La conquête de l Oued
356 pages
Français

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La conquête de l'Oued , livre ebook

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Description

5 juillet 1830 : sombre jour pour nos vies algéroises - les Français s'installent; 1er novembre 1954 : sombre jour pour nos vies algéroises - la guerre d'indépendance; 5 juillet 1962 : rideau, c'est la fin. Quarante-cinq ans passent. Le narrateur, Pascal Cazès, revient d'un voyage à Alger. Processus de réconciliation ? Il rencontre différents personnages qui éclairent ce qu'a été la colonie vue du côté algérien. L'ampleur du désastre, il ne l'avait jamais mesurée. Sur le chemin des souvenirs, d'autres événements inattendus se présentent, dans l'Algérie complexe (et complexée) de 2007.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2008
Nombre de lectures 108
EAN13 9782296188563
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0152€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA CONQUÊTE DE L’OUED

Daniel Cohen éditeur

Littératures,une collection dirigée par Daniel Cohen
Littératuresestune collection ouverte, tout entière, àl’écrire, quelle qu:’en soit la forme
roman, récit, nouvelles, autofiction, joudémarche éditoriale arnal ;ussivieille que l’édition
elle-même. S’il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d’avoir eule goût des genres
qui lui ont ralliéun large public, il reste que prescripteurs ici, concepteurs de la forme
romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont,
jusqu’àun degré critique, asséché levivier des talents. L’approche deLittératures,
chezOrizons, est simple — il eût étévain de l’indiquer en d’au: ptres temps —ublier des auteurs que
leur force personnelle, leur attachement auxformes multiples dulittéraire, ont conduits
audésir de faire partager leur expérience intérieure. Dutexte dépouillé à l’écrit porté par
le souffle de l’aventure mentale et physique, nousvénérons, entre tous les critères
supposant déterminer l’œuvre littéraire, le style.
Flaubert écrivant : « J’estimepar-dessus tout d’abord le style, et ensuite levrai »,
il savait avoir raison contre tous les dépérissements. Nous en faisons notre credo. D.C.

Dans la même collection :

Farid Adafer,Jugement dernier,2008
Bertrand duChambon,Loin de V"r"nas#,2008
Odette David,Le Maître-Mot,2008
Jacqueline De Clercq,Le Dit d’Ariane,2008
Toufic El-Khoury,Beyrouth pantomime,2008
Maurice Elia,Dernier tango à Beyrouth,2008
Pierre Fréha,La conquête de l’oued,2008
Gérard Gantet,Les hauts cris,2008
Gérard Glatt,Comme une poupée dans un fauteuil,2008
Henri Heinemann,L’Éternité pliée, Journal, édition intégrale.
Gérard Laplace,La Pierre à boire,2008
Enza Palamara,Rassembler les traits épars,2008

ISBN 978-2-296-04691-7
© Orizons, chezL’Harmattan, Paris,2008

Pierre Fréha

La conquête de l’oued

.

2008

Dumême auteur

ROMANS

La Conquête de l’oued, Orizons, Paris,2008
Sahib, L’Harmattan, Paris,2006
La diva des ménages, L’Harmattan, Paris,2004
Tournesol, L’Harmattan, Paris,2001
L’ombrelle des sentiments, Mercure de France, Paris, 1981
Anglo-Lunaire, Mercure de France, 1979

NOUVELLES

Monsieur Flagel, « L’Autre Journal », 1986
The Family Boulin, « Formations », États-Unis (en anglais), 1986
Retour de Méditerranée, « La Croix», 1987
Monsieur Flagel speaks,terms of old francs, « Formations »,
ÉtatsUnis (en anglais), 1988
Unvisage de prince, « La Croix», 1989
Casino, « Libre Accès », 1993

CRITIQUE

De l’Asie à Londres, « Europe », Littérature de Grande-Bretagne,
1993

GRAND PUBLIC

Les réussites pour tous, De Vecchi, Paris,2003
Le grand livre des jeux de cartes, De Vecchi, Paris,1995

Jouer au bridge, De Vecchi, Paris, 1991
Jouer au poker, De Vecchi, Paris, 1991
Jouer aux réussites, De Vecchi, Paris, 1991
L’entretien d’embauche : erreurs et pièges à éviterpour être
recruté, De Vecchi, Paris, 1992

THÉÂTRE RADIOPHONIQUE

Monsieur Flagel parle en anciens francs, France-Culture, Grand
PrixPaul Gilson 1989

Jevois ces plainesverdoyantes, cesvergers, ces
forêts, ces fleuves et ces rivières ; tant d’abondance !
Quel besoin ont les Français d’occuper mon Pays,
de sable et de rochers ?

Abd el-Kader,29 avril 1848, aupremier
jour de sa captivité en France

El Bahdja

a mémoire de notre famille ne doit pas se perdre. C’était mon dernier
Lsoir à Alger. Le ciel était couvert. Azzizme prit par l’épaule.
« Qu’est-ce quevous diriezd’un petit hammam avant d’aller
dîner, mon ami ? » proposa-t-il.
Nestor se joignit à nous. L’établissement était situé au-dessus de la
Grande Poste. On roula rapidement nos affaires dansun casier situé
audessus de matelas alignés côte à côte surune petite estrade. Après avoir
passéune lourde porte, on parvint dansunvaste espace sans fenêtre. De
fines gouttes d’eauruisselaient duplafond. On s’installa près d’une
fontaine.
« J’ai beaucoup de chance, dis-je aussitôt dans les brumes dubain
devapeur. Monvoyage se termine…
"Vous repartezdemain matin ?
"Oui.
"Quel bilan tirez-vous ? Globalement positif ? »
Il parlait de monvoyage comme de l’action d’un gouvernement !
« C’estun exercice de réconciliation qui se termine. Réconciliation
avec moi-même.
"Avecvous-même seulement ? »
Il paraissait déçu.
« Avec touteune nation aussi. Vous préférezcomme ça ?
"J’aime mieux.
"Tune me laisses rien passer, n’est-ce pas ? »
Il haussa les épaules.
« Tun’as pas retraversé la Méditerranée pour qu’on te laisse passer
quoi que ce soit. Moi ou un autre. Ça fait combien de temps ?Quarante ans,
c’est ça ? Et il faudrait encoreuser de diplomatie. Après tout ce temps. Les
masques sont tombés tout aulong devotre séjour, mon ami. Demande aux
esprits duhammam qui nous entourent ce qu’ils en pensent. Je suis sûr
qu’ils seront d’accord avec moi. »
Je ne sais pas à quels esprits il faisait allusion. Il ne me loupait
jamais. Je me saisis d’un broc qui flottait dans la fontaine et le remplis d’eau

12

LA CONQUÊTE DE L’OUED

brûlante que je laissai glisser lentement le long de mon dos. La chaleur
balaya toutes les tensions de ces dernières semaines, comme si elle libérait
mon énergie. Impossible de le nier à laveille dudépart :les bousculades
d’Azzizm’avaient renduservice. À quoi monvoyage aurait-il ressemblé
sans lui ?Il m’avait guidé tout aulong d’un périple passionnant et
périlleux.
« Cehammam remonte à l’époque turque,vous croyez? lui
demandai-je.
"Cet espace, oui. L’entrée, non. »
Après le bain, on retourna dans la pièce principale, enveloppés
dans d’épaisses serviettes. On s’allongea sur les matelas.
« Omar ! cria Azziz. Tunous apportes trois jus de fruits ! »
Avec sesyeuxbleus soulignés d’un trait de khôl et son fin collier
de barbe presque imperceptible, teint auhenné, le gérant abandonna à
regret son journal, ouvritun frigidaire situé derrière le comptoir et
déboucha les bouteilles.
« Français ? me dit-il.
"Oui.
"L’ONUvient de décider de mener sa propre enquête après
l’attentat qui avisé ses locauxà Hydra, fit-il abruptement, en s’asseyant à
l’extrémité dulit oùj’étais allongé.
"Bonne nouvelle, non ?
"Pasune mauvaise chose. Onva en savoirun peuplus sur tout
ça, pasvrai ?Jevaisvous dire, je mettrais ma main à couper que nos
braves dirigeants manipulent le terrorisme islamiste en leur faveur. Ils sont
tous, autant qu’ils sont, responsables des massacres et des attentats suicide.
Moi, c’est ce que je pense. Armée etFISconfondus. »
A laveille dujour de la grande prière, le hammam était presque
vide. Un client âgé ronflait à l’autre bout de la pièce.
« Certains le disent, ajouta Azzizprudemment.
"Moi, je le dis. Les intégristes islamistes tuent, mais l’armée
aussi. Dire que ce régime pourri est innocent relève de la naïveté, dire qu’il est
complice n’absout pas pour autant les islamistes de leurs crimes.
"Compliqué », dis-je à mon tour.
Depuis le temps que le pays, dont jevenais, refusait la repentance
pour son passé colonial, les activités subversives se multipliaient, comme
s’ilyeûtun lien entre l’intransigeance desuns et les déboires identitaires
des autres. Le gagnant de ce dialogue de sourds c’était l’extrémisme. La
perversité des services spéciauxfaisait le reste.

EL BAHDJA

13

Je n’aurais pas associé la chaleur et la détente duhammam avec
l’inquiétant constat que notre gérant dressa soudain sans crier gare :
« Lephénomène islamiste dans notre pays, il est fabriqué de
toutes pièces dans les labos de nos services secrets, affirma-t-il d’une traite.
"Pourquoi le serait-il ?
"Jevous le dis. »

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