Le Pote
82 pages
Français

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Description

Imprimé à compte d'auteur en 1938, Le Pote, 1916 n'avait jamais été édité et son intérêt était resté confidentiel. Le roman est centré sur la forte amitié entre Rallie (on n'a pas de mal à y reconnaître Rallon lui-même) et son « pote », Bouboule, « un gros soldat, un rouquin à la démarche pénible... » Nous sommes sur le front et nous voyageons de Nancy à Verdun. Écrit à hauteur d'homme et à ras de terre par un homme qui a fait cette guerre, c'est le quotidien des combattants qui est au cœur de l'écriture : alcool, nourriture, poux, rats, saleté, peur, horreur des batailles, paysages, relations entre soldats et avec les civils, sexualité et amour mais aussi critique des supérieurs ainsi que de la conduite et de la nécessité de la guerre. Pas de haine de l'ennemi, en tout cas, dans ce roman où deux soldats essayent seulement de tenir coûte que coûte. Sa sincérité, sa description du conflit qui y est tout sauf un décor, méritent en tout cas largement qu'on le lise encore. Il pose aussi le problème, si fréquent et toujours d'actualité, du rapport entre expérience militaire et fiction.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2014
Nombre de lectures 110
EAN13 9782365751742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Germain Rallon



Le Pote








« Celui qui n’a jamais fait la guerre peut-il savoir ce que c’est, un copain ? »

« Le copain, c’est mieux qu’un camarade, mieux qu’un ami intime, mieux qu’un frère souvent ; c’est un être étrange, très rare, qui ne connaît pas l’égoïsme et qui fera pour vous sans hésiter le sacrifice de sa vie s’il le faut. Il n’est pas nécessaire d’avoir une brillante intelligence, ni des dons particuliers pour faire un bon copain ; non, il suffit simplement d’avoir un cœur et de l’écouter parler. »


Préface

Éléments biographiques

Germain Rallon est né le 24 janvier 1896, à Aubigny, et décède, tout près, le 19 juin 1945, à Thénezay. C’est à la limite du paysage bocager de la Gâtine parthenaisienne et de celui ouvert de la Plaine d’Oiron-Thénezay, en Deux-Sèvres, qu’il passe l’essentiel de sa vie, mis à part sa participation à la Première Guerre mondiale. Sa mère tient un petit commerce, à La Coudrelle (un hameau d’Aubigny, qui a eu l’importance d’un village), où l’on trouve surtout du pétrole et du savon. La maison familiale existe encore sur la route qui mène à Thénezay, avec une plaque à son nom que l’on a du mal à déchiffrer. Son père vend des tissus, détruit les taupes ou est encore guérisseur. Ses parents sont issus de familles rurales de petits artisans ou de petits commerçants.
Bon élève et pris en charge par un instituteur, il se destine à être lui-même enseignant et à rentrer à l’École Normale de Parthenay au moment de la Grande Guerre. Mobilisé, blessé à Verdun en 1916, il est fait prisonnier et partit en Prusse orientale, près de la Pologne. Il parla, apparemment, très peu de cette période et, comme pour d’autres facettes de son existence, les documents et les témoignages manquent : quelques photos, de rares confidences, une période de captivité dont on ne sait si elle dura trente ou dix huit mois. Sa fiche matricule est absente des Archives départementales des Deux-Sèvres et de la Vienne (qui les ont mises en ligne sur leurs sites internet pour les combattants de la Première Guerre mondiale). Seules les indications géographiques qu’il donne dans Le Pote me permettent, grâce à Yves Drillaud grand connaisseur du sujet, de penser qu’il a appartenu au 114 e régiment d’infanterie, qui était basé dans les Deux-Sèvres, à Saint-Maixent et à Parthenay.
Il devient bien maître d’école après la guerre et se marie avec Marcelle, en 1920, elle-même institutrice. Ils ont une fille, Germaine, née en 1921. Après quelques écoles de Gâtine, il est nommé à Thénezay, avec son épouse, en janvier 1926. C’est là que se déroule désormais toute sa carrière d’instituteur et de directeur d’école, qui représente une part très importante de sa vie.
Socialiste, membre de la SFIO ainsi que de la Ligue des Droits de l’Homme, il appartient également à la franc-maçonnerie. Il participe fougueusement à la vie politique locale, surtout dans la période 1936-1939, du Front populaire à la guerre, notamment en écrivant des articles dans Le Travail, le journal hebdomadaire départemental de la SFIO, ou encore dans Le Semeur, le journal départemental du parti communiste. Il s’en prend spécialement aux ligues ainsi qu’aux partis de droite et d’extrême-droite. Ses attaques politiques virulentes contre la municipalité et des habitants de sa commune, son vif engagement, laisseront des traces qui persisteront longtemps après sa mort. Pour une partie des Théneziens, Rallon c’était le « Rouge ». Dans les années 1980 encore, me déclare Didier Coupeau, pour certains, « à Thénezay le mot Germain Rallon c’est presque une insulte ! »
C’est un homme au physique imposant, doté d’une forte personnalité, enseignant sévère et exigeant, mais aussi un bon vivant, grand fumeur, aimant particulièrement la nature et la pêche.
Son appartenance à la franc-maçonnerie lui vaut d’être révoqué, en 1941, par le gouvernement de Vichy. Son épouse prenant sa retraite la même année, ils restent à Thénezay dans une maison de la rue Basse. Il récupère son poste en décembre 1944 mais décède d’un infarctus en juin 1945. Si l’on a des attestations de son engagement verbal contre les Allemands et le gouvernement de Vichy, il n’y a pas d’éléments certains qui prouveraient une vraie appartenance à la Résistance ; ce que l’on ne peut, en tout cas, exclure.
En 1987 et 1988, l’oubli dans lequel il était tombé s’estompa. À Thénezay, une exposition lui est consacrée ainsi qu’un spectacle (par l’association des Gens de Cherves) autour de son roman L’Ouche aux brebis, qui fut réédité avec une préface de Maurice Poignat qui l’avait connu. Les principaux artisans de cette redécouverte furent Michel-Pierre Contart, un vétérinaire qui avait une résidence à Aubigny, et qui réalisa un excellent travail de recherche sur Germain Rallon, et Didier Coupeau, à l’époque directeur de l’école primaire, et son équipe d’enseignants. Son nom est donné à l’école primaire de Thénezay dans laquelle il avait passé tant d’années.

Germain Rallon écrivain, Le Pote (1916)

Un de ses anciens élèves se souvenait que le maître écrivait souvent quand il était en classe. Il est l’auteur de trois romans et de nouvelles. Le Pote (1916), en 1938, et Deux Larmes, en 1940, qu’il fit imprimer lui-même, à ses frais. Il en écrit un autre, pendant la Seconde Guerre mondiale, La Vache et le Veau, qui se déroulerait à Thénezay pendant ce même conflit. Hélas, ce dernier a disposer de même que les nouvelles, dont on ne connaît le résumé que de qutre d’entre elles. Cependant, il n’est pas impossible que des copies exsistent encore ...
Les autres romans conservent un petit succès local recensé par la presse. Sa chance fut la rencontre, pendant et à cause de la Seconde Guerre mondiale, avec Charles Breibant, écrivain et intellectuel parisien qui s’était réfugié dans les Deux-Sèvres et qui devint un ami. Reconnaissant l’intérêt des Deux Larmes, ce dernier réussit à le faire éditer chez Gallimard, en 1941. La fin et le titre avaient changé, ce dernier devenant L’Ouche aux brebis. Le roman est centré sur une histoire d’amour tragique et sur la vie des ruraux à la fin du XIXe siècle, dans le territoire où Rallon a vécu et qu’il connaît si bien. Il peut être rapproché des romans d’ Ernest Pérochon, qui est un contemporain et dont on ne sait s’ils furent en contact, et mérite encore largement d’être lu.
La guerre et sa fin prématurée ne firent jamais profiter à Germain Rallon de cette chance littéraire.
Le Pote resta, lui, un livre totalement confidentiel, connu et possédé par de rares personnes. Lui aussi vaut vraiment le plaisir d’être lu. Utilisant la forme romanesque, Germain Rallon nous raconte son expérience de la Première Guerre mondiale. Le personnage principal, Rallie, a du mal à déguiser son nom. La belle et forte amitié de Rallie avec Bouboule, le pote, est au coeur de l’ouvrage. Mais elle se déroule durant la Grande guerre et on suit les protagonistes, pendant l’année 1916, de Nancy à Verdun. « Ce livre m’a semblé libérer notre ami Rallon d’une sorte de promesse qu’il avait dû se faire à lui-même de publier ce témoigage sur son ami de guerre, sur son “pote” ... », écrit Georges Picard (Le Travail, 18 juin 1938), socialiste, professeur et historien qui connut bien Germain Rallon.
C’est le soldat Rallon qui se souvient. Et il se remémore le principal, ce qui fait la vie quotidienne pour beaucoup de combattants : la nourriture, l’argot, l’alcool, le tabac, l’ennui, les femmes et la sexualité (il y a aussi une histoire d’amour tragique), la nature parfois, les tranchées, la peur et l’horreur, les blessés et les morts. Son engagement politique transparaît dans le livre, qu’il auto-édite donc en 1938. Les Allemands ne sont jamais des « Boches », Rallie est très ému en pensant à la mère d’un aviateur allemand qu’il vient de voir mourir. La guerre a été causée par les « capitalistes » et ses causes et ses terribles conséquences sont totalement condamnées même si Rallie pense que l’on ne peut faire autrement que de la mener au bout. Germain Ra

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