gautier. – L’animisme fétichique chez Lamartine, V. de Laprade. – L’animisme spiritique de J. Autran, de Victor Hugo, de Malherbe, d’A. Chénier. – L’animisme métaphysique de Victor Hugo, d’A. de Musset. – L’animisme en prose chez Victor Hugo. – La base animique des religions.

I Du sentiment religieux
Dans ce volume, j’entreprends de passer en revue toutes les races humaines, en les interrogeant au sujet de leurs sentiments ou concepts dits religieux. Mais, avant d’entrer dans le vif de ce grand sujet, avant de résumer méthodiquement la masse de documents recueillis à ce propos par une armée de voyageurs, de savants, d’érudits, en commençant suivant mon habitude par les races humaines les plus humbles, il me faut au préalable, pour limiter et déblayer le champ de mon étude, éclaircir rapidement quelques questions préliminaires, et surtout préciser le sens qu’il convient de donner aux expressions vagues « religion, instinct religieux, etc. ».
Le mot « religion », qui résume toutes les expressions dérivées, trop souvent employées pour l’éviter ou le masquer, est un terme extrêmement général, couvrant un assemblage d’idées et de pratiques souvent fort hétérogènes ; c’est aussi un de ces mots, que j’ai déjà appelés « auréolés », correspondant à des sentiments à la fois flottants et violents, héréditairement incarnés dans le cerveau de tout homme appartenant à une race civilisée. Pour déterminer nettement la véritable valeur du mot « religion », il faut, de toute nécessité, procéder à une enquête ethnographique ; mais, dès à présent, nous pouvons fixer à peu près ce qu’on entend habituellement par le mot « religion », même peser la valeur de quelques-unes des nombreuses définitions qui en ont été données.
Les religions ont joué et jouent encore un tel rôle dans la vie sociale des peuples civilisés, que chacun de nous s’en est plus ou moins préoccupé, soit pour les admirer, soit pour les maudire. Comme le dit Pascal, il y a eu « des foisons de religions », et nombre d’entre elles ont exercé sur la destinée des nations une inoubliable influence. Cependant, pour quiconque ne s’est pas assimilé les données principales de l’anthropologie et de l’ethnographie, le mot « religion » n’a d’ordinaire q

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