Mea Culpa
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Morgane est une femme indépendante, active, heureuse de sa vie de célibataire qui lui fait oublier un mariage raté.
Grande amatrice de textes érotiques, elle s’inscrit sur un site de lecture spécialisé.
Elle repousse un à un ceux qui tentent de l’aborder en message privé, sans jamais envisager une rencontre.
Mais un jour d’été, alors qu’elle est tranquillement attablée à une terrasse, un message particulier lui parvient. Elle va alors se laisser entraîner dans une aventure aussi inattendue que troublante.


Jusqu’où ira-t-elle ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 75
EAN13 9791034801985
Langue Français

Extrait

Valdorane
 
 
 
Mea Culpa
 
 
 
 
Illustration : Néro
 
 
 
  Publié dans la collection Indécente,
Dirigée par Eva Adams
 
 
 
 

 
 
 
 
© Collection Indécente 2017
 
 
  Avertissement
 
 
 
 
Réservé à un public averti
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Chapitre 1 : Un message
 
 
 
— Et tout à coup le quartier a explosé. Morgane ! Tu ne m’écoutes pas ?!
Je sursautais et regardais le visage un peu énervé de Sarah. C’est vrai, j’étais ailleurs. J’étais en train de me demander ce qui, ce jour-là, avait été différent.
L’été s’installait doucement. Je n’étais pas dans un de ces moments où, saisie par le vide de mon existence que mes proches trouvaient pourtant bien remplie, je me disais qu’il faudrait que je me décide à faire une rencontre. Cela aurait été compréhensible au fond, mais non, je me sentais plutôt bien, décidée à profiter de la douceur de la fin de journée. Je ne pensais pas à ces années perdues dans un mariage parsemé de désillusions. Si j’avais pu concevoir cet enfant que nous désirions tant, les choses auraient-elles été différentes ? M’aurait-il aimée davantage et mieux ? Je n’avais de toute façon plus envie de le défendre. Des années de frustration, à essayer de rentrer dans le moule qu’il avait forgé pour moi. Taire mes rêves pour suivre les siens, renoncer à mes désirs pour être politiquement correcte, l’image sainte de l’épouse modèle. J’étouffais celle que j’étais vraiment.
Depuis le divorce, je vivais dans un petit appartement, en plein centre-ville. J’avais un travail sans prétention ni gloire mais que j’aimais et qui m’avait permis de me reconstruire une vie. Grâce à lui, j’étais indépendante financièrement, j’aurais préféré être à la rue plutôt que lui demander une pension alimentaire de toute manière. Travailler avait été ma première victoire, un premier pas vers la résurrection. C’est vrai que je n’avais que deux amies et plus de famille mais ce petit cercle suffisait à mon équilibre. La vie en solitaire n’avait jamais été un problème pour moi, j’étais libre. Pourquoi prendre le risque de souffrir à nouveau ? Quelques hommes avaient bien essayé d’intégrer mon quotidien, depuis ces cinq dernières années, mais aucun n’avait su me toucher, éveiller en moi la petite étincelle qui m’aurait donné envie de croire encore à l’amour. Plutôt être seule que mal accompagnée, disais-je toujours à ceux qui me posaient la question.
Des occupations je n’en manquais pas. Outre mon travail, des sorties entre copines et des cours de danse et de yoga, je passais mon temps à lire, le plus souvent sur un site qui proposait des romans en ligne. Bien que ma préférence aille toujours au papier, cet espace m’offrait la possibilité de lire des œuvres moins conventionnelles, en toute discrétion. Au début je ne lisais que des romances, parfois un peu fantastiques, comme les histoires de vampires. J’aime la sensualité dangereuse qui se dégage de ce genre de personnage. J’imagine le frisson que devait ressentir l’héroïne à sentir les crocs s’enfoncer lentement dans la chair tendre de son cou, la sensation d’abandon qu’elle devait éprouver. Ces histoires étaient souvent ponctuées de scènes érotiques mais tout cela restait en surface, l’auteur s’en tenait aux préliminaires ou à des phrases engoncées pour décrire l’acte charnel tel que « Il l’a pris avec toute la douceur dont il était capable, retenant sa fougue pour ne pas la blesser ». J’aurais voulu, moi, qu’il ne se retienne pas.
Moi qui n’avais connu du sexe que cela : la retenue. Il devait bien y avoir une part de vérité dans ce que je lisais ? Si on a tant écrit sur le sexe, c’est que cela doit être bien plus exaltant que ce que j’ai pu vivre jusqu’ici, non ? Ou est-ce mon imagination qui me fait ressentir ce côté sauvage tout au fond de moi, ces désirs forts, ces envies de folies comme celles que j’ai vues dans Neuf semaines et demi. Je me souviens, quand j’ai fait part de ces fantasmes à mon mari, au début de notre union, il m’avait regardée, bouche bée et j’avais senti qu’il s’était retenu pour ne pas me dire « Tu es folle ?! ».
Je n’avais, bien entendu pas insisté et laissé tout cela tomber dans l’oubli, jusqu’à trouver des romans où les héros vivaient leurs désirs pleinement, en toute complicité et sans retenue. Je me jetais alors à corps perdu dans ces histoires. Je vivais ma sexualité par procuration en choisissant des ouvrages de plus en plus érotiques. Je vibrais à travers les récits, m’identifiant aux héroïnes, tentant de toucher du doigt les sensations qu’elles éprouvaient mais seule mon imagination était satisfaite, mon corps lui criait toujours famine. Pourtant, je ne me décidais toujours pas à franchir le pas, aller au-devant d’une rencontre, ni même en laisser l’opportunité m’approcher. Je ne laissais que rarement un commentaire sur mes lectures, je ne désirais pas attirer l’attention. Pourtant certaines histoires me touchaient plus que d’autres et je voulais en remercier les écrivains. Je laissais alors quelques mots que je voulais les plus neutres possible. Malgré ma discrétion, des hommes tentèrent de prendre contact avec moi par messages privés.
Certains n’y allaient pas par quatre chemins, il était alors facile de les envoyer au diable, d’autres en revanche faisaient preuve d’un peu plus d’imagination et de courtoisie. Les auteurs aussi me répondaient parfois, à l’abri des regards, mais je ne souhaitais pas prolonger plus que nécessaire ces échanges. À quoi bon ?
Il y eut quand même des hommes qui se démarquèrent un peu, devenant presque tentants. Comme ce parisien, amateur de photos et écrivain à ses heures perdues. Ses textes étaient de toute beauté, il jouait sur les mots pour décrire le désir, utilisant le contexte pour en faire un complice à ses jeux toujours plus imaginatifs les uns que les autres. Nous avons échangé quelques messages mais je ne parvenais pas à me laisser aller, il était trop direct pour moi, affichant son désir sans retenue et cela m’effrayait un peu. Puis un autre me contacta, un compatriote, qui voulait déjà mettre sa vie à mes pieds avant même de m’avoir rencontrée. Un fou…
Je me méfiais donc par la suite de certains messages et me contentais d’offrir un refus poli mais catégorique.
En me connectant ce jour-là, ma boîte de messagerie affichait un message reçu. Levant les yeux au ciel je me demandais à quoi j’allais avoir droit cette fois en cliquant sur la petite enveloppe.
J’étais installée à la terrasse d’un café, c’était la fin de l’après-midi. En ce début juillet, la journée avait été chaude et je voulais m’offrir un rafraîchissement avant de regagner mon appartement vide. Je m’attendais à tout en ouvrant ce message, sauf à ça…
 « Bonjour,
Veuillez pardonner cette intrusion dans votre messagerie.
Vous êtes une amoureuse des mots et d’une certaine sensualité. Votre sensibilité et votre discrétion m’ont donné envie de l’audace de vous écrire.
Accepterez-vous un échange ? Au fil des mots, peut-être bref ou conduisant à la magie d’une rencontre avec un inconnu ?
J’achève bientôt ma journée de travail. Voudriez-vous prendre un verre en ma compagnie ce soir ? »
Je souris malgré moi en lisant le billet. Il a le mérite d’être franc. Son allusion à mes lectures ne laisse aucun doute sur ses intentions et pourtant il place ses pions avec beaucoup de finesse pensais-je.
J’hésite, relis le message, bois une gorgée de limonade pour m’éclaircir les idées. Qu’est-ce que je risque après tout ?
 « Bonjour,
Vous maniez le verbe avec talent, je dois le reconnaître. Cela a le mérite de retenir mon attention un instant…
Vous voulez prendre un verre en ma compagnie ? Il se trouve que je suis installée à une terrasse. Que proposez-vous ? »
Je respire à fond avant d’appuyer sur la touche « envoyer ». Les dés sont jetés. S’il devient lourd ou agressif, il me sera facile de le bloquer. S’il persiste à être aussi intrigant, ma soirée sera peut-être plus intéressante que prévu.
À peine ai-je le temps d’analyser ce que je viens de faire qu’un petit 1 s’affiche à nouveau.

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