Nuées de songes
224 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Nuées de songes , livre ebook

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224 pages
Français

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Description

Au-delà des frontières perceptibles par l’Homme se trouvent deux univers que tout oppose, mais qui ont cependant une chose en commun : l’être humain...


La vie de Ciara prend un nouveau sens, le jour où elle découvre l’existence de deux mondes parallèles : Utopia et les Affres. Rattrapée par sa génétique, la jeune femme de vingt-trois ans devient un enjeu pour les forces qui s’y affrontent. Une terrible machination vise à priver l’être humain de ses songes. Un fléau, que seule Ciara pourra empêcher. Mais à quel prix ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mars 2016
Nombre de lectures 38
EAN13 9782819100126
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

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Nuées de Songes

 

 

 

 

 

Du même auteur aux Editions Sharon Kena

 

 

Larme Sélène

Magnétite

 

 

 

 

 

 

 

 

Emmanuelle Lagadec

 

 

 

 

Nuées de Songes

 

 

 

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« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »

 

 

© 2016 Les Editions Sharon Kena

www.leseditionssharonkena.com

 

 

REMERCIEMENTS

 

 

 

 

J’ai encore du mal à réaliser que je suis en train d’écrire les remerciements pour mon deuxième roman !

 

Je voudrais remercier à nouveau mon mari et mon fils, pour leur patience.

 

Un énorme merci aux Éditions Sharon Kena : Cyrielle (une super éditrice !), toute l’équipe du comité de lecture et les correctrices.

 

Merci à Ingrid Houtcieff – Selenys pour cette magnifique couverture, qui représente parfaitement l’univers des Affres et d’Utopia.

 

Plein de bisous à mes bêtas-lectrices ! Les premières : mon amie Hélène et ma maman, Martine. Et les nouvelles : Josselyne, Géraldine, Pascale et Sophie. Vous êtes au top les filles !!

 

Pour terminer, un grand merci aux lecteurs qui me suivent et bienvenue aux nouveaux ! J’espère que vous vous plairez dans mon monde :)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Rêve : Suite de phénomènes psychiques, d’images se produisant pendant le sommeil ; rêves agréables ou pénibles, autrement dit, cauchemars. »

 

 

 

Table des matières

 

Le Réveil

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

Le parchemin d’Aza

1

2

3

4

Insomnie

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

 

 

Le Réveil

 

1

 

 

 

Cork, Irlande.

Réputé pour son grand choix de bière à la pression, le Claddagh Ring était l’un des pubs les plus rythmés de la ville. J’y travaillais comme serveuse depuis trois ans, sous les ordres de Rodan Pitt, le patron des lieux. Ce dernier avait réussi sa carrière professionnelle à merveille. En revanche, sa vie amoureuse ressemblait à un vrai désert… De ce fait, à l’exception du barman, Rodan avait décidé d’engager seulement des femmes auxquelles il imposait la tenue « réglementaire » : jupe courte de couleur noire, assortie à un débardeur blanc quasi transparent. Mes collègues s’y étaient faites sans problème. Certaines prenaient même cela pour un jeu et accentuaient le déhanché, gonflaient un peu plus la poitrine. Quelques-unes d’entre elles avaient réussi par ce procédé à s’attirer les faveurs du patron et à obtenir une promotion. Bien que mon maigre salaire ne couvre pas toutes mes dépenses, je me refusais à rentrer dans cette spirale. Mon augmentation, je la voulais à la sueur de mon front. Jamais je n’aurais fait croire à Rodan, ne serait-ce qu’un seul instant, qu’il m’aurait nue dans son lit !

Je le regardai prendre la direction de son bureau, percevant les brouhahas de la salle comme un lointain murmure. Sa phrase résonnait dans mon esprit : « Ciara, tu fais partie de mes meilleurs éléments, il est grand temps de te récompenser ». Je déposai mon plateau sur le comptoir et lâchai un petit cri de joie puis, soudain, mon euphorie s’estompa. Quels seraient les termes du contrat ? Je fus subitement moins impatiente de me rendre dans son antre. Les jambes hésitantes, je parvins cependant à me convaincre d’avancer. Prête à ce face à face avec ce quadragénaire bedonnant, à la calvitie prononcée d’un brun grisonnant dont le vocabulaire graveleux avait le don de me gêner. Avant de passer le seuil de son bureau, je jetai un regard par-dessus mon épaule. Matthew – le barman – glissa ses doigts dans ses boucles rousses et hocha la tête avec un sourire en coin, me confirmant qu’il gardait un œil sur moi. J’inspirai et entrai dans la pièce exiguë. Rodan me détailla des pieds à la tête, me donnant l’impression que ce pervers pouvait voir à travers mes vêtements, tant son regard était perçant. Il me désigna une chaise en paille devant son bureau et me gratifia d’un sourire chargé de malice. Assise, je sursautai en percevant le cliquetis d’un discret tour de clé. Des gouttes de sueur perlèrent sur mes tempes. Mon cœur s’emballa. Ma gorge se noua brusquement en sentant les mains rugueuses de Rodan sur mes épaules dénudées.

— Alors, ma belle, j’ai eu vent que tu souhaitais avoir une augmentation ? me demanda-t-il.

— En effet, répliquai-je. Cependant, avant d’entamer les négociations, poursuivis-je en glissant une mèche ébène derrière mon oreille, je tiens à vous préciser que je ne suis pas aussi désespérée que certaines de mes collègues.

Rodan ricana en rapprochant son haleine chaude de mon cou.

— Je ne vois vraiment pas comment tu pourrais justifier d’une quelconque augmentation ? susurra-t-il.

Ses lèvres et sa langue caressèrent le lobe de mon oreille.

— Ôtez vos sales pattes de là ! m’insurgeai-je en me levant d’un bond. Je crois que la discussion est close, gardez votre argent !

D’un pas vif, je me dirigeai vers la sortie, mais Rodan quitta son fauteuil et me stoppa en me plaquant violemment contre le mur.

— Tu ne crois quand même pas que tu vas me quitter comme ça ?! me lança-t-il. Oublions l’augmentation si tel est ton souhait, mais en ce qui concerne notre petit moment intime…

Son visage ruisselant d’excitation se rapprocha du mien.

— Laisse-toi faire, mon ange, je suis certain que tu vas adorer.

Rodan tenta de faufiler ses mains sous mon débardeur. Je me débattis et mis fin à ses attouchements en lui donnant un puissant coup de genou bien placé. Dégagée de son étreinte, je m’engouffrai dans le couloir, en courant. Plié en deux et écarlate de douleur, Rodan se planta sur le seuil de la porte.

— Tu es virée, petite idiote ! Virée ! hurla-t-il.

Je poursuivis ma course folle jusqu’au vestiaire, ignorant les appels de Matthew. Je ne pris même pas le temps de me changer. Je récupérai mes vêtements de ville, enfilai mon long manteau en laine, et quittai le Claddagh Ring, bien décidée à ne plus jamais y remettre les pieds.

 

***

 

Remontée à bloc par la colère, je parcourus à grandes foulées les rues de la ville égayées par les nombreuses maisons colorées. Très vite, je me retrouvai devant celle qui abritait mon petit appartement ; planqué sous les toits, au dernier étage. Je montai les marches à la hâte, pressée de me réfugier dans mon nid douillet. Les mains tremblantes – conséquence de mes nerfs à fleur de peau –, je sortis les clés qui tombèrent à plusieurs reprises.

— Calme-toi ! me dis-je en inspirant profondément. Tu ne reverras plus jamais cet obsédé et son boulot… arg !

Je ramassai mon trousseau et insérai la première clé. À ma grande surprise, la porte n’était pas fermée. En tournant la poignée, je sentis mon cœur se remplir d’une douce chaleur. L’appartement éclairé était envahi par l’odeur parfumée des bougies.

— Donn, c’est moi ! m’annonçai-je. Tu ne devais pas finir plus tard ce soir ?!

Tout en me débarrassant de mes affaires, je traversai le salon au parquet blanc, meublé d’un canapé trois places en tissu rouge, devant lequel trônait une large table de salon en bois foncé. La superficie de l’appartement ne permettait pas d’y mettre plus de meubles. Dans un recoin, se dévoilait une kitchenette, aménagée du strict nécessaire. Poursuivant mes pas, je poussai la porte de la chambre à coucher et me replongeai en une fraction de seconde dans une colère noire. Dans le lit couleur pin me faisant face se trouvait Donn en charmante compagnie. Sans sortir des draps chiffonnés, ce dernier me sourit.

— Ciara ! Je te retourne la question… je pensais que tu quittais ton service à minuit ?! s’exclama-t-il.

— Je viens de me faire licencier ! lâchai-je en fusillant mon petit ami de mon regard cendré. Manifestement, j’ai perturbé tes plans !

Donn se passa la main dans ses cheveux noirs en bataille, en riant.

— Mon cœur, ce n’est pas ce que tu crois, dit-il en posant ses yeux d’encre sur moi.

Avais-je une étiquette marquée GOURDE sur le front ?!Je venais de surprendre mon petit ami euh… pardon, ex petit ami ! – en plein délit d’adultère, et ce dernier essayait encore de me faire gober le plus sereinement du monde qu’il ne s’était rien passé !

— Évidemment ! m’exclamai-je en levant les yeux au ciel. Mindy, avec ses cheveux blonds ébouriffés, sa poitrine surdimensionnée et sa bouche en cul de poule, a tout d’une poupée gonflable !

L’intéressée allait prendre part à la conversation, mais je lui fis signe de prendre la direction de la sortie. La bimbo plantureuse déposa alors un chaste baiser sur la joue de Donn.

— On s’appelle…

Puis renfila ses vêtements. Furax, je suivis son déplacement avant de reporter mon attention sur Donn.

— Toi, tu ne bouges pas, on va s’expliquer ! dis-je en le pointant du doigt.

— Mais, bébé, avec nos horaires croisés, on n’avait plus de temps pour nous, tenta-t-il de plaider.

Excédée, je sentis les larmes monter, mais me refusai à les laisser couler.

— Je m’excuse, Ciara, reprit Donn. Je ne voulais pas te blesser, j’ai eu un moment de faiblesse, ou deux… quoi qu’il en soit, je t’aime, conclut-il avec un sourire charmeur.

Une violente brûlure lacéra mon estomac. Ce bourreau des cœurs n’allait pas s’en tirer comme ça. Reprenant du poil de la bête, je m’avançai vers lui en souriant et m’installai à cheval sur ses jambes. Donn parut d’abord surpris, puis en posant ses yeux concupiscents sur ma jupe qui remontait, il s’humecta les lèvres et glissa ses doigts dans mes cheveux.

— Heureux de voir que tu me comprends. C’est vrai, ce serait stupide de se séparer pour une telle broutille !

Je lâchai un rire moqueur en songeant que Mindy serait ravie d’apprendre qu’il la comparait à une broutille ! Les mains baladeuses de Donn m’arrachèrent à ma réflexion. Malicieusement, je m’avançai et caressai sa lèvre inférieure avec ma langue. Donn glissa ses mains sous ma jupe.

— Mmm… tu es d’humeur coquine ce soir, j’aime beaucoup…

Je restai au plus près de son visage et souris.

— Oh, tu n’as pas idée, murmurai-je.

Je caressai son torse et prolongeai mon geste jusqu’à son bas-ventre. Lentement, je faufilai ma main sous le drap. Donn ferma les yeux, prêt à savourer une agréable caresse intime, quand une vive douleur l’obligea à rouvrir brusquement les paupières. Le souffle coupé, il plongea ses yeux brillants dans les miens.

— Bon sang, Ciara… qu’est-ce que tu fais ?! 

Sa voix était saccadée. Il tenta de retirer ma main, en vain.

— Si tu tiens à ce que tes attributs masculins restent opérationnels pour tes futures conquêtes, commençai-je, je te conseille d’attraper un sac, d’y mettre tes affaires et de foutre le camp de mon appartement !

— Mais, ma puce !

Je n’en revenais pas, Donn n’était décidément pas prêt à laisser tomber ! Qu’à cela ne tienne, je resserrai mon emprise sur son entrejambe.

— D’accord, d’accord… mais arrête ça, je t’en supplie ! lâcha-t-il en se trémoussant.

 

Une demi-heure plus tard, Donn faisait son apparition dans le salon, vêtu d’un jean délavé et d’un t-shirt gris chiné, chargé d’un énorme sac de voyage. Sans attendre, je lui désignai la sortie. Il passa le seuil et se retourna, le regard abattu. Impassible à ses yeux larmoyants, je lui claquai la porte au nez et me laissai glisser le long du bois froid. Seule, je fondis en larmes et laissai s’évacuer toute la tension de cette longue soirée.

 

2

 

 

 

— Ciara… Ciara… sauve-nous…

Dans un premier temps, je ne réagis pas. Embué et enveloppé par l’obscurité depuis de nombreuses années, mon esprit ne parvenait pas à réaliser que cet appel lui était destiné. La voix mélodieuse remplie de détresse raviva ma faculté d’imaginer et de rêver. Lentement, le brouillard épais qui empêchait à mes songes de prendre vie se dissipa. Peu à peu, la clarté et la lumière reprirent le dessus. Mon subconscient se réveilla et se familiarisa avec toutes ces sensations oubliées. La rêverie, la plénitude, la découverte d’autres mondes. Décontenancée, je m’agitai dans mon lit, les paupières closes tremblantes. Dans cet univers onirique, tout semblait léger et en apesanteur, comme bercé par d’énormes nuages moelleux. Au milieu de la mer cotonneuse se détachait une silhouette dorée, animée par une multitude de paillettes. La forme aérienne scintillait et se déplaçait avec grâce en effleurant les nuages sur son passage. Mon cœur s’emballa. Je luttai pour retrouver ce voile obscur qui faisait partie de mes nuits et dans lequel, étonnamment, je me complaisais. Cependant, une force me maintenait dans ce monde. La voix aux notes chantantes martela à nouveau mon esprit :

— Sauve-nous, Ciara… je t’en supplie…

Les paillettes s’agitèrent et se densifièrent. Progressivement une allure féminine prit forme devant moi. Ses longues jambes se dessinèrent, puis son ventre plat, le galbe de ses seins et, enfin, son visage. Celui d’un ange. La déesse flottait dans les airs avec un sourire éblouissant. Je m’affolai. Des gouttes de sueur perlèrent sur mon front. Le mirage velouté se rapprocha. À présent, je pouvais discerner parfaitement les contours de son visage. Un visage d’une impressionnante et déstabilisante perfection. Cela ne pouvait être qu’un rêve. Je semblais me replonger dans ces univers. Ces contrées que, enfant, j’adorais explorer.

Enveloppée de ses longs cheveux blonds et d’une lumière blanche aveuglante, la mystérieuse jeune femme tenta une ultime approche. Elle fit résonner son chant dans mon esprit, mon cœur et mes veines.

— Aie confiance… écoute ma voix, elle te guidera… n’aie pas peur, Ciara… il est temps, réveille-toi… toi seule peux sauver Utopia….

 

Je me relevai brusquement en m’asseyant. Désorientée, je promenai mon regard dans la pénombre. Ma respiration saccadée m’oppressait. Je passai ma main dans mes cheveux et constatai que je dégoulinais de sueur. Doucement, ma respiration s’apaisa. Mon cœur retrouva des pulsations normales. Quel rêve étrange ! D’autant plus étrange que cela ne m’était pas arrivé depuis treize ans. Toutes formes de songes avaient déserté mes pensées. Plus de rêves ni de cauchemars. Des nuits silencieuses sur fond d’écran noir. J’étais déboussolée. Le visage et la voix de cette femme d’une vingtaine d’années déchiraient mon esprit encore endormi. Je soupirai et me levai pour aller boire un verre d’eau. L’aube n’avait pas encore pointé le bout de son nez. Je bâillai à m’en décrocher la mâchoire et me réfugiai rapidement sous mes draps. Mes yeux piquaient et coulaient de fatigue, mais je restai ainsi, une bonne demi-heure à fouiller mes pensées, tentant de percevoir ce qui avait changé.

 

 

3

 

 

 

La semaine écoulée avait été pour le moins étrange. Je n’arrivais toujours pas à le croire et, pourtant, je rêvais. Tous les soirs, sans exception, la mystérieuse jeune femme me rendait visite. Le lendemain qui suivit le premier songe, des offres d’emplois me tombèrent du ciel alors que je n’avais rien demandé. Le regard des autres avait changé. Les hommes me dévisageaient avec intérêt et une attirance prononcée pour ma petite personne. Les femmes me détaillaient avec dédain et jalousie. Moi, une jeune femme ordinaire de vingt-trois ans ! Comme le disait souvent tante Fiona : « Ma chérie, tu es à la douzaine ! ». Ce qui signifiait pour ma tante que des tas de filles aussi mignonnes que moi arpentaient les rues.Autant dire que, cette semaine, je ne m’étais pas beaucoup éternisée dehors… 

Nous étions samedi soir et mon amie Maureen décida de mener une petite expérience dans l’un des bars de la ville.

— Allez viens, on va s’éclater ! me dit-elle. Avec ton tout nouveau sex-appeal, tu vas nous ameuter tous les beaux mecs du coin !

— Maureen… soupirai-je. J’ignore ce qui est en train de m’arriver. Je n’avais plus rêvé depuis… l’accident.

En songeant à ce drame, un nœud noua mon estomac.

— As-tu parlé à ton oncle ? me questionna mon amie.

— Non, mais figure-toi qu’il m’a laissé plusieurs messages, disant que je leur manquais.

— Demain, je t’accompagnerai, dit-elle en bondissant du canapé. J’ai toujours apprécié Arón et Fiona ! Mais pour l’heure, de beaux et jeunes mâles nous attendent au Korrigan ! Alors, zou ! Tu m’enlèves cette horrible robe de chambre, tu m’enfiles un petit jean et un haut sexy…

— Je n’ai pas tellement envie de ça en ce moment, soufflai-je.

— Han han, pas de pleurnichages avec moi ! s’exclama Maureen en épousant ma bouche avec sa main. Ton Donn était super craquant, mais ce soir tu vas découvrir que la terre renferme beaucoup d’autres merveilles !

— Mais…

— Il n’y a pas de mais ! En route !

Je souris et déposai les armes, avec Maureen je n’avais jamais le dernier mot. J’enfilai un jean slim avec des bottes en cuir noir. Pour le haut, je fouillai un long moment dans mon armoire, et trouvai un caraco en coton noir, agrémenté de dentelle. Ce dernier ferait l’affaire, de toute façon, c’était probablement ce que j’avais de plus sexy avec mon débardeur blanc qui, anciennement, était une partie de ma tenue de travail ! Je fis un saut rapide dans la salle de bain, brossai mes longs cheveux, étirai mes cils d’une fine couche de mascara et rendis mes lèvres gourmandes en leur passant du gloss. Je contemplai mon reflet dans le miroir et souris. Avec mon nouveau pouvoir de séduction, Donn serait vite remplacé et oublié !

 

À notre arrivée dans le bar, les regards masculins se rivèrent instantanément sur nous. Enfin, sur moi…

— C’est dingue ! s’exclama Maureen. Mais qu’est-ce qui t’arrive ?!

Ignorant toute cette attention qui m’était portée, je me frayai un chemin dans la foule jusqu’à une table libre et me débarrassai de mon épais manteau.

— Tu ne peux pas t’imaginer à quel point c’est gênant, lui murmurai-je.

Maureen riait toute seule, en promenant son regard bleu sur la salle. Le serveur – charmant, la trentaine, cheveux courts châtains et prunelles noisette brillantes – ne tarda pas à se poster devant notre table.

— Bonsoir, Mesdemoiselles, qu’est-ce que je vous sers ?

L’homme s’était adressé à nous, mais son regard de velours n’avait d’yeux que pour moi.

— Un soda, s’il vous plait, répondis-je, mal à l’aise.

— Et pour moi, par ici ! l’interpella Maureen en claquant des doigts. Une bière blonde.

— Je vous apporte ça tout de suite, nous lança le serveur en filant vers le comptoir.

Je me tournai vers Maureen, laquelle semblait vraiment emballée par cette soirée.

— Ce mec te dévorait littéralement du regard ! s’exclama-t-elle, euphorique. Je sens qu’on va bien s’amuser !

— Je pense au contraire que l’on ne va pas trop traîner.

En me penchant vers mon amie, je baissai d’un ton :

— Le soir où j’ai mis Donn à la porte, je n’ai pu m’empêcher d’espérer qu’un jour, ma vie ne soit plus compliquée. On dirait que toutes ces choses que j’ai désirées inconsciemment sont en train de m’arriver.

— Eh bien, il va falloir que tu me donnes ta formule magique !

Je lâchai un rire nerveux et décidai de me détendre un peu. Je portai mon regard vers le comptoir et marquai un temps d’arrêt en voyant les informations défiler sur l’immense téléviseur à écran plat. Un frisson me parcourut l’échine devant ces échauffourées qui, en un mois, avaient considérablement augmenté.

— Grâce à la pilule Sommeil Profond, retrouvez des nuits tranquilles et, avec elles, un esprit sain dans un corps sain ! scanda mon amie.

La phrase de Maureen détourna mon attention.

— On devrait l’essayer ! me lança-t-elle en brandissant un prospectus rose bonbon sous mon nez.

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