Comment savoir si son rendez-vous ne m’était pas, en partie, destiné ?
– Oui, je voulais vous offrir la possibilité de le rencontrer, mais bon Dieu, à l’instant où vous avez franchi cette porte, je n’ai plus souhaité qu’une seule chose, être seul avec vous. (Il m’a regardée par en dessous.) Vous deviez être encore plus impatiente que moi, non ?
– À vrai dire, je suis assez… excitée.
Il a répété le mot « assez » tout doucement en s’approchant de moi et en glissant le doigt le long de mon décolleté. Son accent était plus prononcé que d’habitude. Est-ce que c’était Martindale qui déteignait sur lui, ou bien est-ce qu’il se donnait un genre, pour rire ?
– Je trouve que le verre est un matériau vraiment exquis.
– Magnifique, lisse et impitoyable, ai-je répondu.
Cette description aurait aussi bien pu s’adresser à lui, vu ce que m’avait raconté Stéphane. Il a haussé le sourcil comme pour m’inviter à en dire plus. Mais je suis restée silencieuse, le cœur battant. Il était tout proche de moi, suffisamment proche pour que je puisse sentir la chaleur de son corps. Il était plus grand que dans mon souvenir. Avions-nous déjà été debout, face à face ainsi ? Une seule fois. La nuit où nous nous étions rencontrés dans le bar. Il a posé sa main sur ma hanche. De l’autre, il m’a soulevé le menton.
– Cela vous dérangerait beaucoup si je vous embrassais ?
Ça m’a presque fait rire. Après tout ce qu’il m’avait fait, qu’il me demande la permission de m’embrasser, c’était franchement comique !
– Je vous en prie.
Il a posé lentement ses lèvres entrouvertes sur les miennes, comme s’il les explorait, dans l’attente d’une réponse. J’ai eu un instant le souffle coupé quand il s’est mis à mordiller mes lèvres, sa langue pointant pour humecter un peu la voie en cherchant la mienne. Sa main a glissé de mon menton à mes cheveux, il m’a forcée à me pencher en arrière et à offrir ma bouche à une exploration plus poussée. Sa langue taquinait la mienne et l’invitait à lui répondre. Peu à peu, mon corps tout entier m’a paru se fondre avec le sien. Il m’a poussé encore un peu plus en arrière. Maintenant, sa langue fourrageait et découvrait l’intérieur de ma bouche sans aucune retenue. Je n’avais jamais été dévorée comme ça. Quand il m’a enfin lâchée, j’étais à bout de souffle, plus mouillée encore qu’en arrivant.
– À quelle heure devez-vous passer votre coup de fil ?
– Quel coup de fil ?
– Prévenez votre colocataire que vous lui donnerez signe de vie à 8h30, a-t-il poursuivi, le nez plongé dans mes cheveux, parce que maintenant, vous êtes sur le point de vous faire attacher par un homme étrange.
Ces mots m’ont fait frissonner. Je lui ai répondu d’une voix rauque :
– Ooo… ok. Je vais juste lui envoyer un SMS, d’accord ?