Gestes terriens

Sébastien Mainhagu

Description

Aujourd'hui responsable de formation, Sébastien Mainhagu exprime dans ce recueil son regard sur le monde, au début de ses vingt ans. Les poèmes de Pleine campagne évoquent les spectacles simples de la nature, ceux de Citadines les créations de l'homme, Une flamme dans mon coeur la beauté d'une femme. Histoire de vivre interroge sa place dans le monde et Tristesses l'intimité d'un amour qui se meurt.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Littérature
• Poésie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 décembre 2007
• Nombre de lectures: 170
• EAN13: 9782296645691
• Langue: Français

Extrait

GESTES TERRIENS
© L’H ARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-04339-8
EAN : 9782296043398

Fabrication numérique : Socprest, 2012
S EBASTIEN M AINHAGU


GESTES TERRIENS


poèmes


L’HARMATTAN
A ma mère , Madeleine .
I PLEINES CAMPAGNES
L’EAU ROSE
De délicates touches d’ombre s’éclaircissent, peu à peu d’une teinte fraîchement réveillée. L’onde vivante verse l’essence encore flétrie de doux pétales de roses liquides.

Le léger voile de lin, fait d’écumes aériennes, happe au vent les couleurs. La liqueur se déploie, comme l’eau sur la terre, guérissant les forêts de leurs corps de charbon.

L’eau rougie perd le trou des profondeurs pour se fondre dans l’espace. Elle dilue ses peintures dans le monde enchanté par la nuit belle déesse.

Et l’eau rose, claire peau, baigne l’air des embruns. Les nocturnes silhouettes fouillent la terre pour garder leurs pâleurs. Car le feu du matin tire ses dards sur la mer.
CŒUR DU SOIR
Les yeux sont pleins de ces couleurs belles du soir,
Qui vont teinter rouge nos cœurs toute une nuit,
Libres de courir dans les airs sous la lumière profonde,
Libres dans l’ardeur des cristallins.


La lune, triste mine, y vit les douces rimes,
D’un cœur tenu sauvage par le silence aimé.
Le corps éteint sa forme dans le nocturne espace.


Là reste l’évidence d’une beauté filtrée,
Glisse le sang des veines rondes de vie,
Souffle dans les rides le cœur du soir.
LUMIÈRE DE MINUIT
Les matins lèvent les yeux vers les lumières,
et perdent leurs larmes couleurs d’univers.
Le regard rampant sur les restes d’un royaume
le soleil s’éloigne du souvenir des hommes.


L’espace est libre pour de vastes imprimeries ;
les esprits accouchent des violences en rêveries,
se tournent et se retournent, là où ils ne peuvent vivre,
par trop d’angoisses grises qui figent le bonheur en givre.


Les dormeurs s’agitent, brillants d’énergies vaines,
la tête prise dans l’enclume, ils brûlent les étoiles,
lumières blanches de brume qui voguent la nuit sans voile.


Mais fièvres et sueurs calment le corps dans ses tourments,
le ciel éclaire la terre de ses lampes d’orient,
puis l’homme renaît au matin guéri de sa haine.
MOUVEMENT
Mon sang bouillonne dans le vent.
Ce flux léger me pousse devant,
où les paupières lisses de la nuit
s’étirent sans rouge ni bruit.


L’annonce du spectacle,
onduit mon fier regard
à taire son tintamarre
pour vivre un doux miracle.


Les étoiles unissent leurs blancheurs
dans une claire opalescence.
Elles percent mes silences, éclatantes :
aux quatre points mon cri se meurt.


Et vaincu par les démons célestes,
je les sens sur l’estrade composer leurs gestes
leurs fécondes pulsions ont germé dans mon cœur,
avant que naisse un souffle, un élan de couleur.


Car soudain la parure nocturne déteint,
des cils de fumée percent la terre du matin,
et, diluant le ciel dans l’aurore cristalline,
le soleil lave son corps des furies malignes.
PROMENADE
Enfermé dans les murs épais de ma mémoire, je pleure. La nuit froide enveloppe mes tristesses colorées dans son châle de lumière. Une eau pure enflamme mes artères. Je suis vide de soleil précieux aux matins des crépuscules. Des silhouettes sont belles sur le chemin des collines. Elles semblent toucher les astres du bout de leurs vieux membres.

Je ne dis rien. J’essaie de comprendre le silence du ciel. Ces paysages m’habillent de leurs secrets jusqu’à l’aube embrumée. La lune s’est cachée de mon regard, l’âme des hommes noie son cœur dans leur tempête.

J’aime à sourire de bien-être dans les nocturnes campagnes. Des villages de sapins glissent en rang dans mes poumons. Je les sens, je les bois, ils sont nobles à mon palais. Je grignote quelques maisons, elles remplissent mon estomac de jolis regards humains.

Quand mon âme a bien mangé, je m’assieds sur les nuages. Je saisis quelques soufflets d’un vent frais venu des ports. Quand mon rêve est enfin prêt, je déroule ses images. Tout devient beauté magique dans mon cœur électrique.
CIEL OUVERT
Le ciel s’est ouvert ce matin sur un arc-en-ciel de lumière. Des étincelles se sont éteintes sur les parois de l’univers, mes rêves sur des étoiles avec un filet de rosée.

Je suis devenu fluide papillon. L’air me caresse le dos de sa peau gonflée. Le soleil luit sur mes ailes, je sens les couleurs du lointain briller sur mon flanc.

Quand mon corps mue en larve, la pluie tombe. Le ciel se recouvre de larmes d’argent, la plaine en montagne grise.
DUALITÉ
Le soleil sèche les larmes colorées
que mon âme a reçues de la nuit dorée.
Et mes cils tremblent devant l’éclat de mes rêves,
alors que la lumière éteint mon ombre sur la grève.


Dans le noir, mes yeux sèment leurs étincelles :
l’éclair de vie semble unique dans la nacre du ciel.
L’aube éteint les formes impures d’un jet de couleurs,
les astres meurent d’étouffement dans les hauteurs.


A l’envers du nocturne où se fixent les phares,
les sombres étendues sont les étoiles du jour
Ces deux paysages mêlent en opposé les mêmes traits.


Mon cœur frémit pour ces deux frères qui se succèdent,
ils remplissent ma chair de nobles peintures :
je suis de nuit et clair diurne au fond de l’âme.