Principes d économie politique
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Principes d'économie politique , livre ebook

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Description

Extrait : "Dans toutes les branches des affaires humaines, la pratique a devancé la science. [...] L'Économie politique considérée comme science est toute moderne, mais l'objet dont elle s'occupe a de tout temps constitué l'un des principaux intérêts de l'humanité, et souvent même a pris dans les institutions des peuples une place à laquelle il n'avait pas droit."

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Nombre de lectures 126
EAN13 9782335031072
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335031072

 
©Ligaran 2015

Introduction

I
Deux économistes, penseurs éminents tous les deux, ont vendu célèbre en Angleterre et dans le monde le nom de Mill : James Mill, l’ami de Bentham et de Ricardo, l’auteur de l’ Histoire des Indes anglaises  ; John Stuart Mill fils, élève et disciple du premier.
James Mili eut pour son lot les débuts difficiles, il connut l’âpre lutte pour la vie ; il dut sein diriger la culture et l’émancipation de son esprit.
D’humble condition, élevé grâce à la protection de sir John Stuart de Fettercain, comme boursier à l’université d’Édimbourg, en vue de la cléricature, il dut, n’ayant pas embrassé la carrière ecclésiastique que lui interdisaient ses opinions philosophiques, accepter une place de précepteur en Écosse ; il vécut ensuite de sa plume jusqu’au moment où il entra dans les bureaux de la Compagnie des Indes.
Dans ces conditions désavantageuses, il se maria, eut une nombreuse famille, se fit seul l’éducateur de ses enfants et trouva du temps pour mener à bien des travaux qui le placèrent au premier rang parmi les philosophes de l’Angleterre.
Son fils, qu’il nomma John Stuart, en souvenir de son bienfaiteur, ne connut pas la dureté des premières étapes, ni le trouble et l’incertitude qu’amènent les révoltes de la pensée contre les croyances primitivement acceptées et la recherche de voies nouvelles.
Il a pu dire qu’il était une des rares personnes d’Angleterre qui n’ont pas rejeté la croyance de la religion, mais qui ne l’ont jamais eue. Il grandit en science et en intelligence sous la forte direction de son père, suivant le sillon tracé, se développant dans une atmosphère de hautes pensées et de nobles aspirations, au contact d’esprits supérieurs et arriva, non sans travail, mais sans efforts douloureux, à la maîtrise de la pensée. Avant même d’avoir atteint sa majorité, il entra comme son père à la Compagnie des Indes, y trouva la sécurité de la vie et un travail qui tout en tenant son esprit en haleine, lui apportait un sérieux contingent d’expérience ; il put consacrer toute sa vie aux plus hautes spéculations de l’esprit.
Dans la première partie de sa vie, John Stuart Mill a été soumis à un régime peu ordinaire, et son éducation constitue une expérience qui mérite une mention.
Son père, James Mill, avait des idées très arrêtées sur la règle à suivre pour développer l’intelligence et tromper l’âme des enfants ; il croyait que :

« Les circonstances particulières qui entourent l’enfant forment les premières habitudes, et que les premières habitudes constituent le caractère fondamental de l’homme, que dès que l’enfant ou plutôt l’embryon commence à sentir, le caractère commence à se former, et que les habitudes qu’il contracte alors sont les plus dominantes et les plus opératives de toutes. »
Ces vues décidèrent du genre d’éducation, du procédé d’entraînement qui fut appliqué à John Stuart Mill.
Dès l’âge de trois ans, l’enfant apprit des vocables grecs.
À huit ans, il avait déjà lu dans le texte original Hérodote, la Cyropédie, les Entretiens mémorables de Socrate, une partie de Lucien, de Diogène Laërce, le Démonique et le Nicoclès d’Isocrate, six dialogues de Platon, etc. Il apprit alors le latin.
Il remplaçait le jeu de billes par la lecture de graves historiens : Robertson, Hume, Gibbon, Hook, Rollin, Millar (Considérations sur le gouvernement anglais), etc. ; ces lectures remplissaient ses heures de récréation.
À huit ans, il apprit le latin en renseignant à une sœur cadette. Il ne garda pas bon souvenir de cet exercice.
De huit à douze ans, il lut plus ou moins complètement parmi les latins : Virgile, Horace, Phèdre, Salluste, Ovide, Térence, Cicéron, Lucrèce, et parmi les grecs : Homère, Sophocle, Euripide, Aristophane, Xénophon, Démosthène, Eschine, Lysias, Théocrite, Denys d’Halicarnasse, Polybe. Il dut mettre en tableaux synoptiques la rhétorique d’Aristote.
Il apprit l’algèbre et la géométrie, il fut mis ensuite à l’algèbre supérieure et au calcul différentiel dont il dut se dépêtrer seul, son père ayant oublié cette partie des mathématiques.
Entre onze et douze ans, s’aidant de ses lectures, il composa une histoire du gouvernement romain ; il y discutait les questions constitutionnelles et prenait parti pour les démocrates de Rome.
À douze ans, il aborda la logique et les opérations de la pensée.
À treize ans, il fit une étude complète de l’économie politique et rédigea un abrégé assez bon pour que son père pût l’utiliser par la suite, quand il écrivit son traité. Pour rédiger son travail il devait faire la critique d’Adam Smith, en s’éclairant des travaux de Ricardo. À treize ans ! ! !
Pour qu’un tel surmenage n’aboutît pas à de fâcheux résultats, il a fallu que le maître et l’élève fussent d’une trempe exceptionnelle.
Un détail nous révèle ce qu’était le père. Il n’y avait pas alors de dictionnaire grec-anglais, le père en tenait lieu. Le père et le fils travaillaient dans la même pièce ; c’étaient des interruptions incessantes. James Mill s’interrompait et répondait ; or, c’était le moment où, au milieu de travaux de toute nature entrepris par nécessité pour faire vivre les siens, il préparait son œuvre magistrale : L’histoire des Indes anglaises.
Grâce à l’allure donnée à la pensée de l’enfant, ses facultés étaient toujours en jeu ; l’élève devait tout découvrir par lui-même ; les exercices de mémoire étaient bannis. L’intelligence toujours en éveil se développait au cours de renseignement. Dès le début, le jeune enfant pensa par lui-même et quelquefois d’une façon différente de son père.
Toute sa vie, John Stuart Mill s’est félicité d’avoir été soumis à cette culture intensive. Il a écrit modestement :

« Si j’ai pu accomplir quelque chose, je le dois, entre autres circonstances heureuses, à ce que l’éducation par laquelle mon père m’a formé m’a donné sur mes contemporains l’avantage d’une avance d’un quart de siècle. »
Il est hors de doute que, grâce à cette éducation, le cerveau de l’élève emmagasina des ressources et des énergies intellectuelles considérables. Dans l’ordre spéculatif, Stuart Mill a été un des plus vigoureux penseurs du siècle. Mais on doit reprocher à la méthode d’avoir négligé les leçons de choses, le contact avec les réalités, d’avoir aiguisé les facultés de raisonnement mais de n’avoir développé ni le goût des recherches des faits ni l’aptitude aux observations personnelles.
Autre lacune plus grave, l’éducation n’avait pas tenu compte des besoins du cœur et avait évité de donner des aliments à la tendresse et au sentiment.
La nature prit sa revanche.
Mais ce qui apparut tout d’abord, ce fut qu’à un âge où les autres jeunes gens avaient à peine terminé leurs humanités le jeune Stuart Mill avait conquis la maîtrise de la pensée.
La discipline à laquelle il avait été soumis avait cependant donné un certain pli à son caractère. On le trouvait, c’est lui qui nous l’a appris, d’une suffisance fort désagréable, parce qu’il était tranchant et raisonneur, plein de raideur convaincue, prompt à redresser ce qui lui paraissait entaché d’erreur.
Quand il fut mis en contact avec d’autres jeunes gens, il fut considéré tout d’abord par eux comme « un homme artificiel, comme un produit de fabrication qui portait comme une marque imprimée, certaines idées, et était seulement capable de les reproduire. » Et lorsque ses camarades le virent faire œuvre de dialecticien, faire preuve d’originalité et de souplesse d’esprit leur étonnement fut grand.
Ces allures revêches et cette apparence de machine se dissipèrent au grand air, au frottement de la vie. Mais le procédé d’éducation devait avoir d’autres effets et de particulièrement douloureux. J. Stuart Mill fut atteint jusqu’au plus profond de son être.
Les spéculations de l’esprit éclairent sans réchauffer, et selon le mot de Vauvenargues, le cœur a des besoins que l’esprit ne peut connaître. Stuart Mill avait, à vingt ans, des facultés éminentes et toute une encyclopédie dans le cerveau. Le développement inharmonique de sa nature le laissait vulnérable. Le doux philosophe qui ne savait rien de la vie connut les heures de prostration comme si son cœur eut été flétri ou brisé.
« Son âme, déprimée et com

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