Le politicien, le marabout-féticheur et le griot dans les romans d Ahmadou Kourouma
214 pages
Français

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Le politicien, le marabout-féticheur et le griot dans les romans d'Ahmadou Kourouma , livre ebook

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Français

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Description

Cet ouvrage se penche sur les rapports complexes qui s'établissent entre trois catégories de personnages qui marquent l'univers romanesque d'Ahmadou Kourouma. Par des artifices magico-religieux qui nourrissent leur efficacité opératoire sur le terreau d'un imaginaire fétichiste qui imprègne le mental des protagonistes, ces personnages deviennent pour ainsi dire des facteurs déclenchant les tragédies collectives ou individuelles des romans d'Ahmadou Kourouma.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 172
EAN13 9782296802407
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le politicien,
le marabout-féticheur et le griot
dans les romans d’Ahmadou Kourouma
Joseph N DINDA


Le politicien,
le marabout-féticheur et le griot
dans les romans d’Ahmadou Kourouma
Du même auteur

Voyage trans-temporel ou le retour vers le futur dans L’arrière pays mental de Fernando d’Almeida , Douala, Les Cahiers de l’estuaire, Coll. Thot, Juin 2001

Révolutions et femmes en révolution , Paris, L’Harmattan, 2002


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54300-3
EAN : 9782296543003

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
AVANT PROPOS
Ahmadou Kourouma se voulait un témoin de son temps. En plus des problèmes d’ordre esthétique, il avait le souci d’évoquer des aspects des réalités africaines qui posaient problème par rapport à l’évolution du continent. Dès son premier roman, il mettait déjà au jour la problématique des dérives des hommes de pouvoir. Au fil de ses œuvres, il est systématiquement revenu dessus avec des personnages hauts en couleur qui s’entourent d’une catégorie de personnes qui négocient encore aujourd’hui leur insertion dans une société de plus en plus rationaliste, de plus en plus modernes. Depuis Les Soleils des indépendances jusqu’à Allah n’est pas obligé , l’influence de ce type de personnages sur les autres est allée grandissante. Nous nous sommes demandés pourquoi Ahmadou Kourouma accentue les traits et les rôles de ces personnages dans ses textes. Les féticheurs, les marabouts, les sorciers et les griots, puisqu’il s’agit d’eux, ont attiré notre attention dans ces textes qui font ressortir les liens réels et symboliques qui les unissent aux hommes de pouvoir, en qui ils font naître la mégalomanie et la soif d’une éternité illusoire.
Nous nous sommes dit qu’il y avait là matière à réflexion, surtout que cette question trouve un écho dans l’observation de la gestion du pouvoir en Afrique. En effet, dans notre environnement, il ne se passe pas un jour sans que l’on évoque, soit dans les faits divers, soit dans la rumeur ou même à travers des informations plus ou moins crédibles, les accointances que les hommes politiques ont avec le magique et le religieux. C’est ainsi que l’inflation du personnage du marabout, du féticheur ou du sorcier dans les romans de notre auteur nous a amené à esquisser une démarche qui pourra se nourrir d’autres recherches sur le sujet, surtout qu’il suscite toujours maintes interrogations.
Nous espérons que ce modeste ouvrage donnera quelques pistes de réflexion à propos d’une thématique et d’une préoccupation qui interpelle l’imaginaire des uns et des autres par rapport à ce qu’il est convenu d’appeler les pouvoirs sorciers, ainsi que l’exprimait déjà un titre de la revue Politique africaine.
Nous en profitons pour remercier le Pr Hamadou Adama du Département d’Histoire de la Faculté des Lettres de l’Université de Ngaoundéré qui nous a fait une heureuse suggestion pour la composition définitive du titre de cet ouvrage. Nous tenons aussi à remercier M. Bindi Ngouté Lucien pour l’aide documentaire et logistique qu’il nous a apporté.
INTRODUCTION
L’Afrique dans son évolution a connu de nombreux problèmes qui, pour la plupart, restent d’actualité. La traite négrière et la colonisation ont causé beaucoup de dégâts et marquent encore l’imaginaire et les mémoires collectives. Il faut noter que les Occidentaux ont procédé, durant ces périodes, à la fétichisation de leurs personnes et de leurs institutions. Le mythe du Blanc tout puissant et invincible naît ainsi, accentuant les croyances magico-religieuses qui étaient déjà vivaces dans les mémoires spirituelles africaines.
La période post-indépendante en Afrique voit, dans la plupart des pays, des individus qui, presque tous ont subis le lavage de cerveau colonial. Pour se fabriquer une personnalité, les nouveaux dirigeants africains mettent en place des processus propagandistes qui sont les modèles hypertrophiés de la fétichisation du pouvoir héritée de la colonisation et associée aux perceptions culturelles africaines. La fabrication du mythe du " Père de la Nation", du "Grand Timonier" ou du "Grand Camarade" s’accompagne de procédures de mystification des populations.
Le foisonnement des romanciers qui ont dénoncé et décrit cette situation l’atteste. Des écrivains comme Mongo Béti, Alioum Fantouré, V.Y. Mudimbe, Chinua Achebe, Tierno Monenembo ou Ahmadou Kourouma ont, dans leurs œuvres, présenté la réalité africaine sous toutes ses coutures. En ce qui concerne le dernier auteur, son premier roman intitulé Les Soleils des Indépendances défraie la chronique dans les années 1970. Le roman présente les bouleversements que connaît la fictive République des Ébènes au lendemain des indépendances. Il y a destruction des structures traditionnelles suite à l’irruption et à l’imposition des nouveaux discours de la colonisation et plus tard de l’élite. Ce livre montre aussi une société traditionnelle qui s’accroche malgré tout aux mythes, croyances et pratiques magico-religieuses, qui ne semblent plus opératoires dans le nouveau contexte de l’Afrique post-indépendante.
S’agissant de la structure de l’imaginaire africain à travers ses mythes et les pratiques magico-religieuses, beaucoup y ont vu la cause principale des difficultés que connaît l’Afrique. Il faut souligner que de manière générale, les sociétés traditionnelles africaines étaient presque essentiellement animistes avant l’arrivée des religions révélées chrétienne et islamique {1} . Le problème se présente aujourd’hui avec plus d’acuité car les pratiques magico-religieuses ont même atteint les sphères de décisions. L’obscurantisme qui accompagne la mise en place des nouveaux pouvoirs en Afrique a mystifié les pratiques politiques, au point que pour le commun des individus, seuls les grands initiés peuvent intégrer l’arène des batailles pour le pouvoir {2} .
Les membres des orthodoxies régnantes récupèrent, dans la plupart des cas, les mythes et les légendes du terroir pour se fabriquer une personnalité hors norme. Ces pratiques supposent aussi l’utilisation des fétiches, des talismans qui ont pour but de protéger l’individu contre certaines attaques extérieures en assurant ainsi son épanouissement. Bien évidemment, il y a fusion de la magie et de la religion, d’où le syncrétisme qui en résulte.
Dès lors, nous nous demandons quels rapports les détenteurs du pouvoir entretiennent avec les pratiques magico-religieuses. Dans un monde qui louvoie entre le rationalisme et l’irrationnel, quelle place accorder aux pratiques magico-religieuses dans l’exercice du pouvoir politique ? Quels sont les mécanismes mis en place par les maîtres temporels pour asseoir leur pouvoir au point de s’y éterniser ? Quelles sont les conséquences de telles pratiques sur les détenteurs du pouvoir politique, et sur les peuples qu’ils dirigent ? Voilà autant de questions qui nous ont amenées à étudier "Le politicien, le marabout et le griot" dans les œuvres d’Ahmadou Kourouma. De son premier roman à l’avant dernier {3} , l’auteur a toujours mis en exergue ces rapports que les détenteurs du pouvoir, qu’il soit traditionnel ou institutionnel, ont avec les pratiques magico-religieuses de toutes sortes.
A plusieurs occasions, Ahmadou Kourouma a eu à affirmer qu’il ne croit pas aux prétendus pouvoirs des marabouts et autres féticheurs, sinon, les Africains n’auraient pas connu successivement l’esclavage et la colonisation.
La présence obsédante de ces pratiques dans les textes de Kourouma montre bien qu’elles existent et qu’elles constituent le socle de certains pouvoirs. Il s’agit pour nous de dégager les modalités de fonctionnement de ces pratiques, et d’expliquer pourquoi, malgré leur inefficacité certaine pour l’amélioration du sort des individus, elles continuent à avoir de l’emprise sur les mentalités collectives des personnages. En effet, les acteurs politiques de tous bords que nous analyserons dans les œuvres de Kourouma, n’hésitent pas à utiliser les instruments de la spiritualité et de la religion pour subjuguer ceux et celles qu’ils veulent dominer ou circonvenir. La magie et la religion deviennent alors consubstantielles au f

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