Le théâtre de Robert Poudérou
302 pages
Français

Le théâtre de Robert Poudérou , livre ebook

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302 pages
Français

Description

De Robert Poudérou, Gilles Costaz a écrit dans L'Avant-Scène : "Il est un des auteurs qui a le plus cassé les silences de l'Histoire de notre pays, de la rafle des enfants juifs à Bordeaux en 1942 (J'ai l'honneur...) à la persécution des tziganes à la même époque (Les Princes de l'Ailleurs), de l'esclavage (Le Nègre qui riait et qui dansait) à la guerre d'Algérie (Pendant que vous dormiez). C'est l'oeuvre de cet auteur-citoyen que nous voulons mettre en relief et saluer dans cet ouvrage.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296512986
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN: 978-2-296-99751-6 30
Guy SABATIER
Espaces littéraires Le théâtre de Robert Poudérou
Le rêve d’une société plus équitable (1971 – 2011) Questions à la Cité Questions à l’Histoire
LETHÉÂTRE DE ROBERT POUDÉROU Le rêve d’une société plus équitable (1971 – 2011)
Espaces Littéraires Collection dirigée par Maguy Albet Dernières parutions Paula DUMONT,Les convictions de Colette, Histoire, politique, guerre, condition des femmes,2012. Sylvie CAMET, Nourredine SABRI (sous la dir. de),Les Nouvelles Ecritures du Moi dans les Littératures française et francophone, 2012. Samuel LAIR (sous la dir. de),Fortunes littéraires de Tristan Corbière, 2012.Claude HERZFELD,Gérard de Nerval. L’épanchement du rêve, 2012. Tommaso MELDOLESI,Textes et poèmes autour de l’accident ferroviaire de Meudon, 1842. Une poésie de la catastrophe, 2012. Ygor-Juste NDONG N’NA,La folie des discours identitaires dans les nouvelles littératures, 2012. Richard Laurent OMGBA, André NTONFO (dir.),Aimé Césaire et le monde noir, 2012. Milan BUNJEVAC,Lire la poésie d’Aleksandar Petrov, 2012. Fabrice BONARDI (sous la dir. de),LesNouvelles Moissons, 2012. Jean SÉVRY,Un voyage dans la littérature des voyages, 2012. Christine FRENOT,Théodore Monod, le poète itinérant, 2012. Anton PAVLOVITCH TCHEKHOV,Correspondant de guerre,2012. Ida JUNKER,Le monde de Nina Berberova, 2012. John BAUDE,Jean Giono, deCollineàQue ma joie demeure, Le temps suspendu, le Tout retrouvé, 2012. Éliane ITTI,Madame Dacier, femme et savante du Grand Siècle (1645-1720), 2012.Victor MONTOYA,Les contes de la mine. Conversation avec le Tio, Traduit de l’espagnol par Émilie BEAUDET, 2012. Nathalie AUBERT,Christian Dotremont, La conquête du monde par l’image, 2012.
Guy SABATIER
LETHÉÂTRE DE ROBERT POUDÉROU
Le rêve d’une société plus équitable (1971 – 2011)
Questions à la Cité
Questions à l’Histoire
DU MÊME AUTEUR
-Traité de Brest-Litvosk, Éditions Spartacus, 1997. -Le mélodrame de la République sociale et le théâtre de Félix Pyat(2 tomes), L'Harmattan 1998 (prix scientifique 1998). -Félix Pyat (1810 - 1889). Publication du "Médecin de Néron". Drame inédit de 1848. L’Harmattan, 2010. (Dans le cadre du Bicentenaire de la naissance de Félix Pyat : 1810-2010). -L’Amorce révolutionnaire (1810 - 1864), chez l’auteur, 2005. -?Ne reste-t-il que l'errance  (Théâtre), Éditions Privilège -Atlantica, 2005. -1918. Les Communistes de gauche contre le capitalisme d’État.Éditions Smolny (Toulouse), 2011.
© L'Harmattan, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99751-6 EAN : 9782296997516
L’utopie est l’enfant de nos rêves, Parfois la mère de tous les risques. Robert Poudérou I – ENTRETIEN AVEC L’AUTEUR Guy : Robert, tu es né en Périgord. Quels souvenirs marquants gardes-tu de ta famille et de ton enfance dans cette province française ? Robert :plus précisément, à Mensignac, près de Né, Périgueux. En ce printemps 1937, je suis un bébé qui pleure chaque soir. Et pour m'apaiser et m'endormir, mon père siffle et chante (de Vincent Scotto) : On est des clochards On n'a pas d'abri On vit dans les rues sans pain Etc. Et c'est le miracle à chaque fois. Sans doute parce que mon père a une jolie voix. Sa carrière à plein temps dans la chanson a duré six mois, à Tours, le temps d'une escale d'amour au cours de son tour de France de compagnon. Pendant tout un semestre des années 30, il a chanté sur les marchés de Touraine. Deux femmes l'accompagnaient : sa « fiancée » qui vendait les textes des chansons et la mère de celle-ci qui jouait de l'accordéon. Plus tard, à l'âge de sept-huit ans, je vais plonger au cœur de la poésie populaire en écrivant sur un grand
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cahier les chansons du répertoire paternel – beaucoup fort bien écrites et porteuses de réflexions sur la vie. Plus tard encore, en mon adolescence, Tino Rossi a trouvé un fan de première en mon père. Et le Tino, je peux dire que par le truchement de notre phonographe à aiguille, m'a transporté dans les velours du palais des amourettes fécondées par un sentimentalisme lénifiant, quelquefois un peu bêtifiant, auquel j'ai eu parfois du mal à échapper dans la suite de ma vie. Plus tard, papa et moi nous nous sommes accordés sur Jean Ferrat. Papa était menuisier-charpentier et j'avais un attrait pour le bois. À l'âge de cinq-six ans je me suis mis à en ajuster des morceaux, à les clouer et, sur un monticule rocheux proche de notre maison, j'ai construit ce qui était pour moi une petite ville. Or, un dimanche matin – j'ai encore gravé en moi l'image de ce matin-là – mon père a découvert mes assemblages et les a démolis. J'ai mis longtemps à me consoler de la destruction de cetteœuvrettema vie. de Pourquoi un tel comportement de mon père ? Il souhaitait, plus tard il s'en est expliqué, que je ne sois pas menuisier mais un « monsieur » instruit et occupant une place de choix dans la société. C'est dire qu'à la place de la scie et du marteau, il m'a donné à effectuer des opérations à plusieurs chiffres, ses chansons à copier et des livres à lire, ceux de la bibliothèque verte que j'ai dévorés et, en ma fin d'enfance, les grands romans d'Alexandre Dumas etLes Misérables de Victor Hugo qui, encore à ce jour, restent deux auteurs que j'admire et vénère. Mon père voulait pour moi une vie qui me soit douce, une formation intellectuelle qui me donne la maîtrise des choses. Ainsi ai-je appartenu, répondant à ses vœux, à cette lignée de fils chargés de faire vivre les rêves de leurs pères ou, dans certains cas, de réparer leurs erreurs, leurs fautes.
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Est-ce en lui chantant une chanson tendre que mon père avait séduit ma mère ? Je n'en sais rien. Je sais peu de choses de leur couple en son début, et quoi qu'il en soit, ces choses-là je dois les tenir secrètes. Ma mère m'a nourri au sein. Plus tard, j'ai découvert ses yeux. De beaux yeux, un regard tendre et un rien malicieux. Elle était moins démonstrative que mon père dans l'affection. Elle m'embrassait peu et répugnait à voir nos vieilles voisines portant à ma joue leurs lèvres mouillées et ornées de duvet. On m'a dit qu'elle ne souhaitait pas vraiment avoir un enfant. Mais une fois mis au monde de ses bras, elle a montré à mon endroit une attention de tous les instants et il est apparu à tous, et constamment, que j'étais l'être le plus important de sa vie. Elle avait un sens étonnant de la réplique et comme on disait dans ma famille, elle retombait toujours sur ses pieds. Elle s'est souciée de mon chemin vers le petit Jésus, a cornaqué catéchisme et ma communion solennelle mais sans ostentation, n'ayant que respect pour notre curé mais jamais les yeux fermés, et doutant parfois d'un Dieu qui, selon elle, avait quelquefois de curieuses façons de nous prodiguer ses bontés. Elle aimait rire avec les amies, le cinéma du samedi soir et l'accordéon. Aux côtés de ma mère, il y avait ma grand-mère paternelle qui gagnait un peu de sous avec des ménages et qui peuplait mon esprit, chaque fois que j'étais malade – souvent, je dois dire – d'histoires qu'elle inventait. Elle avait su construire ses paroles par l'écoute fine et attentive des filles d'un médecin généraliste local qui avaient fréquenté « les écoles ». Il y avait aussi une voisine, ancienne conductrice de Tram à Bordeaux pendant la guerre de 14 -18 et qui m'a appris à danser le quadrille au son d'un phonographe à saphir et à pavillon, marque : La voix de son maître. Il y avait aussi mes deux petites voisines… Bref, une enfance dans un jardin de femmes. Car il y avait encore deux tantes très proches dont
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