Du féminisme dans la poésie ivoirienne
119 pages
Français

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Du féminisme dans la poésie ivoirienne , livre ebook

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Description

Ecrire, pour la femme africaine, est avant tout un acte de refus. La majorité des écrivaines africaines s'attaquent au destin de servitude de la femme. Ces femmes ouvrent le feu sur l'injustice des traditions, en revendiquant d'abord leur liberté, puis leur droit à la parole. Au milieu des années 80, les premiers poètes ivoiriens d'inspiration féministe lancent un appel à la prise de conscience pour inclure les femmes dans les prises de décision. Aujourd'hui, l'émergence des femmes dirigeantes sur le continent suscite l'espoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 272
EAN13 9782296693494
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du féminisme
dans la poésie ivoirienne
Georges Gnakpa


Du féminisme
dans la poésie ivoirienne


P RÉFACE DE S IMONE E HIVET G BAGBO,
P REMIÈRE D AME DE LA R EPUBLIQUE DE C ÔTE D ’I VOIRE


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11063-2
EAN : 9782296110632

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
REMERCIEMENTS
Mes premiers mots de remerciement vont d’abord au professeur Roger Célestin qui crut en moi dans mes débuts tatillons.
Je voudrais également remercier Madame Simone Gbagbo, Première Dame de la Côte d’ivoire d’avoir rehaussé ma réflexion de sa prestigieuse signature.
A mon ami Biaise Tayoro pour avoir rendu possible l’accès à la Première Dame, au professeur Cissé Alhassane, à Alain Tailly et à Etien N’dah Amon pour leur touche fixative au texte initial, à Shaïda Sylla pour la conception du dessin de couverture, à mes amis Déborah, Mory, Léonie, Victor, Manzan, Bruno, Lorence, Rémi Lanzoni, Estelle Kramo, Monique et Ernest Allomo, Benjamin Béhi, Isabelle Kouamé et Kady Ballo pour leur soutien, et à tous ceux qui se reconnaissent dans la réalisation de ce livre, j’exprime ici ma profonde gratitude.
PREFACE
Dans le processus de développement et de modernisation de l’Afrique, il serait erroné et injuste de sous-estimer le rôle spécifique de la femme. Un passé lointain et récent nous donne quelquefois le spectacle de la femme africaine victime de traditions surannées, privée de ses droits légitimes et reléguée au second rang.
Il y a donc une bastille à prendre, un défi à relever, un combat à mener. Il s’agit du combat de l’émancipation réelle et concrète des femmes, de l’égalité des droits et des chances et la reconnaissance du mérite sans préjugés ni discrimination.
C’est cette vision progressiste et révolutionnaire de la femme que l’auteur Georges Gnakpa s’emploie à développer dans son essai « Du féminisme dans la poésie ivoirienne ».
Sous sa plume, le féminisme revêt un caractère particulier et original : une prise de conscience des potentialités de la femme d’une part et une action émancipatrice multisectorielle menée par la femme elle-même pour le salut de la société, d’autre part. Cette théorie du féminisme exposée par l’auteur de cette œuvre est analysée et systématisée à partir d’écrits poétiques d’écrivains ivoiriens. Leurs œuvres illustrent bien dans leur diversité, la conception d’une femme africaine ayant choisi de prendre son destin en main pour façonner son propre avenir.
A travers la lecture des œuvres des poètes ivoiriens Véronique Tadjo, Bohui Dali et Tanella Boni, l’auteur nous fait découvrir avec beaucoup de finesse, la triple modalité de la libération sexuelle, politique et idéologique de la femme.
Cet essai nous convie de ce fait à une véritable odyssée dans la littérature poétique ivoirienne pour y trouver des ressources nécessaires à la lutte pour l’émancipation totale de la femme africaine.
Simone Ehivet Gbagbo,
Première Dame de la Côte d’ivoire.
« Nous
Tempêtes anonymes
Evadées des poubelles de
l’histoire
Chargées de tous les rires
De toutes les lumières
Nous réclamons
L’écho de notre voix » .

Noël X. Ebony ( Déjà Vu )
INTRODUCTION
Depuis plus de deux décennies, les Africaines écrivent pour rectifier l’injustice historique selon laquelle la voix féminine est quasiment absente dans la gestion des enjeux concernant le destin des peuples africains. Subversive de fait, l’écriture féminine africaine invoque l’urgence d’un changement pour l’intégration effective de la femme dans les arènes de décision et le renouveau de son prestige.
De plus en plus remarquées dans les cercles littéraires d’aujourd’hui, les écrivaines semblent tenir un langage univoque: déconstruire la tradition misogyne entretenue par l’ordre masculin dominateur. Dans cette mission d’équilibrage des sociétés africaines, les textes écrits par les femmes brisent les tabous et les mythes entretenus contre elles par les hommes. L’Afrique actuelle est en effet dans un état qui requiert la naissance d’une nouvelle race de femmes. Les écrivaines semblent l’avoir compris. Elles écrivent donc de manière à ne pas choyer les pôles convenus des sociétés africaines traditionnelles.
Défense et illustration de la femme africaine d’aujourd’hui pourrait être le slogan de la lutte que mènent les Africaines pour une meilleure société africaine en devenir. Cette génération se différencie de ses devancières par la nouveauté de son ton et les enjeux qu’elle aborde dans ses textes. Son écriture porte en elle-même le double risque de marginalisation et d’écueils par rapport aux structures traditionnelles en place. Pour Rangira Gallimore:
« Quand une femme écrit , elle force son entrée dans un locatif qui lui était préalablement interdit; elle s’élève à un rang supérieur et se place en dehors de la structure sociale qui lui était réservée. Par ce mouvement subversif elle enfreint les règles préétablies par la tradition et la coutume et se marginalise inéluctablement. Pour la femme africaine , écrire , c’est se placer volontairement en marge de la société. » {1}
A l’examen des œuvres écrites par ces femmes, l’on constate clairement leur volonté de revisiter l’histoire africaine comme si des vérités inédites s’y cachaient. On y voit aussi une récupération de l’oralité, c’est-à-dire, l’espace de création et d’opération du génie féminin dans les sociétés africaines d’avant l’invasion coloniale. Les femmes en effet, par la littérature collective qu’elles colportaient (fables, légendes, proverbs, chansons et comptines), propageaient la vision du monde et la sagesse pratique de la société.
Qu’elle choque donc par son refus de demeurer dans les sentiers battus de l’idéologie patriarcale répandue ou qu’elle négocie avec l’ordre politique établi, la littérature féminine africaine d’aujourd’hui se veut porteuse d’un message nouveau: conjurer le mal de vivre africain par le dialogue des sexes.
Le réveil des consciences étant un des objectifs du féminisme africain, on comprend aisément pourquoi le roman est le principal médium de ce programme. Les écrivaines elles-mêmes s’en justifient. Pour V. Tadjo, « les gens ont une idée mystérieuse de la poésie. C’est pourquoi je me sens obligée d’écrire de la prose; cependant j’y verse de la poésie puisque je me sens une âme de poétesse ». {2}
Les sociétés africaines actuelles sont de plus en plus poéticides. L’urgence s’y trouvant du côté de la survie: le boire et le manger. Véritable paradoxe quand on sait que la crise est la chose-même de la poésie. Pendant que des poètes sous d’autres cieux dénoncent la diarrhée technologique de notre temps dans le procès des malheurs de la poésie, c’est plutôt la précarité sur ce continent pourtant le plus riche, qui justifie l’abandon du poétique. La lutte pour tromper la mort étant réelle, la remise en question des paradigmes traditionnels relève plutôt du luxe. La majorité des Africains récusent encore l’idée de voir une femme jouer les premiers rôles.
Ecrire, pour la femme africaine, est donc un acte de défi. Ecrire de la poésie l’est encore plus: une prédication dans le désert, un mariage de gré avec l’anonymat.
Or les « Négritudiens » ont arraché l’Afrique des mains de l’Europe prédatrice par la force du verbe poétique. Aujourd’hui, la mondialisation, phase terminale de cette « phagocytose » programmée des vaincus de l’entreprise coloniale, risque d’être fatale aux Africains si le poème, ce cri des profondeurs, ne se mêle du système de défense.
Depuis sa naissance dans les années 80, la poésie féminine ivoirienne, qui n’a pas encore d’école à proprement parler, semble flairer ce danger. Ell

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