Le Château des Plaisirs - Un sacré phénomène !
20 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le Château des Plaisirs - Un sacré phénomène ! , livre ebook

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20 pages
Français

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Description

Un homme chétif – mais gâté par la nature – recherche au Château des Plaisirs une femme hors norme.
Une rencontre fusionnelle, palpitante et jouissive...





Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2012
Nombre de lectures 112
EAN13 9782823803273
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Vonnick de Rosmadec

Le Château des Plaisirs

Un sacré phénomène !

12-21

— Je m’appelle Henri Tronchet et voudrais faire partie de votre association.

L’homme était du genre gringalet. Petit, maigrichon, la poitrine creuse, le tout pris dans un costume étriqué, on aurait dit un petit monsieur peint par Dubout. Il ne lui manquait plus qu’une barbichette IIIe République pour entrer au musée Grévin sous l’étiquette fossile.

« L’imaginer nu, déjà, n’est pas folichon, alors le voir nu… Vous pensez ! » se disait la Marquise assise derrière son bureau en dévisageant le nouveau venu. Que venait-il faire ici, cet avorton dont aucune de ses pensionnaires ne voudrait ? « Peut-être ai-je affaire à un voyeur, un pauvre type reclus dans son coin dont la triste zigounette ne s’épanouirait que fugitivement en regardant les autres s’envoyer en l’air par un judas… » se demandait Ghislaine.

Elle dévisagea le bonhomme d’un œil morne.

Face à lui, elle n’avait nulle envie d’ouvrir sa blouse ou de soulever sa jupe sous lesquelles, comme à son habitude, elle était nue. En fait, elle se souciait peu de plaire ou non à ce type sans caractère.

En soupirant d’ennui, elle entreprit de remplir sa fiche.

— Situation de famille ?

— Célibataire.

« Ça, je m’en serais douté ! Qui voudrait partager sa vie avec un tel avorton ? » remarqua Ghislaine.

— Profession ?

— Huissier de justice.

La présidente tressaillit. Et s’il venait dresser quelque constat d’adultère auprès d’un de ses clients ? Cela pourrait lui faire perdre la belle confiance que chacun lui portait. Mais non, si cela avait été le cas, un tel personnage aurait dissimulé sa fonction en se déclarant employé de banque ou gratte-papier dans un ministère.

— Et que me vaut l’honneur de votre visite ? Qui vous a parlé de nos activités de loisirs ?

Le petit homme lui lança de derrière ses lunettes un regard perçant qu’elle n’apprécia pas.

— Je préfère taire mes sources. Ma venue ici ne regarde que moi. Cependant, je sais que votre association est sérieuse, discrète et la reine dans des spécialités que, j’en suis sûr, j’apprécierai.

Il commençait à agacer Ghislaine, ce petit bonhomme de rien du tout. Sa place n’était pas dans son institution. Au Château des Plaisirs, la bonne humeur régnait toujours.

Elle se pencha sur son bureau en le fixant.

— Que venez-vous chercher exactement chez moi, monsieur Tronchet ?

— Oh, c’est très simple : une ou plusieurs femmes qui correspondraient à mes propres canons de la beauté.

Ghislaine leva des sourcils interrogateurs.

— Et puis-je savoir quels sont ces canons ? demanda-t-elle en se retenant de rire.

Sans se troubler le moins du monde, le petit homme se pencha lui aussi en avant, comme s’il voulait confier un secret. Pourtant c’est d’une voix forte qu’il répondit.

— Je cherche une grosse, une très forte femme, voire une obèse. Ce sont ces femmes-là que j’aime, ce sont celles qu’il me faut.

— Ah bon, pourtant votre constitution…

Il émit un petit rire.

— Rassurez-vous, je sais m’y prendre et j’ai ce qu’il faut pour séduire et satisfaire les plus réfractaires aux plaisirs des sens.

Et il tapota sa braguette en souriant.

« Tiens, il sait sourire », s’étonna Ghislaine brusquement intriguée par le geste que cet individu au visage sévère venait de faire.

« Il va falloir vérifier ce qui se cache dans son pantalon. Je n'aime pas trop ces avortons qui se vantent d'être bien montés. La plupart sont des vantards », se dit encore la Marquise qu'on ne bluffait pas si facilement.

Elle demeura silencieuse quelques instants et, soudain, elle se souvint que, trois mois auparavant, une énorme femme aux formes débordant de partout était venue lui demander si elle aurait dans ses tiroirs, ou du moins parmi ses habitués, un homme pouvant la combler. Elle avait répondu par la négative, prétextant que les sports pratiqués dans son manoir, tennis, natation, haltérophilie, danse, gymnastique et cheval, étaient incompatibles avec une personne de sa corpulence. Elle lui avait raconté un bobard : « Notre médecin ne vous délivrera pas de certificat de bonne santé. Il aurait trop peur d’un accident cardiaque surgissant après un effort », lui avait-elle dit pour la décourager. En vérité, même si elle acceptait des adhérents de tout âge et de tout physique, elle avait craint que cette dame ne mît la pagaille dans son cheptel peu habitué aux individus, disons hors normes. Ou, pire, qu'elle ne trouvât personne qui voulut approcher cette masse de chair, ce qui aurait été pour cette grosse dondon un douloureux affront. Or, Ghislaine, sous son apparence austère et son humeur sélective qui n’était pas toujours à son honneur, avait un cœur en or. Elle voulait se montrer pour ses adhérents une déesse du plaisir et non du mal, une prêtresse de la joie assouvie et non de la désespérance.

C’est pourquoi elle avait conservé le dossier de cette malheureuse qui sans doute se morfondait de n’avoir pu trouver chaussure à son pied. Elle avait mis tous ses derniers espoirs dans son institution, pensant enfin y trouver un sens à sa vie d’obèse en quête de jouissance.

Ghislaine alla fouiller dans ses documents.

— J’ai peut-être ce qu’il vous faut. C’est une dame très, très forte à laquelle j’avais refusé l’accès au Château des Plaisirs. Seulement, si vous voulez l’essayer… Faut-il encore que vous puissiez pénétrer dans cet amas de chair. Je vois mal comment votre faible constitution pourrait trouver sa porte d’entrée.

— Je vous le répète, à ce sujet, je ne crains personne. Je possède entre mes jambes la clef du paradis de ces dames. Vous avez sa photo ? Montrez-la-moi un peu.

Ghislaine hésita un instant. Les clichés qu’elle avait sous les yeux montraient une adipeuse matrone dans des vêtements très amples qui pour autant ne dissimulaient en rien son corps. Son visage était agréable. Ses yeux enfouis sous la graisse étaient rieurs. Certes, son menton et son cou ne faisaient qu’un, s’absorbant l’un l’autre, mais sa bouche assez grande, aux lèvres proéminentes, laissait supposer une réelle sensualité.

« Et si c’était une bonne suceuse ? » se demanda Ghislaine, comme pour se rassurer.

Elle tendit sa série de photos à l’avorton qui se pencha sur elles. Son visage s’éblouit.

— Mon Dieu, la belle femme ! C’est elle qu’il me faut, je sens qu’on va s’entendre.

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