Le Fado de la mère
152 pages
Français

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Le Fado de la mère , livre ebook

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Description

Margarida n’est encore qu’une enfant lorsque sa famille quitte le Portugal pour rejoindre la terre promise que semble être la France. Entourée d’un patriarche autoritaire et d’une mère soumise et effacée, la jeune fille tente de trouver sa place au sein de ce foyer on ne peut plus traditionnel. En quête permanente d’elle-même et de plus en plus attirée par les mœurs françaises, c’est dans les livres – ses "nouveaux amis" – qu’elle part chercher des réponses. De Balzac à Duras en passant par Flaubert, elle n’en finit pas de s’évader en dévorant les pages noircies… Finalement, ne serait-elle pas une nouvelle Emma Bovary? Un magnifique récit respirant le réalisme et la simplicité. Avec une grande habileté, l’auteur parvient à rendre compte des délicates conséquences que le choc des cultures peut avoir sur une quête identitaire. Au fil des mots, on s’évade avec ce jeune personnage féminin si attachant. Un récit de vie poignant, une écriture du cœur.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782748367294
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Fado de la mère
Margarida Poças Serrano Le Fado de la mère
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0116258.000.R.P.2011.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011
Ce matin, je me suis réveillée avec le désir au creux le plus intime. Je dormais de côté comme chaque nuit ; au petit matin, le réveil a été plein de promesses. Mes jambes jointes, serrées, je n’osais bouger de peur que cette sensation au centre de moi ne disparaisse. Rester ainsi, engourdie, attentive seulement à ce four-millement. Ne pas bouger, vivre intensément le jour qui se lève sur mon plaisir. Me concentrer uniquement sur ce cadeau de la vie, oublier le reste. Qu’y a-t-il de plus important que ce frémissement au petit jour ? Pas grand-chose. J’ai décidé qu’il n’y aurait rien de plus important ces jours-ci. Le jour se lève, et mon corps qui s’éveille me rassure. Ce petit séisme me vivifie. Sous les décombres, sous l’oubli, mon pauvre corps endormi, blessé par les acci-dents d’amour, par les désillusions, ce corps jouisseur, nié, le corps endeuillé se rappelle à moi en m’insufflant le souffle de vie si prometteur. Il faudra vivre encore ! Enfouir au plus profond la peur de mourir, piétiner la peur d’être déjà vieille, la peur d’avoir perdu le goût d’aimer, la peur du devenir de mes fils. La peur d’avoir perdu l’envie, cette envie irrésistible d’éprouver la meurtrissure physique qui te remet sur pied et te fait à nouveau sentir en vie. Exulter comme dirait l’ami Brel !
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Ce goût pour les plaisirs : croquer dans la vie avec gourmandise, manger, boire quelques petits coups, parta-ger de grands éclats de rire, me vêtir avec recherche en théâtralisant et sublimant mon potentiel physique. Le raffinement ressenti, comme si la parure du jour avait le pouvoir de suspendre le temps. Être actrice, choi-sir ma tenue comme pour un voyage, vivre ce jour nouveau comme une fête, entraîner les autres dans un tourbillon, une nouvelle histoire. Qu’elle facette ai-je en-vie d’explorer à l’orée de ce jour ? Les vêtements, les chapeaux, les accessoires, ces petits riens qui esquissent l’allure ont toujours eu ce pouvoir sur moi. M’arrimer à la vie réelle, m’extraire de ma tendance contemplative, me projeter dans l’action. La fantaisie ves-timentaire allège mes pensées et ma vie. La façon dont nous sommes habillés dit tellement de choses sur nous. Je trouve si touchante une personne qui s’est donné du mal pour inventer sa vie, et qui en innovant, touche l’autre par sa singularité et son besoin d’attirer le regard. Même lorsqu’elle en devient un peu ridicule, la sophis-tication entraîne une sensation de perfectionnement qui insuffle le geste et ponctue la parure. L’amour physique bien sûr faisait partie des plaisirs de la vie pour lesquels j’avais une inclination naturelle. Cette tendance fut gran-dement étouffée sous une chape d’éducation religieuse et de bienséance familiale. La femme, chez nous devait por-ter l’honneur de la famille. On ne naît pas impunément d’une mèredolorosad’un père pilier de troquet. Entre et les deux, il y avait moi, moi qui ai toujours oscillé entre la respectabilité et le bouillonnement d’envies à assouvir.
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