Le Ciel et la Terre
32 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Ciel et la Terre , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Extrait : "AN : Notre père dort. Voici l'heure où ceux qui nous aiment, ont coutume de descendre à travers les sombres nuages qui couronnent le mont Ararat. Comme mon cœur bat ! AHOL : Commençons notre invocation. AN : Mais les étoiles sont cachées. Je tremble. AHOL : Et moi aussi ; mais ce n'est pas de crainte : je ne crains que de les voir tarder longtemps."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
EAN13 9782335097016
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0008€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335097016

 
©Ligaran 2015

FONDÉ SUR CE PASSAGE DE LA GENÈSE, CHAP. VI :
« Et il arriva que les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles ; et ils prirent pour femmes celles d’entre elles qui leur plurent. »
Et la femme pleurant le démon qu’elle adore.

COLERIDGE.
Personnages

SAMIASA ANGE
AZARIEL ANGE
L’ARCHANGE RAPHAËL ANGE
NOÉ HOMME
IRAD HOMME
SEM, fils de Noé HOMME
JAPHET, fils de Noé HOMME
ANAH FEMME
AHOLIBAMAH FEMME
CHŒUR DES ESPRITS DE LA TERRE
CHŒUR DES MORTELS
Scène I re

Une contrée boisée et montagneuse près du mont Ararat. – est minuit.
Anah, Aholibamah.

ANAH
Notre père dort. Voici l’heure où ceux qui nous aiment, ont coutume de descendre à travers les sombres nuages qui couronnent le mont Ararat. Comme mon cœur bat !

AHOLIBAMAH
Commençons notre invocation.

ANAH
Mais les étoiles sont cachées. Je tremble.

AHOLIBAMAH
Et moi aussi ; mais ce n’est pas de crainte : je ne crains que de les voir tarder longtemps.

ANAH
Ma sœur, quoique j’aime Azariel plus que… – Oh ! beaucoup trop ! Qu’allais-je dire ? mon cœur devient impie.

AHOLIBAMAH
Et où est l’impiété d’aimer des natures célestes ?

ANAH
Mais, Aholibamah, j’aime moins Dieu depuis que son ange m’aime. Cela ne saurait être bien ; et quoique je ne croie pas mal faire, je sens mille craintes dont ma conscience s’alarme.

AHOLIBAMAH
Unis-toi donc à quelque fils de la poussière, travaille et file ; Japhet t’aime depuis longtemps : marie-toi, et donne le jour à des êtres d’argile !

ANAH
Je n’aimerais pas moins Azariel s’il était mortel ; pourtant je suis bien aise qu’il ne le soit pas. Je ne puis lui survivre ; et quand je pense que ses ailes immortelles planeront un jour sur le sépulcre de l’humble fille de la terre qui l’adora comme il adore le Très Haut, la mort me semble moins terrible ; et cependant je le plains : sa douleur durera des siècles ; du moins telle serait la mienne pour lui si j’étais le séraphin, et lui l’être périssable.

AHOLIBAMAH
Dis plutôt qu’il choisira quelque autre fille de la terre, et l’aimera comme il aimait Anah.

ANAH
Si cela devait être, et qu’elle l’aimât, plutôt le savoir heureux que de lui coûter une seule larme !

AHOLIBAMAH
Si je pensais qu’il en fût ainsi de l’amour de Samiasa, tout séraphin qu’il est, je le repousserais avec mépris. Mais faisons notre invocation ! – Voici l’heure.

ANAH
Séraphin ! du sein de ta sphère, quelle que soit l’étoile qui contienne ta gloire ; soit que dans les éternelles profondeurs des cieux, tu veilles avec les sept archanges, soit que dans l’espace antique et infini, des mondes poursuivent leur marche devant tes ailes brillantes, entends-moi ! Oh ! pense à celle à qui tu es cher ! et lors même qu’elle ne serait rien pour toi, songe que tu es tout pour elle. Tu ne connais pas, – et puissent de telles douleurs n’être infligées qu’à moi ! – tu ne connais pas l’amertume des larmes. L’éternité est dans tes jours ; la beauté sans aube et sans déclin brille dans tes yeux ; tu ne peux sympathiser avec moi, si ce n’est en amour, et là tu dois avouer que jamais argile plus aimante n’a pleuré sous le ciel. Tu parcours d’innombrables mondes ; tu vois la face de celui qui t’a fait grand, comme il a fait de moi l’une des moindres créatures de la race exilée d’Éden ; et cependant, séraphin chéri, entends-moi ! car tu m’as aimée, et je ne voudrais quitter la vie qu’en apprenant ce que je ne pourrais apprendre sans en mourir, que tu oublies, dans ton éternité, celle dont la mort ne pourra empêcher le cœur de battre pour toi, tout immortelle essence que tu es ! Il est grand l’amour de ceux qui aiment dans le péché et dans la crainte ; et je les sens qui livrent à mon cœur un indigne combat. Pardonne, ô mon séraphin ! pardonne à une fille d’Adam de telles pensées ; car la douleur est notre élément, et le bonheur un Éden dérobé à notre vue, quoiqu’il vienne parfois se mêler à nos rêves. L’heure approche qui me dit que nous ne sommes pas tout à fait abandonnées. – Parais ! parais ! séraphin ! mon Azariel ! Viens ici, et laisse les étoiles à leur propre lumière.

AHOLIBAMAH
Samiasa ! en quelque partie des célestes régions que tu commandes ; – soit que tu combattes contre les esprits qui osent disputer l’empire à l’auteur de toute puissance ; soit que tu rappelles quelque étoile errante égarée à travers les espaces de l’abîme, et dont les habitants, mourants de la chute de leur monde, partagent la triste destinée de la poussière qui habile celui-ci ; soit que, te joignant aux chérubins inférieurs, tu daignes partager leur hymne, – Samiasa ! je t’appelle, je t’attends et je t’aime. Beaucoup pourront t’adorer, ce ne sera pas moi : si ton esprit t’incline à descendre vers moi, descends et partage mon sort ! Quoique je sois formée d’argile, et toi de rayons plus brillants que ceux du soleil sur les ondes d’Éden, ton immortalité ne saurait payer mon amour d’un amour plus ardent. Il est en moi un rayon qui, bien qu’il lui soit interdit de briller, fut allumé, je le sens, à la lumière de Dieu et à la tienne. Il peut rester longtemps caché. Ève, notre mère, nous a légué la mort et la caducité, – mais mon cœur les brave : quoique cette vie doive prendre fin, est-ce une raison pour que toi et moi nous soyons séparés ? – Tu es immortel, – et moi aussi : – je sens, je sens mon immortalité déborder toutes les douleurs, toutes les larmes, toutes les terreurs, et sa voix, pareille à l’éternel mugissement des vagues, crier à mon oreille cette vérité : – « Tu vivras toujours ! » Si ce sera une vie de bonheur, je l’ignore, et ne veux point le savoir ; ce secret appartient au Tout-Puissant qui couvre de nuages les sources de nos biens et de nos maux ; mais toi et moi, il ne peut jamais nous détruire ; il peut nous changer, non nous anéantir ; nous sommes d’une essence aussi éternelle que la sienne, et s’il nous fait la guerre, nous lui ferons la guerre à notre tour : avec toi, je puis tout endurer, même une immortelle douleur ; tu n’as pas craint de partager la vie avec moi, pourquoi reculerais-je devant ton éternité ? Non, quand le dard du serpent devrait me transpercer, quand tu serais toi-même semblable au serpent, enlace-moi de tes replis ! et je sourirai, et je ne te maudirai pas ; et je te presserai d’une aussi énergique étreinte que… – Mais descends ; viens mettre à l’épreuve l’amour d’une mortelle pour un immortel. Si les cieux contiennent plus de bonheur que tu ne peux en donner et en recevoir, demeure où tu es !

ANAH
Ma sœur ! ma sœur ! je vois leurs ailes se frayer une route lumineuse à travers les ténèbres de la nuit.

AHOLIBAMAH
Les nuages s’écartent devant eux comme s’ils apportaient la lumière de demain.

ANAH
Mais si notre père apercevait cette clarté ?

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents