Les histoires interdites du petit Poucet
241 pages
Français

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Les histoires interdites du petit Poucet , livre ebook

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Description

Cet ouvrage raconte l'histoire d'un pays méconnu, le Salvador, en utilisant avec bonheur tout un éventail de techniques littéraires : poésie, anti-poésie, collages, fresques historiques saupoudrées de documents falsifiés par l'auteur, biographies de figures révolutionnaires ou anonymes, hommage à la culture vernaculaire, à l'argot local, aux racines indigènes et aux poètes connus ou inconnus... Loin des fresques historiques, ce livre est un assemblage en hommage à un peuple qui, tout au long de son histoire, ridiculise les puissants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2005
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296887725
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES HISTOIRES INTERDITES DU PETIT POUCET
Titre original : Las historias prohibidas del Pulgarcito © siglo xxi editores, s. a. de c. v., Mexico.
Mise en page : Alexia Lagarde. Couverture : photo Gérard Guit.
ROQUE DALTON
LES HISTOIRES INTERDITES DU PETIT POUCET
Traduction : Pierre-Jean Cournet. Revu par Lydia Nogales.
BIBLIOGRAPHIE DE ROQUE DALTON
Poésie : - Dos puños por la tierra (San Salvador, 1955, co-auteur Otto René Castillo) - Mia junto a los pajaros (San Salvador, 1957) - La ventana en el rostro (Mexico, 1961) - El turno del ofendido (La Habana, 1962) - El Mar (La Habana, 1962) - Los testimonios (La Habana, 1964) - Poemas (Antologia, San Salvador, 1968) - Taberna y otros lugares (Premio Casa de las Americas, La Habana, Cuba, 1969) - Los pequeños infiernos (Barcelona, 1970) - Un libro rojo para Lenin (La Habana, 1970) - Los hongos (éditions UCA-El Salvador, 1981,posthume) - Poemas clandestinos (éditions UCA-El Salvador, 1982,posthume) publié en France en 2004 par “Le temps des cerises” sous le titre Poèmes clandestins. - Un libro levemente odioso (éditions UCA-El Salvador, 1989,posthume)
Essais : - El Salvador (La Habana, 1963) - Cesar Vallejo (La Habana, 1963) - El intelectual y la sociedad (Mexico, 1969) - Revolucion en la revolucion ? (La Habana, 1970) - Miguel Marmol y los sucesos de 1932 en El Salvador (La Habana, 1972) - Las historias prohibidas del Pulgarcito (Mexico, 1974)
Roman: - Pobrecita poeta que era yo (éditions UCA-El Salvador, 1981,posthume)
SOMMAIRE
Avant-propos, 9 La guerre de guérilla au Salvador (contrepoint), 13 Dictons, 21, 63, 81, 93, 109, 137 Paysages et hommes (1576), 23 De l’anticommunisme en 1786, 25 Un Otto René Castillo du siècle dernier, 33 Saluons la Patrie, fier de pouvoir nous appeler ses fils, 35 Anthologie des poètes salvadoriens (I) : Tiàhuit tzuntzunat, 37 Bombas, 39, 69, 77, 95, 113, 123, 147 165, 185, 211 Au sujet d’Anastasio Aquino, Père de la Patrie, 41 Morazàn et la jeunesse, 49 Anthologie des poètes salvadoriens (II) : A Morazàn, 51 1856 - 1865, 53 Anthologie des poètes salvadoriens (III) : Salut au Chili..., 59 Dieu béni, force sainte, sainte immortalité, 61 Le théâtre national (1875), 65 Des héros et des tombes, 67 Réjouissances, 71 Ne frappe pas une femme même avec un pétale de rose (1888), 73 Les bons voisins, 79 Fin de siècle, 83 Entre nous, l’amour, 91 Regalado est bien mort, 97 Les courses de canard, 99 Anthologie des poètes salvadoriens (IV) : Comment on corrige les mineurs, 101 Les finances de Dieu, 105 Deux poèmes au sujet de notre plus célèbre écrivain, 111 Vieudemerde, 115 Faits, événements et hommes de 1932, 125 Tous, 135 Poème végétal, 139 En mémoire du docteur Arturo Romero, 149 Anthologie des poètes salvadoriens (V) : Le chien et le chat, 151 Comment on enseigne l’histoire, 155 Le jugement d’Opico, 159 Les idoles, les hommes illustres et les iconoclastes, 161 Longue vie ou belle mort pour Salarrué, 167 Mon voeu le plus cher, 171 Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, 173 Anthologie des poètes salvadoriens (VI) : À la recherche de ta salive, 179 L’idiome salvadorien, 181 Palimpsestes, 183
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Le réconfort des saints sacrements, 187 La sociologie par les pieds, 189 Anthologie des poètes salvadoriens (VII) : Moment d’effroi, 191 La classe ouvrière et le curé José Matias, 193 1932 en 1972, 199 Petit poème avec photo symbolique, 203 Deux portraits de la Patrie, 205 La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, 213 Je t’avertis..., 227 Bibliographie, 229 Notes, 231
« ...Le Salvador, ce petit Poucet de l’Amérique centrale... » Gabriela Mistral
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AVANT-PROPOS
Août 1994, au Chiapas, lors de la Convention Nationale Démocratique, première rencontre entre l'armée zapatiste et la “société civile” et grande messe révolutionnaire, un admirateur offre un livre au charismatique sous-commandant Marcos, alors au sommet de sa popularité. En lisant la couverture, celui-ci s'écrie : « Roque Dalton, mon maître ! » Deux ans plus tard, lors d'un échange épistolaire un peu sec entre l'EZLN et une autre guérilla mexicaine, l'EPR, ces derniers ayant affirmé que la poésie n'était en rien la continuation de la politique, la réponse des zapatistes est « Alors, vous êtes comme ceux qui ont fusillé Roque Dalton ». Deux allusions donc, dans la réalité mexicaine qui paraît si éloi-gnée du Salvador des années 70. Le Mexique où on ne compte plus les éditions, pirates ou non, douteuses ou apocryphes et même les cassettes des poésies de Roque Dalton ; presque un inconnu en France, du moins au-delà du cercle des amoureux de la littérature ou de l'histoire centre-américaine. Si Roque est l'objet d'un culte populaire au Mexique et dans toute l'Amérique centrale, c'est que l'homme cumule la puissance du poète, l'éthique du révolutionnaire, le talent de l'humoriste, une solide réputation d'amoureux et une des morts les plus tragiques dans la tourmente de la guerre civile salvadorienne. De quoi entrer dans le mythe romantique et se retrouver fossilisé dans la galerie des héros et martyrs de la révolution ! Mais Roque, vivant ou mort, n'est pas facile à réduire à telle ou telle catégorie. Cet homme, produit de son époque, était avant tout un esprit libre rétif à toute idéologie prévoyant le bonheur des hommes malgré eux. Celui qui avait échappé de justesse et par deux fois à la peine capitale, à une truie en fureur et à quelques maris jaloux, et s’était évadé de prison grâce à un tremblement de terre, devait finir fusillé par ses mêmes compagnons d'armes, ceux de l'ERP (Ejercito Revolucionario del Pueblo) qui le réhabiliteront dans les années suivantes (merveille du stalinisme momifié !). Lui qui “faisait rire les pierres” aurait peut-être goûté l'ironie de la situa-tion ! En lui faisant endosser le rôle du traître, ses meurtriers lui ont offert une dimension mythique qui le renvoie au côté des 1 éternelles victimes de l'histoire ; “pauvre petit poète” en guerre contre les fascistes au pouvoir et finalement exécuté par de pseu-dos révolutionnaires.
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Roque Dalton (El Salvador, 1935-1975) a laissé une œuvre poétique en plusieurs volumes où l’on trouve des empreintes contrastées : le souffle continental de Pablo Neruda, le romantisme social de Vallejo l’Andin tragique, et l’inspiration par la tradition orale, particulièrement celle des couplets les plus légers, anonymes, amoureux, et qui s’appellent là-bas des “bombes”. Il a écrit deux œuvres romanesques qui sont comme les deux branches d’un itinéraire ; l’un intitulé “Pauvre petit poète que j’étais” parle de lui et de ses amis, et prédit, comble de torture autoassénée, les conditions de son assassinat ; c’est déjà un livre sur le Salvador autant qu’une recherche sur la famille spirituelle proche du poète. L’autre, « Histoires interdites du petit Poucet », parle surtout de son pays, et s’arrête sur la guerre frontalière calamiteuse, entre le Salvador et le Honduras, de 1970, juste avant que l’auteur ne prenne les armes dans la guérilla marxiste contre le gouvernement du Salvador. Les deux livres convergent en tant que voyage d’un enquêteur et partie prenante d’un drame qui remonte à des siècles, à la recherche du centre de l’être salvado-rien ; et se dessine un nœud inextricable : le pays apparaît comme aussi compliqué et disparate que le moi ; mais c’est un pays qui pense, il pense sa difficulté à être, et donc non seulement il existe mais il répond pleinement à la question shakespearienne du destin par l’affirmation. Malgré sa petitesse, il est.
La fresque romancée qu’on va lire est construit comme une traque furieuse de l’ennemi intérieur : non seulement du Salvadorien qui trahit l’essence de son pays, mais de tout lecteur, qui est, comme on le reconnaît depuis Baudelaire, un “hypocrite lecteur, mon frère”. Le narrateur pratique ici la clandestinité, en se faisant simple orga-nisateur de témoignages, anecdotes ou matériaux bruts ; cependant nous allons les découvrir comme une collection de leurres, et les embuscades nous attendent à chaque page. C’est la vérité tragique de l’histoire qui est le trophée, et c’est notre effarouchement, notre attitude fuyante devant elle qui est débusquée.
En conclusion il est écrit : « La falsification de l'histoire de cette guerre est sa continuation par d'autres moyens ».
Ce livre est une action de guérilla contre la guerre que les puissants livrent aux pauvres. Roque Dalton est parmi les premiers, avec
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