Le sel
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Le sel , livre ebook

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Description

Extrait : "Certaines matières minérales sont abondantes sur des points déterminés du globe et manquent complètement ailleurs: d'autres se rencontrent très fréquemment, mais toujours en petites quantités. L'or, par exemple, est de ces dernières : il n'existe peut-être pas de sable qui ne contienne un peu d'or..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Nombre de lectures 28
EAN13 9782335054651
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335054651

 
©Ligaran 2015

PREMIÈRE PARTIE Propriétés et usages du sel
CHAPITRE PREMIER Les propriétés du sel
1° Introduction

Abondance du sel dans la nature. – Sel marin. – Le sel dans l’air. – Sel gemme. – Origine du mot sel. – Opinions des anciens sur le sel. – Son caractère symbolique. – Le sel de l’esprit. – Vertus médicales du sel, suivant Pline. – Il rend la terre tantôt stérile, tantôt féconde.
Certaines matières minérales sont abondantes sur des points déterminés du globe et manquent complètement ailleurs : d’autres se rencontrent très fréquemment, mais toujours en petites quantités. L’or, par exemple, est de ces dernières : il n’existe peut-être pas de sable qui ne contienne un peu d’or ; mais dans les localités les plus favorisées, le métal précieux ne forme jamais de grandes masses. Le sel, au contraire, est très commun et presque partout très abondant.
L’eau de la mer recouvre les trois quarts de la surface du globe terrestre et forme en certains points une couche de 7 à 8 kilomètres d’épaisseur ; elle renferme en dissolution une quantité de sel qui s’élève environ à 3 pour 100 du poids de l’eau. Si l’on songe à l’immensité de la mer, on voit combien est grande la masse de sel qui s’y trouve contenue. Mais, en outre, les eaux appelées douces ne le sont que relativement : dans toutes il y a du sel, en proportion minime, il est vrai, mais en quantité suffisante pour que les chimistes puissent reconnaître sa présence. Chaque mètre cube d’eau de rivière contient en moyenne 10 grammes de sel : les eaux de source en sont souvent beaucoup plus chargées.
Si l’eau qui séjourne ou celle qui coule à la surface de la terre est toujours plus ou moins salée, l’air au milieu duquel nous vivons contient également du sel. Parmi les poussières solides qui flottent dans l’atmosphère, il y a des parcelles de ce minéral.
Nous les respirons sans cesse, de même que nous buvons le sel dissous dans l’eau : aussi n’est-il pas étonnant que notre sang et nos organes renferment du sel et que tous les êtres vivants, animaux et végétaux, en contiennent aussi.
À tous ces états, le sel est plus, ou moins caché : il ne se montre pas sous l’aspect de matière solide, pierreuse, que nous lui connaissons ordinairement : il faut des moyens délicats, des réactifs chimiques pour le découvrir ou déceler sa présence. Mais on le trouve à la surface du sol ou dans les entrailles de la terre constituant une roche, une véritable pierre : c’est alors le sel gemme . Il n’existe pas partout ; mais il est rare qu’un pays ayant une certaine étendue en soit absolument dépourvu. En Afrique, quelques populations vivent privées de sel ; mais cela tient surtout aux difficultés des transports dans ces pays sauvages.
L’usage du sel, comme condiment destiné à relever la saveur des aliments, est très ancien ; son origine se perd dans la nuit des temps : chez les nations civilisées, le sel est employé, en outre, à la fabrication d’un nombre considérable de produits utiles, le savon, le verre et tant d’autres. Aussi est-ce l’une des richesses minérales les plus importantes, une de celles que les hommes cherchent à se procurer en premier lieu : tantôt ils l’extraient de l’eau de la mer, et recueillent le sel marin qu’elle abandonne en s’évaporant au soleil ; tantôt ils mettent à profit et exploitent les bancs de sel gemme qu’ils ont pu découvrir. Heureux le pays qui peut ainsi se procurer en abondance le sel aussi nécessaire que le pain à la vie des habitants ! L’industrie du sel donne lieu à un commerce considérable, crée sur les côtes une pépinière de marins et de pêcheurs et fournit enfin la matière première indispensable à une foule de fabrications.
Quelle est l’origine du mot latin sal , duquel sont tirés les noms de sel, salt en anglais, salz en allemand ? Certains auteurs le font venir de salum , la mer. Il est plus naturel d’admettre que tous les noms du sel, ainsi que le mot grec άλς , dérivent d’un radical commun.
Le sel par son piquant rend agréables les aliments les plus insipides : aussi n’est-il pas de substance qui ait reçu de l’antiquité plus d’éloges, et de plus magnifiques. Suivant : Pythagore, il n’est, pas de table qui puisse s’en passer. Pline (XXXI, 7) le compare au soleil et dit que ce sont les deux choses les plus précieuses et les plus nécessaires dans la nature. Plutarque l’appelle l’assaisonnement des assaisonnements et le plus agréable de tous.
Il ajoute que le pain est bien meilleur quand il contient du sel, et que le pain et le sel peuvent suffire à la vie. Horace est du même avis. Il parle aussi du soin avec lequel on conservait chez les Romains la salière de famille ( paternum salinum ).
Aliment précieux, indispensable, le sel a pris un caractère symbolique. Le renverser à table était regardé chez les Romains comme un présage funeste, et la tradition s’en est conservée précieusement jusque dans notre société. En revanche, on plaçait, chez les Grecs comme chez les Romains, le sel devant un étranger à qui : on voulait donner une marque d’amitié. Démosthène emploie l’expression, « partager le sel, » comme synonyme de recevoir l’hospitalité. Au Moyen Âge, le partage du sel est aussi un symbole d’alliance et de fraternité. Aujourd’hui encore, dans quelques contrées de l’Orient, deux hommes qui ont partagé ensemble ou échangé ce présent de la nature, deviennent inviolables l’un pour l’autre. Le pain et le sel offerts sous la tente de l’Arabe assurent l’hospitalité : les Bédouins se mettent réciproquement dans la bouche un morceau de pain saupoudré de sel et contractent ainsi l’ alliance du sel . Par suite d’une association d’idées analogue, la rétribution accordée pour un service rendu a pris le nom de salaire , c’est-à-dire indemnité pour le sel.
Il n’est donc pas étonnant que le sel ait joué dans les cérémonies antiques et dans toutes les religions un rôle auguste. On l’offrait à la divinité dans les sacrifices. Moïse le prescrit dans le Lévitique, parce que le sel est le témoignage de l’alliance que Dieu a faite avec les Israélites, alliance désignée dans les Nombres sous le nom de pacte éternel du sel . Les Romains employaient également le sel dans leurs cérémonies religieuses, et, lorsqu’ils offraient des sacrifices, le mélangeaient à la farine de froment, pour se rendre les dieux favorables.
Homère et Platon ne l’ont-ils pas appelé un corps divin très aimé des dieux.
Les Hébreux avaient reconnu eux-mêmes ou appris des Égyptiens que le sel a la propriété de conserver les corps ; ces derniers l’utilisaient dans la préparation des momies. Cette vertu merveilleuse est devenue certainement la cause d’une foule d’usages, notamment de celui qui consistait à frotter de sel le corps des nouveau-nés : ces frictions avaient pour but de donner plus de fermeté à la peau et plus de vigueur aux organes. Le sel devint donc tout naturellement l’emblème de la fermeté, de l’éternité, de l’immutabilité et enfin de la sagesse. Dans l’Évangile, les apôtres sont appelés le sel de la terre  ; et lorsqu’on baptise les enfants, on leur met sur les lèvres le grain de sel de la sagesse ( sal sapientiœ ).
Employé à assaisonner nos aliments, le sel leur communique une saveur légèrement piquante, tandis que ceux qui n’en ont pas reçu paraissent sans goût : aussi a-t-on donné le nom de sel au piquant et à la sagacité de l’esprit. On dit que dans un discours, dans un écrit, il y a beaucoup de sel, et comme les Athéniens furent les plus spirituels des Grecs, on dit que c’est du sel attique . En latin, les mots sal, sales , sont employés pour désigner la vivacité et les pointes de l’esprit. Le sel noir ( sal niger ) d’Horace signifie raillerie amère ; un même mot salsus veut dire salé et spirituel, tandis qu’un homme dépourvu de sel ( insulsus ) ne peut être qu’un sot ; c’est du reste le portrait qu’en fait le poète Catulle.
De tout temps l’homme a cherché des remèdes à ses maux et des secours contre la maladie. Les facultés merveilleuses du sel devaient certainement être mises à contribution par la médecine ancienne : Pline nous a laissé de ses vertus mirifiques un

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